de vudeloin » Dim 6 Mai 2012 01:21
Le résultat des élections locales britanniques, particulièrement mauvais pour les Conservateurs et peut être plus encore pour leurs alliés Libéraux Démocrates, traduit quelques nouveaux équilibres (tout relatifs) de la vie politique du Royaume Uni.
Sans trop de surprises, l'Ecosse comme le Pays de Galles se sont positionnées comme des fiefs de la gauche britannique, quand bien même les positions du Labour sont particulièrement fortes dans les villes (le Labour a regagné la majorité des conseils de Glasgow et Cardiff) et plus concurrencées dans les régions plus rurales par des élus nationalistes ou indépendants.
Autre aspect : si le Labour emporte 10 des conseils gallois (où s'applique le système majoritaire à un tour habituel), il l'emporte sur le territoire continu courant du grand port de Swansea à Cardiff et passant par Neath, Port Talbot ou Merthyr Tydfil, tandis que le reste du pays de Galles (11 conseils) est partagé entre deux conseils contrôlés par les indépendants et ceux dépourvus de majorité, où les indépendants, le Labour et le Plaid Cymru, le parti nationaliste gallois, se partagent souvent les mandats.
Le Labour a emporté au total 576 mandats dans la Principauté, devant le Plaid Cymru, 158 élus, les Conservateurs, 105 élus, les Libéraux démocrates tombant à 71 sièges, l'UKIP à 2 élus, tandis que l'on compte au total 311 indépendants.
En Ecosse, les assemblées locales sont élues au scrutin proportionnel.
Résultat : peu de conseils sont pourvus d'une majorité absolue, à savoir quatre conseils urbains contrôlés par le Labour autour de Glasgow, deux conseils par le Scottish National Party sur le port de Dundee et le comté d'Angus, qui est son arrière pays, et trois conseils contrôlés par les indépendants dans les archipels des Orcades, des Shetland et des Hébrides (Comhairle Nan Eilean Siar en version originale).
Pour donner une petite idée, cependant, de la mobilisation des électeurs, les Orcades ont élu des groupes de trois ou quatre conseillers choisis par des collèges électoraux de 1 000 à 1 900 électeurs...
Et les élus des Hébrides sont élus par environ 15 000 électeurs au total, une fois que les marins, particulièrement nombreux sur ces îles perdues, font escale dans les bureaux de vote...
Les 23 autres conseils écossais, notamment ceux des villes nouvelles constituées autour d'Edinburgh, n'ont pas de majorité fixée même si les rapports de forces sont clairs.
Le SNP compte en effet 424 élus dans les conseils écossais, le Labour 394, et les deux partis devancent largement les Conservateurs (115 élus), les LibDems (71 élus) et les Verts (14 élus).
Les indépendants sont 201 à siéger dans les conseils, un dernier élu ayant été obtenu par le Scottish National Party, dissidence du Labour.
Ensuite, il nous reste les conseils élus en Angleterre.
Pas de surprises majeures dans ces élections qui ont clairement et nettement affirmé la suprématie du Labour dans l'ensemble des grands bassins industriels, de Liverpool à Manchester en passant par Leeds, Sheffield ou encore Birmingham et quelques unes des victoires travaillistes que nous avions déjà pointé.
Les conservateurs, de manière générale, ne conservent de positions fortes que dans les conseils de caractère rural.
Dans les trente huit conseils métropolitains, les conservateurs ne préservent que trois positions majoritaires (Solihull, Trafford, le conseil des banlieues aisées de Manchester et celui de Swindon), perdant le contrôle de Dudley au profit du Labour qui prend la majorité dans les conseils de Sefton et Wirral.
Dans les 16 conseils unitaires qui ne renouvelaient que le tiers de leurs élus, les Tories perdent, comme nous l'avons du, Plymouth et Southampton, les deux ports du Sud de l'Angleterre, au profit du Labour, et perdent la majorité du conseil de Southend on Sea, où ils disposent désormais de 25 sièges sur 51...
Enfin, 74 districts mi ruraux mi urbains désignent tout ou partie de leurs élus.
Dans cet ensemble, les Tories gardent le contrôle de 36 conseils et gagnent la majorité absolue de celui de Winchester, soit la moitié des autorités concernées.
20 conseils de cette série sont contrôlés par le Labour, qui gagne les majorités de Nuneaton and Bedworth, Burnley, Cannock Chase, Carlisle, Chorley, Exeter, Great Yarmouth, Harlow, Newcastle under Lyme, Norwich, Redditch et Rossendale.
Certains de ces conseils sont situés dans les parties rurales ou disons mixtes des bassins industriels mais d'autres sont aussi situés dans des régions moins favorables au Labour a priori.
On notera cependant, pour le coup, le cas particulier du conseil de Norwich où les Travaillistes ont 21 élus, devant les Verts (15 élus) et les Libéraux démocrates (3 élus), le Labour reprenant le contrôle d'un conseil dont il avait perdu la majorité depuis 2000...
Et reconquête du conseil d'Exeter, perdu depuis dix ans par le Labour.
Comme certains l'ont noté, deux autres villes (Salford et Liverpool) désignaient leur maire au suffrage universel.
A Salford, le candidat travailliste, nanti de 48 % au premier partage des voix, a été élu sans problème au second décompte.
Et à Liverpool, le candidat du Labour Joe Anderson a été élu au premier décompte avec 59 % des voix.
Ce supporter inconditionnel d'Everton, âgé de 54 ans, a donc largement été élu, le candidat conservateur chutant à la septième place du scrutin (!) avec 4 425 voix et 4,49 % sur la ville (qui ne bat jamais de records de participation électorale), devancé par un indépendant, un libéral démocrate, un Vert, un syndicaliste d'extrême gauche et un libéral.
La BBC indique que la participation globale des Liverpuldians à cette élection est de 30,8 %...
Enfin, puisque le débat n'est pas sans importance sur le thème, on notera qu'étaient autorisés à voter lors de ces élections locales à la fois les sujets de Sa Très Gracieuse Majesté, mais aussi les ressortissants européens issus des pays de l'Union et les natifs et originaires des pays du Commonwealth.
Ce qui fait tout de suite pas mal de monde...