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Elections législatives de 1968

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Re: Elections législatives de 1968

Messagede Jean-Philippe » Lun 8 Oct 2012 21:51

Un détail, Vudeloin : Messmer n'a jamais été élu dans le Morbihan. Je savais qu'il avait été battu en 1967, mais je ne crois pas du tout pour 1962.
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede Pullo » Lun 8 Oct 2012 22:07

Je confirme, son élection à Sarrebourg est sa première victoire à des élections législatives.
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede vudeloin » Jeu 11 Oct 2012 00:29

Le fait est qu'il a été candidat à l'élection dans la 5e du Morbihan en lieu et place du sortant, Maurice Bardet, qui lui avait obligeamment laissé la place.
Mais la gauche voulut alors faire un exemple et bien que le candidat communiste Jean Maurice, ouvrier de l'Arsenal et maire de Lanester, soit arrivé en tête de la gauche, il fut décidé que ce serait Yves Allainmat, maire socialiste de Lorient, arrivé troisième, qui porterait les couleurs de la gauche face au Ministre de la Défense, Pierre Messmer.
Il faut dire que, dès le premier tour, le Morbihan avait réélu son cortège habituel de députés de droite (Marcellin, Bonnet, du Halgouet ou Ihuel) et que le siège du pays de Lorient était le seul à pouvoir échapper à la droite.
Allainmat, instituteur de son état, battit donc le Ministre des Armées qui s'en fut à l'autre bout de la France, à Sarrebourg, pour se faire élire par un électorat largement composé de militaires en uniforme et un peu moins d'ouvriers de la Défense nationale, nettement moins enclins à voter à droite que les premiers.
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede vudeloin » Jeu 11 Oct 2012 16:06

Pour avoir jeté un coup d'oeil périphérique sur les résultats des élections de 1968, il convient ici de pointer qu'un seul scrutin fit l'objet d'une annulation par le Conseil Constitutionnel, conduisant à une nouvelle élection.
Cela se passait dans la 11e circonscription des Hauts de Seine (Issy les Moulineaux, Vanves, Malakoff) où fut réélu le député communiste Guy Ducoloné, l'un des élus quelque peu emblématiques des parlementaires communistes sous la Ve République.
Faisant équipe avec Léo Figuères, ancien député des Pyrénées Orientales et maire de Malakoff, Guy Ducoloné fut réélu au second tour de juin 1968 avec 24 551 voix contre 24 474 voix pour son adversaire UDR.
Un écart de 77 suffrages qui, semble t il, devait quelque peu à la performance du candidat PCF sur Malakoff et qui fut considéré comme insuffisant par le Conseil constitutionnel.
La partielle, tenue les 8 et 15 décembre 1968, comme souvent en pareil cas, confirma le résultat du printemps avec un éclat plus vif, Guy Ducoloné arrivant en tête au premier tour avec 6 000 voix d'avance sur son adversaire UDR (d'ailleurs domicilié à Neuilly sur Seine) et obtenant au second tour 22 940 voix contre 17 456 à son concurrent, soit un écart net de 5 484 suffrages parfaitement incontestable.
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede vudeloin » Ven 12 Oct 2012 19:23

Comme la question a été posée, un retour sur les scrutins de ce mois de juin 1968 où les écarts furent relativement restreints entre les deux candidats arrivés au second tour ou placés en première et deuxième position d'une triangulaire.

De manière parfaitement arbitraire, je le reconnais, j'ai retenu pour cela le cas des circonscriptions où l'écart entre le vainqueur et le perdant (ou entre le premier et le second) fut inférieur ou très proche de 1 000 voix au second tour.
Comme on le verra, cela donne un pourcentage de voix compris entre 50 et 51 % en cas de duel.

Voilà ce que cela donne.

Dans l'Allier élection au second des deux députés communistes de la 2e circonscription (Montluçon) et de la 3e (Gannat, Saint Pourçain) avec un écart relativement restreint.

Sur la 2e, succès du communiste Henri Védrines, fils de l'aviateur Jules Védrines, avec 24 400 voix contre 23 712 à son concurrent UDR, soit 688 suffrages d'avance et un pourcentage de 50,71 %.

Sur la 3e, victoire de Pierre Villon (né Roger Ginsburger), ancien Résistant, avec 21 842 voix contre 21 478 à son concurrent UDR, soit un pourcentage de 50,42 % et une avance de 364 voix.

Dans les Alpes de Haute Provence, victoire étroite du radical – FGDS Marcel Massot dans la première circonscription (autour de Digne) avec 12 453 voix contre 12 415 suffrages au candidat UDR Henri Savornin.
Soit un écart de 38 suffrages et un pourcentage de 50,08 %.

Plus serré encore le scrutin de la première circonscription des Hautes Alpes avec la victoire du radical FGDS Emile Didier (père de l'actuel maire de Gap, ex PRG), vainqueur avec 12 927 voix contre... 12 926 pour son adversaire de droite Givaudan, futur maire de Gap.
En clair, une voix d'écart seulement dans ce qui reste l'élection la plus serrée de ce scrutin.

Dans la première circonscription des Alpes Maritimes,  élection du communiste Virgile Barel, dans le Nice populaire qui vota longtemps pour lui, en lui accordant cette fois 22 750 voix contre 22 497 pour son adversaire UDR, soit 253 voix d'avance et un pourcentage général de 50,28 %.

A noter que dans la deuxième circonscription du même département, Jacques Médecin fut élu en triangulaire avec 21 759 voix, contre 20 269 au candidat UDR et 9 664 au candidat communiste.

Succès à la Pyrrhus également pour le candidat socialiste André Lebon, sur la deuxième circonscription des Ardennes (Charleville, Mézières, Vallée de la Meuse), avec une élection obtenue par 24 075 voix contre 23 623 voix au candidat UDR, soit une majorité de 452 suffrages et un pourcentage de 50,47 %.

Le candidat socialiste sera confirmé en 1973.

Dans l'Aude, la troisième circonscription, organisée notamment autour de Castelnaudary, fut conquise par l'UDR Jean Pierre Cassabel, maire de cette commune, avec 21 831 voix contre 21 630 voix pour son adversaire SFIO.

Une majorité de 201 voix, donc, et un pourcentage de 50,23 %.

En 1973, le siège reviendra de nouveau au PS et le restera avant le « terremoto » de 1993 où les trois sièges de l'Aude passeront à droite.

Election serrée pour un autre candidat de gauche dans la deuxième circonscription de l'Aveyron, organisée autour de Villefranche de Rouergue et du bassin de Decazeville.
Le vainqueur ? Un pharmacien de Villefranche nommé Robert Fabre, candidat radical et futur leader du MRG, élu avec 24 299 voix contre 24 082 voix à son adversaire républicain indépendant, soit une majorité de 217 voix et un pourcentage de 50,22 %.

Election serrée également dans la troisième circonscription des Bouches du Rhône, couvrant les 2e et 7e arrondissements de Marseille.
Le vainqueur ? Un nommé Gaston Defferre, maire de la ville, ancien et futur Ministre, élu avec 19 611 voix contre 19 201 pour son adversaire UDR.
Soit 410 voix de majorité et un pourcentage de 50,53 % devant beaucoup au report des voix recueillies au premier tour par le candidat communiste Louis Calisti, syndicaliste fortement engagé dans le mouvement mutualiste.
Vu le premier tour, probable que Gaston Defferre l'a emporté grâce au Panier plus qu'à Endoume...

Une élection incertaine également dans la deuxième circonscription de la Charente (Cognac), avec la réélection de Félix Gaillard, ancien Ministre sous la Quatrième République, vainqueur de l'UDR Francis Hardy, avec 22 451 voix contre 21 928, soit 523 voix de majorité et 50,59 % des voix.

Félix Gaillard ne finira pas son mandat, perdant la vie le 9 juillet 1970 dans un accident en bateau, et sera remplacé par Jean Lafon.
Celui ci sera député non inscrit, ayant quitté dès l'automne 1970 le groupe socialiste et Francis Hardy, négociant en cognac, sera élu en 1973.

En Dordogne, même changement de personnel politique, un peu comme une page d'histoire qui se tourne.

La 3e circonscription (Nontron, Brantôme) voit le succès de l'UDR Pierre Beylot face au radical FGDS Georges Bonnet, ancien Ministre notamment sous la IIIe République, battu de 700 voix avec 24 662 suffrages contre 25 362 au vainqueur.

Un pourcentage de 50,7 % au final pour l'élu.

Dans la 4e circonscription (Sarlat), succès de l'UDR Pierre Janot, avec 25 214 voix contre 24 599 voix, soit une majorité de 615 voix sur … Robert Lacoste, candidat SFIO qu'on ne présente plus, en sa qualité d'ancien Ministre.

Le pourcentage de l'élu est donc de 50,62 %.

En 1973, le siège de Sarlat sera emporté par le candidat communiste Lucien Dutard et celui de Nontron Brantôme Thiviers par … Alain Bonnet, fils de Georges et devenu en 1965 maire de Brantôme, cette île singulière.

Seul, en 1973, le siège de Périgueux, représenté par Yves Guéna, résistera à la poussée à gauche puisque Bergerac élira également un député PS en la personne de Louis Pimont.

Nous avons ensuite une triangulaire serrée dans la 2e circonscription du Finistère, construite autour de Brest Ville, et qui voit la victoire de l'UDR De Bennetot avec 27 713 voix, contre 26 908 pour le maire centriste de Brest Lombard et 9 373 voix pour le candidat PCF Le Roux.

Une majorité de 805 voix donc pour le candidat gaulliste, et un pourcentage global de 43,31 % assez éloigné de ce que nous connaissons aujourd'hui pour cette partie de la France...
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede vudeloin » Ven 12 Oct 2012 19:27

Et une suite pour la route, sur le même thème...

Trois élections serrées ensuite dans le Gard.

Dans la 1ere circonscription (Nîmes), défaite du candidat sortant de la Convention des Institutions Républicaines, soutenu par la FGDS, Georges Dayan, vieil ami de François Mitterrand, avec 25 823 voix contre 26 843 à son adversaire UDR Paul Tondut, ancien militant syndical de la CFTC, et déjà député de mars 1966 à mars 1967, suite au décès de Pierre Gamel, élu en 1962.
L'avance de Tondut au second tour est donc de 1 020 voix et son pourcentage se situe finalement à 50,97 %.

A noter cependant un fait important : en 1967 comme en 1968, Georges Dayan ne parvint qu'à la troisième place du scrutin, devancé à gauche par le candidat communiste Robert Jonis.

L'accord national de désistement entre les partis de gauche (en l'espèce entre PCF et FGDS), partant du principe du « désistement républicain », fit quelques exceptions dont celle de Nîmes, ou celle de Lorient dont nous avons déjà parlé pour Pierre Messmer.
L'objectif était simple : assurer la défaite de la droite gaulliste à Nîmes en 1967, Georges Dayan paraissant mieux placé pour rallier les voix des communautés protestante et juive de la ville, ainsi qu'une frange de l'électorat modéré que le candidat communiste.
En 1967, cela fit le compte (Dayan étant élu avec plus de 57 % des voix) mais pas en 1968, dans une autre configuration politique générale.

Dans la troisième circonscription, structurée autour du bassin alésien, victoire du communiste Roger Roucaute, seul élu de gauche du Gard en 1968, avec 27 741 voix contre 26 895 suffrages pour son adversaire UDR.
Soit une majorité de 846 voix et un pourcentage de 50,77 %.

Enfin, dans la quatrième circonscription, victoire du candidat UDR Pierre Jalu, sur le siège composé d'Alès Ouest et du secteur du Vigan (la Cévenne protestante pour aller vite), face au docteur Gilbert Millet, candidat communiste, battu par 18 723 voix contre 18 708, soit 15 voix de majorité et un pourcentage de 50,02 % pour l'élu.

Le scrutin de 1973 sera totalement différent et le Gard reviendra à ses habitudes politiques profondes.

Georges Dayan va quitter Nîmes et il sera, en 1977, le candidat du PS et de la gauche unie aux élections municipales de Paris dans le secteur constitué par les 2e et 3e arrondissements de la capitale.
Il y battra d'ailleurs la liste de Jacques Dominati, républicain indépendant.

Roger Roucaute sera réélu en 1973 et Gilbert Millet gagnera le siège d'Alès Le Vigan.

Emile Jourdan, maire communiste de Nîmes, sera pour sa part élu député de la première circonscription.

Quant à Jean Poudevigne, élu au premier tour de 1968 sous l'étiquette Progrès et Démocratie Moderne (les centristes ralliés aux gaullistes, de fait) dans la deuxième circonscription, celle de la vallée du Rhône, il sera battu par le socialiste Jean Bastide, alors maire du Grau du Roi.

En 1978, le PCF fera le grand chelem dans le Gard en obtenant la réélection d'Emile Jourdan et Gilbert Millet, l'élection d'Adrienne Horvath (décédée cette année) en lieu et place de Roger Roucaute et celle de Bernard Deschamps, élu de Beaucaire, sur le siège de la vallée du Rhône.

Les choses ont un peu changé depuis, comme on en conviendra, notamment depuis que le Gard a connu un relatif développement démographique lié au flux migratoire interne des retraités, l'approfondissement de la mutation de son agriculture et, sur le plan politique, la perte, pour le PCF notamment, de positions électives importantes.

Deux scrutins incertains également en 1968 dans le département de la Haute Garonne.

Dans la première circonscription, constituée de cantons toulousains, du Frontonnais et du canton de Villemur sur Tarn, victoire de l'UDR Alexandre Sanguinetti (l'un des dirigeants du mouvement gaulliste qui sera évincé par Chirac peu avant la création du RPR), vainqueur avec 21 903 voix contre 21 125 pour son adversaire SFIO.
Soit une majorité de 778 voix et un pourcentage de 50,90 %.

Dans la troisième circonscription, présentant les mêmes caractéristiques et complétée par le Lauragais, victoire de l'UDR Jacques Moron avec 27 806 voix contre 27 092 au candidat SFIO, soit une majorité de 714 voix et un pourcentage de 50,65 %.

Il convient de noter qu'en 1968, quatre des six députés du département sont de droite puisque Pierre Baudis, encore adjoint au Maire SFIO de Toulouse Bazerque, a été élu sous l'étiquette RI dans la deuxième circonscription (Toulouse Centre, Verfeil, Montastruc la Conseillère), face au candidat de la FGDS avec une majorité de plus de quatre mille voix, au lieu d'un échec pour 160 suffrages en mars 1967 et que, par ailleurs, Jacques Douzans, rattaché au groupe centriste du PDM, a été élu sur le siège de Muret, ville dont il est alors le maire.

La gauche ne conserve alors que le siège du Sud du département (Comminges) grâce au vieux radical socialiste Hippolyte Ducos ( qui mourra fin 1970 et sera remplacé par François Gabas) et celui de la quatrième circonscription (Toulouse Ouest et val de Save), avec Jean Dardé, maire socialiste de Cugnaux.

En 1973, la poussée de gauche emportera tous les sièges de droite sauf celui de Pierre Baudis.
Et Alexandre Sanguinetti, flambeur invétéré (cela lui coûta ses responsabilités au sein de l'UDR) fut battu sur la première circonscription par Alain Savary, redevenu député après avoir été quelques années le député socialiste de ...Saint Pierre et Miquelon !

Nous finirons ce premier message sur les élections serrées avec le cas de la Gironde où le maire socialiste de Talence, Henri Deschamps, est battu par le docteur Jacques Grondeau, UDR, par 18 826 voix contre 18 520, soit une majorité de 306 voix et un pourcentage de 50,41 %.

Mais aussi en passant par la deuxième circonscription de l'Hérault, partant de Montpellier pour aller vers le Lodévois, Clermont l'Hérault et même le pied du Larzac et voir la victoire du candidat UDR Georges Clavel face au socialiste Gilbert Sénès, maire de Gignac, par 28 360 voix contre 28 103, soit 257 voix de majorité et 50,23 % des suffrages.
Et par la quatrième circonscription, allant de Béziers au massif du Caroux dans un sens mais vers Agde dans l'autre, la cité biterroise étant coupée en deux sièges.
Là, la victoire revint à Pierre Leroy Beaulieu, arrière petit fils de Paul, le célèbre économiste brocardé par Alphonse Allais, fondateur, avec Emile Boutmy, de l'Ecole Libre des Sciences politiques, autrement dit « Sciences Po ».
Pierre Leroy Beaulieu, élu sous l'étiquette UDR, ne faisait que reprendre un flambeau un temps tenu par son grand père, également prénommé Pierre, député élu dans le département en 1910 et tué à la guerre en 1915.
Maire d'Agde, lié au monde de la finance et des affaires, Pierre Leroy Beaulieu l'emporta face à Paul Balmigère, candidat PCF, futur maire de Béziers en 1977, avec 24 962 voix contre 24 094, soit une majorité de 868 voix et un pourcentage de 50,88 %.

En 1973, l'ancien ouvrier agricole communiste prendra sa revanche, de même que Gilbert Sénès reprendra son siège lodévo – clermontois.


Enfin, nous évoquerons l'élection de la seconde circonscription de l'Isère, centrée sur le canton de Grenoble Sud, appelé à un grand développement quelques mois après la tenue des Jeux Olympiques d'hiver.

Le candidat vainqueur de l'élection est le Ministre du Travail du gouvernement sortant, Jean Marcel Jeanneney, ancien doyen de la Faculté de droit de Grenoble, juste signataire des accords de Grenelle qui, comme chacun le sait, ont constitué le point d'orgue du mouvement social du printemps 1968, et marqué un très sensible renforcement des droits politiques et syndicaux des salariés dans l'entreprise.
Sur le fond, d'ailleurs, il faudra attendre les lois Auroux de 1982 pour que de nouvelles avancées soient réalisées au titre des droits des salariés.

Le vaincu est aussi connu et l'élection a clairement polarisé une bonne partie de l'attention.
Il se nomme en effet Pierre Mendès France et je m'en voudrais de vous présenter celui qui, à Charléty, a tenté de se positionner comme un recours face au gaullisme après avoir été à la base d'un mouvement d'idées particulier dans les années 50, au terme des quelques mois où il a, non sans un certain sens politique, assumé les fonctions de Président du Conseil.

Mendès France obtient 30 928 voix au second tour (les voix communistes ne lui font guère défaut) et Jeanneney réunit 31 059 voix, soit une majorité de 131 suffrages et un pourcentage de 50,11 %.

L'échec de PMF est court, mais il marque clairement la fin de la carrière politique de l'intéressé, une carrière engagée avec les Jeunes Turcs du parti radical dans les années 30 et achevée dans la proximité du Parti socialiste unifié de Michel Rocard...

Dans le même département de l'Isère, un autre duel symbolique met aux prises le vainqueur David Rousset, ancien trotskyste devenu gaulliste, et le vaincu, un certain Louis Mermaz, sur le siège de la 5e circonscription de l'Isère, c'est à dire le siège de Vienne Nord, ajouté au territoire que l'Isère va bientôt perdre pour le Rhône (cantons de Saint Symphorien d'Ozon et de Meyzieu).
L'écart s'avère très faible : Rousset obtient 24 921 voix et Mermaz 24 841, soit une majorité ténue de 80 voix et un pourcentage de 50,08 %.

En 1968, la droite fait le grand chelem et gagne les sept sièges de l'Isère.

En 1973, la gauche reprendra quatre des sièges, avec les élections d'Hubert Dubedout, maire de la ville, sur Grenoble, de Louis Mermaz sur Vienne, de Jacques Antoine Gau sur le siège du Voironnais, tous trois socialistes ou apparentés, et de Louis Maisonnat, maire communiste de Fontaine, sur le siège allant de Fontaine à La Mure.

Et, dans le Rhône, Meyzieu élira un député PS, ancien membre du PCF, un nommé Jean Poperen.

La suite au prochain numéro...
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede Pullo » Ven 12 Oct 2012 21:12

Je ne me souviens pas du nombre exact, mais il me semble qu'il y a eu très peu de triangulaires en 1968. En tout cas, beaucoup moins qu'en 1958 ou en 1973, et je ne parle pas de 1997...
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede Jean-Philippe » Ven 12 Oct 2012 22:23

vudeloin a écrit:Plus serré encore le scrutin de la première circonscription des Hautes Alpes avec la victoire du radical FGDS Emile Didier (père de l'actuel maire de Gap, ex PRG), vainqueur avec 12 927 voix contre... 12 926 pour son adversaire de droite Givaudan, futur maire de Gap.
En clair, une voix d'écart seulement dans ce qui reste l'élection la plus serrée de ce scrutin.


Il y a une erreur quelque part (et je dirais qu'elle vient de toi, Vudeloin) car dans ce livre (page 355), le candidat de droite qualifié pour le 2e tour est un parachuté de l'UDR Emile Arrighi de Casanova (d'origine corse et vivant à Paris). Il y avait au 1e tour 3 autres candidats : l'ancien député PCF Julian, le sortant radical et le futur sénateur centriste Lesbros.
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede vudeloin » Sam 13 Oct 2012 00:20

Absolument, Jean Philippe, non pas que j'ai vu le livre en question mais d'autres...
Et l'on peut confirmer sans problème la candidature d'Emile Arrighi de Casanova !
Un sacré parachuté d'ailleurs, originaire de Bastia et âgé de 47 ans au moment du scrutin.
Emile Arrighi de Casanova, haut fonctionnaire du gaullisme triomphant des années 60, conseiller d'Etat, fut directeur de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris (la première de France pour le réseau et les moyens financiers) et fut le premier président de la Société d'économie mixte gestionnaire du Marché d'intérêt National de Rungis, la SEMMARIS.
Quant à la famille Arrighi de Casanova (qu'il ne faut pas tout à fait confondre avec les Arrighi tout court), elle a longtemps marqué l'histoire de la Corse, notamment Ghjuvanni Tomasu, général de l'armée napoléonienne fait Duc de Padoue en 1809.

Bon, pour la peine, je laisse une erreur dans chaque message et on ajoutera quelques éléments de plus pour l'information de tous...
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Re: Elections législatives de 1968

Messagede vudeloin » Sam 13 Oct 2012 00:24

Pullo a écrit:Je ne me souviens pas du nombre exact, mais il me semble qu'il y a eu très peu de triangulaires en 1968. En tout cas, beaucoup moins qu'en 1958 ou en 1973, et je ne parle pas de 1997...


Bah, déjà, Pullo, vu le nombre d'élus au premier tour...
Mais le fait est que les triangulaires ont été rares, en général opposant un candidat de gauche, un gaulliste et un centriste.
Les gaullistes, peu partageux, apparemment, ont tenté clairement de surfer sur la poussée en leur faveur, une chèvre avec la croix de Lorraine peinte sur la fesse droite ayant autant de chances de l'emporter, en 1968, que la même avec une rose en 1981 et 2012...
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