de vudeloin » Sam 29 Sep 2012 19:51
Si tu avais jeté un coup d'oeil sur le fil relatif aux élections municipales de 1935, ploumploum, tu te serais rendu compte que Paul Rivet a été élu conseiller de Paris en 1935, pour le quartier Saint Victor, où il fut candidat antifasciste, soutenu par l'ensemble de la gauche parisienne et notamment celle du Quartier Latin, en l'espèce.
La destinée de Paul RIvet, l'un des animateurs du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes, fut effectivement remarquable.
L'ethnologue fut l'un des animateurs du Réseau dit du Musée de l'Homme et il sera, après la Libération, élu parisien, quelques temps membre de la SFIO qu'il quittera d'ailleurs lorsque ce parti se perdra quelque peu dans le soutien aux guerres coloniales...
Pour le reste, ma foi...
Copie du message laissé sur le secteur dans le fil sur les municipales de Paris 1935
Saint Victor
Inscrits 5 655
Votants 4 798
Exprimés 4 740
Pr Rivet (défense républicaine) 2 445, élu
Lebecq (URD, sortant) 2 292
Le premier tour avait vu la mise en ballottage du sortant par une gauche divisée entre quatre candidats différents (dans l'ordre, PCF, Parti Camille Pelletan, radical socialiste et SFIO).
Comme la loi le permettait à l'époque, la gauche s'est accordée au second tour sur la présentation d'une candidature unique, portée par un candidat absent du premier.
En l'espèce, Paul Rivet, médecin et professeur d'ethnologie à la Sorbonne, dont l'une des initiatives fut de participer, en 1934, à la création du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes.
La campagne prend d'ailleurs un tour tout particulier puisque le candidat sortant, Georges Lebecq, est président de l'Union Nationale des Combattants et s'avère lié aux Jeunesses Patriotes, le mouvement de jeunesse d'extrême droite qui a été pour beaucoup dans les manifestations du 6 février 1934.
Paul Rivet, pour sa part, est soutenu par une bonne partie de la communauté scientifique française, notamment des intellectuels et chercheurs comme Frédéric et Irène Joliot Curie, Jean Painlevé, Jean Perrin qui signent un appel où l'on peut lire « Au nom de la République qu'il nous faut défendre contre les ennemis avoués ou inavoués, au nom de la science et de la culture française menacées par le fascisme ».
La victoire de Rivet est donc assez emblématique de cette période politique des années 30 et elle aura des prolongements.
Paul Rivet sera en effet créateur, en 1937, du Musée de l'Homme, premier établissement de ce type consacré à l'ethnologie en France.
Un Musée qui, pendant l'Occupation, deviendra évidemment un foyer de résistance, animé par l'intéressé.
Pourchassé par la Gestapo, Paul Rivet parviendra à fuir à l'étranger et il assumera, au sein de la France Libre, un certain nombre de missions, notamment diplomatiques, jusqu'à la fin de la guerre.
Puis, il sera élu député de la Seine sous l'étiquette de la SFIO en 1945 avant de rejoindre l'Union Républicaine et Résistante, future Union Progressiste, pour protester notamment contre l'attitude du parti socialiste quant à la question indochinoise.
Son mandat s'achèvera en 1951 et Paul Rivet quittera l'Union Progressiste quand ses députés rejetteront la confiance à Mendès France.
A noter que le candidat battu par Paul Rivet dans le quartier Saint Victor et qui fut l'un des organisateurs de la manifestation de droite du 6 février 1934 se fit élire, quelques semaines plus tard, conseiller général de la Seine dans le canton de ...Neuilly sur Seine.