La stratégie de Sarkozy pour être réélu

[Pullo]

Le président du Parti radical Jean-Louis Borloo a estimé ce soir qu'il aurait fallu "un virage social" du gouvernement il y a deux ans face à la crise.

"Virage social", que veut dire Borloo par cette expression, concrètement ? Et si ce virage avait été pris, est-ce que Sarkozy aurait été sauvé de l'impopularité et de la défaite ? Pas sûr ? NS avait bâti son succès en 2007 sur le détournement d'électeurs du FN. Dès l'instant où il décevait ces électeurs, il signait son arrêt de mort politique...

[ligerien]

A posteriori, je me dis que la meilleure stratégie était vraiment le "Hollande bashing". La droitisation de Nicolas Sarkozy était à mon sens superflue. J'ai été frappé par la violence des attaques sur Hollande dans l'entre deux tours, surtout les 3-4 derniers jours, pas au niveau des politiques, mais au niveau des informations échangées de personne à personne. Face à cela, je pense que l'électeur de gauche n'a pas plus "cassé du Sarkozy" que les mois précédents, sans doute avec la perspective de la victoire annoncée par les sondages.

L'électeur de droite ne parlait plus beaucoup de Sarkozy, mais était obnubilé par la possible "catastrophe" de l'élection d'un socialiste.

[alamo]

j'ai quand même l'impression que l'extrème-droitisation du discours de Sarkozy a été payante. 48,3% est un score très élevé au regard du bilan du sortant et du nombre d'années (de décennies) qu'il faudra pour réparer les dégats d'un seul quinquennat.
On avait déjà dit que l'électorat FN n'est pas le même dans le Pas-de-Calais, en Alsace ou dans le Sud-Est, et que les reports de voix sur NS serait très variables selon les régions. Les résultats du 2ème tour semblent le confirmer : faibles reports dans le Nord ou en Picardie (par rapport à un report moyen de 50% environ), reports sans doute massifs dans le Sud-Est (le Gard, seul département qui avait placé M. Le Pen en tête au 1er tour, a voté majoritairement NS au 2ème, voir aussi les Bouches-du-Rhône, le Var, le Vaucluse, etc). Confirmation de la grande porosité de l'électorat UMP dans le Sud-Est (avec quelques chefs de file de la "droite populaire") et de celui du FN.
nous étions nombreux sur ce forum à douter de l'efficacité du discours d'extrème droite adopté par NS entre les deux tours (ce semblait être la voix de la raison). Nous avions tort, ça marche...

Maintenant le score de FH est à peu près celui de Mitterrand en 1981, meilleur que ceux de Chirac en 1995 ou Giscard en 1974 si mes souvenirs sont bons, et il est vrai que 50% et une voix suffisent, mais FH aurait sans doute eu besoin d'une victoire plus large pour être en position forte avant d'aller affronter les caciques de la droite européenne (Merkel, Cameron , Baroso) au sujet du fameux traité "Merkozy"

FH aura besoin d'une victoire franche de la gauche aux Législatives, contre une UMP qui se reprend un peu à y croire...

[Jean-Philippe]

Si Sarkozy a réussi a dépassé les 48%, c'est surtout je pense aux abstentionnistes du 1e tour, les reports de Bayrou et le Pen n'étant pas surprenant par rapport aux derniers sondages.
S'il avait basé sa campagne sur le "Hollande bashing" (via ses lieutenants), tout en gardant une posture présidentielle et en évitant de courir derrière le FN (ce qui n'a servi à rien en terme de reports, j'insiste), je pense qu'il aurait pu créer la surprise.
On verra dans les études à venir si les abstentionnistes du 1e tour ont bien privilégié Sarkozy ou pas.

[ligerien]

Je me demande si Hollande, donné gagnant, n'a pas subi un vote blanc d'électeurs de 1er tour de Bayrou ou Le Pen, qui auraient pu voter pour lui par anti-sarkozysme, mais finalement ont choisi de ne pas se compromettre.
Le retour dans la dernière ligne droite de Nicolas Sarkozy est sans doute aussi à mettre sur le compte de l'avance d'Hollande dans le dernier virage...

[Pullo]

Dans Marianne, Jouanno critique ouvertement la stratégie de Sarkozy, qui a abouti à une validation des idées du FN :

Ce qui est arrivé à Nicolas Sarkozy est une absurdité. Si nous avions fait campagne sur les thèmes essentiels – l’économie, le redressement financier, les déficits, la compétitivité – nous aurions pu convaincre les Français. Il y avait de quoi défendre Nicolas Sarkozy et vouloir continuer avec lui. Mais ces enjeux ont été étouffés par le bruit de la campagne, toutes les polémiques sur l’immigration, l’islam et la sécurité, des ambiguïtés sur le Front national. Quand Jean-François Copé a additionné les voix de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy le soir du premier tour, j’ai été choquée. C’est pour cela que j’ai réagi. Ce n’était plus nous.

On notera la pique contre Copé...

[Draume]

Il en pleut des personnalités de l'ex majorité qui depuis le 6 Mai 20 H 01 explique qu'il aurait fallu faire autrement : Bachelot, Baroin, Borloo, Daubresse, Morin... plus timidement Juppé, Raffarin... et qui sait demain Fillon... Que n'avais t il dit avant...

[ploumploum]

Aujourd'hui c'est Nathalie Kosciusko Morizet qui critique la stratégie adoptée : elle met en cause l'ancien conseiller de Sarkozy, Patrick Buisson. Pour elle, il voulait faire gagner Charles Maurras plutôt que le président-candidat, dans la perspective d'une bataille idéologique au lieu d'une bataille politique.

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/06/24/97001-20120624FILWWW00089-buisson-voulait-faire-gagner-maurras.php

[Pullo]

Après Raffarin et Baroin, voilà NKM qui critique la stratégie Buisson après que Sarkozy, Guéant, Morano et la moitié de la Droite Populaire ont été battus à la présidentielle et aux législatives. Comme le dit Draume, pourquoi ne l'ont-ils pas dit avant, comme l'a fait Jouanno ? Ces regrets post-élections ne leur attireront pas la sympathie de la gauche (le crédit de NKM est sérieusement entamé de ce côté-là, et je ne parle pas de Raffarin...), et les font passer pour des traîtres aux yeux d'une partie de la droite (voir les réactions à l'article du Figaro, globalement sévères).