Les législatives dans le Val-d'Oise

[Jean-Philippe]

En 2007, la position de Houillon était renforcée par son rôle de rapporteur dans la commission d'enquête parlementaire sur Outreau en 2006. Cet avantage médiatique s'est largement estompé en 2012 et le contexte national est beaucoup plus défavorable pour l'UMP.
Cependant, comme en 2007, le PS envoie pour l'affronter des femmes assez peu connues (la maire d'une petite commune en 2007 et la suppléante du candidat PS aux dernières cantonales sur Pontoise en 2012). La victoire de cette dernière serait très surprenante et devrait beaucoup à une vague rose d'ampleur (avec à une abstention massive des électeurs de droite complétée de mauvais reports frontistes). Si Houillon est battu, il ne resterait pas plus de 200 députés de droite. Mais avec Sarkozy, tout devient possible. ;)

[vudeloin]

A 60/40 pour Hollande, je crains que le siège de Pontoise ne fasse partie des pertes de la droite lors des législatives...
Mais bon, on verra bien, n'est ce pas ?

[Zimmer]

2ème circ. :
Cantons de : Cergy-Sud, L'Isle-Adam, Saint-Ouen-L'Aumône, Viarmes, commune de Neuville-sur-Oise.

La nouvelle configuration de cette circonscription (perte des cantons de Cergy-Nord et L’Hautil (sauf la commune de Neuville-sur-Oise) et ajout du canton de Viarmes) devrait renforcer les chances de réélection du maire de L’Isle-Adam et député sortant Axel Poniatowski (UMP), qui avait conquis celle-ci sur le PS en 2002.

En 2007, son challenger socialiste était le maire de Cergy et premier secrétaire de la fédération départementale du PS, Dominique Lefebvre. Si celui-ci est à nouveau candidat en 2012, il pourrait aussi l’être dans la nouvelle 10ème circonscription, qui comprend une partie de sa ville et qui paraît davantage gagnable pour la gauche. L’ancienne députée PS et ancienne secrétaire d’Etat du gouvernement Jospin, Dominique Gillot, fait, quant à elle, toujours partie des personnalités politiques qui comptent, dans cette 2ème circonscription, où elle exerce les mandats de conseillère générale (depuis 1979) du canton de Cergy-Sud et de maire d’Eragny (depuis 2001).

Tandis que l'UMP a de nouveau investi Axel Poniatowski dans cette 2ème circonscription, Guillaume Vuilletet (EELV) formera un tandem avec la conseillère municipale (PS) d'Eragny, Estelle Meunier, qui sera sa suppléante, dans le cadre de l'accord national conclu entre ces deux partis.

Conseiller régional depuis 2004 (réélu en 2010), Guillaume Vuilletet avait quitté le MRC pour EELV à la fin de l'année 2010. Il sera concurrencé, du côté de son ancien parti, par le maire de Méry-sur-Oise, Jean-Pierre Pernot, dont il est également toujours le deuxième adjoint. Jean-Pierre Pernot avait déjà été, de son côté, député de 1999 à 2002, en qualité de suppléant de Dominique Gillot lorsque celle-ci était membre du gouvernement Jospin.

Parmi les autres candidats actuellement connus dans cette circonscription, on peut mentionner l'adjointe (divers gauche) au maire de Saint-Ouen-l'Aumône, Isabelle Duchet, pour le Front de Gauche.

http://www.leparisien.fr/espace-premium/val-d-oise-95/le-seul-candidat-ecologiste-soutenu-par-le-ps-07-02-2012-1849230.php

http://www.leparisien.fr/espace-premium/val-d-oise-95/duel-fratricide-a-mery-sur-oise-07-02-2012-1849229.php

[vudeloin]

Bon, un petit coup d'oeil plus précis encore sur cette deuxième circonscription du Val d'Oise, qui réunit des éléments aussi complexes que certaines cités de Cergy ou d'Eragny et les immeubles bourgeois tranquilles de l'Isle Adam...

Prenons les élections législatives 2007, avec la victoire d'Axel Poniatowski au second tour.

Au second tour, donc, le fils de l'ancien Ministre de l'Intérieur de Giscard d'Estaing, grand découpeur électoral devant l'Eternel et frère d'un Sénateur de l'Eure est élu.

Le nombre des voix ?

33 270 suffrages pour Poniatowski, 29 408 pour Dominique Lefebvre, maire de Cergy et candidat PS.

Dans le détail ?

Eragny vote Poniatowski (2 936 voix contre 2 591), Saint Ouen l'Aumone vote Lefebvre (3 108 voix contre 2 966), Méry vote Ponia (1 688 voix contre 1 390), ce qui, pour ce qui est de la partie de l'agglomération de Cergy Pontoise resté sur le siège donne 7 590 voix Poniatowski et 7 089 voix Lefebvre.

Mais n'oublions pas Neuville sur Oise, ce charmant village au bord de l'eau qui abrite la base de loisirs de la Ville Nouvelle.

Avec son vote, cela donne 8 045 voix Poniatowski et 7 320 voix Lefebvre.

Imaginons maintenant que l'affaire s'est équilibrée avec Cergy, qui votait en totalité sur le siège en 2007 et ne votera qu'en partie cette année dessus.

En 2007, le maire PS obtint 8 152 voix contre 6 490 voix pour le candidat UMP.

Je passe évidemment sur la situation des autres parties de la ville nouvelle qui votaient dans la deuxième circonscription, notamment Pontoise et les communes de l'Hautil.

Prenons maintenant le délicieux canton de l'Isle Adam, lové entre l'Oise et la Forêt du même nom..

Mériel : Ponia 1 135 Lefebvre 677
Parmain : Ponia 1 384 Lefebvre 755
Presles : Ponia 956 Lefebvre 668
L'Isle Adam : Ponia 3 601 Lefebvre 1 310
Villiers Adam : Ponia 240 Lefebvre 131
Nerville la Forêt : Ponia 189 Lefebvre 108

Au total, Poniatowski fait un carton sur place avec 7 505 voix contre 3 649 pour Lefebvre.

Alors, il faut aller chercher le canton de Viarmes qui ne votait pas sur le même siège en 2007.

Résultats ?

Asnières sur Oise : Chartier 639 Arnal 393
Baillet en France : Chartier 505 Arnal 309
Belloy en France : Chartier 406 Arnal 241
Maffliers : Chartier 352 Arnal 214
Montsoult : Chartier 811 Arnal 708
Noisy sur Oise : Chartier 174 Arnal 94
Saint Martin du Tertre : Chartier 446 Arnal 431
Seugy : Chartier 265 Arnal 193
Viarmes : Chartier 1 162 Arnal 820
Villaines sous Bois : Chartier 179 Arnal 113

Total : Chartier 4 939 Arnal 3 516

Bref, en 2007, entre l'Isle Adam et Viarmes, la droite pouvait compter sur 12 444 voix et la gauche sur 7 165.

Prenons maintenant les régionales 2010, que nous verrons comme le signe d'une évolution globale de l'électorat.

Eragny ? Huchon 2 776 voix, Pécresse 1 819 voix
Saint Ouen l'Aumône ? Huchon 3 254 voix, Pécresse 1 681 voix
Méry sur Oise ? Huchon 1 498 voix, Pécresse 1 005 voix
Neuville sur Oise ? Huchon 273 voix, Pécresse 326 voix (quand même...)

Total sur secteur Ville Nouvelle : Huchon 7 801 voix, Pécresse 4 831 voix, soit juste 2 970 voix d'écart au lieu de 725 voix d'avance pour la droite en 2007, soit un « swing » de près de 3 700 suffrages...

Pour Cergy, le résultat est de 7 695 voix Huchon contre 3 554 voix Pécresse, soit un écart de plus de 4 100 voix, au lieu de 1 660 environ en 2007.

Canton de L'Isle Adam, maintenant.

L'Isle Adam : Pécresse 2 510 voix, Huchon 1 524 voix
Mériel : Huchon 814 voix, Pécresse 695 voix
Nerville la Forêt : Pécresse 115 voix, Huchon 113 voix
Parmain : Pécresse 887 voix, Huchon 876 voix
Presles : Pécresse 741 voix, Huchon 706 voix
Villiers Adam : Pécresse 198 voix, Huchon 148 voix

Total : Pécresse 5 146 voix, Huchon 4 181 voix, soit un écart légèrement inférieur à 1 000 voix, bien loin du rapport de forces de 2007.

Passons au canton de Viarmes.

Asnières sur Oise : Pécresse 451 voix, Huchon 409 voix
Baillet en France : Pécresse 343 voix, Huchon 338 voix
Belloy en France : Pécresse 276 voix, Huchon 246 voix
Maffliers : Huchon 222 voix, Pécresse 217 voix
Montsoult : Huchon 665 voix, Pécresse 548 voix
Noisy sur Oise : Pécresse 133 voix, Huchon 112 voix
Saint Martin du Tertre : Huchon 455 voix, Pécresse 261 voix
Seugy : Huchon 190 voix, Pécresse 154 voix
Viarmes : Huchon 859 voix, Pécresse 783 voix
Villaines sous Bois : Pécresse 119 voix, Huchon 113 voix

Total : Huchon 3 609 voix, Pécresse 3 283 voix.

Ce qui veut dire que le canton passe d'une avance de plus de 1 400 voix pour la droite à une avance d'un peu plus de 300 voix pour la gauche, soit un « swing » de 1 700 suffrages au moins.

Dans l'absolu, la réélection d'Axel Poniatowski ne peut évidemment être rejetée a priori mais elle dépendra beaucoup d'un contexte qui ne sera pas nécessairement aussi porteur que cela pour l'UMP en juin prochain.

Après, je vais vous donner une partie de mon sentiment sur ce siège.

Hormis le secteur de la Ville Nouvelle, l'essentiel des communes de la circonscription, à l'exception quasi historique de Saint Martin du Tertre (une mairie que les résistants communistes de Seine et Oise ont du prendre, les armes à la main, fin août 1944, et n'ont pas lâché depuis...) se trouve géré par des équipes de droite, UMP affichés ou non (le maire de Mériel a quelque peine, de ce point de vue, à reconnaître qu'il est dans la main de Poniatowski).

Pour autant, les électeurs y ont des comportements souvent ambivalents et, pour tout dire, assez variables d'une élection l'autre.

C'est à dire qu'ils sont plutôt sensibles aux tendances de fond qui traversent l'électorat en France, tout simplement parce que les noyaux villageois d'origine, nonobstant les aspects sociologiques (nous y reviendrons), ont été très largement explosés par le phénomène dit de rurbanisation qui a transformé la population locale en banlieusards plus ou moins éloignés, concernés, si l'on peut dire, par les mouvements quotidiens liés aux transports publics...

Exemple : Belloy en France comptait juste 1 065 habitants en 1968 et 1 710 en 1975.
Signe des temps : après des mandats de maire assumés par des agriculteurs, le village choisit en 1995 un médecin comme premier magistrat, un médecin de sensibilité centriste qui fait d'ailleurs équipe avec des élus de gauche comme de droite dans son conseil municipal.

Montsoult est, en 1968, un gros bourg d'environ 1 800 habitants, connu pour être un terminus partiel de lignes ferroviaires du réseau Nord (un embranchement part de Montsoult pour desservir Luzarches) ; la commune frise les 2 500 habitants en 1975 et dépasse les 3 000 dans les années 80.

Villaines sous Bois compte environ 200 habitants au tournant des années 70.
La réalisation de lotissements pavillonnaires a porté sa population à plus de 650 habitants aujourd'hui.

Sur l'ensemble du canton de Viarmes, la population est passée de 10 141 habitants en 1968 à 18 432 en 1990, pour « mûrir » si l'on peut dire, à hauteur de 21 000 habitants environ ces dernières années.

Avec plus de 2 100 cadres et plus de 3 500 membres des professions dites intermédiaires, le canton est marqué par une caractéristique « classes moyennes «  très nette.

12,5 % des actifs du canton travaillent dans leur commune, et 45 % dans le Val d'Oise, tandis que près de 38 % sont actifs dans un autre département de la région Ile de France.

Le niveau de revenu n'y est pas négligeable, avec une moyenne proche de 31 000 euros.

Le canton de l'Isle Adam n'a pas connu la même progression, avec une population d'un peu plus de 15 000 résidents en 1968, pour environ 22 000 en 1982 et aujourd'hui moins de 27 000.

Sur environ 12 000 actifs, le canton compte près de 2 900 cadres en activité et plus de 3 800 membres des professions intermédiaires.

Et si nous avons près de 16 % d'actifs dans leur commune de résidence (il y a tout de même plus de 1 400 non salariés dans la population cantonale), nous avons aussi 47 % de personnes travaillant dans le Val d'Oise et plus de 32 % (près de 4 000 actifs au total) travaillant dans un autre département de la Région Ile de France.

Et l'on n'est pas trop pauvre avec une moyenne de près de 33 800 euros par foyer fiscal...

Pour le canton de Saint Ouen l'Aumône, on ne se situe pas tout à fait dans la même configuration, avec près de 4 900 employés et environ 4 500 membres des professions intermédiaires.

La progression de la population active, entre 1999 et 2008 (environ trois mille actifs de plus), affecte les personnes travaillant dans le département du Val d'Oise (un millier de plus) et dans un autre département de la Région Ile de France (mille deux cents de plus).

Le niveau des revenus est cependant nettement moins élevé que sur le canton de l'Isle Adam, avec un peu plus de 23 000 euros par foyer fiscal.

Et Cergy, c'est 21 400 euros...

Vous croyez que les choses sont liées ?

[Draume]

Cher Vudeloin,
Par rapport à la ville nouvelle, une considération socio-économico-politico (est ce français ?)
Lors de leur mise en oeuvre dans les années 70, sous l'autorité De Gaulle-Pompidou-et surtout Delouvrier, le pouvoir développait ces secteurs. Il était même prévu plus de 300.000 habitants. En se disant, vu les constructions (pavillons et accession à la propriété financée pour les acheteurs sur 30 ans), ce seront des votants gaulliste-droite-centriste-modérée...
Loupé, ces villes et obligatoires syndicats intercommunaux sont TOUS devenus à un moment donné socialistes... et bien souvent le sont restés 30 ans après, même si ce n'est plus la même population.
On a vu surgir des élus à champ national : Alain RICHARD, Manuel VALLS, Dominique GILLOT...
Pire Pontoise a une fois élu un maire PS !

Comme quoi, la sociologie économique (les célèbres CSP) n'ont pas des traductions mécaniques électoralement parlant

[vudeloin]

Même si Manuel Valls a commencé sa carrière d'élu à Argenteuil qui, au terme des années 90, était tout sauf une ville nouvelle (il n'est devenu maire d'Evry que par la grâce de Jacques Guyard, avant d'être adoubé par le suffrage universel), le fait est que le concept de Ville Nouvelle a, de manière générale, échoué à reproduire un schéma de société post industrielle qui semblait lui avoir été assigné.
C'est qu'entre les années 60 où l'on lance le mouvement et aujourd'hui, pas mal d'eau a coulé sous les ponts de l'Oise, de la Marne, de la Seine et j'en passe.
De fait, la population résidente n'est pas nécessairement plus riche (c'est même souvent le contraire) que celle des autres communes et villages alentours.
Je l'ai indiqué : le canton de l'Isle Adam est à 33 000 euros de revenu fiscal moyen, Cergy est à 21 400 euros, ce qui est une différence considérable sur un espace réduit.
Ensuite, les populations sont plus jeunes, plus diverses sans doute aussi quant aux origines et ceci explique en partie cela.
Et les schémas de représentation politique ne sont pas les mêmes.
Qu'on le veuille ou non, les villes nouvelles ont bousculé des sociétés encore largement rurales (au plus marquées par des activités commerciales d'intérêt local et des activités industrielles situées dans l'orbite de l'activité agricole) où les relations sociales propres aux questions agraires, agricoles et assimilées imprégnaient les rapports de forces et les choix politiques.
Que reste t il du Cergy d'Hubert Renaud, village de 2 600 âmes, dans celui de Dominique Lefebvre, ville de 60 000 habitants ?

[Draume]

Vudeloin, je partage complètement ce point de vue.
Mais pour l'avoir vécu , l'idée de secteur nouveau (voir aussi Villeneuve d'Ascq et l'Isle d'Abeau) devait conduire à des "fiefs" politiques conservés à droite pour faire court. Ils se sont plantés.
C'était la thèse de C Gourmelen , travaillant à la CDC et Maire d'Osny.
Quant à Hubert Renaud, il y aurait beaucoup à dire, et pas qu'en mal, loin de là.

[SALVAT]

j'avais fait la même observation "in situ" pour Villeneuve d'Ascq à cette différence, vudeloin, que le revenus moyen des habitants de la ville nouvelle était bien supérieur à celui des agriculteurs des trois communes rurales antérieures. Même remarque, toutes proportions gardées, pour Yzeure en banlieue de Moulins.
Ces villes ont émergé au lendemain des années 60 et des "évènements de 68", comme on dit, qui étaient le révélateur d'un profond changement de mentalité de la société.
Les votes ne seront désormais plus calqués selon le niveau des revenus...sur les traditions religieuses remises en cause et sur une conception de la famille telle qu'elle existait. Sur place, les nouveaux venus ne sont plus conduits par un cadre existant puisque le cadre se onstruit avec eux : le sénateur DESMARETS, CNIP, (ou Maridet à Yzeure) à l'origine du projet, a été dépassé par le souffle du changement qui bousculait son univers...et le PS se substitua à lui.
Il faut bien noter également qu'à la même époque, le tout nouveau PS avait abandonné sa référence ouvrière et internationaliste (PS au lieu de SFIO) et s'adressait par la voix de son nouveau secrétaire général, issu de la droite et même davantage ... récemment converti au moins dans le discours...., aux "classes montantes" de la société...cadres, ingénieurs, intellectuels branchés etc.... et commençait à s'éloigner du concept de la laïcité ....ce qui lui permettait d'ouvrir larges les portes aux électeurs les plus divers.
L'aspect électoraliste souligné n'était pas le premier but recherché à propos des villes nouvelles : du moins, à l'époque, il n'était pas perceptible : il y avait des besoins énormes de logement et, à la faveur de cette opportunité, des "modèles" ont été lancés..."la ville à la campagne","des villes sans circulation automobile apparente" ou antérieurement des blocs de construction intégrant école, services, aires de jeux...lieux de promenade, type Le Corbusier à Firminy (avec même conséquence électorale néfaste pour le maire ayant lancé le projet : Eugène Claudius-Petit).
Draume diffusait son dernier message durant ma rédaction : nous divergeons sur le présupposé électoraliste. Sauf exception, les élus locaux quand on les connaît un peu ne correspondaient pas du tout à ce profil . C'est pourquoi ils ont été totalement dépassés
Bertrand SALVAT

[Draume]

Ne pas confondre la volonté centraliste (pour ne pas dire gaullo-bonapartiste) du Groupe Central des Villes Nouvelles (relayé par les EPA territoriaux ) avec les élus locaux disons modérés héritiers de la France de la 3° République

[vudeloin]

D'autant qu'il y a ville nouvelle et ville nouvelle.
Le fait est, comme le rappelle judicieusement SALVAT, que toutes les villes de France ont été, au détour des années 60, confrontées à la question de leur développement urbain.
Il n'est pas innocent que la plus importante quantité de 'Villes Nouvelles" ait été constituée en Région Ile de France, sur le principe plus ou moins établi d'une sorte de couronne d'agglomérations relativement excentrées de Paris (on peut tracer une ligne entre Cergy Pontoise, Marne la Vallée, Melun Sénart, Evry et Saint Quentin en Yvelines qui fait comme une boucle autour de Paris et de la banlieue plus anciennement urbanisée, une ligne qui, d'une certaine manière, existe d'ailleurs avec la fameuse A 104, la Francilienne), parce que c'est évidemment en Région Ile de France que les tensions urbaines et foncières sont les plus fortes du pays.
Et cela ne date pas d'hier, puisque c'est ainsi qu'il faut lire l'annexion de 1860 : comment offrir à la bourgeoisie montante de nouveaux espaces urbanisables ouverts à la spéculation et au rendement de l'investissement immobilier en repoussant plus loin du centre historique de la capitale les fonctions productives (les usines...) et les équipements nécessaires mais qui gênent dans le paysage (hospices, cimetières et j'en passe) ?
Toujours est il qu'à raison de leurs disponibilités foncières, de leur peuplement progressif, parfois porté par le développement économique des Trente Glorieuses, parfois par l'immigration ou l'arrivée en France métropolitaine des rapatriés d'Afrique du Nord (du Maroc à Alexandrie), toutes les grandes villes et agglomérations ont du tenter de répondre.
Paris, enserré dans son territoire jalousement préservé, s'est déchargé de tout cela dans sa propre banlieue, en profitant pour réduire sa population par exclusion progressive des plus modestes (manque de chance, ils sont revenus !). Ailleurs, on a fait autrement.
Mais que Ascq, Annappes et Flers les Lille deviennent une ville nouvelle était aussi une forme de nécessité pour une agglo' lilloise qui commençait à se sentir à l'étroit dans ses limites antérieures...
Toulouse ou Marseille avaient de l'espace à revendre : elles ont commencé par s'urbaniser un peu plus.
Lyon et Bordeaux nettement moins, du coup nous avons eu droit à l'étalement de leurs banlieues et, dans le cas de Lyon, à l'annexion pure et simple d'une partie de l'Isère...
Pour le Val d'Oise, objet de ce fil de discussion, j'observe (je l'ai déjà fait observer mais j'observe de nouveau) que si Cergy Pontoise a connu un essor significatif depuis quarante ans, l'urbanisation et la croissance démographiques ont aussi été le fait d'autres villes et d'autres secteurs du département (voir le secteur Est notamment, avant même la réalisation de Roissy).