Épernay / Démissions à répétition et soupçons de triche au PS
EPERNAY (Marne). Après l'élection de Marc Lefèvre à l'investiture socialiste cantonale d'Épernay 2, Simon Ulrich, qui était candidat, accuse le premier secrétaire de la section locale d'avoir triché en supprimant des noms des listes électorales.
LE 30 septembre dernier, les militants du parti socialiste d'Épernay ont désigné par le vote leurs candidats aux élections cantonales de 2011 (un vote indicatif, qui doit être validé aujourd'hui par les instances du PS de la Marne).
Sur le canton Épernay 1*, le jeune Julien Da Silva (25 ans), membre du mouvement des jeunes socialistes (MJS) l'a emporté sans opposition, tandis que sur le canton 2**, Marc Lefèvre, le secrétaire de la section a battu avec plus de 70 % des voix Daniel Lemaire, titulaire du poste depuis 1998. Un autre candidat briguait la candidature socialiste sur ce canton, avant de se retirer au dernier moment : Simon Ulrich, 21 ans lui aussi membre du MJS. Il accuse aujourd'hui Marc Lefèvre d'avoir triché avec la complicité de la fédération de la Marne. Il affirme que neuf adhérents au PS qui lui étaient favorables ont été supprimés des listes électorales du canton 2, ceci pour éviter sa victoire.
Le jeune Sparnacien, étudiant en droit à Reims, avait clamé à de nombreuses reprises ses désaccords avec Marc Lefèvre. Les deux se détestent, notamment depuis la défaite des socialistes aux municipales d'Épernay en 2008, où Marc Lefèvre avait préféré s'allier avec la liste « sans étiquette » divers droite de Christelle Jabbour et Michel de Lillo, plutôt qu'avec d'autres listes de gauche. Un choix désapprouvé aussi par Daniel Lemaire et Jean-Paul Angers, alors conseiller régional socialiste.
Tentative d'entrisme
« Fatigué par l'immobilisme de la section d'Épernay », Simon Ulrich a tenté un coup : lancer une campagne d'adhésion importante et obtenir les votes de ses nouveaux camarades pour écarter Marc Lefèvre et briguer le poste de conseiller général. Une tentative d'entrisme qu'il ne nie pas. « La section était restée fidèle à Marc Lefèvre malgré la défaite aux municipales, c'était le seul moyen de faire bouger les choses », justifie-t-il. Il parvient à gonfler les rangs du PS sparnacien, en convaincant des sympathisants de gauche, des amis, et des membres de sa famille de s'inscrire.
Pour pouvoir participer au vote, il faut être adhérent depuis au moins six mois, être à jour de ses cotisations et s'être présenté personnellement en réunion de section. Simon Ulrich le sait et assure que tous ses proches ont adhéré via internet, avant le 30 mars. Il fournit aujourd'hui la preuve pour trois d'entre eux : les mails de confirmation envoyés par le site internet du PS depuis l'adresse adherer@parti-socialiste.fr et datés du 13 et du 15 mars. Il affirme aussi que tous, sauf une excusée, se sont présentés lors d'une réunion de section le 29 mars, à laquelle ils avaient été invités par courrier par le secrétaire Marc Lefèvre.
« Marc Lefèvre a la liste des nouveaux adhérents par le parti national, c'est la preuve que leurs adhésions ont été enregistrées avant le 30 mars », indique-t-il, même s'il n'a pas retrouvé des exemplaires de ces missives. Marc Lefèvre explique aujourd'hui « ne plus se souvenir à qui il a envoyé ou pas ces invitations », admettant qu'il y avait eu beaucoup d'adhésions au 1er trimestre, après avoir affirmé le contraire.
Des dates d'adhésion modifiées ?
Lorsque Simon Ulrich découvre que le nom de plusieurs de ses soutiens ne figure pas sur la liste électorale le 27 septembre dernier, il vérifie les dates d'adhésions sur le serveur informatique du parti, à la fédération de la Marne. Il constate que les adhésions sont datées du 2 avril, soit 3 semaines plus tard, ce qui rend la participation au vote des concernés impossible. Il fait part de ses interrogations au secrétaire fédéral Jacques Meyer dans une lettre. Il demande « qu'un rectificatif soit fait avant le vote du 30 afin que celui-ci ne soit entaché d'aucun doute et d'aucunes suspicions malheureuses ». Jacques Meyer lui répond que « la liste électorale est établie par le PS national et qu'au niveau fédéral, il n'est pas habilité à la modifier ». Il invite aussi « les camarades concernés à saisir le national » afin de remédier au problème.
A notre connaissance, aucun ne l'a encore fait. Mis au courant de leur absence sur la liste électorale, la plupart ne se sont pas présentés lors du vote, comme Simon Ulrich qui s'est retiré de la course dans la demi-heure qui a précédé le scrutin. Il a d'ailleurs démissionné du parti socialiste avant-hier, lui reprochant « ses manigances », « son immobilisme », « sa corruption », et regrettant que « la démocratie n'existe pas dans la section d'Épernay ».
Sur la date d'enregistrement des adhésions, Jacques Meyer « imagine qu'il doit y avoir une opération manuelle dans le procédé, et que celle-ci a peut-être été retardée pour une raison ou pour une autre… ». « J'avais encouragé et aidé les nouveaux adhérents à s'inscrire par internet justement pour ne pas être piégé par une éventuelle perte de courrier. Les dates d'adhésions ont été modifiées ! répond Simon Ulrich, scandalisé. Saisir le national ne servirait à rien. Les procédures sont trop longues », poursuit-il.
Si Jacques Meyer et Marc Lefèvre s'accordent à dire que « même avec le vote de ses soutiens, Simon Ulrich n'aurait pas gagné », le jeune, ambitieux et désormais ex-socialiste estime qu'il aurait pu participer à un deuxième tour face à Marc Lefèvre, et l'emporter avec les voix des partisans de Daniel Lemaire. On ne pourra jamais le vérifier.
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