Le schéma classique " villes à gauche, campagnes à droite" mérite d'être largement nuancé au vu des résultats du second tour des élections présidentielles. La percée de la gauche dans les grandes villes, est incontestable. Les zones rurales, de leur côté, sont globalement plus conservatrices. Mais pas de façon uniforme! Ainsi, plus de 16 000 communes ont voté Hollande au second tour de la présidentielle (
16 000 sur 36 000, un peu plus de 2/5, la proportion est à peu près la même, coïncidence, que le score du socialiste André Laignel à la dernière élection à la tête de l'association des maires de France!), si on en croit cet excellent site:
http://franceo3.geoclip.fr/index.php?pr ... fr;v=map12Regardons ce qu'il en est dans quelques régions:
Strasbourg et Mulhouse, très isolés au milieu d'une Alsace uniformément conservatriceCela frappe tout de suite sur la carte: dés que l'on s'éloigne un peu des deux grandes villes, la vote à droite dépasse presque partout les 60%. Sans équivalent dans toute la France!
Autre zone de conservatisme hégémonique:
la ChampagneEn effet,
même les Alpes Maritimes semblent moins monolithiques. La gauche y dépasse les 40, voire les 45% dans de nombreuses communes à l'intérieur des terres. Certaines votent même à gauche, à commencer par Saorge, une petite tache rouge que l'on distingue tout de suite à l'est du département (80% pour Hollande, Mélenchon avait fait un très bon score au premier tour). Nice n'est pas vraiment moins à droite que le reste du département.
Peu de surprises dans la répartition des fiefs sarkozystes: les frontières de l'est, de Sarguemines à la Haute Maurienne, le gâtinais, la côte d'Azur, l'Aubrac, le lyonnais, consituent des zones de force traditionnelles de la droite. La basse vallée du Rhône s'y ajoute désormais
Dans
l'ouest intérieur, la distinction ville campagne subsiste. Le vote conservateur le plus marqué se trouve en périphérie des départements, avec quelques exceptions, comme le marais poitevin, plutôt à gauche côté Vendée, franchement progressiste côté Deux Sévres, et pourtant assez éloigné de toute grande ville.
On notera par ailleurs que si la zone de très fort vote à droite dans le sud-est catholique et conservateur du massif central se réduit comme peau de chagrin ( à une petite zone autour de l'Aubrac, aux confins de la Lozère, de l'Aveyron et du Cantal), l'étalement urbain n'y est pour rien!
En Lozère, justement, quelques dizaines de kilomètres, mais aussi un gouffre politique séparent l'Aubrac massivement conservateur des Cévennes très à gauche.
Comme ces dernières,
de nombreuses zones rurales sont ancrées à gauche.
L'implantation de Hollande n'a fait que renforcer une tendance à gauche déjà très marquée dans
le Limousin, avec une extension vers le périgord, le Puy de Dôme, le Lot, voire le Bourbonnais et une partie de la Nièvre. Rien que de très classique...
Dans
les Pyrenées, l'assise de la gauche se renforce. Hollande y dépasse presque partout les 60%, très souvent les 65% voire les 70%, après de bons scores de Mélenchon au premier tour. La droite ne reste dominante que dans une poignée de communes touristiques (Cauterets, Gavarnie, Les Angles...).
Dans le Languedoc-Roussillon, la gauche (qui triomphe aussi à Montpellier) fait ses meilleurs scores vers l'intérieur des terres.
En Bretagne, Hollande triomphe dans les grandes villes, mais aussi dans le Trégor et les Monts d'Arrée.
Dans un département comme
la Drôme, ce n'est pas dans la partie la plus urbaine du département (vallée du Rhône) que la gauche fait ses meilleurs score, mais dans les collines et les montagnes du diois.
Dans le département voisin des Hautes Alpes, les Ecrins et le briançonnais, très éloignés des grandes villes, sont désormais solidement ancrés à gauche.
Et ce ne sont que quelques exemples pour nuancer l'idée des campagnes ancrées à droite...