pierrot a écrit:En ce 1er mai, un petit retour sur l'étude IFOP pour l'Humanité qui portait sur le vote en fonction de la proximité syndicale.
Rien de surprenant, les actifs se déclarant proches d'une organisation syndicale ont voté plus à gauche que les actifs qui ne sont proches d'aucun syndicat : total gauche+extrême-gauche à 57% pour les premiers contre 34 % pour les seconds. On pourrait formuler le résultat autrement : les électeurs de gauche ont plus tendance à se déclarer proches d'une organisation syndicale.
Pour le détail :
Proches de la CGT
Hollande 40%
Mélenchon 28%
Le Pen 16%
Sarkozy 7%
Joly 3%
Bayrou 2%
Poutou (lui même syndicaliste CGT) 2%
Arthaud 2%
Proches de la CFDT
Hollande 42%
Le Pen 16%
Bayrou 12%
Sarkozy 10%
Mélenchon 9%
Joly 4%
NDA 3%
Arthaud 2%
Poutou 1%
Proches de FO
Hollande 31%
Le Pen 31%
Mélenchon 16%
Sarkozy 10%
Bayrou 7%
Poutou 2%
NDA 1%
Joly 1%
Arthaud 1%
Proches de SUD
Mélenchon 36%
Hollande 30%
Le Pen 13%
Sarkozy 6%
Poutou 5%
Arthaud 4%
Joly 3%
Bayrou 2%
NDA 1%
Proches de l'UNSA
Hollande 35%
Le Pen 28%
Sarkozy 14%
Bayrou 10%
Mélenchon 5%
Joly 5%
NDA 2%
Ce sondage appelle au moins deux observations.
La première, c'est évidemment le niveau élevé du vote de gauche au sein des organisations syndicales, en général plus important que celui observé en général.
Que Mélenchon soit plus populaire chez les militants, sympathisants et électeurs de SUD que de la CGT me semble un épiphénomène.
Le plus significatif en la matière me semble plutôt de penser qu'une bonne part de la campagne de la gauche politique, singulièrement du Front de gauche et dans une bien moindre mesure, des candidats d'extrême gauche, a été portée sur le lieu de travail par ce medium très important que constituent les organisations syndicales et leurs animateurs.
Pour autant, le niveau élevé de François Hollande dans l'ensemble des « électorats » syndicaux me semble traduire autant l'engagement en sa faveur de militants syndicaux reconnus dans leur entreprise que les effets du « vote utile ».
Seconde observation : au sein des actifs proches d'un syndicat ayant opté pour la droite, on constate nettement que Marine Le Pen devance Nicolas Sarkozy, quelque soit le syndicat, et ce, même si Marine Le Pen ne parvient à dépasser son score national moyen qu'au sein des sympathisants FO et UNSA, c'est à dire d'une part dans une organisation historique du mouvement syndical et qui a fondé une partie de sa légitimité sur la confrontation avec la CGT et d'autre part, dans un ensemble assez composite qui, pour l'heure, jouit surtout de ses points forts dans le secteur public (avec la contradiction entre ex FEN dans l'Education et syndicats de policiers ou pénitentiaires).
Rupture donc assez nette entre le candidat de l'UMP et une bonne part du monde du travail puisque 90 % des salariés d'entreprises de plus de 20 personnes élisent au moins un DP...
On peut d'ailleurs produire une autre remarque : celle qui veut que la droite politique n'ait jamais réussi à avoir un véritable « relais syndical » malgré plusieurs tentatives dans le passé et un certain « entrisme » dans des organisations comme FO, la CFTC (dont on peut regretter qu'on ait pas examiné le choix des adhérents et sympathisants) ou la CGC (même observation).
Et je pense même que, parmi les votes Le Pen qui feront défaut à Nicolas Sarkozy ce 6 mai, il risque fort de figurer une bonne part des actifs décrits dans le sondage de l'IFOP.