Kerxizor a écrit: Lors de la dernière décennie, les collectivités locales ont embauché à tour de bras. Entre 2002 et 2009, elles ont créé plus de 262.500 postes. Ce chiffre ne tient pas compte des emplois transférés par l'État suite à la dernière décentralisation. Il s'agit bien d'embauches «pures».
D’abord je prends avec des pincettes les chiffres sortant des argumentaires de l’UMP … quand on voit ce qu’ils ont fait de la probité de l’INSEE ou quand on voit la manière avec laquelle il manipule les véritables chiffres du chômage, il faut les lire avec beaucoup de recul.
Premier commentaire sur les augmentations d’effectifs dans la fonction publiques locale. D’abord je suis content que tu admettes que ces effectifs ont évolué avec le transfert des personnels des compétences transférées (TOS des lycées et collèges, personnels des DDE, etc) … car cela ne semblait pas une évidence pour tous dans ton camp.
Ensuite dire que l’ensemble des collectivités (régions, départements, interco et communes) a répondu à des thématiques nouvelles, propres à la vie quotidienne de leurs habitants. Ce sont des besoins nouveaux auxquels il a fallu répondre.
Je prends l’exemple de la thématique liée aux seniors. Qui en a la compétence exclusive ? On pourrait penser à l’Etat ? Oui, s’il assumait ses responsabilités. À ce sujet, Sarkozy n’a même pas été capable de mettre en place une loi pour la dépendance, maintes fois promise. Bref, si ce n’est pas l’Etat, qui s’en occupe ? Les collectivités ! Ce sont elles qui s’occupent de l’animation des clubs d’ainés, des actions de solidarité (portage de repas, accompagnement dans les démarches) ou de prévention santé … tout cela demande du personnel.
Alors, je sens poindre, peut être chez certains, un rejet de la solidarité … mais ne sont-ce pas les mêmes qui se sont offusqués des milliers de seniors décédés durant la dernière canicule au prétexte que personne ne s’occupait d’elles ? Et n’y a-t-il aucun service en direction des seniors en mairie de Neuilly-sur-Seine ?
Autre exemple, celui du développement durable puisque que de nouvelles responsabilités s’imposent aussi. En effet, les collectivités s’investissent dans ce domaine, qui de son agenda 21 local, qui de son plan lumière, qui de son action transversale sur les problématiques de l’urbanisme, du logement ou de la baisse des émissions carboniques (à ce sujet, l’Etat apprécie de pouvoir compter sur les collectivités pour respecter ses engagements internationaux en la matière …).
Ces nouvelles responsabilités, ses compétences qu’il faut assumer faute de mieux ou pour palier les absences de l’Etat, ce sont in fine les collectivités qui finissent par les assumer. Il en est de même sur la complexité des normes et des lois … sur l’augmentation des recours administratifs, sur la vigilance dans le portage technique du moindre projet. Cela aussi requiert des services compétents de techniciens et de juristes.
Alors, on me dira forcément : « mais pourquoi ne passent-elles pas par des prestataires extérieurs privés » … Ahhh le « privé » ce mot qui poussent certains à l’idolâtrie aveuglante. Mais parce qu’au final ce système est moins efficace et, surtout, beaucoup plus coûteux. Et oui (cf. les conclusions de la mise en concurrence des services liés aux chômeurs (ex monopole de Pole emploi) …
Et puis dans le fond je n’aime pas ce reproche d’abord basé sur l’ignorance et le désintérêt de la chose locale. Car au-delà du « trop d’embauche» on sent bien qu’il y a la volonté de dire « embauches inutiles », que ces compétences n’ont pas a être assumées, qu’on doit laisser les gens se débrouiller par eux même pour ainsi dire.
Mais, prétendre s’occuper de la vie quotidienne des gens suppose qu’on s’y implique et qu’on s’en donne les moyens. Sans démagogie et sans affichage.
Ce sont peut être les raisons pour lesquelles vous perdez les élections locales depuis 10 ans.
Kerxizor a écrit: Nous pourrions en débattre des heures mais c'est justement parce que Sarkozy est le garant de nos institutions qu'il peut se permettre de critiquer les collectivités qui sont défaillantes en termes de gabegie financière.
Je n’aime pas non plus les généralisations sur les « gabegies financières » car la dette totale des collectivités représente 10% du total de la dette publique … et encore, sur la seule base des investissements (75% d’investissements publics) tandis que l’Etat, endetté lui pour 90% du restant, peut le faire en allégeant les impôts des plus fortunés par exemple … le tout sans contrepartie pour l’ensemble du pays.
Et si l’Etat avait peur des « gabegies » pourquoi s’est il appuyé sur les collectivités lors de son « plan de relance » via le versement anticipé du FCTVA (fonds de compensation de la TVA versée par les coll. Terr) ???
Kerxizor a écrit: Je rappelle également que depuis 3 ans, l'Etat a maintenu voire augmenté sa dotation aux Collectivités Territoriales, ce qui explique une part conséquente du "doublement de la dette" selon la formule consacrée. Donc évoquer ce sujet est loin d'être démagogique ...
Alors là , on touche le fond. Quel mensonge éhonté. Les dotations publiques ont chaque année été inférieures à l’inflation qui, elle, n’épargne pas les collectivités. Donc face à la hausse des charges, elles sont bien en baisse. Et le 1er ministre a confirmé qu’elles étaient carrément gelées jusqu’en 2013 (ce fut le cas dès 2011).
Kerxizor a écrit:Quant aux intercommunalités, loin de générer des économies d'échelle, leur création a conduit à des doublons.
Renseignez vous donc pour savoir si le statut des métropoles arrachant les compétences des régions et des départements ne conduira pas là aussi à des doublons … (à ce jour Nice est la seule Métropole …).
Kerxizor a écrit:L'équilibre budgétaire a en effet été préservé, au prix d'une hausse des taxes foncières et de la taxe d'habitation de 6,1% en 2009, puis de 3,1% en 2010.
D’abord, l’Etat a une dette envers les collectivités. Et l’on attend toujours qu’elle soit remboursée.
Quant à la hausse de la TH, il faudra aussi dire que les régions et les départements sont de plus en plus dépendants financièrement des dotations de l’Etat. Si celles-ci baissent, ils sont bien obligés d’augmenter la pression fiscale face à l’explosion des dépenses obligatoires (si le nombre de RSA augmente … mécaniquement la part budgétaire départementale qui y est consacrée augmente elle aussi). C’est d’ailleurs votre seule stratégie pour que les électeurs fassent en sorte de sanctionner la gauche quand elle y est en responsabilité.