Référendum irlandais du 31 mai 2012

[anjou49]

Si le NON l'emporte ce soir, l'Europe connaîtra-t-elle une "crise" comme le NON des Français et des Néerlandais ? :idea: :roll:

Le Pacte budgétaire européen a été ratifié par actuellement 4 pays sur les 27:
- 28 mars 2012, la Grèce adopte le traité par 194 voix pour, 59 contre et 47 abstention
- 13 avril 2012, le Portugal adopte le traité par 204 voix pour, 24 contre et 2 abstention
- 19 avril 2012, la Slovénie adopte le traité à l'unanimité par 74 voix pour et 02 abstention
- 08 mai 2012 et 21 Mai 2012, la Roumanie fait de même avec 237 voix pour et 02 abstention à l'Assemblée nationale. Le Sénat la suit avec 89 voix pour et 01 voix contre
- 11 mai 2012, l'Assemblée Nationale de la Pologne adopte le traité par 294 voix pour et 155 voix contre mais il manque toujours le vote du Sénat polonais

[vudeloin]

Je crois que l'Europe est déjà en crise et que ce qui risque de la marquer encore un peu plus, c'est bel et bien cette incapacité à gérer la situation économique complexe de quelques uns de ses membres...

[Jean-Philippe]

Ce matin, j'ai entendu qu'il fallait que le texte avait besoin d'être ratifié par 12 Etats pour être applicable (dans les Etats concernés bien sûr). Donc l'enjeu est bien moindre qu'en 2005 et une victoire du non serait vécu comme un épiphénomène à Bruxelles.

[vudeloin]

La participation s'avère faible, aux alentours de 40 %, et les résultats sont attendus pour demain.
Je note d'ailleurs avec étonnement que France 3 ait annoncé ce soir un score de 60 % pour le OUI qui ne se fonde sur aucun résultat provisoire, au mieux un sondage sortie des urnes dont je ne trouve d'ailleurs pas trace dans la presse locale...
Le fait que les quartiers de Dublin les plus favorables à la gauche n'aient pas forcément été au top de la participation peut néanmoins laisser penser que le OUI l'emporte.
Ensuite, si le traité budgétaire est ratifié, soyons clairs, voter socialiste en France ne servira pas ou plus à grand chose.
Parce que la loi de Bruxelles primera sur celle de Hollande.

[alamo]

"nous voilà confrontés à une situation tout à fait extraordinaire dans notre histoire constitutionnelle puisque, pour la première fois, on demande au Parlement de constitutionna¬liser par avance des textes qui n'existent pas encore et qui, pour la plupart, ne seront même pas soumis à ratification dès lors qu'il s'agira de normes communautaires directement applicables. On demande donc au Parlement, qui n'en a pas le droit, rien de moins que d'abandonner sa compétence législative aux organes communautaires chaque fois que ceux-ci le jugeront nécessaire pour l'application du traité."
[...]


"le recours à la voie parlementaire est contraire à l'esprit de notre pacte social car ce que le peuple fait, seul le peuple peut le défaire.
En outre, c'est une faute politique lourde que de refuser de donner à un engagement aussi grave la sacralisation dont il a besoin. Et ne changerait rien' l'affaire la manœuvre qui consisterait, ultérieurement, à ne faire ratifier par le peuple que ce que le Parlement aurait déjà décidé,
Non, foin d'arguties ! Il me faut dire avec beaucoup d'autres, au nom de beaucoup d'autres, qu'il est bien temps de saisir notre peuple de la question européenne. Car voilà maintenant trente-cinq ans que le traité de Rome a été signé et que d'Acte unique en règlements, de règlement en directives, de directives en jurisprudence, la construction européenne se fait sans les peuples, qu'elle se fait en catimini, dans le secret des cabinets, dans la pénombre des commissions, dans le clair-obscur des cours de justice.
Voilà trente-cinq ans que toute une oligarchie d'experts, de juges, de fonctionnaires, de gouvernants prend, au nom des peuples, sans en avoir reçu mandat des décisions dont une formidable conspiration du silence dissimule les enjeux et minimise les conséquences."

[...]

"on peut toujours prétendre - on commence à le faire çà et là - que la question est beaucoup trop technique pour être valablement abordée lors d'un débat public, dans un climat passionnel, à un moment dans la conjoncture qui ne s'y prêtent pas et devant des électeurs dont il est avantageux de postuler l'incompétence. Curieuse conception de la démocratie derrière laquelle, une fois de plus, se profilent la méfiance du suffrage universel, celle du peuple souverain et le dépérissement de la République.
D'autant que la construction européenne n'est pas du tout, par nature, un problème technique. C'est par tactique que, depuis l'échec de la C.E.D. en 1954, les idéologues du fédéralisme et les eurocrates cherchent à dissimuler leur dessein politique sous le manteau de la technique.
Il est vrai qu'ils n'y ont pas si mal réussi jusqu'à présent; Mais jusqu'où est-il permis d'imposer au peuple, sous couvert de technicité, des choix politiques majeurs qui relèvent de lui et de lui seul ? Jusqu'où la dissimulation peut-elle être l'instrument d'une politique? Il serait indécent et dangereux d'aller plus loin."

Philippe Séguin, discours à l'Assemblée nationale, 5 mai 1992

tout était déjà là-dedans...(j'aurais pu prendre Chevènement, mais avec P. Séguin, on ne pourra pas m'accuser de Mélenchonitude partisane...) ;)

[vudeloin]

Outre le fait que le texte de Philippe Séguin a du être écrit par un certain Henri Guaino, les premiers résultats du referendum irlandais traduisent une participation qui devrait se situer au dessous de 50 %, niveau le plus faible atteint dans le pays pour des consultations de cette nature.
Les zones rurales, selon les premières indications, seraient assez favorables au OUI, de même que certaines banlieues aisées de Dublin, tandis que les quartiers urbains ouvriers et populaires et certaines circonscriptions proches de l'Ulster auraient plutôt opté pour le NON.

[alamo]

le discours de Séguin a en effet été en bonne partie rédigé par H. Guaino, comme quoi tout ne se bonifie pas en vieillissant...

au-delà du référendum, les rapports de force en Irlande semblent eux aussi en voie d'évolution

http://www.humanite.fr/monde/un-front-d ... ion-497484

Un "front de gauche " irlandais constitué autour du Sinn Fein susceptible de peser plus du quart des voix, Syriza au coude à coude avec la droite pour devenir aux Légilatives la première force politique, le SP en tête des intentions de vote aux Pays-Bas, la gauche radicale qui progresse en espagne et au Portugal...

Si cette tendance (contrebalancée il est vrai par le recul de Die Linke en Allemagne dans quelques scrutins régionaux récents) se confirmait, cela pourrait annoncer un fait important : alors que jusqu'ici on avait réussi à orienter le vote "anti maastrichtien" (pour simplifier et remonter à la source) vers des partis populistes d'extrème droite, la gauche (la vraie) pourrait enfin incarner dans plusieurs pays d'Europe le rejet par les populations de la dictature des marchés imposée par la Commission Européenne.
Et on peut constater que pour nombre de ces mouvements étrangers, c'est le Front de Gauche français qui est cité en référence ou en modèle, plus que die Linke justement

Si les élections européennes avaient lieu dans quelques mois, les résultats seraient sans doute assez différents de ceux que nous avons connus...

[vudeloin]

Soutenu par les trois principaux partis politiques représentés au Dail Eireann, le OUI apparaît d'ores et déjà victorieux sur la base des premiers résultats définitifs parvenus dans les circonscriptions électorales du pays.
Le OUI obtient en effet plus de 65 % des voix sur Kildare North, 63 % sur Galway East, près de 61 % sur Limerick City, un peu plus de 59 % sur Waterford et plus de 60 % sur Tipperary South.
Le NON, pour sa part, arrive d'ores et déjà en tête sur Donegal South West, près de l'Ulster, et Dublin South West avec près de 55 et 51 % des votes respectivement.
La participation est attestée comme modeste, allant de 46,7 % sur Galway East à environ 53 % sur Tipperary South.

Si la circonscription du Donegal est un des points forts du Sinn Fein, opposé au traité budgétaire (son leader local est le député Pearse Doherty, élu avec 33 % des voix au premier décompte en 2011), celle de Dublin, plutôt populaire, est une sorte de fief travailliste, le Labour y ayant deux députés sur quatre.

Enfin, alors que j'allais poster ce message, contradiction sur Dublin Mid West, où l'on annonce officiellement 5 voix de majorité pour le OUI, mais où l'on aurait décompté 76 voix d'avance pour le NON sur plus de 33 000 électeurs...

[Relique]

Le Donegal est vraiment une belle province... Pour y avoir été quelques jours il y a de ça presque 10 ans, c'est, comme en Irlande, une des régions où l'on a "les 4 saisons en une journée", avec une bonne dizaine d'averses en quelques heures à peine. Les moutons côtoient les très rares touristes...

Pour revenir sur les mouvements "type Front de Gauche" qui ont tendance à se former en Europe: les élections européennes sont en 2014, ce qui est assez tôt, au final. En 2 ans, justement, des mouvements pourront surement se former, se construire et se muscler dans de nombreux pays d'Europe.

[vudeloin]

le dépouillement étant achevé dans 38 des 43 circonscriptions électorales du pays, le OUI l'emporte pour l'heure avec 60,4 % des voix, tout en ne représentant, eu égard à la participation, que 30,5 % du corps électoral.
On décompte pour l'heure 804 165 voix pour le OUI et 527 852 pour le NON alors que le Fine Gael, parti du premier Ministre Enda Kenny, avait réuni 801 628 voix en première préférence lors des élections législatives de 2011.
Le premier parti opposé au traité, le Sinn Fein de Gerry Adams, avait obtenu 220 661 voix.
Une fois encore, il semble donc bien qu'une partie de l'électorat travailliste n'ait pas suivi les consignes données par le Labour irlandais, préfigurant me semble t il des lendemains peut être délicats pour la social démocratie locale...