Cet institut [l'Ifop] a recensé, pour Le Monde, 77 communes de plus de 4 000 habitants dans lesquelles le FN a franchi la barre des 40 % au second tour des législatives en juin. Dans 17 d'entre elles, le parti de Marine Le Pen a même atteint ou dépassé les 50 %.
Pour les petites communes de moins de 10 000 habitants, il est traditionnellement difficile au FN de boucler des listes (je suis preneur de tout contre-exemple).
Dans les grandes villes (plus de 100 000 habitants), la sociologie de la population est de plus en plus défavorable au FN, même à Toulon. C'est donc dans les communes de 20 à 40 000 habitants (type Vitrolles-Orange-Marignane) que le FN peut espérer le plus de gains.
Sur les 77 villes recensées par l'IFOP, 13 d'entre elles dépassent les 20 000 habitants. C'est le cas par exemple d'Hénin-Beaumont, Istres, Aubagne, Cavaillon, Fréjus, Forbach, ou encore Saint-Priest.
On peut ajouter Tarascon, Saint-Gilles parmi celles où les chances de succès existent. Dans le bassin minier proche d'Hénin-Beaumont, je ne vois pas le FN emporter de communes.
Le FN a davantage de chances de l'emporter face à la gauche avec une droite largement devancée par le FN au 1e tour comme à Arles, Aubagne et Miramas dans les Bouches-du-Rhône, Forbach en Moselle, ou encore Saint-Priest dans la banlieue lyonnaise.
Par région, sur les 77 communes (dans 43 cas, c'était face à un candidat de gauche), on en compte 21 dans ce bassin minier, 26 dans les trois départements à l'embouchure du Rhône, 16 dans le Var et les Alpes-Maritimes, 5 dans le Rhône, 3 en Moselle. Restent Gisors, Hautmont, Castelsarrasin, Moissac, Graulhet et Carcassonne.
N'oublions pas que le FN peut l'emporter en triangulaire, avec moins de 40%.
Cet article me rappelle un peu ceux indiquant le nombre de triangulaires possibles suite au score de Marine le Pen. Il nuance cependant l'aspect racoleur de cette approche en insistant sur les difficultés du scrutin municipal pour le FN.
Reste que les scores élevés aux législatives ne font pas tout. Le FN est confronté à deux difficultés. Il lui faut d'abord trouver des têtes de liste crédibles. L'équation personnelle des candidats est particulièrement importante dans un scrutin municipal, surtout face à un maire sortant implanté. Or, ses meilleures têtes d'affiche - qu'il s'agisse de Gilbert Collard dans le Gard, de Marion Maréchal Le Pen dans le Vaucluse, de Florian Philippot en Moselle, de David Rachline dans le Var ou de Steeve Briois dans le Pas-de-Calais - ne pourront pas se démultiplier.
Au final, je pense que le scrutin ressemblera à celui de 1995 pour le FN, avec une présence probablement plus grande dans les villes moyennes et quelques succès locaux. Dans tous les cas, le nombre d'élus municipaux du FN (et du RBM) devrait être multiplié par un gros chiffre (x 5, voire plus).