Kerxizor a écrit:[.Pour le coup, Messieurs Vudeloin et Draume auront à coeur de nous citer 1 ou 2 modèles de pays qui ont réussi à réduire le déficit, faire baisser le chômage et retrouver une croissance "durable" en appliquant leurs savantes préconisations, car je n'ai pas compris, à part remplir les caisses de l'Etat et décourager les travailleurs, quelle est la logique du projet politique...à moins que ce ne soient pas les priorités du pays ?
Les dépenses publiques s’élevant à 1 100 milliards d’euros (56% du PIB), une sérieuse cure d’amaigrissement s’impose. Mais tailler dans les dépenses publiques est toujours difficile. En effet, les Français sont drogués à la dépense publique, à l’État-providence, à l’assistanat. Et leurs gouvernements, encore plus. En 1988 un premier ministre, déclarait : « Il faut réhabiliter la dépense publique ». Il a tenu parole. Ses successeurs aussi. Ce qui explique la situation dans laquelle nous sommes. Tout ceci est évident.
Il faut évidemment veiller à réduire considérablement la pression fiscale ce qui nous permettrait d'assurer notre compétitivité économique dans un monde ouvert et d'obtenir une croissance saine et durable permettant de s’attaquer résolument au problème du chômage. Avec des entreprises redevenues compétitives, la croissance reviendrait à 3 %. C’est le taux à envisager pour commencer à réduire le chômage. ..
[EDIT Vincent le 02/03/2012 à 10:16-> Passage supprimé -> Consulter les règles du Forum]
Je dois dire, une fois encore, cher Kerxizor, que vos arguments offrent une nouvelle occasion de préciser un certain nombre de choses qui, apparemment, vous échappent...
Soyons précis : les deux premiers impôts directs en France (IRPP et IS) devraient rapporter cette année respectivement 58 et 45 milliards d'euros environ.
Sauf que l'un est réduit de plus de 40 milliards d'euros par des mesures diverses (dont les plus coûteuses, toutes choses égales par ailleurs, sont le quotient familial qui profite surtout, en termes de montant, aux ménages les plus aisés et la foultitude de bricoles qui allègent la fiscalité de l'épargne, à commencer par le régime séparé de taxation des plus values, le traitement des revenus tirés de l'assurance vie ou encore le crédit d'impôt sur les dividendes) et l'autre de 106 milliards d'euros, dont le principal consiste à alléger le régime d'imposition des groupes à vocation internationale...
L'Etat dépense en effet plus de 55 milliards d'euros par an pour alléger la contribution des plus grands groupes industriels et commerciaux de notre pays en acceptant l'intégration des résultats des filiales et la comparabilité des dividendes perçus...
On peut d'ailleurs s'interroger sur le fait que, de par l'extrême faiblesse de l'impôt sur les sociétés finalement du par les plus grandes entreprises, nos entreprises ne soient pas plus « concurrentielles » et « compétitives ».
Car, je vous le donne en mille, savez vous pourquoi tant de bénéfices tirés du travail des salariés de France et d'ailleurs, sont ainsi exemptés d'impôt ?.
Tout simplement parce qu'il faut « assurer la neutralité fiscale des choix de gestion des entreprises « !
Incroyable mais vrai, ce ne sont pas les entreprises qui doivent se conformer aux règles fiscales, c'est l'inverse et cela fait des années et des années que cela dure !
Je rappelle également, une fois encore, que le taux facial de l'impôt sur les sociétés a été ramené depuis 1985 de 50 à 33,33 %, ce qui fait d'ailleurs que les comparaisons de taux n'ont strictement rien à voir puisqu'en sus de cette baisse continue du taux, la réduction d'assiette a connu bien des avancées aussi.
Ainsi, prenons le cas du fameux crédit impôt recherche, dont le coût a particulièrement progressé sans que la croissance, soit dit en passant, n'en ait vraiment ressenti l'impact...
Eh bien, soyons clairs, la dépense fiscale a triplé mais les dépenses de recherche sont restées au même niveau !
Et j'ai bien l'impression que la situation de nos Universités n'est pas plus florissante aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a cinq ans, et que leur autonomie, puisque c'est ainsi qu'on l'appelle, est largement dépendante d'un effort de recherche que le secteur privé semble tout de même avoir beaucoup de peine à développer...
Ce qui me fait d'ailleurs penser à autre chose.
On nous rebat les oreilles, depuis un bon bout de temps, pour nous expliquer que la « matière grise » sera la base de la future économie et que c'est grâce à cette « matière grise » que nous pourrons continuer à jouer notre rôle dans l'économie mondiale.
En voilà une idée qu'elle est bonne, dirait l'autre !
Mais je me trompe où l'on est aussi dans un pays où seulement un diplômé de troisième cycle sur quatre ou cinq trouve dans l'année suivant sa sortie de l'Université, un emploi correspondant à sa qualification ?
Parce que je n'accepte plus depuis longtemps le discours convenu sur les « jeunes « pas assez formés.
Ils le sont chaque année un peu plus et ils ont, chaque année, toujours plus de peine à trouver du travail.
C'est à dire que, pour le coup, la dépense publique est utile mais que ce sont les entreprises qui sont trop timorées dans sa « transformation », c'est à dire l'insertion sociale et professionnelle des jeunes diplômés...
J'aime beaucoup, je dois dire, les discours sur la France des assistés.
Outre que le terme « assistés » me semble d'abord caractériser une forme de mépris vis à vis d'une bonne partie de la population de ce pays, je dois dire qu'il est temps qu'on se rende compte que les assistés ne sont pas toujours ceux que l'on croit.
Car enfin, si vous m'avez bien lu, ce ne sont pas les allocataires de l'allocation adulte handicapé, des allocations logement ou du RSA qui sont les plus gros consommateurs de ressources publiques, ce sont bel et bien les entreprises, qui bénéficient pratiquement d'un crédit d'impôt par type de dépenses, et qui sont les plus importants « assistés ».
Cela fait plus de trente ans que, structurellement, les entreprises voient leur contribution fiscale diminuer (qu'il s'agisse de l'impôt sur les sociétés, de leur contribution locale au travers de ce qui reste de la taxe professionnelle, et j'en passe) sans oublier les allégements de cotisations sociales, largement centrés sur les salaires les plus faibles.
Je dois dire qu'assez étrangement, j'ai toujours constaté une étrange corrélation entre la progression des dépenses de l'Etat liées aux exonérations de cotisations (passées d'un à quarante milliards d'euros en vingt ans) et celle de la persistance des déficits sociaux...
Savez vous pourquoi, Kerxizor ?
Tout simplement parce que les exonérations ouvrent en grand la trappe à bas salaires et que cette trappe engloutit un nombre toujours plus important de salariés, quelque soit leur qualification !
Exemple : quand j'ai commencé à travailler, je gagnais (dans le secteur public) l'équivalent de 175 % du SMIC.
Aujourd'hui, à classification équivalente, tout nouvel embauché se situe à 110 % du SMIC...
Qu'on ne vienne donc pas me parler du « coût du travail « , notion au demeurant discutable, parce que, de manière tout à fait structurelle, cela fait un sacré bout de temps que l'on abaisse la part des salaires dans la valeur ajoutée et, donc, la rémunération des salariés correspondante, et que les gains de productivité sont largement captés ailleurs.
Alors, bien sûr, on peut se demander comment se fait il que nos entreprises ne sont pas plus « compétitives ».
A cause des impôts ?
Foutaises !
Je dirai en fait que cela n'est du qu'à une chose : c'est que nos plus grands groupes, à quelques exceptions (EDF) ont un actionnariat essentiellement ou totalement privé, et que la primauté s'est depuis lors toujours affirmée pour la rémunération du capital.
Les choix stratégiques de développement ? Les impératifs de la présence de notre pays au plan industriel ?
Quand on voit ce qu'il reste de Pechiney, vingt cinq ans après sa privatisation...
Quand on se rappelle que, bien que Total soit l'un des premiers groupes pétroliers du monde (et le record absolu des profits en France, bénéficiant de la plus grosse capitalisation du CAC 40), nous en sommes à 50 % de produits pétroliers raffinés importés, on se rend bien compte que cela n'a rien à voir avec la fiscalité, mais beaucoup plus avec une gestion à court terme...
Je dois dire, en conclusion, que j'ai toujours été surpris que ceux là mêmes qui ne manquent jamais une occasion de flétrir la dépense publique et de cultiver leur esprit critique sur la moindre décision prise par une autorité élue, manquent de la plus élémentaire capacité critique dès lors qu'il s'agit de nos entreprises.
Un peu comme si tout ce qui découlait d'une décision patronale ou managériale était forcément juste.
Je n'aurai pas la mauvaise grâce de rappeler le nombre de fois ou de situations où de telles décisions ont conduit aux pires extrémités.