Campagne de Jean-Luc Mélenchon

[vudeloin]

l'émission de Jean Luc Mélenchon sur TF1 (au demeurant assez mal fichue, avec son panel qui n'a pas ou peu de droit de suite) a encore affolé les usagers du réseau au petit oiseau bleu...Un succès de curiosité pour le moins.
Et un candidat apparemment en forme qui me semble, par cette propension à passer du langage accessible à chacun ou presque au maniement des concepts les plus complexes, susceptible de rencontrer un écho supérieur à ce que l'on semble pour le moment vouloir lui donner.

[amateur]

Je dois dire que je lis avec beaucoup d'intérêt les nombreux messages de Vudeloin et je tiens à le remercier très sincèrement
pour la qualité et l'érudition de ses interventions, mais aussi son humour et son sens critique. Sa présence sur ce forum est très précieuse aux néophytes que nous sommes car elle nous permet de progresser et de voir les choses différemment.

Pour revenir au sujet, j'ai trouvé que JLM a été bon, sachant être à l'écoute des télespectateurs, intervenant sur le problème de l'insécurité, sachant se montrer ferme, démontant avec finesse les grosses ficelles de celle qui l'avait précédé et sachant même faire rire.

[Jean Talu]

J'ai été à surpris lorsqu'à plusieurs reprises Mélenchon m'a semblé empiéter sur la thématique sécuritaire, appropriée généralement par la droite et l'extrême droite, notamment lorsque Mélenchon a répondu sur ce sujet au type qui était bijoutier en employant un ton particulièrement ferme envers les agresseurs. A mon sens, c'est une initiative heureuse de ne pas laisser croire que seule la droite ou l'extrême droite serait capable de traiter de cette question de la sécurité publique (même si le thème me semble largement survendu lors des élections comme d'habitude). Cela confirme sans doute (même si il l'a nié hier) que Mélenchon souhaite reconquérir une partie de l'électorat ouvrier qui s'est tournée vers Lepen. Je pense que réussir ce pari serait une bonne chose pas seulement pour le FG mais pour l'ensemble de la gauche PS inclus.
Le fait est que le tribun Mélenchon m'a semblé en forme, ses réponses étaient solidement argumentées (contrairement à son homologue d'extrême droite un peu avant).

[phénicien]

Lecteur irrégulier de ce forum depuis les cantonales de l'année dernière, le sujet concernant la campagne de l'ancien compère de Julien Dray devra souffrir de ma première intervention.
 
Petit rappel des faits :
1995 -> 13,94% (Robert Hue 8,64% + Arlette Laguiller 5,30%)
2002 -> 13,81% (Arlette Laguiller 5,72% + Olivier Besancenot 4,25% + Robert Hue 3,37% + Daniel Gluckstein 0,47%)
2007 ->  9,00% (Olivier Besancenot 4,08% + Marie-George Buffet 1,93% + Arlette Laguiller 1,33% + José Bové 1,32% + Gérard Schivardi 0,34%)
 
Pour le scrutin qui nous intéresse, les scores de LO et du NPA sont donnés à un niveau anecdotique par l'ensemble des études réalisées.
De son côté, l'ancien benjamin du Sénat pourrait figurer entre 8% et 10% (fourchette que certains estimeront optimiste mais qui tente à sa manière une certaine projection pour prendre en compte l'élan observé autour du candidat) alors que le contexte de ce scrutin propose une conjoncture hyper favorable (pour ne pas dire optimale) au Front de gauche avec (liste non exhaustive) :
- un champion comme candidat, charismatique et orateur de choix
- une union électorale réussie entre les différents mouvements
- une nouvelle force n'ayant encore jamais souffert d'un revers électoral
- une situation économique catastrophique, terreau d'une fertilité sans précédent
- une prise de conscience, diffuse et profonde, des dérives du système capitaliste...
 
A partir de là comment parler d'une progression du vote de l'extrême gauche en France alors que tout indique qu'il ne s'agit que d'une recomposition des forces en présence avec une simple agglomération autour d'une même personne.
 
L'élan autour d'une campagne, particulièrement bien relayée sur le terrain, est indéniable. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Après une profonde léthargie, il était tout de même prévisible que l'appareil militant communiste serait en ordre de marche, galvanisé comme jamais.
 
Reste à savoir comment l'homme de Tanger réussira à transformer l'essai, lui qui a toujours été brillant pour constituer des pôles, moins pour les faire subsister et qui a trop souvent souffert de rester en marge de ce qui pouvait peser. 

[Relique]

On peut dire en effet que la candidature Mélenchon dispose du maillage territorial du PC qui, en vieux parti, possède de nombreux élus locaux qui peuvent être appréciés de la population, ainsi qu'une certaine "nouveauté" (que l'on pourrait contester, ou du moins dont on pourrait débattre) du Front de Gauche dans sa forme actuelle. Il n'a jamais été vraiment hyper-médiatisé (ministre délégué, et raleur sur les plateaux télé pendant les soirées électorales, je ne sais plus si c'est lui ou Drey qui avait eu des propos virulents face à Marine Le Pen qui avait induit à une histoire de crachat (mes souvenirs sont vagues) ) et, en effet, parle plutôt bien.

[vudeloin]

Je ne suis pas certain que le message de phenicien ne nous permette pas d'ouvrir un nouveau champ de réflexion...
Si l'on s'arrête aux seules considérations électorales, il faudrait sans doute mener le même travail pour l'influence du courant disons social démocrate de la gauche française qui connût tout de même les 25,85 % de Mitterrand en 1981 (et je n'y agrège pas les votes Crépeau ou Bouchardeau ou une part du vote Lalonde) puis les 34,11 % du même Mitterrand en 1988 (plus 15,01 % de l'extrême gauche aux écologistes d'Antoine Waechter), avant de se retrouver à 23,3 % pour Jospin en 1995 (plus, sans doute, une part des 3,32 % de Dominique Voynet), puis à 16,18 % lors du premier tour de 2002 avec le destin que l'on sait...
La remontée relative de 2007, au détriment sans doute des autres forces de gauche, n'a pas permis, faut il le souligner encore, à Ségolène Royal d'excéder l'influence atteinte par François Mitterrand et ce, malgré le ralliement initial de Jean Pierre Chevènement et de Christiane Taubira.
J'observe d'ailleurs qu'un certain nombre de sondages ont tendance, dans leurs fourchettes les plus basses, à donner à la candidature Hollande l'influence atteinte par Ségolène Royal il y a cinq ans...
C'est à dire que, face à une situation économique donnée et une situation sociale donnée, il ne semble pas y avoir d'automatisme quelconque entre représentation mentale de la situation et choix politique dans l'opinion.
Y a tout de même un truc qui fait masse, comme eût écrit le parolier d'Alain Bashung, c'est cette question de l'alternative, notamment depuis que le vingtième siècle s'est, en partie, achevé, à l'automne 1989 dans les décombres du Mur de Berlin.
De fait, nous ne sommes peut être qu'au début de quelque chose, dans cette affaire...

[galipientro]

Selon moi, Melanchon à un mauvaise stratégie.

Trop agressif, trop stratégique pour enfoncé le FN et plus particulièrement Marine Lepen, ça devient lourd et plus du tout crédible.

Ca sert à quoi ? Pour moi à rien...

On sait tous que Melanchon obtiendra maxi 8%, alors la stratégie "de la gauche", c'est "défoule toi sur Le Pen "

Il n'a aucun respect pour la "part" (même si elle est minime ) que représente cette femme dans les sondages. C'est un manque de respect total envers le peuple qui soutiens ce parti.

Etre aussi agressif comme lui, ça cache forcément quelque chose.

[vudeloin]

MéLEnchon vise effectivement particulièrement Le Pen, mais mine de rien, cette dernière n'est pas la seule cible de son discours.
10 000 personnes à Rouen, cela donne tout de même une autre allure à une campagne qui se construit, de plus en plus, comme l'émergence d'une sorte de nouveau paysage politique.
Quant au fait de savoir si le FN représente ou non le peuple, comme certains le prétendent, j'ai des doutes de plus en plus vifs...

[Majastre]

On peut dire en effet que la candidature Mélenchon dispose du maillage territorial du PC qui, en vieux parti, possède de nombreux élus locaux qui peuvent être appréciés de la population, ainsi qu'une certaine "nouveauté" (que l'on pourrait contester, ou du moins dont on pourrait débattre) du Front de Gauche dans sa forme actuelle. Il n'a jamais été vraiment hyper-médiatisé (ministre délégué, et raleur sur les plateaux télé pendant les soirées électorales, je ne sais plus si c'est lui ou Drey qui avait eu des propos virulents face à Marine Le Pen qui avait induit à une histoire de crachat (mes souvenirs sont vagues) ) et, en effet, parle plutôt bien.

Que serait le maillage communiste sans la personnalité médiatique de Mélenchon ?
Mélenchon fait sa route dans les médias et non au travers d'affiches posées n'importe où ou de tracts distribués n'importe comment. Personnellement, ce type de matraquage aurait plutôt tendance à m'agacer qu'à me convaincre.
Pour vous en convaincre, je vous propose de remplacer- le temps d'une réflexion - Mélenchon par Pierre Laurent. On redescend immédiatement à 2/3% (scores habituels du PC depuis Hue et Buffet) et LO et NPA remontent mécaniquement. Précisément c'est parce que Mélenchon n'est pas PC qu'il draine large.
Cela dit, la gauche de la gauche plafonne à 10% - pas mieux que lors des scrutins de 2002 et 2007.

[Majastre]

Quant au fait de savoir si le FN représente ou non le peuple, comme certains le prétendent, j'ai des doutes de plus en plus vifs...

Tu peux avoir des doutes, Vudeloin, l'essentiel pour MLP est que son électorat n'en ait pas.
Tout est bon (dans le cochon) : dernier exemple, dérembourser l'IVG au motif qu'il faut équilibrer les comptes de la SS... et ça marche, y compris pour les pauvres qui ne réalisent même pas qu'ils auront à vendre le canapé et la salle à manger pour rembourser les obstétriciens .
Or chacun sait que les économies à faire ne se situent pas là.