de vudeloin » Ven 22 Juin 2012 20:52
L'analyse du résultat des élections doit être mesurée à l'aune des dynamiques qui se sont produites ou non dans chaque circonscription.
Rappel : voici le nombre de voix de François Hollande, Eva Joly et Jean Luc Mélenchon dans chacune des circonscriptions de la Loire le 22 avril ( je les mets en continuité)
1ere : 16 745 ; 1 063 ; 6 612
2e : 13 801 ; 1 057 ; 5 768
3e : 17 691 ; 1 248 ; 6 868
4e : 20 240 ; 1 692 ; 9 891
5e : 20 812 ; 1 429 ; 8 990
6e : 19 773 ; 1 601 ; 7 975
Et, maintenant, voici les voix obtenues, dans le même ordre, par les candidats PS, EELV et FdG le 10 juin, avec la nuance que la 4e avait une candidature unique EELV/PS et la 6e l'inverse, dans le cadre de l'échange entre les deux parties de l'accord.
1ere : 15 274 ; 1 109 ; 2 102
2e : 12 349 ; 1 346 ; 2 169
3e : 14 809 ; 1 180 ; 2 898
4e : 0 ; 12 979 ; 9 982
5e : 19 803 ; 1 771 ; 3 616
6e : 21 891 ; 0 ; 2 052
Vous pouvez en tirer les conclusions que vous souhaitez, chers amis lecteurs et contributeurs mais je me permets tout de même une petite analyse personnelle.
1) les candidats socialistes ont largement retrouvé l'électorat de François Hollande. Le taux apparent de répétition du vote est de 84 % environ pour Philippe Kizirian sur le siège de Saint Chamond et Liliane Faure, bien que battue sur Montbrison, dépasse même le total des voix Hollande + Joly du 22 avril !
2) Les candidats du Front de gauche rencontrent beaucoup de difficultés à rééditer le score, en voix, et en pourcentage de fait, de Jean Luc Mélenchon.
Une exception notable : la quatrième circonscription, celle de la Vallée de l'Ondaine, où, ne nous voilons pas la face, le Front de gauche pouvait être considéré comme l'un des vainqueurs possibles.
Plus difficile sans doute à Saint Etienne, où les deux sortants PS disposaient à la fois de la prime au sortant et de la prime présidentielle...
Progrès tout de même sur 2007, avec un total de 22 819 voix au lieu de 13 029.
A rapprocher des 46 104 voix mélenchonistes du 22 avril.
Autre indicateur : deux candidats communistes dépassaient les 5 % en 2007. Seule la circonscription de Montbrison est dans ce cas cette année.
3) les candidats EELV, quand ils se présentent en tant que tels, ont amélioré dans des proportions réduites leur influence.
Le gain est de 609 voix sur le 22 avril pour les quatre sièges où c'était le cas, nonobstant donc la perte des 1 601 suffrages de la 6e.
Le total des voix Eva Joly le 22 avril était de 8 090, loin des 27 987 voix des européennes 2009 et des 29 351 suffrages des régionales 2010.
En 2007, les candidats Verts de la Loire avaient réuni 8 869 suffrages.
LÃ ils ont fait 5 406 voix en candidatures autonomes.
4) la candidate EELV de la 4e est donc loin de retrouver, au premier tour, les électeurs censés voter pour elle, à savoir les voix Hollande et Joly du 22 avril.
Elle pouvait compter sur 22 241 suffrages, elle en recueille 12 979, soit un peu plus de 58 %.
C'est à dire qu'on peut penser que les électeurs socialistes lui ont fait défaut au premier tour, certains s'abstenant (la hausse de l'abstention est nette comme partout en France), d'autres votant peut être pour le candidat du Front de Gauche.
Le détail des votes par commune donne sans doute des indications là dessus.
Le problème, c'est qu'avec le score médiocre ainsi obtenu (un peu plus de 22 %), la dynamique du second tour ne pouvait décemment s'enclencher avec des chances suffisantes de succès, puisqu'il suffisait du rapatriement à droite d'une part minoritaire des votes FN (une sorte de vote utile) pour que le sortant puisse être reconduit dans ses fonctions sans trop de difficultés.
De plus, au second tour, Lela Bencharif se retrouve avec un nombre de votes à peine supérieur au total Hollande + Joly, même si le retard qu'elle avait sur le sortant de droite s'est tout de même réduit de 6 300 à 1 300 voix environ...
Faut il voir là la démonstration que l'accord PS EELV comportait le risque de dérouter quelques électeurs socialistes ?