de vudeloin » Jeu 21 Juin 2012 17:13
La situation de l'Ille et Vilaine, comme celle des autres départements bretons, est assez exemplaire du lent mais sûr processus qui, depuis les années 70 (pour ce qui me concerne, j'en situe le point de déclenchement au conflit social majeur du Joint Français à Saint Brieuc à partir de mars 1972), a finalement dépouillé peu à peu la démocratie chrétienne, très influente dans la région, et a assuré la primauté de la gauche et, à l'intérieur de celle ci, du Parti Socialiste.
Quand on pense aux années 70 en Bretagne, à qui pense t on dans le personnel politique local ?
A René Pleven, tenant pour le centre droit les Côtes du Nord qui ne sont pas encore d'Armor.
A Henri Fréville, maire de Rennes, Yvon Bourges ou encore Michel Cointat sur Fougères, tous édiles de droite ou de centre droit.
A Raymond Marcellin et Christian Bonnet dans le Morbihan, tous deux giscardiens et qui se succéderont place Beauveau, l'un y laissant une loi peu réussie sur l'intercommunalité forcée, l'autre le souvenir d'un chef des forces de police sans trop de pitié et de commisération pour son prochain.
La représentation parlementaire de la Bretagne est largement dominée par la droite, puisqu'en 1973, la gauche ne compte que sur Louis Le Pensec, juste élu sur le siège de Quimperlé, Charles Josselin et Yves Le Foll sur les sièges de Dinan et Saint Brieuc ( le second est d'ailleurs maire de la Préfecture costarmoricaine) et Yves Allainmat sur le siège de Lorient, ville dont il était également le maire.
Ce qui faisait en tout et pour tout quatre élus de gauche sur vingt cinq sièges bretons tandis que les fauteuils de Sénateur étaient tous acquis au centre droit et à la droite.
Quel contraste avec la situation d'aujourd'hui !
Au Sénat, la gauche dispose désormais de douze sièges contre deux pour la droite, une droite en quelque sorte sauvée de la disparition par la grâce du vote proportionnel dans le Finistère et l'Ille et Vilaine.
Depuis dimanche, la gauche contrôle les huit sièges de député finistérien, cinq des huit sièges de l'Ille et Vilaine, quatre des cinq sièges costarmoricains et cinq des six sièges morbihannais, soit un total de vingt deux sièges sur vingt sept.
Et encore faut il souligner que le dernier élu du Morbihan l'a été sans le soutien officiel de l'UMP, de même que celui de Saint Malo et que le député de Fougères est l'un des deux derniers députés de l'Alliance centriste.
Nous avons donc trente quatre parlementaires de gauche en Bretagne face à sept élus du centre et de droite.
Revenons à notre Ille et Vilaine.
Dans la première circonscription, pas de souci pour la candidate socialiste, largement élue en arrivant d'ailleurs en tête dans toutes les communes de la circonscription, avec des scores compris entre 58,27 % (Bruz) à 72,15 % (dans la partie de Rennes votant sur le siège et constituant environ la moitié du corps électoral).
Ce qui donne neuf communes à gauche et une partie de Rennes.
Dans la deuxième circonscription, la candidate PS est également élue avec une confortable majorité (63,5 %), avec des scores compris entre 51,67 % (Saint Grégoire) et 75,12 % (dans la commune de Chasné sur Illet).
Ce qui donne vingt quatre communes à gauche et une autre partie de Rennes.
Dans la troisième circonscription, organisée autour de Montfort sur Meu, la nette élection du candidat PS (plus de dix sept points d'avance sur l'UMP Philippe Rouault) se nourrit des résultats particuliers des communes.
Le candidat PS l'emporte en effet dans cinquante et une communes, contre dix pour son adversaire et dispose également d'une majorité sur les quartiers de Rennes inclus dans le périmètre du siège.
Philippe Rouault arrive en tête à Bécherel (pour 12 voix), la fameuse cité du livre, Bléruais (de sept voix dans un village de moins de cent électeurs), à Gaël (de 77 voix), au Lou du Lac (de neuf voix), à Lourmais (dix huit voix), à Quédillac (de 26 voix), à Saint Maugan (de deux voix), à Saint Méen le Grand (de 48 voix), le village natal de Louison Bobet, à Saint Onen la Chapelle (de 11 voix) et aux Iffs (de 30 voix).
Ces dix communes apportent un bonus de 240 voix au candidat UMP qui ne peut compenser les écarts sur Combourg (débours de 233 voix), Montfort sur Meu (retard de 525 voix), Iffendic (handicap de 246 voix), Montauban de Bretagne (avance de 315 voix pour le PS), Tinténiac (écart de 239 voix), sans parler de la partie de Rennes incluse sur le siège, où le candidat PS se crée 1 421 voix d'avance.
Dans le Pays de Redon, quatrième circonscription, l'élection du socialiste Jean René Marsac a été confirmée de manière éclatante avec plus de 62 % des suffrages.
Dans ce qui fut longtemps le fief d'Alain Madelin, les données ont bien changé.
Seules les communes de Bruc sur Aff (173 voix contre 146), Comblessac (161 voix contre 122) et La Chapelle de Brain (304 voix contre 211) ont voté en faveur du candidat centriste.
Toutes les autres, soit cinquante six communes, votent Marsac, à commencer par les plus importantes comme Redon, Bréal sous Montfort ou Bain de Bretagne.
Réglons d'emblée la question de la nouvelle huitième circonscription, découpée autour de Rennes, Saint Jacques de la Lande et Vezin le Coquet, pour constater que le succès du candidat de gauche touche les huit communes du siège plus la partie de Rennes qui y est comprise.
Il ne nous reste donc, façon de parler, que les trois circonscriptions restées acquises au centre et à la droite, les cinquième, sixième et septième circonscriptions.
Pour la cinquième, autour de Vitré et de son pays, succession réussie pour Pierre Méhaignerie, avec une candidate de droite, Isabelle Le Callonnec en tête dans soixante six communes (dont Vitré ou la Guerche de Bretagne) contre neuf communes à gauche, dont Châteaubourg, Châteaugiron ou encore Noyal sur Vilaine.
Pour la sixième circonscription, autour de Fougères, le candidat centriste Thierry Benoît devance le DVG Louis Feuvrier, maire de Fougères, dans quarante huit communes contre trente quatre.
Succès du candidat de gauche dans sa ville, à Saint Aubin d'Aubigné, Saint Aubin du Cormier ou Saint Brice en Coglès, quand Thierry Benoît l'emporte sur Louvigné du Désert et dans la majorité, donc, des bourgs de taille moyenne de la circonscription.
D'où ce score pour le moins serré, le candidat centriste n'obtenant pas 52 % des suffrages au second tour.
Enfin, la septième circonscription, celle du pays malouin, est restée à droite avec le DVD Gilles Lurton.
L'avance de celui ci sur la candidate PS Isabelle Thomas, égérie du combat étudiant contre la loi Devaquet en 1986 et conseillère régionale de Bretagne, s'avère relativement limitée avec 1 167 voix au total.
Une avance construite sur Saint Malo (1 084 voix) et Dinard (511 voix).
Sur l'ensemble du siège, vingt et une communes choisissent la candidate de gauche (dont Dol de Bretagne, Pleurtuit et Châteauneuf d'Ille et Vilaine) et onze le candidat de droite (dont Saint Malo, Cancale, Saint Lunaire et Dinard).
Trois bureaux de Dinard ont voté cependant en faveur de la candidate de gauche de même que quelques bureaux de Saint Malo, notamment du côté de la gare...
Pas dans le Saint Malo intramuros, celui logé derrière les remparts, ni sur Rothéneuf et Paramé, villégiatures plus aisées...