vudeloin a écrit:
Après, si vous voulez mon avis, le PCF peut fort bien exister d'être enraciné dans la tradition politique socialiste française, et d'autant plus que j'ai bien l'impression que la gauche française, dans son ensemble, est à un tournant critique de sa propre histoire qui peut fort bien conduire la force aujourd'hui dominante de la gauche (le PS) dans l'ornière où ont glissé, sans espoir de rémission, certains des partis socio démocrates européens.
Voir le PS assumer franchement sa vocation libérale serait un tournant politique majeur. Jusqu'à maintenant, en effet, et depuis de longues années, Hollande a toujours veillé à entraîner le parti aussi loin qu'il était possible dans l'idéologie du libre marché, sans pour autant franchir ouvertement certaines lignes jaune, transgression qui menacerait la cohésion du parti, voire l'équilibre des forces à gauche.
Ainsi, sous Jospin, il n'a jamais officiellement affirmé sa conversion au blairisme. De même, on se souvient des socialistes réunis en congrès faisant un triomphe à Thibault en 2003, ou plus récemment de leur soutien au mouvement contre la réforme des retraites de 2010. La direction du parti entretenait ainsi avec un certain succès l'idée (l'illusion?) que le PS n'était pas franchement rallié au néo-libéralisme, qu'il était possible de peser sur sa ligne "de l'intérieur". C'est ce qui a permis, en 2012 encore, à un grand nombre de gens qui avaient envisagé de voter Mélenchon de rallier finalement Hollande.
On voit bien ceci-dit que le PS a de plus en plus de mal à entretenir cette idée. Mais de là à imaginer qu'il assume franchement le virage pris et pousse la logique jusqu'à son terme... Et quand bien même le parti majoritaire s'engagerait dans cette voie, cela ne profiterait pas mécaniquement au front de gauche, ainsi qu'en convient Mélenchon lui-même.
Le PC et ses alliés devront d'abord, entre autres problèmes majeurs, trouver un positionnement clair vis à vis du PS. Leur ligne actuelle "ni opposition, ni majorité" est peu lisible pour les électeurs. Ils devront aussi séduire un électorat populaire qui pourrait adhérer à certaines de leurs positions en matière économique et social, mais est largement rebuté par ce qu'il identifie comme une défense inconditionnelle de l'immigration...
La politique du gouvernement, ceci-dit, a au moins un avantage pour les communistes. Elle leur évite la tentation dune "PRGisation" (incarnée par un Robert HUE), autrement dit acheter leur survie au prix de leur indépendance. Une indépendance qui a un prix. Alors que le PC a fait plus de voix aux dernières législatives (le front de gauche a obtenu 7% des suffrages exprimés, 80% de ses candidats étaient communistes) qu'en 2002 (un peu moins de 5%) et 2007 (4%), sa représentation est, me semble-t-il, la plus faible dans l'histoire du parti.
Les Verts, de leur côté, ont obtenu grâce au PS 17 députés, alors qu'ils sont bien en dessous des 5% là où ils se présentent seuls. Mais ils devront en échange voter le budget d'austérité que nous concocté monsieur Ayrault, avec son cortège de coupes aveugles dans les dépenses publiques. Un PC avalant cela se serait définitivement discrédité. La stratégie du Front de Gauche est coûteuse à court terme, mais c'est un pari sur l'avenir, un pari sur l'éventuel virage néo-libéral et austéritaire du PS évoqué par vudeloin et son effet sur l'électorat. Il y a quelques nuances Le PG a pratiquement enterré toute idée de faire bouger la ligne du PS (même si Mélenchon revendique sa part de la victoire de Hollande). Le PC, de son côté, a parfois encore quelques velléités "majoritaires"...