de vudeloin » Mer 29 Aoû 2012 03:19
Les données les plus anciennes relatives aux élections cantonales que l'on peut trouver doivent probablement se trouver dans les années de l'immédiat après Première Guerre Mondiale.
La presse de l'époque n'a souvent publié que des informations sommaires, en tout cas pour ce qui concerne les quotidiens d'information nationale.
La presse régionale présentait souvent des résultats plus complets, allant parfois jusqu'au détail des votes par commune...
Détail important : le conseil général de la Seine n'était pas concerné par le renouvellement cantonal ordinaire, puisque son élection succédait à celle des conseils municipaux, notamment celui de Paris dont les membres étaient également conseillers généraux.
Bon, histoire de pointer tout de suite de quoi il s'agit, répartition des sièges en 1934 selon les différentes sensibilités politiques de l'époque.
A droite, nous avons eu 70 élus conservateurs, 275 républicains URD, 36 démocrates populaires (démocrates chrétiens) et 269 républicains de gauche, soit 650 élus à droite et au centre droit.
Au centre, centre gauche, 145 radicaux indépendants et 484 radicaux et radicaux socialistes, soit 629 élus, force centrale des conseils généraux de l'entre deux guerres.
A gauche, on comptait 64 républicains socialistes, 23 socialistes de France (dissidence de la SFIO), 118 socialistes SFIO et 34 communistes, soit un ensemble plus ou moins cohérent de 239 élus dont une part importante dans les cantons urbains de la France d'alors.
En 1937 (le principe de renouvellement partiel par moitié était déjà en vigueur), on se retrouve avec la répartition suivante.
A droite, 2 élus PPF (parti de Jacques Doriot), 14 PSF (Parti social français, créé à partir des ligues et du mouvement Croix de Feu du colonel De La Rocque), 59 conservateurs, 240 URD, 207 républicains de gauche et 20 démocrates populares, soit un total de 542 élus de droite et du centre droit.
Au centre et centre gauche, on trouvait 119 radicaux et radicaux indépendants et 529 radicaux socialistes, soit un total de 648 sièges avec, dans le cas des radicaux socialistes, des attitudes aussi variées et variables.
A gauche, on trouve deux élus du parti radical Camille Pelletan, 15 socialistes indépendants, 29 républicains socialistes, 3 socialistes français, 14 socialistes de France, 234 socialistes SFIO et 41 communistes, soit un ensemble plus ou moins cohérent (et à l'époque, autour des gouvernements de Front Populaire) de 336 élus.
La France cantonale de l'avant guerre est donc largement radicale socialiste, si l'on peut dire.
Cette situation, évidemment, appelle des exceptions mais le fait est que c'est ce qui ressort de l'examen des résultats, même sommairement rapportés.
Prenons l'exemple d'un département comme la Seine et Oise, largement marquée par certaines formes d'urbanisation dans les années de l'entre deux guerres.
En 1934, le département doit élire 21 conseillers généraux.
Dès le premier tour, sont réélus ou élus les conseillers de
Arpajon (Simon, radical socialiste)
Chevreuse (Aumont, républicain socialiste)
Dourdan Sud (Trouvé, radical indépendant)
La Ferté Alais (Arnoux, républicain de gauche)
L'Isle Adam (Lévêque, républicain de gauche)
Marines (Lelong, républicain de gauche)
Méréville (Dormann, député, radical indépendant)
Le Raincy (Amiard, sénateur, radical indépendant)
Saint Germain en Laye (Bertrand, républicain de gauche)
Sèvres (Duroisel, URD)
On le voit, le premier tour de cette série est largement favorable à la droite.
Le second tour va donner les résultats suivants
Survenu d'ailleurs le jour de la mort de Raymond Poincaré, le vote s'en trouve quelque peu occulté par l'événement concerné d'autant que le décès du Président signataire du Traité de Versailles va de pair avec les suites de l'attentat de Marseille contre le roi Alexandre de Yougoslavie et le ministre Louis Barthou.
Résultats en Seine et Oise
Aulnay sous Bois : Fernet (PCF)
Gonesse : Demusois (PCF)
Bonnières sur Seine : Lamy (radical socialiste)
Houdan : Chapellier (radical socialiste)
Limay : Lefébure (URD)
Limours : Béné (radical socialiste)
Longjumeau : Besson (PCF)
Maisons Laffitte : Robbe (républicain de gauche)
Poissy : Caffin (républicain de gauche)
Versailles Ouest : Henry – Haye (député, républicain de gauche)
Versailles Sud : Denis (URD)
Sur 21 sièges, nous avons donc trois communistes, quatre radicaux socialistes, un républicain socialiste, trois radicaux indépendants, sept républicains de gauche et trois URD.
Le scrutin de 1937 est légèrement différent.
Le contexte politique a changé, puisque les législatives de 1936 ont conduit la gauche au pouvoir, dans le cadre du Front Populaire, une alliance politique dont la fin de l'année 37 est cependant difficile.
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, la tension née de la guerre civile en Espagne pèse dans le contexte politique national.
Ceci dit, les électeurs de Seine et Oise doivent élire en octobre 1937 21 conseillers généraux, 20 venant de la série renouvelable et un (le canton de la Ferté Alais) de la série 1934 qui était vacant.
Au premier tour, sont réélus ou élus
Rambouillet : Patenôtre (député, USR)
Milly la Forêt : De Ganay (URD)
Montmorency : Fleury (URD)
Etampes : Chevigny (républicain de gauche)
Meulan : Bézard (démocrate populaire)
La Ferté Alais : Arnoux fils (républicain national)
Le second tour est différent.
Pontoise : Debrie (PSF)
Villeneuve Saint Georges : Janin (PCF)
Taverny : Leyma (républicain de gauche)
Luzarches : Guilbert (radical indépendant)
Magny en Vexin : Reaubourg (radical indépendant)
Mantes : Bergery (député, gauche unie)
Montfort l'Amaury : Plessis (PSF)
Boissy Saint Léger : Gauthier (PCF)
Corbeil : Berreau (radical indépendant)
Ecouen : Varagne (PCF)
Versailles Nord : Fourcault de Pavant (député, PSF)
Marly le Roi : Dadot (député, PCF)
Argenteuil : Péronnet (PCF)
Palaiseau : Yvon (PCF)
Dourdan Nord : Rolland (radical socialiste)
La série donne donc six communistes, un USR, un gauche unie et un radical socialiste, un démocrate populaire, trois radicaux indépendants, deux républicains de gauche, deux URD, un républicain national, trois PSF.
Nous avons donc, en 1937, un conseil général de Seine et Oise ainsi constitué
Arrondissement de Corbeil
Arpajon : Lucien Simon, radical socialiste
Corbeil : Henri Berreau, radical indépendant, maire d'Essonnes.
Longjumeau : Léopold Besson, PCF, maire d'Athis Mons (1931-32 puis 1935-39).
Boissy Saint Léger : Louis Gauthier, PCF, maire d'Ormesson sur Marne, ouvrier ciseleur; résistant. A noter qu'en 1935, il a battu le candidat de la famille d'Ormesson, en recueillant les votes des « mal lotis », habitants des lotissements constituées par démembrement progressif du parc du château d'Ormesson et de la propriété de la famille de l'actuel académicien.
Villeneuve Saint Georges : Henri Janin, PCF, maire de Villeneuve Saint Georges, résistant en Bretagne, déporté. Redevenu maire de la ville à la Libération, meurt en juin 1946.
Ex Arrondissement d’Etampes
Etampes : Charles Chavigny, républicain de gauche. Avant guerre, il est dans l'opposition au maire d'Etampes, le docteur Camus, plus proche des radicaux socialistes favorables au Front Populaire. Il est nommé adjoint de la délégation spéciale remplaçant la municipalité sous Vichy.
La Ferté Alais : Maurice Arnoux (fils de Louis Arnoux), républicain national, maire de Chamarande et aviateur mort en 1940 au combat au dessus de l'Oise. Il combattit seul contre sept avions allemands.
Méréville : Maurice Dormann, député puis sénateur, radical indépendant, journaliste localier à « l'Abeille d'Etampes », journal de droite, grand mutilé de guerre lors de la bataille de Verdun (blessé gravement à Douaumont), Ministre des Pensions en 1930/31. Père de la romancière Geneviève Dormann.
Milly la Forêt : Marquis Charles Jean De Ganay, URD, ancien président du Conseil général de Seine et Oise, propriétaire du château de Courances, famille noble nivernaise dont un certain nombre de descendants sont toujours engagés en politique (toujours à droite) et qui, par alliance, se sont trouvés liés à la famille Lebaudy, industriels du sucre.
Jean Louis De Ganay, de la même famille, sera également conseiller général de Milly la Forêt dans les années 50.
Ex Arrondissement de Mantes
Bonnières sur Seine : Fernand Lamy, radical socialiste
Houdan : Ernest Adolphe Chapellier, radical socialiste, vétérinaire de profession.
Limay : Paul Lefébure, URD, propriétaire du château des Célestins à Limay. (Vieille famille de Limay, Paul ayant écrit des livres d'histoire locale).
Magny en Vexin : Gaston Réaubourg, radical indépendant, pharmacien à Paris XVIe, maire de Vétheuil, auteur de livres sur la botanique et notamment un inoubliable volume sur « l'Etude organographique et anatomique des lardizabalées « .
Mantes Gassicourt : Gaston Bergery, rassemblement des gauches et fondateur du Parti Frontiste. Gaston Bergery, qui fut maire de Mantes, est un radical « de gauche » qui avait souhaité, bien avant 1934, constituer une alliance à gauche avec la SFIO. Elu député en 1936 avec le soutien des partis de Front Populaire, il défendra ensuite des thèses pacifistes et finira par soutenir le régime de Vichy, devenant son ambassadeur à Moscou, entre autres.
Arrondissement de Pontoise
L’Isle Adam : Henri Lévêque, républicain de gauche, ingénieur aéronautique (?), peut être inventeur du premier hydravion français, construit à Bezons et Argenteuil.
Marines : Emmanuel Lelong, républicain de gauche
Pontoise : Jean Debrie, PSF
Gonesse : Antoine Demusois, député, PCF, né au Creusot, cheminot, maire d'Arnouville les Gonesse. Déchu de ses mandats en 1939, Antoine Demusois sera interné entre autres en Algérie à la prison de Maison Carrée. Il sera réélu maire de sa commune et député de Seine et Oise à la Libération.
Luzarches : André Guilbert, radical indépendant, maire de Louvres (alors un petit village rural de quelques centaines d'habitants).
Aulnay sous Bois : Louis Fernet, PCF, maire de Sevran. A sa mort, en mars 1939, Louis Fernet est remplacé à l'occasion d'une partielle par Gilbert Berger, PCF également, maire de Tremblay les Gonesse.
Le Raincy : Louis Amiard, sénateur, radical indépendant décédé en 1935.
Maire de Villiers sur Marne, Louis Amiard sera président du Conseil général de 1923 à sa mort et président de commission au Sénat.
L'élection partielle, organisée en juillet 1935, voit la victoire d'Emile Cossonneau, PCF, maire de Gagny, par 7 863 voix contre 7 379 pour Guillaume Ballu, le maire de droite de Gournay sur Marne.
Ecouen : Alexis Varagne, PCF, cheminot (dans les services administratifs), maire de Villiers le Bel élu en 1935. Alexis Varagne, résistant, mourra en déportation en 1944 au camp d'Oranienburg.
Montmorency : Paul Fleury, URD, maire de Deuil La Barre, connu pour avoir lancé les travaux de construction de l'Hôtel de Ville en 1933.
Taverny : Henri Leyma, républicain de gauche, maire de Taverny depuis 1919 jusqu'à la fin de la guerre.
On doit donc supposer qu'il n'a pas trouvé à redire au régime de Vichy.
Arrondissement de Rambouillet
Chevreuse : Pierre Aumont, républicain socialiste
Dourdan Nord : Henri Rolland, radical socialiste, maire de Dourdan.
Dourdan Sud : Henri Trouvé, radical indépendant
Limours en Hurepoix : Maurice Béné, radical socialiste, maire de Limours. Maurice Béné sera résistant pendant la guerre, membre du Comité départemental de Libération et sera député Radical de Seine et Oise sous al Quatrième République.
Montfort l’Amaury : Stanislas Plessis, PSF. Déjà âgé de soixante ans lors de son élection, il n'a pas laissé de traces particulières sur place.
Rambouillet : Raymond Patenôtre, député, USR. Maire de Rambouillet, Ministre, journaliste et propriétaire de journaux, Raymond Patenôtre, fils de l'ambassadeur de France aux USA en 1900, épousa en 1925 une jeune femme nommée Jacqueline Thome, fille du député maire de Rambouillet, mort pour la France devant Verdun en 1916.
A la Libération et plus encore après la mort de Raymond en 1951, Jacqueline, devenue Thome Patenôtre aura à son tour une carrière politique, étant maire de Rambouillet de 1947 à 1983, Conseillère de la République puis Sénatrice de Seine et Oise jusqu'en 1958, où elle devient députée du même département puis des Yvelines jusqu'en 1978.
Son retrait, alors, correspond à la première élection de Nicolas About, ancien Maire de Montigny le Bretonneux, ancien Sénateur des Yvelines et ancien Président de la Commission des Affaires sociales du Sénat.
Jacqueline Thome Patenôtre sera aussi Secrétaire d'Etat au Logement en 1957 et exercera la fonction de Présidente de la Société Protectrice des Animaux.
A ce titre, elle a laissé son nom à une loi de 1970 fixant les conditions d'accueil des animaux dans les immeubles collectifs.
Arrondissement de Versailles
Argenteuil : Louis Péronnet, PCF, maire de Bezons. Résistant, il connut lui aussi le bagne de Maison Carrée (aujourd'hui El Harrach) avant de revenir en France et de redevenir maire de Bezons jusqu'en 1961.
Bezons fut, en 1930, la première ville à accueillir la Fête de l'Humanité, étant l'une des premières municipalités communistes du pays (les élus socialistes de 1920 prirent tous parti pour l'adhésion à la IIIe Internationale au moment du Congrès de Tours).
Après la Libération, dans un contexte politique différent, il sera Président du conseil général de Seine et Oise de 1945 à 1948.
Maisons Laffitte : Fernand Robbe, député, républicain de gauche puis PSF; Ingénieur, Fernand Robbe se place résolument dans l'opposition au Front Populaire.
Pendant la guerre, il témoigne lors d'un des procès de Riom contre l'ancien Ministre de l'Air Guy La Chambre, ancien député d'Ille et Vilaine.
Une attitude qui lui vaudra d'être frappé d'indignité nationale à la Libération et de se retrouver inéligible. Il se préoccupera ensuite de la restructuration des forces de droite, notamment au Comité de Regroupement Républicain où il tente, avec Edmond Barrachin (qui sera sénateur encore sous la Cinquième République) de réunir une partie des hommes de droite victimes de l'épuration ou placés au purgatoire.
Meulan : Raymond Bézard, démocrate populaire. Jeune élu démocrate chrétien (né en 1902), maire de Meulan en 1935, inspecteur d'assurances, i sera mobilisé en 1939/40 et décédera à la fin de la guerre, des suites des blessures et privations subies. L'un de ses adjoints accepte de devenir maire de la ville à la demande du pouvoir pétainiste puis la ville passe à gauche à la Libération, comme le canton qui élit Paul Raoult, SFIO, maire de Tessancourt, exact homonyme d'un élu du Nord de même obédience plus récent.
Poissy : Paul Caffin, républicain de gauche puis proche du PSF. Gros exploitant agricole, spécialisé en fruiticulture, Paul Caffin participe à l'été 36 à la création de l'Association Centrale des Employeurs Agricoles, mouvement proche du Front paysan d'Henri Dorgères (pseudonyme du comte Henri d'Halluin), opposé au Front Populaire et notamment aux accords collectifs signés avec les syndicats ouvriers dans l'agriculture.
Paul Caffin illustre assez bien, d'ailleurs, le positionnement politique d'une partie des exploitants agricoles de l'Ile de France (betteraviers, céréaliers, etc...) qui se placent clairement à droite, d'autant que leur situation économique est souvent loin d'être aussi calamiteuse que celle de la petite paysannerie du Sud Ouest...Probable que Paul Caffin ait été déclaré inéligible à la Libération, mais cela ne semble pas l'avoir empêché de devenir le premier Président de la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits et Légumes en 1946.
A ce stade, il me reste à définir si Jean Michel Caffin, conseiller régional UMP d'Ile de France, et Président de la Chambre d'Agriculture de la Région a quelque lien avec lui.
Palaiseau : Gaston Yvon, PCF, conseiller municipal à La Ville du Bois. Mobilisé en 1939, il est déchu de son mandat pour appartenance au PCF.
Gaston Yvon sera fait prisonnier et reviendra siéger à l'assemblée provisoire du conseil général de Seine et Oise à la Libération. Mais il ne sera pas élu aux cantonales de 1945.
Marly le Roi : Pierre Dadot, député, PCF. Fraiseur de profession, Pierre Dadot est arrivé à la politique par le syndicalisme, en étant secrétaire de la fédération CGTU des Travailleurs de l'Etat (employés des arsenaux et employés civils de la Défense Nationale). Elu municipal de Rueil Malmaison (qui est gagnée par la gauche en 1935), il est député en 1936 dans une circonscription tout de même assez étonnante puisque regourpant les cantons de Saint Germain en Laye et de Marly Le Roi.
Dans le détail, les communes de Rueil Malmaison, Bougival, La Celle Saint Cloud, Louveciennes, Croissy sur Seine, Le Pecq, Le Vésinet, Chatou, Mareil Marly, Marly le Roi, Port Marly, Bailly, Noisy le Roi, Rennemoulin, Villepreux, Saint Germain en Laye, Fourqueux, Feucherolles, L'Etang la Ville, Saint Nom la Bretèche, Chavenay.
Pour donner une idée des résultats, Pierre Dadot obtient 17 % des voix au premier tour sur la ville de Saint Germain en Laye et réalise un score de 43,4 % des votes au second tour dans la ville natale de Louis XIV !
L'animosité entre le radical indépendant sortant Chatenet et l'URD Adam, qui se sont maintenus au second tour tous les deux, lui permet, en rassemblant la gauche, d'être élu avec 46,3 % des voix et 372 voix de majorité (sur un électoral de près de 24 000 exprimés) sur le meilleur candidat de droite.
Arrêté dès septembre 39, libéré puis réincarcéré en avril 40, Pierre Dadot va faire le long chemin de pénitence des internés : La Santé, le château de Baillet (ex propriété des Métaux CGT), l'Ile d'Yeu et le sanatorium d'Aincourt en Seine et Oise. Comme il est mutilé de 14 – 18, il est cependant libéré en février 1941 avant de se consacrer à des activités de Résistance qui l'amènent en zone dite libre où il organise notamment l'action de la Résistance drômoise.
A la Libération, il ne se consacrera qu'à des activités d'élu municipal à Rueil Malmaison et au développement de sa Fédération syndicale dont il deviendra le très estimé secrétaire général.
A noter que le Comité de Vigilance des Intellectuels antifascistes local de Saint Germain en Laye était animé dans les années 1935 – 1940 par un jeune professeur de mathématiques, syndiqué à la fédération CGT de l'enseignement nommé Marcel Roby.
Arrêté pour faits de Résistance et déporté, Marcel Roby meurt en mars 1944 au camp de Buchenwald.
Son nom sera donné au Lycée de Garçons de la ville, tandis que le nom de Claude Debussy, jusqu'ici attribué, et autre enfant de la ville, est donné au Lycée de Jeunes Filles.
Saint Germain en Laye : Henry Bertrand, républicain de gauche et/ou radical indépendant. Il sera président du Conseil général à la fin de la période. Né en 1863 et fils de l'archéologue Alexandre Bertrand, fondateur du Musée des Antiquités Nationales, aujourd'hui logé dans le Château de Saint Germain, Henry Bertrand a été maire de la ville entre 1919 et 1929 et il sera conseiller général de 1922 à sa mort, survenue le 8 mai 1940, deux jours avant le déclenchement de l'offensive allemande victorieuse sur les Ardennes et cinq ans, jour pour jour, avant la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe.
Sèvres : Nicolas Duroisel, URD, déjà âgé de 58 ans lors de son élection en 1934, ne semble pas avoir continué après la guerre ses activités politiques.
Versailles Nord : François Fourcault de Pavant, député, PSF. Maire de Versailles pendant l'Occupation, et bien qu'il ait, apparemment, apporté quelque soutien aux réfractaires du STO ou à des familles juives persécutées, déclaré inéligible à la Libération.
Versailles Ouest : Gaston Henry – Haye, député puis sénateur, républicain de gauche, maire de Versailles de 1935 à 1940. Gaston Henry Haye, qui oeuvra beaucoup pour embellir sa ville (notamment par la réalisation d'espaces verts, la restauration du théâtre Montansier et du musée Lambinet), fut ambassadeur de France aux Etats Unis pour le compte du régime de Vichy.
Cette situation fit qu'à la Libération, il quitta la France, préférant fuir en Afrique du Sud jusqu'en 1950.
Il ne fut pas poursuivi à son retour (il aurait pu l'être au moins pour son vote favorable à Pétain du 10 juillet 1940) mais ne s'impliqua plus jamais dans la vie politique versaillaise.
Versailles Sud : Marcel Denis, URD. Relativement jeune lors de son élection (42 ans), pas de renseignements complémentaires trouvés pour l'heure.
Sur les quarante et un membres du conseil général, nous avons donc dix élus communistes, un USR, un rassemblement des gauches, un républicain socialiste et cinq radicaux socialistes, soit dix huit élus de gauche.
Nous avons aussi cinq radicaux indépendants, huit républicains de gauche, un démocrate populaire, cinq URD, un républicain national et trois PSF, soit vingt trois élus de droite et du centre droit.
Comme chacun l'aura remarqué, la Seine et Oise de l'avant guerre présente au moins une particularité : la droite y est majoritaire et nul doute qu'elle doive une bonne partie de la situation à un découpage électoral qui est tout de même assez particulier.
C'est que, globalement, l'ancienne structure cantonale est maintenue alors que la population du département évolue très vite, passant d'un peu plus de 920 000 personnes en 1921 à près d'un million quatre cent mille dix ans plus tard dont, faut il le souligner, cent mille personnes de nationalité étrangère.
Et que cette évolution vient, fondamentalement du processus des lotissements, par découpage et mise en vente d'anciens terrains agricoles dans un grand nombre de communes plus ou moins proches de Paris.
La défense des « mal lotis » qui a déjà modifié les rapports de forces politiques dans les communes de la Seine banlieue, va commettre les mêmes effets dans les villes qui s'urbanisent de la Seine et Oise et singulièrement les communes de ce qu'on peut appeler « l'entre deux », c'est à dire celles qui ne sont pas suffisamment éloignées de Paris pour jouer un rôle de pôle urbain et administratif déterminant ( comme Versailles ou Mantes) et qui en sont en même temps comme une zone de relégation, parfois proche des nouvelles infrastructures de transport qui se développent ou conditionnent l'étalement des lotissements de « Sam'Suffit » plus ou moins réussis.
Ce n'est sans doute pas par hasard que la gauche de Seine et Oise s'impose, dans les années 30, par le biais des candidats communistes issus du monde du travail, souvent syndicalistes de formation, dans des secteurs comme Aulnay sous Bois, Gonesse, Ecouen ou encore Villeneuve Saint Georges ou Longjumeau.
La présence, parfois, de sites industriels, ou de concentrations de populations ouvrières (cheminots entre autres), le développement des lotissements, souvent habités par des populations modestes, victimes d'une certaine manière de la spéculation immobilière, qui vont se structurer rapidement en associations syndicales se battant pour la réalisation de la voirie, des réseaux d'évacuation des eaux usées, des services de transport dans leurs nouveaux habitats et quartiers, tout cela concourt à développer la radicalisation du vote à gauche, dépassant le personnel des « petits boutiquiers » et notables encore presque ruraux du parti radical socialiste.
Pour une bonne part, comme on l'a vu, les rapports de forces de 1935 en Seine et Oise ont beaucoup à voir avec ceux d'aujourd'hui.
Le cas étonnant de Pierre Dadot, élu communiste de Marly Le Roi (!) ne doit pas tromper.
Rueil Malmaison, la ville dont il est élu compte environ 26 000 habitants en 1936 et cela aide sur un siège où Saint Germain est moins peuplé (environ 22 000 habitants) ou quand des communes fort bourgeoises aujourd'hui comme l'Etang la Ville compte 750 habitants, Fourqueux 650, Saint Nom la Bretèche 700, Port Marly 1 100 et Le Pecq environ 5 000 et Chatou 12 000.
Sur le siège, c'est bel et bien Rueil qui pèse le plus lourd et va donc conduire au résultat observé.
La relativement forte présence des élus communistes (10 en 1938, alors que le PCF n'a qu'environ 75 élus sur l'ensemble de la France, en dehors des nombreux élus de la Seine), l'absence d'élus SFIO et la forte présence des branches les plus virulentes de la droite sont les caractères de ce conseil général atypique.
Nous allons en chercher un ou deux autres, en comparaison, juste pour voir ce qu'il en était alors...