Elections législatives grecques du 17 juin 2012

[vudeloin]

Je dois dire que je suis assez surpris, chers amis contributeurs, que personne n'ait relevé le contenu de l'entrevue que François Hollande a accordé à la télé grecque cette semaine.
Révélé par le Parisien, le texte de l'entrevue ne laisse en effet qu'assez peu de doutes sur la manière dont le Président de la République appréhende la situation de la Grèce.
En effet, tout en reconnaissant au peuple grec son strict droit à choisir son destin en toute connaissance de cause, il a tenu à attirer l'attention des Hellènes sur le fait que le résultat des élections et la nature de la coalition gouvernementale qui en découlerait seraient susceptibles de causer la sortie de la zone euro pour le pays.
Argument d'ailleurs au demeurant parfaitement fallacieux puisqu'une telle initiative rendrait sans doute encore plus problématique le remboursement des avances que la Grèce a reçu dans le cadre des plans européens.
Mais le fait que le Président nouvellement élu a fait sien le discours sur "la Grèce doit tenir ses engagements"' alors que l'aggravation de la situation économique et sociale est la plus parfaite démonstration de la dangerosité des mesures d'austérité qui ont été mises en oeuvre depuis deux ans et le premier plan...
Un plan intégré dans un collectif budgétaire que les socialistes français, dans leur majorité (à l'Assemblée) et leur unanimité (au Sénat) avaient d'ailleurs adopté.

[ploumploum]

En effet, tout en reconnaissant au peuple grec son strict droit à choisir son destin en toute connaissance de cause

C'est déjà un point positif, quand on sait que certains ont crié au scandale lorsque Papandréou proposait un référendum....

Sinon LeFigaro. a mis une infographie sur les scénarios d'après-élection http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/06/15/20002-20120615ARTFIG00355-grece-explorez-les-scenarios-de-l-apres-election.php
C'est intéressant de noter que lorsqu'on met Syriza comme gagnant, il y a une tendance à la "fin catastrophique"...

Enfin, pour revenir sur la fin de campagne électorale, de nouvelles arrestations de militants Aube Dorée ont eu lieu mardi.

Samaras semble, lui, surfer sur la vague de peur et de vote "utile"
http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/06/16/samaras-c-est-notre-existence-en-tant-que-nation-qui-est-en-jeu_1719587_3214.html

[Pullo]

L'infographie (infauxgraphie ? :D ) du Figaro est une façon très subtile de diaboliser SYRIZA et son programme. Rien ne prouve que la Grèce s'en sortira mieux avec ND, surtout avec avec l'incon(si)stant Samaras et que l'on connaît le rôle des gouvernements ND dans les origines de la crise qui frappe la Grèce. En politique, peut-on résoudre les problèmes en faisant confiance à ceux qui ont contribué à les créer ?

[vudeloin]

A dire vrai, ND a gouverné à l'époque où Lehman Brothers maquillait les comptes avec le concours du Ministre des Finances et je suis toujours surpris que quelques journalistes français, sans parler de l'audiovisuel, continuent de présenter ce parti comme l'essence de la démocratie pure et parfaite et la politique d'austérité qu'il ne manquera pas de mener comme la seule panacée.
Il y a deux ans, l'Europe est déjà intervenue en Grèce avec le premier plan dont les contreparties ont été pires que les maux dont souffrait jusqu'ici le pays.
Que la plupart des chefs d'Etat européens (Merkel , Cameron ou Hollande, cela importe peu ) ne démordent pas de cette ligne en dit long sur leur croyance aveugle en l'efficacité des mesures imposées à la Grèce.
(Un Monti ne fait pas mieux en Italie, ceci dit).
La sortie de la Grèce de l'euro est une menace gratuite et une vaste opération d'intox, puisque, de toute manière, elle n'aura pas lieu, pour un ensemble de raisons bien connu et notamment le fait que la Grèce se retrouverait de toutes manières dans une situation encore plus insoluble si tel était le cas.
Au demeurant, aucun article du Traité fondant l'UNion Européenne ne prévoit de procédure d'exclusion de la zone euro.
Et si l'UE peut cesser de verser une aide à un pays ne respectant pas les règles communautaires, il ne semble pas qu'elle puisse tout à fait empêcher un pays de se placer dans une perspective d'amélioration de ses comptes par d'autres voies que celles imposées par ailleurs.
QUant à quallifier "d'extrême gauche" Syriza, comme continue de le faire le Figaro, c'e n'est rien d'autre qu'une marque de malhonnêteté de plus. A 25 %, cela risque de faire du monde dans l'extrême !

[tolosa]

QUant à quallifier "d'extrême gauche" Syriza, comme continue de le faire le Figaro, c'e n'est rien d'autre qu'une marque de malhonnêteté de plus. A 25 %, cela risque de faire du monde dans l'extrême !

C'est un curieux argument que celui-ci ! Ce qui permet de qualifier un parti d'extrême c'est évidemment le contenu de sa doctrine et non le nombre de ses adhérents ou électeurs. L'histoire l'a amplement démontré et je ne donnerai pas d'exemples pour ne pas récolter un point Godwin. Naturellement je ne discute que le raisonnement et non pas la question de fond portant sur Syriza. J'observe toutefois que l'on attribue bien facilement cette étiquette aujourd'hui en raison du déport vers la droite de pratiquement tous les partis politiques. Le PS des années 70 serait aujourd’hui qualifier d'extrême gauche...

[Draume]

Le PS des années 70 serait aujourd’hui qualifier d'extrême gauche...
et celui d'aujourd'hui... centre droit ?

[tolosa]

A l'époque du programme commun, sans doute le PS d'aujourd'hui paraîtrait proche du MRG..

[alamo]

Tout dépend de quel PS on parle : celui de Lienemann, Emmanuelli et Montebourg (et Hamon, Quilès, Valax…), ou celui de Lamy (Pascal, pas François), Moscovici et Rebsamen (et Jouyet, Sapin pour ne pas parler de Strauss-Kahn) ?

Le fait est que le PS aujourd’hui est un parti attrape-tout qui regroupe des gens n’ayant que peu de choses en commun sur le plan idéologique. Sur certains aspects ceux de la deuxième liste citée plus haut soins moins à gauche que Dupont-Aignan ou Bayrou.
Et le PS s’allie électoralement aussi bien avec la gauche républicaine et jacobine de Chevènement qu’avec les libéraux libertaires (surtout libéraux en fait) de Cohn-Bendit.

Sur le glissement général vers la droite de l’échiquier politique, on ne peut que le constater pour la plupart des partis.
Finalement le parti intitulé Parti communiste propose pour l’essentiel de revenir à l’organisation économique mixte et au modèle social instaurés sous De Gaulle et inspirée par le Conseil National de la Résistance.
Toutes choses mises à mal par la suite, par une droite ultra-libérale certes mais aussi par une social-démocratie ayant abdiqué toute volonté de transformation économique pour se réfugier dans le sociétal bien-pensant

Parler d’extrêmes ou d’extrémisme aujourd’hui au sujet du Front de Gauche, de Syriza ou du SP néerlandais est ridicule, mais de l’autre côté, puisque l’on parle de sémantique, en quoi N. Sarkozy est-il plus « républicain » que Marine Le Pen ? ou la ND grecque, parti corrompu totalement à la botte d’une oligarchie financière étrangère, que la Ligue du Nord italienne ?

[ploumploum]

Sondage sorti des urnes :

ND : 27,5-30-5
Syriza : 27-30

Pasok : 10-12
Anel 6-7,5
Dimar : 5,5-6,5
XA : 6-7,5
KKE : 5-6



Grosse incertitude sur le premier, mais en tout cas XA pourrait être devant le KKE qui voit son score baisser par l'effet Syriza.
Aube Dorée pourrait voir sa représentation parlementaire augmenter de quelques sièges.
Le Pasok souffre d'une nouvelle déroute....

[ploumploum]

L'incertitude est tellement grande et l'écart infime sur les scores des deux premiers que l'institut Kapa a décidé de ne pas diffuser son estimation.

(un sondage donnait 31 pour Syriza et 30 pour ND)