Campagne de Jean-Luc Mélenchon

[vudeloin]

Justement, la question est de savoir jusqu'où cela marche...

[thuriféraire]

un institut, CSA, le porte désormais à la barre -symbolique- des 10%. Je me suis laissé dire que d'autres instituts pourraient se rallier à ce chiffre. Est-ce vraiment un tournant de sa campagne, ou un plafond ?

[vudeloin]

Sans vouloir rappeler quelques souvenirs (les instruments de mesure ne devaient pas être au point à l'époque), Jacques Duclos, lors de la présidentielle 1969, était donné aux alentours de 10 à 12 % au premier tour et obtint, au final, 21,5 % des suffrages, ralliant la très grande majorité des électeurs communistes d'alors et une partie non négligeable du reste des électeurs de gauche.
Je n'ai pas de sentiment particulier (faut que j'aille humer le sens du vent ces jours à venir) mais je pense plutôt pour ce coup ci que tant la campagne de François Hollande que celle de Jean Luc Mélenchon sont plutôt portés par des vents favorables.
L'audience des émissions media, la fréquentation de certains réseaux sociaux (si seuls les usagers de Twitter votaient, Mélenchon serait qualifié pour le second tour !), la teneur des réunions publiques mettent un coup de vieux aux initiatives de Sarkozy, de François Bayrou et même de Marine Le Pen.
Je tends à penser que Hollande et Mélenchon sont donc en phase dynamique positive pour eux (jusqu'où ? nous verrons bien...) quand les autres sont plutôt, au mieux en surplace (pour le sortant), ou en dynamique régressive.
En fait, le seul mystère là dedans c'est peut être comment les Verts et le NPA ont pu rater le coche et le courant ascensionnel qui commence à renforcer la gauche dans les dernières enquêtes d'opinion.

[Oskial]

Si l'on regarde la campagne depuis le début, on constate une progression constante de la candidature de Mélenchon dans les sondages d'opinion. Les qualités de tribun et d'"animal" politique et médiatique du candidat sont indéniables. Mais ce sont des qualités que l'on a pu reconnaître par le passé à d'autres, comme Olivier Besancenot par exemple, sans que celé génère un écho comparable.
Je pense donc que cette progression s'appuie sur plusieurs facteurs : un candidat qui sait faire parler de lui (et dans une campagne présidentielle, c'est essentiel), un réel espace politique qui rencontre un réel écho dans le pays (qui peut amener François Hollande à "gauchir" maladroitement ces propositions - cf l'imposition à 75%), un appareil communiste de nouveau rassemblé et remobilisé (qui assure le succès de la campagne sur le terrain, le succès dans les meetings - y compris quand JLM n'est pas présent) et, à mon avis, une frange importante des électeurs qui n'adhèrent pas au retour au bipartisme annoncé depuis l'entrée en campagne de Sarkozy.
S'ajoute à celà une très bonne gestion des temps forts de campagne, à travers les thèmes, les adversaires et les évènements successivement choisis. Et le choix de pilonner Le Pen me paraît, contrairement à Galipientro, très pertinent pour occuper lespace anti-système que les deux candidats veulent occuper. Le meeting de la Bastille du 18 mars prochain, démonstration de force attendue, est lui aussi très pertinent quant à sa symbolique et à la couverture médiatique qu'il va générer.
Pour toutes ces raisons, je pense que cette progression n'est pas terminée, au point qu'à mon avis, Melenchon se mèlera à la lutte pour la troisième place avec Bayrou et Le Pen.

[vudeloin]

On peut même penser que certains responsables du Front de Gauche estiment possible de dépasser un Bayrou qui peine à trouver son espace politique et une Marine Le Pen pas encore qualifiée pour le tour éliminatoire et dont la campagne semble tout de même marquer une certaine faiblesse.
Ce que je crois aussi, pour le coup, c'est que les thématiques de la campagne ont tendance à porter le débat vers la gauche, l'affaire de la viande halal ou kasher me faisant foutrement penser au ridicule débat sur le drapeau français le 14 juillet que Miss Royal voulait faire apparaître sur les balcons et qui était le fin du fin de la réponse à la question "La gauche est elle contre la Nation" ?
Qu'un espace s'ouvre pour une force politique au demeurant rassemblée et active, réunissant militants politiques, syndicaux et associatifs est finalement assez logique.
Toute la question est maintenant de savoir jusqu'où, d'autant que l'imprégnation dépasse d'ores et déjà le seul Front de Gauche, puisqu'il est évident, comme le souligne Oskial, que l'affaire des 75 % ne serait pas venue si Mélenchon stagnait autour ou en dessous de 5 %.

[OctavioMey]

Le question pour Mélenchon, en atteignant les 10 % d'intentions de vote, est de savoir s'il peut élargir son électorat au-delà de sa base sociologique, très masculine, employés/cadres de la fonction publique, salariés syndiqués du privé,retraités communistes, jeunes se cherchant dans la radicalité...et donc aller plus loin que les feux de pailles trotskystes des élections précédentes ; il est à ce tournant là, il a le talent oratoire viril qui l'a amené à faire le plein de cet électorat, la comparaison avec la mollesse supposée du favori socialiste peut l'y aider....

[Nico]

Après l'annonce de l'absence de soutien à Jean-Luc Mélenchon d'André Gérin, un second député Front de Gauche annonce qu'il ne le soutiendra pas, Jacques Desallangre annonce qu'il soutiendra François Hollande alors même qu'il fait partie du Parti de Gauche.

http://www.lunion.presse.fr/article/ais ... -vengeance

[Vaulti]

Après l'annonce de l'absence de soutien à Jean-Luc Mélenchon d'André Gérin, un second député Front de Gauche annonce qu'il ne le soutiendra pas, Jacques Desallangre annonce qu'il soutiendra François Hollande alors même qu'il fait partie du Parti de Gauche.

http://www.lunion.presse.fr/article/ais ... -vengeance

Mélenchon paie sa tactique un peu trop laxiste sur les circonscriptions. En réservant celle-ci à un membre du PCF (qui a eu sur le coup les yeux plus gros que le ventre), le Front de Gauche va quasiment certainement perdre un député ainsi qu'un soutien qui aurait pu servir de relais au cours de la campagne.

[vudeloin]

je ne suis pas certain que le PCF ait eu, sur le coup, les yeux plus gros que le ventre...
je penche même pour une attitude pour le moins déroutante de Jacques Desallangre qui n'en est pas à son coup d'essai, dans le style hausse de tension dans les relations avec ses partenaires et alliés.
D'autant que l'intéressé doit beaucoup de ses mandats à la mansuétude du PCF, loin d'être sans influence dans cette quatrième circonscription de l'Aisne et notamment au fait que celui ci ait choisi de le soutenir au moment où il a quitté le PS.

[Vaulti]

je ne suis pas certain que le PCF ait eu, sur le coup, les yeux plus gros que le ventre...
je penche même pour une attitude pour le moins déroutante de Jacques Desallangre qui n'en est pas à son coup d'essai, dans le style hausse de tension dans les relations avec ses partenaires et alliés.
D'autant que l'intéressé doit beaucoup de ses mandats à la mansuétude du PCF, loin d'être sans influence dans cette quatrième circonscription de l'Aisne et notamment au fait que celui ci ait choisi de le soutenir au moment où il a quitté le PS.

Dommage que le Front de gauche soit divisé dans cette région (Picardie) où le terreau pour ses idées est si fertile...