Visiblement l'inversion du calendrier, le vote utile ou la démobilisation de l'électorat populaire ne sont pas les seules explications.
Des dissensions tactiques et même des différences de vision stratégique semblent voir le jour entre les partenaires du Front de Gauche.
Revenant sur l'échec des législatives lors du Conseil national de son parti, Jean-Luc Mélenchon a mis en avant une "carence de direction politique" de l'alliance électorale pour ces législatives (sous-entendu contrairement à la présidentielle).
Il a noté que si la progression moyenne du FG est de 58%, celle des candidats PG est de 110% et a donc fait reporter implicitement les difficultés sur les 80 % des candidats présentés par le PCF :
Il fallait être beaucoup plus ferme et empêcher qu'à certains endroits des campagnes se fassent sans même le sigle Front de gauche, qu'à d'autres endroits certains aient été des quasi-socialistes à peine déguisés. […]"C'est une absurdité de faire 577 campagnes différentes, il y a eu une carence de direction politique [...] c'est un programme et une orientation qu'il fallait défendre, pas simplement essayer de sauver sa peau chacun dans son coin.
Fidèle à son habitude, il s'est dédouané de toute responsabilité (par exemple dans le choix de focaliser la campagne sur la question du FN) considérant même que sans lui Marine Le Pen aurait été élue à Hénin-Beaumont.
SOURCESi l'on tire un bilan des 3 années de Front de gauche, on peut y voir un réel bénéfice pour JL Mélenchon qui s'est imposé comme LA figure politique incontournable à la gauche du PS. Pour le PCF, cette séquence électorale s'est traduite par une diminution des élus au parlement européens puis dans les conseils régionaux jusqu'au résultat bien plus inquiétant observé lors des dernières législatives : seuls 7 députés sont encore encartés !
J'imagine que la situation peut poser des questions du côté de la Place du Colonel Fabien. Le PCF a mis à disposition son appareil militant, ses réseaux, son maillage territorial et ses structures pour une démarche qui si elle a permis une progression nationale, a entrainé la perte d’implantation dans les fiefs, qui sont pourtant un capital (si j'ose dire ;) ) incomparable très difficile à (re)constituer pour un parti. Car le refus du "chacun dans son coin" prôné par Mélenchon c'est bien le choix stratégique de privilégier la dimension nationale par rapport à la défense des fiefs électoraux.
J'entends déjà Mélenchon annoncé que les Européennes de 2014 offriraient au Front de Gauche l'opportunité d'être en tête de la gauche, dépassant un PS et des Verts plombé par 2 années de rigueur. Mais le PCF ne devrait il pas s'interroger aussi sur les élections locales qui se profilent. Si c'est pour perdre en parallèle des dizaines de mairies et de cantons, quel intérêt ? A moins que l'objectif ne soit de s'EELVéiser ? :roll: