Debattons de l'Europe

[alamo]

à Pierrep (aimablement) : d'autres ont répondu à ma place. dans ma vie professionnelle je rencontre beaucoup de gens, Elus entre autres. et je les écoute

à Pullo (amicalement): mon hostilité viscérale supposée au PS m'a conduit à voter (aux deux tours) à la primaire socialiste et à voter F. Hollande le 6 mai dernier

à Jean-Philippe : Cayrol reproduit à l'identique les discours de méthode Coué et d'autosatisfaction nombriliste de 2005. Si en 2005 il n'y avait pas eu de référendum et si le TCE avait été uniquement soumis au vote des parlementaires, le nombre de députés socialistes votant contre n'aurait sans doute pas été plus important que mardi pour le TSCG.
Et le TCE aurait été voté à 85% par les députés. Au référendum, la population a voté non à 55%.

la question véritable n'est pas la division de la majorité parlementaire (300 personnes, le double en comptant le Sénat, dans un pays de 65 millions d'habitants), c'est celle de la coupure confirmée entre le peuple et ses Elus. Heureusement pour le Parti au pouvoir que les élections européennes ou régionales n'ont pas lieu aujourd'hui...

[vudeloin]

A dire vrai, prolongeant la réflexion finale de notre ami alamo, je me permets d'évoquer rapidement ici un point.
Le TSCG constitue une première étape et l'adoption du texte de la loi organique sur les lois de programmation des finances publiques une seconde étape.
Cette même loi organique va être suivie de la discussion d'une loi de programmation pour laquelle l'Assemblée Nationale va d'ailleurs bénéficier, lundi prochain, de la présence de deux commissaires européens.
Ceci dit, le TSCG doit poser quelques légers problèmes parce que Laurent Fabius, ancien partisan du NON au TCE et actuel Ministre des Affaires Etrangères, s'est fait porter absent pour débattre du Traité devant le Sénat aujourd'hui, ainsi que l'auront remarqué quelques insomniaques, dont je suis, qui ont voulu suivre le dossier...

Pour en revenir aux éventuelles conséquences électorales, nul doute que l'absence de consultation nationale d'ici mars 2014 peut être appréhendée comme un bien par l'équipe Hollande.
Mais c'est peut être un mal pour un bien parce que ce que je crois, c'est que la situation économique ne va vraiment pas s'améliorer d'ici là et que nous risquons fort de goûter à quelques mesures d'ajustement relativement impopulaires d'ici là.
Je ne suis pas certain que l'effet de ces mesures soit moins dévastateur pour les positions du PS à ce moment là.
(et je ne parle pas des élus EELV, partenaires obligés).
Toujours est il que, peu à peu, l'opinion publique va se rendre compte de ce que signifie la mise en oeuvre de la trilogie TSCG règle d'or et programmation et cela risque fort de compliquer la vie du gouvernement d'aujourd'hui.
A dire vrai, je suis tout de même assez surpris de constater avec quelle célérité les élus socialistes ont, dans leur grande majorité, voté à l'automne 2012, ce qu'ils ne voulaient pas voter au printemps avec Sarkozy...

[ploumploum]

Pour en revenir sur le vote et les pressions exercées, on évoque des sanctions au sein du groupe PS sur la vingtaine de députés qui ont voté contre :

Mais quelles seraient ces sanctions? Sous couvert d'anonymat, un membre du groupe PS les énumère de manière «non exhaustive»: «Pas d'intervention en séance, pas de question au gouvernement, pas de rapport à rédiger, pas de texte à porter, pas de responsabilités, etc.» Sans compter, peut-être, l'impossibilité de bénéficier de la réserve parlementaire qui permet aux députés de financer des projets locaux. Au groupe PS, on ne plaisante pas avec la discipline. Le parti pourrait-il aussi prendre des mesures en adressant un blâme aux députés de l'aile gauche du parti? «Au PS, il y a des courants», rappelle un socialiste.

C'est beau quand même la démocratie et les débats d'idées.

http://www.lefigaro.fr/politique/2012/10/10/01002-20121010ARTFIG00619-les-nonistes-au-banc-des-accuses.php

[Pullo]

Merci pour les éclaircissements, Alamo.

Pour en revenir au sujet, l'énumération des sanctions encourues par les députés qui ont refusé de voter le TSCG montre clairement que la direction du PS veut fermer la porte du débat sur l'Europe, et la politique économique en général. Un (mauvais) signal envoyé aux militants à l'approche du congrès de Toulouse...

[vudeloin]

Si ce n'était qu'aux militants, ce ne serait pas trop grave...

[ploumploum]

Voici un lien vers un article du Monde.fr : c'est la trace écrite du Tchat entre les lecteurs du quotidien et l'ancien Président de la République portugaise, Jorge Sampaio (1996-2006).

Jorge Sampaio, ancien président de la République du Portugal analyse l'état de la démocratie dans le monde, spécialement en Europe.[...]
L'austérité qui sévit dans les pays du sud de l'Europe peut-elle détruire les démocraties ?

Jorge Sampaio : Excellente question pour un ancien président de la République d'un pays du sud de l'Europe. C'est évident, je vois ce qui se passe dans d'autres pays du sud. Pendant des décennies, on parlait de l'Europe, maintenant on parle d'Europe du Nord et d'Europe du Sud, et je déteste ça, car cela signifie la fin d'une solidarité nécessaire. Mais je dois dire que l'austérité pour l'austérité, l'austérité à outrance peut nuire terriblement à la démocratie.

Pourquoi ? Parce que la démocratie nécessite de l'espoir. Et si on ne voit pas la fin du tunnel, l'espoir s'en va, il y a des gens prêts à croire à n'importe quoi, et c'est ainsi que les extrémismes sont en train de fleurir.[...]

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/10/09/dans-l-ue-ou-ailleurs-l-austerite-a-outrance-peut-nuire-terriblement-a-la-democratie_1772578_3232.html

[Pullo]

La voix de la raison...

[vudeloin]

Surtout que, sur le fond, nous sommes surtout sur la voie d'une sorte de techno ploutocratie, où l'habillage technocratique version commission de Bruxelles ne vise, in fine, qu'à revenir en arrière sur l'ensemble des acquis sociaux et démocratiques des peuples d'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale et à laisser une infime minorité de la population profiter de l'état de développement économique relatif.
Warren Buffett parlait de "guerre des classes" il y a quelques années, convaincu d'ailleurs que sa classe, celle des hommes d'affaires et des financiers internationaux, était en train de la gagner...

[Emeric]

Je reprends un vieux sujet pour signaler une prise de position surprenante de Frits Bolkenstein demandant la fin de l'Euro.
http://www.contrepoints.org/2013/04/16/ ... eler-leuro

[Républicain67]

Les prochaines élections européennes devraient être celles de la dernières chances pour l'Union européenne. Elles seront surement très surveillées par les dirigeants européens. Je doute fort que les partis europhiles soient plébiscités en temps de crise. Le prochain scrutin européen mobilisera peu les foules et sera surement un vote "défouloir" contre la politique d'austérité et peut-être contre l'UE elle-même. Je pense qu'on sous-estime les partis nationalistes (style FN), eurosceptiques et communistes, pour ne pas les oublier. Des partis anti-européens arrivant en tête dans certains pays seraient un appel lancé aux dirigeants de l'UE. Je doute fort que l'Union européenne soit implantée au plus profond des peuples. Avec l'arrivée massive de députés européens hostiles à l'UE, le Parlement européen deviendrait alors très difficile à gouverner. A suivre...