Elections communales d'octobre 2012 en Belgique

[pierrot]

Ce soir, petit zoom sur ... Uccle dont on parle un peu ces dernières heures ;-)

Cette commune d'environ 80 000 habitants, située au sud de la région Bruxelles-Capitale, compte plus de 10% de français regroupés autour du lycée français et abrite le siège de la section belge de l'Union des Français de l'étranger (UFE) proche de l'UMP. Elle est jumelée, ça ne s'invente pas, avec Neuilly-sur-Seine.

Voici le résultat des communales 2006 qui ont vu l’élection du bourgmestre libéral, par ailleurs sénateur, Armand De Decker. Lequel a fait parlé de lui ces dernières heures en étant peut-être un peu trop précis sur le confidence d'ordre fiscal de Bernard ARNAULT.

Inscrits 47397
Votants 40252 (84.9%)
Votes blancs ou nuls 1337 (3.3 %)
votes valables 38915 (96.7 %)

MR (allié avec FDF) 45% 21 sièges 17 680 votes
UNION COMMUNALE (incluant cdH) 20% 9 sièges 7882 votes
ECOLO 14 % 6 sièges 5410 votes
PS 14% 5 sièges 5295 votes
FN 3 % 0 sièges 1314 votes
Autres <3% O siège < 1000 votes

Cette année, le divorce MR-FDF a poussé les libéraux à faire cavalier seul avec un renfort de poids pour le sénateur Armand De Decker, qui peut compter sur la présence en 41ème et dernière position de Didier Reynders parachuté de Liège pour "faire des voix". Dans un système où les voix de préférence sont fondamentales, on appelle ça "pousser" la liste.
Le FDF de présente an autonome sur une liste "tirée "par Joëlle Maison, échevine sortante.
En face la liste PS est emmenée par l'échevine de l'action sociale Claudine Verstraeten et poussée par la Présidente du Parlement Bruxellois Françoise Dupuis.
Le cdH se présente seul et non plus avec l'Union Communale, comme en 2006, avec une liste conduite par la députée Céline Frémault.
Côté Ecolo, c'est Thibaud Wyngaard qui tire la liste.
Les partis flamands sont tout de même représentés dans cette commune très francophone : en particulier les libéraux de l'Open-VLD sur la liste MR et les partenaires de Groen! avec les verts.

L'Histoire en dit pas encore si Bernard Arnault, inscrit au registre de la commune depuis fin 2011, s'est fait inscrire sur le liste électorale des ressortissants communautaires.

[pierrot]

Dimanche dernier se tenait un débat entre les têtes de liste à Anvers. La ville attire tous les regards, puisque Bart De Wever leader de la N-VA, personnage central de la vie politique flamande et fédérale, tente de déloger le bourgmestre sortant Patrick Janssens (sp.a). Le basculement de la première ville flamande, renforcerait le leadership de la formation indépendantiste et populiste sur le nord du pays.
Les observateurs signalent que les deux hommes y sont apparus à plusieurs reprises sur la même longueur d'onde (source).
Les participants au débat :
- Patrick Janssens (sp.a)
- Bart De Wever (N-VA)
- Filip Dewinter (Vlaams Belang)
- Annemie Turtelboom (Open Vld)
- Meyrem Almaci (Groen)
- Peter Mertens (PTB+)

Dans le même souci de recentrage, le débat a également été l'occasion pour Bart De Wever de s'opposer à Filip Dewinter, en particulier sur l'immigration, excluant tout accord de majorité avec le Vlaams Belang. Cela au moment où la pression autour de la N-VA s'accroit, puisque ce parti sera au coeur des alliances dans bien des villes flamandes. Par exemple, l'ancien Premier Ministre libéral Guy Verhofstadt a déclaré que la N-VA et l'extrême droite, c'est la même chose pointant en particulier les nombre important de transfuge du VB à la N-VA. Source

Au final, l'hypothèse d'une gestion conjointe de la ville flamande par le sp.a et la N-VA reste la plus probable au regard des scores potentiels des deux listes qui ont toutes les chances de rendre cette alliance incontournable. La question est de savoir qui arrivera en tête et sera bourgmestre après le 14 octobre. M. Janssens a tout de même répété qu'il ne serait en aucun cas échevin dans un collège dirigé par Bart De Wever.

[pierrot]

Cela au moment où la pression autour de la N-VA s'accroit, puisque ce parti sera au cœur des alliances dans bien des villes flamandes.

Le caractère incontournable de la N-VA pour constituer des majorités dans les villes flamandes se confirment au fil des sondages. Le parti populiste progresse partout le plus souvent au dépend de ses ex-alliés chrétiens démocrates (CD&V) et du Vlamms Belang qui recule partout par rapport à 2006.

Outre Anvers déjà cité, quelques exemples significatifs dans une série de sondage pubiée vendredi 28/09 par Laatste Nieuws et la VRT.

A Alost, le parti de Bart de Wever serait en tête (25,3 %) des voix suivi de près par le liste de l'Open Vld Jean-Jacques De Gucht (22.2%) . Il faut dire que la liste de la N-VA rassemble large : elle est tirée par un trio composé d'un ancien Open Vld Christophe D'Haese, de la députée fédérale Sarah Smeyers et du député au parlement flamand Karim Van Overmeire, qui a quitté le Vlaams Belang en 2010.
A noter que la liste de la bourgmestre sortante Hilde Uyttersprot (CD&V) ne serait que quatrième à 15,4% devancée par le sp.a conduite pat Ann Van de Steen (18,9%).
En 2006, Mme Uyttersprot était devenue bourgmestre à la faveur du cartel électoral CD&V/N-VA arrivé grâce à ces à 21,3% juste derrière le Vlamms Belang qui cette fois s'effondrerait à la cinquième place passant de 22,8% en 2006 à 12,2%.

A Malines, la liste N-VA emmenée par Marc Hendrickx talonne avec 27,1% le bourgmestre sortant libéral Bart Somers à 30,9 % (à la tête d'une alliance Open Vld-Groen!-m+). Le sp.a de Caroline Gennez chute à 16,7 % tandis que là aussi le VB s'effondre de 26,5% en 2006 à 13,6%. Le CD&V qui avait réalisé 20,3% en cartel avec la N-VA en 2006 passe cette fois sous la barre des 10 %.

Moins de suspense dans d'autres villes, comme à Ostende (et comme partout quand sur la ville tombe la pluie et qu'on se demande si c'est utile...) où le bourgmestre sp.a de Johan Vande Lanotte caracole à 40,3 % . Là aussi la N-VA arrive deuxième, avec 17,9 % tandis que les autres partis se tiennent autour des 10 % (avec encore une fois un Vlamms Belang qui divise quasiment son score de 2006 par deux).

A Courtrai, le CD&V du bourgmestre sortant Stefaan De Clerckle reste en tête à 30,4% (40% en cartel avec le N-VA en 2006). Mais derrière la situation est serrée : les socialistes à 19,1% progressent légèrement et devancent le vice-Premier ministre Vincent Van Quickenborne. Ce dernier a annoncé qu'il renoncerait à son portefeuille ministériel pour un poste de bourgmestre qui paraît assez hypothétique d'après ce sondage, sa liste Open VLD reculant par rapport à 2006. La N-VA est juste derrière à 14% tandis que les listes Groen! et VB sont juste sous la barre de 10%.

Enfin à Genk aussi, le CD&V reste en tête à 34,8% mais perdra sa majorité absolue au seil du Conseil. La liste ProGenk (regroupant sp.a, Groen et des indépendants) à 22,7 % est talonnée par la N-VA à 19,6 %. Le VB recule sous les 10 points et est dépassé, c'est une surprise, par le PTB - PVDA qui réaliserait un étonnant 8,6 %. Qu'un parti unitaire (non divisé selon le clivage linguistique, il se présente en tant que tel dans tous la pays) qui plus est d'extrême gauche (d’orientation marxiste léniniste il est clairement de filiation maoïste) puisse atteindre un tel score et dépasser à la fois l'extrême droite et les libéraux ne manquera pas d'attirer des commentaires.

[pierrot]

La situation reste tendue à Anvers, ville qui focalise toutes les attentions.

Les Inrocks ont publiés en fin de semaine dernière une longue interview de Patrick Janssens, bourgmestre socialiste, à l'accroche assez sensationnaliste "Il y a un risque que la Flandre devienne indépendante". Dans cet entretien destiné au lectorat français, il aurait déclaré "Si Anvers tombe aux mains des nationalistes, il y a un risque pour que la Flandre devienne indépendante " (ce qui est un peu vite résumé dans le titre des inrocks) et surtout "une large couche de la population se reconnaît dans le vote d'extrême droite" dans une ville où le V-B a toujours réalisé de gros scores.

Mais dans Le Soir de ce week-end, donc dans une interview plus destiné au lectorat belge francophone, il a démenti ces propos.

[pierrot]

Le dernier sondage de la VRT et De Standaard semble indiquer que les choses sont pliées à Anvers:
Liste Bart De Wever (N-VA) 37,2%
Liste Patrick Janssens (sp.a et CD&V) 27,2%
Liste Filip Dewinter (Vlaams Belang) 13,0%
Liste Meyrem Almaci (Groen!) 10,8%
Liste Annemie Turtelboom (Open Vld) 6.3%
Liste Peter Mertens (PVDA+/PTB+) 3.2%
Autres <2%

[Jean-Philippe]

Une alliance entre les listes Patrick Janssens, Groen! et Open Vld est-elle envisageable pour contrer Bart de Wever ?
Quelqu'un peut-il rappeler quel est le seuil pour avoir des élus ?

[vudeloin]

j'ai quand même l'impression que la crise politique belge plus ou moins larvée, avec la conduite de politiques assez proches de ce qui se fait ailleurs en Europe, nourrissent naturellement ce que nous constatons dans les urnes.

[pierrot]

Une alliance entre les listes Patrick Janssens, Groen! et Open Vld est-elle envisageable pour contre Bart de Wever ?
Quelqu'un peut-il rappeler quel est le seuil pour avoir des élus ?

Non, je pense que si Bart de Wever est en tête, surtout avec 10 points d'avance, rien ne l'empêchera de devenir bourgmestre. C'est la logique des institutions : une collation N-VA / sp.a est très probable à Anvers.
Autant la notion de cordon sanitaire fonctionne en Flandre vis à vis du Vlaams Belang (auparavant du Vlaams Blok), autant elle n'a jamais été appliquée vis à vis de la N-VA. D'ailleurs, le gouvernement flamand actuel est tripartite et regroupe les chrétiens-démocrates (CD&V), les socialistes (Sp.a) et la N-VA : le nationaliste Geert Bourgeois est Vice-ministre président, chargé des affaires intérieures.

Il n'y a pas de seuil électoral en Belgique pour les communales et les provinciales. La discussion a eu lieu côté flamand pour les provinciales 2012 mais n'a pas abouti. On retombe donc sur le "seuil électoral naturel", c'est à dire le quotient électoral.
Il y a 55 sièges à pourvoir à Anvers, donc à 3% on a déjà 1 siège. Par exemple en 2000, l'alliance ID 21-Volksunie (VU-ID) y a obtenu 1 siège avec 3,11%. Le seuil est bien sûr plus élevé pour les communes plus petites où il y a moins de sièges à pourvoir.

[sammy]

En tant que frontalier, j'essaie de me renseigner autant que possible sur ces élections. Un collègue habite en Belgique et m'a expliqué qu'il était impossible, d'autant plus aux communales de voter selon ses convictions politiques sans risquer de se retrouver "surpris" lorsque les alliances post-électorales apparaissent.
Vous êtes socialistes et allez vous coaliser avec les libéraux du MR ou chrétiens-démocrates du cd-v, voire avec les nationalistes de droite du nv-a à Anvers (et vice-versa d'ailleurs). Vous êtes écologistes et vos échevins votent contre la construction de logements sociaux avec les libéraux, bref, les pires dérives de la proportionnelle intégrale à l'échelon local.

Du coup les pronostics sont au moins aussi difficiles que ne le seront les conclusions dimanche soir.
L'enjeu principal semble quand même de vérifier la capacité de la NV-A de Bart de Wever à prendre autant de poids dans la vie politique flamande que son leader en a perdu (60 kilos !). Possible à Anvers (je n'exclue pas une reconduction du bourgmestre sp-a toutefois), à voir pour les villes moins importantes.

Enfin quelqu'un évoquait l'"anomalie" d'un parti national, le ptb-pvda, ce parti de gauche radicale qui pourrait faire une mini-percée (j'ai bien dit "mini") a une autre particularité : le nombre de médecins sur ses listes. Le parti a développé dans les grandes et moyennes villes des dispensaires et son influence électorale semble en profiter, à sa modeste échelle.

[vudeloin]

En fait, sammy, on pourrait se poser la question autrement ?

les alliances étonnantes sont elles la résultante de la proportionnelle, du vote obligatoire ou encore du peu de différence idéologique qui peut exister entre certains partis politiques en Belgique ?
Parce que sur le fond, sorti du PTB et des quasi fascistes du Belang, quelles différences ?
A part peut être, parfois, les Ecolos ?