sondage avec les candidats

[OctavioMey]

Il semble en effet que les phénomènes de vases communiquants continuent de fluctuer (et cela risque d'être encore le cas avec 1/3 des électeurs qui disent pouvoir changer d'avis) : le vote bayrou ressemble de plus en plus à un vote UDF, son électorat de centre-gauche étant tenté par le vote hollandais dès le 1er tour, ce dernier pouvant être victime de son côté d'une perte sur sa gauche d'électeurs attirés par une "vraie gauche" mélenchonienne qui doit aussi bénéficier, outre de l'éloignement du spectre d'un nouveau 21 avril, d'un apport d'abstentionnistes chroniques séduits par le verbe du candidat, enfin la lutte continue à droite de la droite où il semble bien en tout cas que l'évènement éxogène toutousain n'ait pas changé considérablement le rapport de force Sarkozy/Le Pen au 1er tour (au second le report semble s'améliorer vers le candidat-président).

[Relique]

Il faut dire aussi que la gauche de la gauche va surement être encore plus mobilisée ces prochaines semaines, sur le terrain & dans les médias. Après tout, outre le fait que son champion atteint des résultats qui n'avaient pu l'être que par une division des candidatures (si on prend 2002, on pourrait compter: Laguiller (5,7), Besancenot (4,3), Hue (3,4), Gluckstein (0,5) et une partie du vote Mamère (5,3) et du vote Chevènement (5,3), tout en y retirant un "socle" pour Arthaud et Poutou, disons 2 chacun ce qui ferait un vote potentiel mélenchon à 14 points, en sachant que l'abstention était forte..), la perspective de battre le Front National va certainement motivé les militants ainsi que potentiellement des électeurs qui auraient pu voter Poutou ou Arthaud...

[VincentLP92]

Relique donne bien une des clés trop souvent négligés du score de Mélenchon.
Il a réussit le tour de force de réunir sous son nom la quasi totalité de la gauche protestataire, hier divisé entre le PCF, les groupuscules trotskystes et une partie des Verts (et il profite aussi de la faiblesse des autres concurrents). Ce faisant, il reproduit, à gauche et toutes proportions gardées, la même synthèse que Sarkozy avait réalisé à droite en siphonnant le FN.
Cette gauche protestataire a donc un un potentiel de facile 15%.
Une partie se détournait vers Hollande (comme hier vers Royal) pour cause de syndrome 21 avril, et dopait le score du PS. La disparition de la menace Le Pen autorise une partie de cet électorat de gauche à aller plus à gauche, pour donner un avertissement au candidat PS, dont il importe peu qu'il soit en tête du premier tour.
Comme en face Sarkozy récupère les dividendes du vide autour de lui, et monte en faisant le yoyo avec Miss Marine, les ciseaux sont inévitables.
Reste que les grandes masses bougent peu, avec Bayrou coincé entre gauche et droite, avec un électorat lui-même partagé. De leur choix (celui des électeurs, pas de Bayrou) dépend sans doute le sort de l'élection. C'est bien la stratégie d'Hollande qui prend garde de ne pas se mettre trop à gauche ; Toulouse donne qlq billes (mais quelques unes seulement) à Sarko pour s'en rapprocher.

Et je ne crois pas être très loin de ce que plusieurs ont déjà dit.

[vudeloin]

Je dois dire que je ne sais toujours pas ce que signifie la notion '"gauche de gauche', si ce n'est une invention de journalistes en mal de références historiques peut être pas plus que celle de "gauche protestataire" ou "antilibérale".
Je crois simplement que le candidat du Front de Gauche catalyse sur son nom (c'est là la limite évidemment de la candidature présidentielle) ce qui est, de manière historique, la gauche de fondement révolutionnaire, partisane d'une rupture progressive avec le système économique et social en vigueur et qui a toujours eu un poids très proche de la gauche réformiste, incarnée jadis par la SFIO et aujourd'hui par le PS.
Mais j'allais dire pas seulement...
Ni le courant de la gauche française qu'on qualifiera de révolutionnaire n'est représenté exclusivement par le Front de Gauche ni le courant réformiste est l'apanage du seul Parti Socialiste.
En tout cas, pas dans le cadre de l'élection présidentielle !
Les sondages un peu plus "qualitatifs" font état, par ailleurs, d'une progression significative de Mélenchon dans l'électorat de moins de 30 ans, comme dans l'électorat salarié, ouvrier et employé.
Une progression qui affecte la performance de François Hollande, en baisse relative chez les jeunes mais n'épargne pas, de manière générale, les autres candidats.
Comme les électorats sont en voie de cristallisation, tout le travail, pour quelque candidat qui soit, est désormais de consolider ses avancées éventuelles, en ne perdant pas de vue que, pour l'heure, c'est l'électorat de François Hollande qui semble le plus accroché à son vote et l'électorat Bayrou le plus fragile.

Selon CSA, 79 % des électeurs Hollande actuels sont sûrs de leur choix (ce qui signifie, dans le pire des cas, que le candidat socialiste peut retomber à 22,4 % (un cinquième de moins que les 28 % annoncés), suivi de Nicolas Sarkozy (78 % de sûrs sur 27,5 %, soit 21,4 % au pire), puis de Marine Le Pen (74 % de 16 %, soit 12 % environ), Mélenchon (64 % de 13 %, soit 8,3 %) et Bayrou (53 % de 11,5 %, soit environ 6 %)
Après, vous corrigez de la déperdition moyenne et vous avez Hollande 32 %, Sarkozy 30,5 % (je ne crois pas trop au fait que l'un de ces deux candidats dépasse les 30 % mais soit), Le Pen 17 %, Mélenchon 11,5 à 12 et Bayrou 8,5 à 9.

[vudeloin]

Il est pas beau mon redressement ? ;)

[Emeric]

D'un autre côté l'indication "sûr de son choix" est une stupidité créé par les sondeurs pour vendre un peu plus cher à leur client. Cela n'a aucune valeur scientifique. Notamment que les gens "sûrs de leur choix" passent de 80% à 75%. Cela voudrait dire que des gens "sûrs de leur choix" un jour J, change d'avis le jour J+1.

Finalement pas si "sûr de leur choix" ces gens là !!!

[vudeloin]

Sûr de son choix cela semble quand même de plus en plus évident, quoiqu'on en dise...
J'ai comme dans l'idée, ceci dit, que Bayrou et Marine Le Pen sont désormais les deux candidats les plus exposés à la tendance baissière de leurs intentions de vote, eu égard à l'éloignement de plus en plus évident de toute perspective de second tour pour eux.
J'en profite pour indiquer que, personnellement, j'ai toujours été opposé au principe de la qualification de deux finalistes, et j'estime que tout candidat ayant dépassé 10 % des inscrits devrait être autorisé à se présenter au second tour.

[manudu83]

même si c'est hors sujet, je suis personnellement très fan du mode d'élection de la présidence irlandaise avec classement préférentiel et tour successif en éliminant les derniers.

[Relique]

Ah, mon cher vudeloin, je m'excuse platement. Pressé et surement le cerveau lavé par les médias, j'ai donc appelé "gauche de la gauche" la gauche socialiste. Pourtant, j'ai bien souvent critiqué cette appellation, mais bon, un moment de faiblesse et on ne pense plus qu'à la moitié de ce qu'on écrit... Surtout entre un cours d'histoire de la pensée économique et un autre de macroéconomie (;

Pour revenir au sujet, sur les sondages: je comprends tout à fait que les sondeurs essaient de déterminer quels sont les électeurs ayant déjà choisi leur favoris et ceux qui hésitent encore. Des sondages plus fouillés (avec certainement plus de sondés pour que les sous-groupe soient plus représentatifs) sur les électeurs hésitant, d'ailleurs, pourraient améliorer la direction de campagne de certains candidats et les orientations qu'ils veulent donner...

(edit, j'ai posté avant de finir mon raisonnement)

D'ailleurs, je pense que, pour les candidats, ces méthodes seraient bien plus intéressantes que les sondages "si l'élection était dimanche". Parce qu'on ne peut alors que spéculer sur "pourquoi ai-je baisser de 2 points ?", "pourquoi l'autre me passe devant ?" etc... Avec des sondages plus fouillés, plus qualitatifs, plus chers, cela pourrait réellement refléter ce que pense l'opinion. Et, à ce moment là, ce serait normalement moins sujet au "redressement"...

[vudeloin]

Il n'y a pas de mal Relique ;)
Je dis juste ce que je pense, parfois...
Et comme je suis d'un naturel méfiant avec les formules toutes faites, genre " économie réelle" (je ne sais pas ce que c'est, mais soit), j'interroge ces classifications un peu arbitraires et je confesse avoir un faible pour les vieux schémas des historiens d'avant sur les deux branches de la gauche, l'une révolutionnaire, l'autre réformiste, parangon des deux filières de la droite, l'une libérale et l'autre plus autoritaire.