de vudeloin » Mer 18 Avr 2012 10:55
Les sondages sont ce qu'ils sont et personnellement, comme je ne suis pas qu'un spectateur de la campagne électorale (et que cela fait la sixième campagne présidentielle du même profil pour ce qui me concerne), j'ai quand même tendance à penser que les lignes de force sont inscrites depuis déjà un bon bout de temps...
Les indécis peuvent être 26 % d'après Le Parisien Aujourd'hui daté d'hier 17 avril, cela se fonde sur un sondage des 30 et 31 mars, c'est à dire, dans le processus de « cristallisation » des électeurs, avant la campagne officielle et à des années lumière ou presque du scrutin...
Et puis, soyons clairs, les 26 % d'indécis du premier tour (où le choix demeure large, alors que le deuxième peut se contenter du confort intellectuel d'éliminer celui dont on ne veut pas), cela peut très bien être aussi les abstentionnistes du 22 avril, faute d'avoir résolu l'équation à dix inconnues...
De mon point de vue, les bougés, s'il y en a, touchent a priori à l'intérieur du bloc de gauche (entre Hollande et Mélenchon, selon le poids du vote dit utile qui ne préjuge par contre en rien du vote des législatives qui peut fort bien donner une distribution différente des cartes) et à l'intérieur du bloc de droite constitué par Sarkozy et Le Pen.
Le sondage CSA peut être appréhendé par les militants UMP comme un appel au dernier « coup de collier » pour tenter de décrocher du vote Le Pen quelques centaines de milliers d'électeurs qui viendraient bonifier le résultat du sortant et comprimer celui de Marine Le Pen.
Ce processus, nous l'avions eu en 2007, où Jean Marie Le Pen s'était fait faire les poches par Sarkozy.
Au demeurant, le phénomène était attendu puisque j'avais du entendre, à l'époque, des phrases du style « Je vote pour Sarkozy, parce que c'est un petit Le Pen et lui, au moins, pourra faire ce qu'il dit ».
Ce qui m'interroge par contre, dans le ressenti de la campagne électorale, c'est la permanence du non affichage du vote Le Pen dans les discussions menées, les débats thématiques sur l'immigration ou la viande halal n'ayant pas eu cours par chez moi, alors qu'a priori, le terrain pourrait s'y prêter...
Le ressenti du faible écho de la campagne Sarkozy, la véritable détestation dont il fait l'objet aujourd'hui dans de larges couches de la population sont aussi des éléments, même si, comme je vis dans une ville plutôt rétive à la droite, il convient de relativiser les choses à raison de l'influence disons historique des uns et des autres.
Mais soit, disons que je ne sens ni l'UMP, ni le FN dans de très hautes eaux cette année...
Et je ne parle évidemment pas du fait que le vote Bayrou n'est guère envisagé, sans parler de celui pour cette pauvre Eva Joly qui, au lendemain d'avoir dit que « le SMIC à 1 700 euros, ce n'est pas possible », va devant le siège d'UBS France, 69 boulevard Haussmann 75008 Paris (je ne sais pas pourquoi j'ai retenu l'adresse, peut être à cause du numéro) pour expliquer qu'on pourrait récupérer 100 milliards sur l'argent « planqué » par certains riches clients Français dans la banque helvète pour faire plein de choses, à commencer relever les minima sociaux...
Connaissant quelques militants Verts, je dois avouer que j'ai même quelques doutes sur leur vote de dimanche en faveur de la juge d'instruction franco norvégienne qui n'aura pas été vraiment aidée dans ce calvaire présidentiel...
Le livre d'Antoine Peillon sur les 600 milliards qui manquent à la France est au demeurant un livre particulièrement intéressant...
Alors, bon, comme je vis dans une ville portée à gauche, je constate un attachement à voter, fondamentalement, pour l'un des deux principaux candidats de gauche et l'affirmation du vote Hollande et du vote Mélenchon me semble aussi importante, dans un rapport assez différent du vote de 2007 où le vote Royal, en grande partie motivé par la douloureuse expérience de 2002, avait très franchement pris l'ascendant sur tous les autres votes à gauche.
Je distingue d'ailleurs assez clairement le dernier point que les sondages traduisent en partie et qui fait « hésiter « certains électeurs : est ce que le risque de Le Pen au second tour est écarté ? Est ce que le poids des indécis peut bouleverser tout à fait la donne ?
A la première question, j'ai tendance à répondre Oui, pour les raisons évoquées plus haut.
A la seconde, j'ai tendance à répondre Non, puisqu'en fait, je ne ressens pas beaucoup d'indécision, justement...
En tout état de cause, la campagne aura, semble t il, montré quelques points.
Un, le candidat du PS n'a pas forcément renforcé le vote en sa faveur, puisque son score, compris entre 26 et 29 % depuis plusieurs semaines, n'est finalement pour les sondages pas si éloigné que cela des 25,87 % de Ségolène Royal.
Deux, celui de l'UMP, sortant, est dans une dynamique négative, loin des 31,18 % de 2007, auxquels on pourrait ajouter les scores de Nihous et De Villiers, absents cette année.
Si elle se confirme, l'UMP finira en charpie au mois de juin, après avoir subi un véritable « coup de trique » lors de la présidentielle.
Trois, Marine Le Pen et le FN auront échoué à se renforcer puisque le score compris entre 14 et 17 % la situe, au mieux, dans le score moyen de son père lors des précédentes élections (rappel : 14,4 % en 1988, 15 % en 1995 et 16,8 % en 2002).
On est aussi loin de certains sondages au dessus de 20 % de l'an dernier.
Alors, certains peuvent penser que le thermomètre pour évaluer l'influence de Marine Le Pen n'est pas le bon, je ne vois personnellement pas grand chose qui me fasse penser le contraire...
Quatre, sur Mélenchon et la campagne du Front de Gauche, tout est dit ou presque.
C'est sans doute le seul candidat qui ait été porté par une dynamique réellement positive, à tel point qu'on pourrait penser qu'un score de 12 ou 13 % « seulement » serait un échec.
Cinq, pour les autres candidats, disons que nous avons trois effondrements (Verts, LO, NPA), un sérieux dévissage (Bayrou) qui me semble confiner au déclin du « ni ni » et un score de Dupont Aignan qui reste pour le moment assez anecdotique malgré un discours qui peut parler à une certaine frange conservatrice de l'électorat.
Bref, tout cela est fort bien, mais le seul problème c'est que le Fonds Monétaire International vient de signifier une prévision de croissance de 1 % en 2013 pour la France, très en deçà du cadrage du programme des deux favoris putatifs de l'élection.
Christine Lagarde entend elle, depuis le siège de cette auguste institution, formuler qu'il est temps de sortir des logiques d'austérité qui compriment dangereusement la croissance de la zone euro ?