de vudeloin » Ven 23 Mar 2012 01:27
Je rassure phénicien, je suis toujours aussi circonspect sur les sondages et celui ci, si vous avez bien lu, me semble aussi sujet à caution que les autres quand bien même est il commandé par la presse régionale qui, pour le coup, me semble moins sujette à caution qu'une autre partie de la presse, nationale celle ci, qui m'a paru, depuis le début, commander des sondages plus discutables...
Bon, résumons nous, apparemment, ce sondage qui place le candidat du Front de Gauche en troisième position semble poser des problèmes à quelques personnes...
Je le comprends fort bien, parce que c'est affaire de ressenti, tout cela.
On pose ses lunettes partisanes pour le coup et on regarde les choses comme elles sont : les rassemblements les plus significatifs sont ceux mis en oeuvre par le Front de Gauche, ses meetings ont réuni des foules importantes, ses passages télévisés ont eu une audience importante et Jean Luc Mélenchon bénéficie par ailleurs des forces militantes du PCF, de son PG, et bien au delà , de nombreux militants syndicaux et associatifs.
Sa candidature catalyse, rassemble, et je dois dire que j'ai quelque part été surpris que les enquêtes d'opinion n'en fassent pas état plus tôt.
Vendredi dernier, alors que je travaille dans un quartier de Paris de tradition plutôt conservatrice, ce sont des militants du Front de Gauche que j'ai vu à la sortie du métro qui allait me ramener vers mon domicile.
Nous sommes à un mois du premier tour et je n'y ai jamais vu le moindre militant socialiste, du Modem, ou de l'UMP même s'il est fort probable que, dans ce quartier, Mélenchon sera probablement derrière ces trois candidats !
J'ai, à plusieurs reprises au fil des différentes discussions menées sur ce forum, indiqué par ailleurs qu'il me semblait que la fin de campagne électorale serait marquée par l'efficacité des organisations en présence.
Pour ce qui concerne cette campagne présidentielle, trois candidats seulement me semblent disposer des moyens humains et militants susceptibles de leur permettre d'amortir les conséquences ou les effets de prestations télévisées peu réussies et/ou de thématiques qui ne seraient pas celles des candidats.
Ces trois candidats, ce sont Nicolas Sarkozy, parce que l'UMP dispose encore d'un réseau conséquent d'élus et d'un certain nombre de militants , François Hollande pour les mêmes raisons et Jean Luc Mélenchon, notamment parce qu'il ajoute aux militants des partis membres du Front de Gauche un réseau assez dense de syndicalistes et de militants associatifs.
Pour les autres, ce n'est pas la même affaire.
Philippe Poutou ne dispose plus que d'une part des anciens adhérents du NPA, qui semblent d'ailleurs encore moins nombreux que ceux de l'ancienne LCR.
Nathalie Arthaud souffre d'un mouvement, LO, qui n'a jamais réussi à se développer plus que de manière minoritaire au sein du mouvement ouvrier politique et syndical, d'autant qu'une partie des syndicalistes qui pouvaient suivre Arlette Laguiller précédemment semble avoir choisi Mélenchon cette fois.
Nicolas Dupont Aignan n'a pour lui que les militants, peu nombreux, et pour un certain nombre issus du MPF de De Villiers, de Debout La République, dont la plupart des responsables (il suffit pour cela d'aller sur le site du mouvement) n'exercent d'ailleurs pas de responsabilités électives.
Je ne parlerais pas plus longtemps que Jacques Cheminade.
Eva Joly, pour sa part, ne doit même plus avoir derrière elle les 8 000 et quelques militants des Verts qui ont voté pour elle lors des primaires écologistes et j'ai l'impression, hélas pour sa sincérité personnelle, que d'aucuns ont tendance « à lui savonner la planche ».
Restent les deux cas de Marine Le Pen et de François Bayrou.
Dans les deux cas, nous avons des candidats dont la couverture médiatique est réelle, dont la capacité de rassemblement politique est réelle.
Seulement voilà , ni l'une ni l'autre n'ont pour eux un parti politique suffisamment présent et puissant pour pouvoir porter leur candidature.
Cela a peut être échappé à quelques uns mais, lors du vote à la Présidence du Front National, il n'y avait pas 20 000 adhérents pour départager Marine Le Pen et Bruno Gollnisch et à peine plus ou moins pour confirmer François Bayrou à la tête du Modem et comme candidat à la Présidence de la République.
Ce n'est pas avec ces forces là que l'on peut régler la question.
On peut commanditer quelques dizaines ou centaines de jeunes férus d'informatique pour occuper les sites et les forums ouverts mais on ne peut pas remplacer le contact direct, « au bouton de veste », si l'on peut dire, que les trois candidats dotés d'une force militante disponible peuvent multiplier à l'infini.
Soyons clairs : il est probable que du côté de Hénin Beaumont, le FN ait quelques moyens pour mener la future campagne législative de Marine Le Pen ou de Steeve Briois dans la 12e circonscription du Pas de Calais mais les moyens sont bien plus réduits s'il s'agit de se présenter à Rennes ou à Poitiers.
Nous verrons dans les enquêtes à venir si les tendances observées ce jour sont confirmées ou pas.
Et je suis preneur d'une analyse différente, et prêt à voir mon analyse infirmée par les faits.
Ah oui, dernier point : les sondages ne sont pas qu'affaire d'arithmétique.
Les plus et les moins ne sont pas le résultat de simples soustractions ou additions, mais de forces qui se confrontent en dynamique.