Jean-Philippe a écrit:[i] Quand on voit les difficultés d'Obama pour faire passer certains textes qui nous semblent de bon sens (sécurité sociale notamment) et la relative facilité de Sarkozy à imposer le vote au parlement de mesures pour le moins discutables, je me dis qu'il y a un problème. Une fois de plus on voit que le parlement reste secondaire face à l'exécutif, malgré les dénégations d'Accoyer et de Copé (qu'on entend moins je trouve).
Il faut savoir qu''Obama est OBLIGE de composer avec les républicains sur chaque texte dans la mesure où l'opposition au Sénat peut bloquer tout processus législatif à partir de
41 sénateurs sur 100 ... ils appellent cela le "
filibuster" (sorte d'obstruction parlementaire).
Suite à son accession à la Maison blanche, il disposait d'une majorité forte de 60 sièges démocrate au Sénat (suite à la victoire définitive de l'ancien comédia Al franken dans le Minnesota, déclaré vainqueur 10 mois plus tard avec 312 voix d'avance sur les 2,9 Millions de suffrages exprimés), mais qu'il a recemment perdu avec la défaite de la démocrate Martha Coakley dans la Massachusetts pour succéder à Ted Kennedy.
Le président est alors obligé d'accepter des amendements républicais (qui déprécient forcément le fond des projets) ou de convaincre certains de voter pour tels ou tels textes. L'inverse est aussi possible dans les rangs démocrates ... on a l'exemple récent de Joe Liberman, candidat avec Al Gore en 2000 et qui a fini par soutenir le candidat républicain à la dernière présidentielle.
L'avantage de ce type de systeme est d'obliger la coproduction législative et le travail, en bonne intelligence, de la majorité et de l'opposition. Le revers demeure que dans les projets les plus progressistes, pour lequel un président peut s'estimer politiquement légitime, on assiste à une crispation des deux camps (ce fut le cas autour du texte sur la couverture santé, Obama fut même comparé à Hitler par ses opposants...) où tout est fait pour lui faire échec.
J'ajoute que du fait que le financement des partis politiques n'est pas public, des pressions fortes sont exercées localement et nationalement sur les élus afin de les faire changer d'avis ... d'où l'extrême versatilité de la classe politique américaine.