de ubil » Mer 22 Fév 2012 19:20
En effet, économiquement, la TVA sociale, it's bullshit, au-delà même de la casse sociale.
Pour ce qui est de l'augmentation de la TVA:
-ce qui est dit trop peu, elle pénalisera nos exportations. En effet, les entreprises produisant en France et qui exporteront payeront malgré tout l'augmentation de TVA sur l'achat de produits bruts, matières premières, et plus globalement sur tous les achats correspondant à de la consommation intermédiaire, ainsi qu'à ceux correspondant à la FBCF (en gros, investissements productifs). Ce surcoût amènera fatalement une augmentation des coûts des produits finis. Or, sur les marchés étrangers, il est clair que les entreprises produisant à l'étranger s'en foutront bien, elles, des nouvelles contraintes, et auront plus de facilité à écharper nos produits.
-du point de vue de la consommation intérieure, du fait de l'augmentation généralisée du coût des produits, qu'ils soient français ou étrangers, on consommera moins, donc les entreprises vendront moins, c'est une évidence telle que je pense que ce n'est même pas la peine d'argumenter là -dessus.
Donc l'augmentation de la TVA n'EST PAS NEUTRE pour les entreprises
Mais maintenant, nous objectera-t-on, il y a la baisse des charges, qui devrait de l'autre côté rendre les choses plus faciles pour les entreprises. Mais c'est justement là que tout se corse. Une chose est sûre: si les entreprises convertissent l'argent gagné par la baisse des charges 100% sur une baisse des prix:
-alors sur les marchés étrangers (donc exportation) l'effet sera nul ou minime, puisqu'on peut considérer à une approximation près (les calculs sont peu évidents), que l'un va compenser l'autre
-sur le marché français, et c'est dans ce cas particulier uniquement que fonctionne l'argumentaire de l'UMP, il y aura un (petit) effet différentiel, du fait que les produits étrangers payeront la TVA en plus, alors que les français ne la payeront de fait pas, puisque la hausse sera compensée par une baisse.
Mais ce que beaucoup ont souligné, c'est que si les entreprises choisissent d'augmenter leurs marges, on va à la catastrophe, les effets positifs n'ayant pas lieu, alors que les négatifs si. Mais allons plus loin: en réalité, si les entreprises font N'IMPORTE QUOI PLUTOT QUE DE BAISSER LEURS PRIX, alors on court dans le mur. En effet, supposons que les entreprises choisissent d'investir le pactole de la baisse des charges, par exemple dans la création d'emplois ou la FBCF, pour augmenter leur production: du fait de la baisse parallèle de la consommation, la demande ne suivrait en rien la baisse de l'offre, de telle sorte que la situation deviendrait critique pour de nombreux secteurs. Dans le meilleur des cas (baisse des prix), la hausse de la production des produits français ne doit faire qu'accompagner, à long terme, la hausse de la demande.
C'est donc un pari extrêmement risqué que fait le gouvernement: pas simplement en choix moraux (les entreprises bonnes (investissement)/méchantes (marges)), mais plus globalement parce que le chemin pour arriver à que cette mesure soit rentable est extrêmement étroit et sinueux. Or faisons un peu de psychologie économique: dans une période économique difficile, il est clair que les entreprises prendront comme première option l'augmentation des marges pour éviter la faillite, ou l'augmentation de la production, parce qu'elles ont dû la replier tantôt et mettre par exemple une partie de leurs ouvriers en chômage partiel, situation génératrice de conflit. La baisse des prix au contraire, totalement logique à grande échelle, peut paraître un choix suicidaire à petite échelle, et correspond à un choix éclairé, et qui sera malheureusement, et je le regrette, peu suivi dans ce pays.
Donc oui, la TVA sociale, non.