Bayrou et la présidentielle

[vudeloin]

Je crains que Bayrou ait contre lui de ne pas être tout à fait au centre du débat, même s'il croit que son heure va venir dans les semaines à venir, l'autre aspect qui n'est pas secondaire étant que le Modem est loin d'avoir la même vitalité qu'en 2007...

[Jean-Philippe]

Voici la liste des sénateurs ralliés à Bayrou (2 sont des non-inscrits et sont soulignés, les autres sont membres de l'UCR) :
Philippe Adnot (Aube), Jean-Paul Amoudry (Haute-Savoie), Jean Arthuis (Mayenne), Pierre Bernard-Reymond (Hautes-Alpes), Jean Boyer (Haute-Loire), Marcel Deneux (Somme), Yves Detraigne (Marne), Nathalie Goulet (Orne), Jacqueline Gourault (Loir-et-Cher), Joël Guerriau (Loire-Atlantique), Pierre Jarlier (Cantal), Jean-Jacques Lasserre (Pyrénées-Atlantiques), Claude Merceron (Vendée), Christian Namy (Meuse), Yves Pozzo di Borgo (Paris), Henri Tandonnet (Lot-et-Garonne), Jean-Marie Vanlerenberghe (Pas-de-Calais) et François Zocchetto (Mayenne).

http://www.20minutes.fr/ledirect/893461/presidentielle-18-senateurs-appellent-voter-francois-bayrou

Dans le même temps, les centristes de l'UMP réaffirmaient leur soutien à Sarkozy. Il est je pense trop tard pour assister à des débauchages massives dans un sens ou dans un autre, ce qui me fait dire qu'il ne devrait pas y avoir de poussée MoDem comparable à celle de 2007.

[vudeloin]

Par déduction, si l'on peut dire, cela voudrait dire que Jean Marie Bockel (ex PS, Gauche moderne, maire de Mulhouse), Vincent Capo Canellas (maire du Bourget, 93), Vincent Delahaye (maire de Massy, 91), Aymeri de Montesquiou (maire et conseiller général de Marsan, 32), Muguette Dini (élue du Rhône), Daniel Dubois (conseiller général d'Ailly le haut Clocher, 80), Jean Léonce Dupont (Président du conseil général du Calvados et élu de Bayeux, 14, Vice Président du Sénat), Françoise Férat (conseillère générale de Châtillon sur Marne, 51), Sylvie Goy Chavent (maire de Cerdon, 01), Valérie Létard (adjointe au Maire, Présidente de Valenciennes Métropole), Hervé Marseille (maire de Meudon, 92), Hervé Maurey (maire de Bernay, 27, ancien président du groupe UC), Catherine Morin Desailly (élue de Seine Maritime), Jean Jacques Pignard (élu de Villefranche sur Saône, 69) et Gérard Roche (Président du conseil général de Haute Loire, 43) sont les parlementaires centristes partisans de voter Sarkozy dès le premier tour.

La seule vraie surprise, de mon point de vue, est le fait que Pozzo di Borgo soutienne Bayrou.

[Jean-Philippe]

Je ne suis pas sûr pour tous, Vudeloin, notamment pour Gérard Roche et Françoise Férat (AC), qui pourraient rallier Bayrou plus tard. En même temps, pourquoi n'ont-ils pas rallier Bayrou dès maintenant ? Donc tu auras peut-être raison.

[SALVAT]

Gérard ROCHE, il faut s'en souvenir, a été élu sénateur avec le soutien ( dont il n'avait nul besoin et qu'il n'avait pas sollicité) de Brice HORTEFEUX, alors qu'il était en compétition avec des candidats UMP dont Jean-Jacques FAUCHER maire de Brioude !
Y avait-il eu, à l'époque, une idée de captation préventive ? Ledit ROCHE avait violemment attaqué la réforme territoriale du Ministre et cosigné la pétition des présidents de conseils généraux de gauche ! Je l'avais signalé à l'époque.
Qu'il soutienne le président sortant m'étonnerait beaucoup...peu vraisemblable.
Bertrand SALVAT

[vudeloin]

Françoise Férat n'a jamais fait défaut à l'UMP dans ses votes au Sénat sur les questions clé et je dois dire que Roche ne me laisse pas, depuis septembre, l'impression d'une grande indépendance de ce point de vue.
Alors, admettons qu'ils n'aient pas encore signé l'appel des centristes et qu'ils hésitent mais soit...
ILs ne sont pas sur la liste des appelants à voter Bayrou pour l'heure

[Jean Talu]

Passage hier soir de F. Bayrou dans l'émission de France 2 des paroles et des actes.

Bayrou plus austère que jamais s'est clairement positionné comme une sorte de Mario Monti à la française en focalisant son discours sur la réduction de la dette publique. Attaques contre N. Sarkozy sur le plan des valeurs et contre Hollande qu'il accuse de ne pas aller assez loin dans l'austérité. En bon centriste il prône le non remplacement d'un fonctionnaire sur 3. Au millllieu comme disent les guignols. On notera que le 1 sur 3 est tout aussi arbitraire que le 1 sur 2 de Sarkozy.

[vudeloin]

je ne suis pas certain que la référence à Mario Monti soit forcément une bonne idée...
Un, parce que le distingué professeur d'économie lombard a, surtout, été un Commissaire européen à la Concurrence qui a beaucoup fait pour l'ouverture des marchés, sans que cela ne se traduise par un plus pour les intéressés, c'est à dire les consommateurs.
Deux, parce qu'il ne doit sa nomination qu'à la démission forcée (et largement encouragée par les instances européennes) de Silvio Berlusconi, et ne dispose donc d'aucune légitimité politique issu d'élections sollicitant le suffrage populaire.
Trois, parce qu'il porte comme une sorte de tunique de Nessus le fait d'avoir été un collaborateur de Goldman Sachs, et de participer à plusieurs cercles de réflexion internationaux (Bruegel, commission Trilatérale, Bilderberg) où la démocratie n'est pas toujours la valeur cardinale des politiques qu'on tend à y concevoir...

Quant à l'obsession bayrouiste de réduction de la dette publique, il est évident qu'elle passe par une politique différente de celle que le Modem, en tant que tel, tend à défendre et qui donne primauté à la réduction de la dépense publique et de la dépense fiscale (cela peut se comprendre dans le second cas) alors que la question est plutôt de créer les conditions de la croissance permettant, dans un premier temps, de contrecarrer l'effet "boule de neige " du déficit budgétaire primaire et, dans un second temps, de changer la nature de l'endettement.

[vudeloin]

Autrement, il semble assez évident que François Bayrou ait l'intention, s'il est élu Président, de nommer Jean Peyrelevade Premier Ministre.
Choisir ainsi l'ancien PDG du Crédit Lyonnais, c'est à dire celui qui, après le passage de Jean Yves Haberer, assura la cession des titres et créances présumés douteux inscrits au bilan de la banque au Consortium De Réalisation (CDR), qui les vendit la plupart du temps avec une moins value supportée par les deniers publics, et mit en ordre l'établissement pour sa future privatisation/absorption par le Crédit Agricole, ne me semble pas forcément correspondre au choix le plus judicieux, nonobstant les qualités personnelles de l'individu.
On rappellera que Jean Peyrelevade fut candidat aux municipales parisiennes de 2008 dans le 16e arrondissement (largement battu par la liste de gauche, celle de Claude Goasguen et même la liste de droite dissidente de David Alphand) et que sa carrière est aussi marquée par une condamnation par la justice américaine dans l'affaire Executive Life.
Il avait échappé aux pénitenciers américains en "plaidant coupable", ce mode de traitement judiciaire comprenant une transaction en espèces sonnantes et trébuchantes que Sarkozy a d'ailleurs transposé dans le droit français...

[Jean Talu]

je ne suis pas certain que la référence à Mario Monti soit forcément une bonne idée...
Un, parce que le distingué professeur d'économie lombard a, surtout, été un Commissaire européen à la Concurrence qui a beaucoup fait pour l'ouverture des marchés, sans que cela ne se traduise par un plus pour les intéressés, c'est à dire les consommateurs.
Deux, parce qu'il ne doit sa nomination qu'à la démission forcée (et largement encouragée par les instances européennes) de Silvio Berlusconi, et ne dispose donc d'aucune légitimité politique issu d'élections sollicitant le suffrage populaire.
Trois, parce qu'il porte comme une sorte de tunique de Nessus le fait d'avoir été un collaborateur de Goldman Sachs, et de participer à plusieurs cercles de réflexion internationaux (Bruegel, commission Trilatérale, Bilderberg) où la démocratie n'est pas toujours la valeur cardinale des politiques qu'on tend à y concevoir...

Quant à l'obsession bayrouiste de réduction de la dette publique, il est évident qu'elle passe par une politique différente de celle que le Modem, en tant que tel, tend à défendre et qui donne primauté à la réduction de la dépense publique et de la dépense fiscale (cela peut se comprendre dans le second cas) alors que la question est plutôt de créer les conditions de la croissance permettant, dans un premier temps, de contrecarrer l'effet "boule de neige " du déficit budgétaire primaire et, dans un second temps, de changer la nature de l'endettement.

Outre le fait que F. Bayrou ait cité l'italien en exemple hier soir, il me semble que le béarnais à l'instar de M. Monti s'inscrit dans la continuité d'une Europe libérale et j'imagine qu'il ne rechignerait pas beaucoup à étendre l'ouverture des marchés en France comme l'ont fait les gouvernements auxquels il a participé...

D'une certaine manière, les deux (Monti et Bayrou) se résignent à mettre en oeuvre une politique d'austérité radicale ignorant la souffrance des peuples et dont les résultats sont par ailleurs très discutables en termes de réduction de la dette pour les raisons que vous avez évoquées...

Enfin, la question de la légitimité politique du président Bayrou se poserait nécessairement après les législatives s'il n'obtenait pas de majorité ce qui semble tout de même le plus probable... Je vous rejoins sur le fait que l'absence de propositions en faveur de la croissance était criante hier soir.