L'Italie sans Berlusconi

[Jean-Philippe]

Mario Monti part en guerre contre la corruption et les abus à l'échelon local et régional, dénonçant avec vigueur
«des mœurs inqualifiables qui scandalisent le citoyen et discréditent l'image internationale de l'Italie».

Jeudi soir, le Conseil des ministres a fait adopter un coup de frein sévère aux dépenses effrénées des régions. Obligation leur sera faite de boucler leurs budgets en équilibre et de supprimer 600 postes de conseillers (sur 1396). Leurs salaires seront limités à 4800 euros par mois et à 6000 pour les présidents de région (au lieu de 14.000). Il sera interdit de cumuler les indemnités de fonction et des jetons de présence. Les partis devront publier leurs bilans régionaux. L'exécutif menace de supprimer jusqu'à 80 % des transferts de l'État aux collectivités territoriales qui ne se montreraient pas «vertueuses».

Le Figaro donne quelques exemples qui touchent surtout des élus du PDL de Berlusconi comme Franco Fiorito, le président du groupe PDL à la région du Latium (autour de Rome) qui s'était attribué de lui-même trois salaires (comme membre du conseil régional, trésorier et membre de la commission budgétaire) ou le président de la région de Lombardie (autour de Milan), Roberto Formigoni.

[vudeloin]

Même s'il est évident que la vie politique italienne est pour le moins marquée par la corruption et de nombreux abus (les collectivités territoriales, en Italie, comprennent en effet communes, provinces et régions, chaque échelon pourvu de pouvoirs et de budgets, souvent plus importants qu'en France, montrant à quel point une décentralisation ratée peut devenir un handicap), cela ne retire rien au fait que le gouvernement Monti demeure confronté à de sérieuses difficultés.
Le pays est en effet en récession (près de deux points cette année), une récession qui devrait se poursuivre et met d'ailleurs en péril, soit dit en passant, les objectifs de réduction du déficit et de la dette publics affichés par l'équipe gouvernementale.
Comme cela met en péril, d'ailleurs, le potentiel de croissance de notre propre pays, l'Italie étant tout de même depuis fort longtemps autant l'un de nos principaux fournisseurs que l'un de nos principaux clients.
Selon les Douanes, les opérations commerciales entre les deux pays atteignent en effet autour de 35 milliards d'euros d'importations ou d'exportations, soit l'équivalent de 1,75 % de PIB pour nous.
A noter qu'il y a décalage avec ce que mesure l'institut statistique italien qui fait état de livraisons italiennes plus élevées de rien moins que sept milliards d'euros en direction de la France...
A croire, sans doute, que les carrousels de TVA intracommunautaire et la fraude à la procédure export sont un sport national quand on passe Ventimiglia...

Allez faire l'Europe, après, parfois, avec des pays où l'appareil statistique est aussi "fiable".

[ploumploum]

Si pendant un temps, Berlusconi avait laissé croire qu'il briguerait un mandat de Président du Conseil en avril prochain, il annonce aujourd'hui qu'il laisse de côté cet objectif.
Pour combien de temps ?...

[Jean-Philippe]

Il fait preuve de lucidité car à 76 ans, un retour me paraît de plus en plus hypothétique et un succès encore plus. Son objectif est clair : éviter que la gauche n'arrive au pouvoir, quitte à ce que ce soit un modéré comme Monti qui ait le pouvoir.

[ploumploum]

Il fait preuve de lucidité car à 76 ans, un retour me paraît de plus en plus hypothétique et un succès encore plus. Son objectif est clair : éviter que la gauche n'arrive au pouvoir, quitte à ce que ce soit un modéré comme Monti qui ait le pouvoir.

Oui c'est cela son principal objectif. Mais je pense qu'il va essayer de briguer la Présidence de la République....
(Certains, au sein de son parti, pensaient qu'il pouvait faire office de locomotive électorale car le PDL est très bas dans les sondages...)

(j'ai ouvert le sujet sur les prochaines élections)

[Jean-Philippe]

On avait déjà évoqué le phénomène de mise sous tutelle par l'Etat de communes lors des dernières municipales pour cause souvent de mauvaise gestion.
Un nouveau cas vient d'être décidé, et pour la première fois, cela concerne un chef lieu de département, à savoir Reggio de Calabre, près de 200 000 habitants (en face de la Sicile).
La commune sera sous tutelle de trois commissaires dirigés par le préfet de Crotone pendant 18 mois, car elle est au bord de la faillite avec un trou dans ses comptes de 180 millions d'euros. De plus, elle serait sous influence de la mafia.
Notons que la commune est dirigée depuis 2002 par le même maire de droite (issu de l'AN, puis membre du PDL).

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/10/09/97001-20121009FILWWW00740-mafia-une-mairie-sous-tutelle.php

En France, je ne connais pas de cas de tutelle aussi longue dans un passé assez proche.

[Relique]

Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais vous conseiller entre autres les livres de Roberto Saviano (et particulièrement ses recueils d'articles qui ne parlent pas que de la mafia napolitaine) mais la Calabre est une des régions les plus touchées par la Mafia.

En effet, la Ndranghetta, agglomération de petites mafias appelées "Ndrine", est entre autres la plus violente et meurtrière d'Italie. Il n'est pas surprenant donc que la région soit touchée par la mafia, de manière parfois plus forte qu'en Sicile ou même en Campanie (où la mafia a largement investi et infesté le domaine économique). Pour information, les Pouilles, dans une moindre mesure, sont aussi pas mal touchées par la mafia. Ce sont les 4 "leaders": Campanie, Calabre, Sicile et Pouilles.