de vudeloin » Sam 26 Mai 2012 21:24
Pour se demander ce que peut faire le FN dans le cadre d'élections législatives, il faut, finalement, peut être, revenir à un cas d'espèce où une situation politique de même nature s'est déjà produite.
En effet, alors que certains ont tendance à nous parler de l'irrépressible poussée de Marine Le Pen liée à la « dédiabolisation » du Parti, on oublierait presque qu'en 1997, lors des législatives anticipées occasionnées par la dissolution Chirac, les candidats FN avaient recueilli près de 3,8 millions de voix et, surtout, 15,2 % des voix dans un contexte de participation assez moyenne, à hauteur de 68,5 % officiellement.
Il y a exactement quinze ans, le 25 mai 1997, nous avions en effet constaté les résultats suivants.
Inscrits 38 019 783
Votants 26 027 310
Exprimés 24 766 388
Le FN avait réuni 3 774 579 voix, soit 15,2 %.
Un peu moins de 10 % des inscrits ( on notera qu'avec 16 % de 60 % d'exprimés, dans le sondage Opinionway, on se situe dans un ordre de grandeur extrêmement proche), cela s'était traduit par 131 candidatures FN au second tour.
Pour aller à l'essentiel, hormis la première circonscription du Var (Toulon), gagnée en duel par Jean Marie Le Chevallier face à la socialiste Odette Casanova (candidate unique de la gauche et sortante), aucun de ces candidats n'avait été élu.
Par région, cela avait donné la situation suivante
Alsace : 7 duels avec la droite (3e, 4e, 6e, 7e, 8e, 9e Bas Rhin, 4e Haut Rhin), 4 triangulaires (deux victoires de droite dans les 5e Bas Rhin et 6e Haut Rhin, deux victoires PS dans les 5e et 7e Haut Rhin)
Aquitaine : pas de candidatures
Auvergne : pas de candidatures
Bretagne : pas de candidatures
Basse Normandie : pas de candidatures
Bourgogne : 1 duel face à la droite (3e Yonne), 1 triangulaire gagnée par la droite (2e Côte d'Or)
Champagne Ardennes : 1 duel face à la droite (3e Aube), 6 triangulaires (deux victoires PS dans les 1ere et 2e Ardennes, 4 victoires de la droite dans les 1ere, 2e Aube, 5e Marne et 2e Haute Marne)
Centre Val de Loire : 2 duels face à la droite (2e Eure et Loir, 4e Loiret), 1 triangulaire (victoire PRG 3e Eure et Loir)
Corse : pas de candidatures
Franche Comté : 2 triangulaires (victoires DVG 2e Haute Saône et MRC 2e Territoire de Belfort)
Haute Normandie : 2 duels (victoires PS 4e Seine Maritime, PCF 8e Seine Maritime), 2 triangulaires (victoires PS 4e et 5e Eure)
Limousin : pas de candidatures
Lorraine : 2 duels (victoire droite 7e Moselle, PS 10e Moselle), 5 triangulaires (victoires PS 1ere, 6e, 8e Moselle, DVG 4e Moselle, droite 2e)
Languedoc Roussillon : 1 duel (victoire PCF 7e Hérault), 7 triangulaires (victoires PCF 1ere Gard, 1ere Pyrénées Orientales, victoires PS 2e et 3e Gard, 1ere et 6e Hérault, 2e Pyrénées Orientales)
Midi Pyrénées : pas de candidatures
Nord Pas de Calais : 3 duels (victoires PS 12e Nord, PCF 20e Nord, droite 23e Nord), 4 triangulaires (victoires Verts 7e Nord, PS 8e et 10e Nord, 14e Pas de Calais).
Poitou Charentes : pas de candidatures
Pays de Loire : pas de candidatures
Picardie : 8 triangulaires (victoires droite 5e Aisne, 4e et 5e Oise, PS 1ere, 2e, 3e et 7e Oise, PCF 6e Oise)
Provence Alpes Côte d'Azur : 21 duels (victoires droite 1ere, 2e, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e et 8e Alpes Maritimes, 2e Bouches du Rhône, 3e, 5e et 7e Var, 3e Vaucluse, victoire FN 1ere Var, victoire Verts 9e Alpes Maritimes, PS 7e, 8e et 12e Bouches du Rhône, 2e du Var, PCF 4e et 10e Bouches du Rhône), 13 triangulaires (victoires droite 1ere, 3e, 5e, 6e, 11e et 15e Bouches du Rhône, 4e Var, 4e Vaucluse, victoires PS 16e Bouches du Rhône, 6e Var, 1ere et 2e Vaucluse, PCF 9e Bouches du Rhône)
Rhône Alpes : 5 duels (victoires de la droite 7e Loire, 7e Isère, 9e Rhône, 3e Haute Savoie, PCF 14e Rhône), 12 triangulaires (victoires droite 2e Ain, 6e Isère, 2e et 3e Loire, PS 4e Drôme, 8e Isère, 1ere Loire, 6e, 7e, 11e et 13e Rhône, PCF 4e Loire)
Ile de France : 10 duels (victoires de la droite 2e Essonne, PS 1ere et 9e Seine Saint Denis, PCF 1ere Hauts de Seine, 2e, 3e, 4e, 5e, 7e et 11e Seine Saint Denis), 11 triangulaires (victoires de la droite 4e et 5e Seine et Marne, 9e Yvelines, 8e et 10e Seine Saint Denis, 1ere Val d'Oise, PS 6e Seine et Marne, 8e Yvelines, 12e Seine Saint Denis, 9e Val d'Oise, Verts 7e Val d'Oise).
Sur l'ensemble du pays (aucun des rares candidats FN de l'Outre Mer ne s'était qualifié pour le second tour), nous avions donc eu nos 131 candidats FN, un seul élu et, par conséquent, 54 duels perdus (31 face à la droite, 23 face à la gauche), et 76 triangulaires.
28 de ces triangulaires avaient été gagnées par la droite et 48 par la gauche.
Sur le fond, il semble bien, cependant, que l'impact des candidats FN ait été défavorable à la droite dans les circonscriptions languedociennes, où les 7 triangulaires sont emportées par la gauche (sur 20 sièges dans la Région) et, dans une moindre mesure, dans l'Oise, seul département où les sept sièges à pourvoir sont concernés par une telle configuration.
En Provence Alpes Côte d'Azur, on constatera que la majorité des duels comme des triangulaires ont vu l'élection d'un député de droite, notamment du fait du vote dans les Alpes Maritimes, et que , de fait, seules les élections d'Elisabeth Guigou sur Avignon (1ere Vaucluse) et d'André Borel (2e Vaucluse) ont un caractère relativement miraculeux.
Dans le premier cas, le score de second tour est de 42 % et l'avance de 291 voix ; dans le second, de 43,2 % et 2 552 voix.
La victoire d'Annette Peulvast Bergeal, dans la 8e des Yvelines (Mantois), fut également heureuse, puisque la candidate PS obtint 40,3 % des voix, devançant d'environ 2 000 voix Pierre Bédier, RPR, et surtout, la fille de Jean Marie Le Pen, Marie Caroline Maréchal (mère de la candidate du FN sur Carpentras cette année) qui était arrivée en tête au premier tour.
Cette élection avait été illustrée par l'agression physique menée par le chef du FN à l'encontre de la candidate socialiste.
Autre défaite symbolique de la droite, celle de Jean François Copé dans la 6e de Seine et Marne (Meaux) face à … Nicole Bricq, devenue aujourd'hui Ministre de l'Environnement.
Devancée de peu à Meaux Nord et Lizy sur Ourcq, Nicole Bricq avait été élue avec 44,1 % des voix grâce au vote des cantons de Dammartin (où elle avait eu 675 voix d'avance) et surtout de Mitry Mory, où elle avait devancé l'actuel Secrétaire général de l'UMP de 1 204 voix.
Notons aussi en province les succès relativement serrés du communiste Bernard Outin sur la 4e de la Loire (Firminy), où le vote de la vallée de l'Ondaine avait compensé celui des cantons plus ruraux, ou encore la victoire de Louis Mermaz sur la 8e de l'Isère (Vienne) avec 1 128 voix d'avance sur l'actuel sénateur Bernard Saugey, vaincu par le vote du canton de Roussillon en faveur du candidat PS (avance de 2 185 voix dans ce seul canton).
Bref, comme on le voit, toute ressemblance avec une situation déjà ressentie ou envisagée aujourd'hui ne me semble pas tout à fait fortuite...