de vudeloin » Sam 4 Fév 2012 20:51
3 628 voix contre 9 085, voici ce que donne, dans la partie du 19e arrondissement concernée par la 17e circonscription, le rapport droite /gauche.
La position de la gauche est donc assez forte, au départ, et se caractérise notamment par des scores élevés à peu de distance de la rotonde Stalingrad, avec notamment plus de 76 % dans le bureau 57, 41 rue de Tanger et plus de 86 % dans le bureau du 15 rue de Tanger
Et près de 75 % sur les bureaux 60 et 61, desservant les rues entre la Place du Colonel Fabien et le métro Jaurès.
Passons maintenant de l'autre côté du pont de la rue Riquet, et nous revoici dans le 18e arrondissement.
Le découpage parisien, version Marleix, de cet arrondissement de 200 000 habitants environ (c'est l'un des arrondissements les plus populeux de Paris, vu l'importance des emprises ferroviaires) est assez particulier.
Nous avons tout d'abord le quartier des Grandes Carrières, le plus à l'Ouest , qui a été placé, pour sa partie Nord, dans la 3e circonscription, dont nous avons déjà parlé, à l'exception d'un secteur situé entre le Boulevard Ney et le périphérique, l'avenue de la Porte de Montmartre et celle de la Porte de Clignancourt.
Concrètement, ce sont les bureaux 46 et 47, découlant du quartier des Grandes Carrières, qui ont été ainsi distingués du périmètre de la 3e circonscription.
Ensuite, nous avons Clignancourt (bureaux 1 à 22 dans la numérotation Butte Montmartre), qui est compris dans le périmètre de la 18e circonscription, avec Grandes Carrières Sud plus le secteur évoque ci dessus, de la rue René Binet et de la Port Montmartre.
Et nous avons les deux quartiers Goutte d'Or et La Chapelle, qui sont donc unis avec la Villette et les deux bureaux de la place du Colonel Fabien issus du quartier du Combat sur le territoire de la 17e circonscription.
Quelques mots, quand même, sur l'arrondissement, dominé par l'horrible meringue saint sulpicienne que constitue le Sacré Coeur, construit pour expier les « crimes des Parisiens » lors des évènements de la Commune du printemps 1871 et dont le rattachement à Paris, par annexion du village de Montmartre et de celui de La Chapelle, a provoqué l'urbanisation et l'industrialisation.
Montmartre, avant l'annexion, en tout cas dans la partie 18e, n'était qu'un village de vignerons, produisant du vin de piètre qualité écoulé dans les nombreux cabarets qui s'étaient implantés sur les coteaux, nonobstant le fait que le sous sol de la Butte a été largement exploité (d'où le nom des Grandes Carrières pour désigner l'un de ses quartiers) au point de faire de l'arrondissement un véritable gruyère, soumis à des risques quasi sismiques comme le montra, il y a plus de cent ans, l'effondrement de la rue Tourlaque dans le sol de la Butte.
Village dédié aux artistes et aux poètes, Montmartre est aussi un village dédié aux jolies filles, si l'on peut dire, certaines ayant laissé leur nom à quelques rues du quartier comme la rue Berthe ou la rue Gabrielle, du prénom de quelques dames de compagnie des lotisseurs du secteur...
La rue Antoinette, pour sa part, est devenue la rue Yvonne Le Tac, du nom de la mère d'un ancien député de Clignancourt qui fut résistante.
Nombre de rues de l'arrondissement, largement urbanisé à partir de 1870, portent le nom de généraux de la Révolution et de l'Empire : Championnet, Damrémont, Custine, Belliard, Ordener, Duhesme, Caulaincourt, Letort, Lepic ou encore Pajol, ce qui, de fait, manifeste, en réalité, un certain attachement aux valeurs de la République, la plupart de ces officiers ayant commencé leur carrière sous la Révolution.
Sur le plan géographique, les deux quartiers de La Chapelle et de la Goutte d'Or sont situés à l'Est de l'arrondissement, avec la particularité d'être largement occupés par les emprises ferroviaires.
Pour La Chapelle, c'est la partie Sud du quartier, entre rue Pajol et rue d'Aubervilliers, pour la Goutte d'Or, c'est la partie Nord, au delà de la rue Ordener, pour laisser s'épandre les voies du réseau Paris Nord vers la Plaine Saint Denis.
Electoralement, les quartiers de la Chapelle et de la Goutte d'Or sont plutôt orientés à gauche, voire très nettement et groupent des populations modestes, notamment du côté du boulevard Barbès, mais aussi des ensembles de logements sociaux situés près de la porte de la Chapelle ou dans le quartier Charles Hermite, porte d'Aubervilliers.
La Goutte d'Or, ce sont les bureaux 48 à 54 dans la numérotation 18e et La Chapelle, les bureaux 55 à 60.
En 2010, la liste UMP avait obtenu un peu plus de 11 % au premier tour sur la Goutte d'Or et un peu plus de 14 % sur La Chapelle.
Le second tour n'avait guère été meilleur.
Sur la Goutte d'Or, la liste Pécresse avait obtenu 1 042 voix, la liste Huchon 4 056 voix, soit 79,6 % à gauche.
Sur le quartier de La Chapelle, la liste Pécresse avait réalisé 1 080 voix et la liste Huchon, 3 428 voix, soit 76 % à gauche.
Notons quelques scores : plus de 80 % à gauche dans les bureaux 51 et 52, quartier de la Goutte d'Or, desservant les rues près du métro Marcadet Poissonniers et de l'Eglise Saint Bernard...
Pour la 16e circonscription, avec ce que nous avons de mémoire sur le 19e arrondissement, nous avons donc un total de
Gauche 16 569 voix
Droite 5 750 voix, soit un rapport 74/26 environ, sans doute possible sur l'issue, malgré la faible participation des régionales...
Dans la 18e circonscription, nous avons les bureaux du quartier Clignancourt
Ces bureaux ont donné 12 047 voix à la gauche, contre 4 428 voix à droite, soit un bon 73,1 % à gauche.
Avec 81 % dans le bureau 14, en plein coeur du Barbès populaire, ou dans le bureau 17, dans le même secteur, desservant la rue Myrha, les rues Feutrier ou Del Sarte, outre le boulevard Barbès...
A noter tout de même le vote du bureau 22, situé dans la mairie d'arrondissement et qui dessert les rues situées dans le plus haut de la Butte, sur la face Ouest du Sacré Coeur, notamment la bien connue rue Saint Vincent, ou la rue des Saules, ou les rues Saint Rustique et Saint Eleuthère, les deux autres martyrs (d'où Montmartre) accompagnant le célèbre Saint Denis, celui qui descendit de la Butte pour aller s'étendre, sa tête dans les mains, dans la Plaine Saint Denis...
Ce sont là des rues emplies de maisons de ville et de pavillons qui sont évidemment hors de prix, dans le contexte actuel du marché immobilier.
Le bureau a quand même donné près de 42 % des voix à la droite au second tour, ce qui est beaucoup pour le 18e...
Sur le quartier Grandes Carrières Sud, comprenant la plupart des rues huppées de Montmartre et quelques uns de ses lieux publics bien connus comme le Moulin Rouge, les choses sont un peu différentes.
La circonscription est aussi constituée, donc, des bureaux 23 à 37 et, comme nous l'avons vu, les bureaux 46 et 47.
Rapports de forces observés :
Gauche 7 855 voix
Droite 3 941 voix.
Comme on le voit, la partie du quartier Grandes Carrières qui vote sur la 18e circonscription est moins orientée à gauche que Clignancourt, même si c'est avec des contrastes.
On observe ainsi un score de 45 % pour la droite dans le bureau 23, situé place Constantin Pecqueur, et qui voit notamment voter les habitants de l'avenue Junot, la villa Léandre, la rue Simon Dereure ou encore l'Allée des Brouillards, tous lieux situés au sommet de la Butte, et emplis de logements indépendants, de pavillons de luxe, d'immeubles classés, vendus au minimum d'un million et demi d'euros.
Mais aussi 78 % à gauche dans le bureau 26, desservant les rues proches de la Place Pigalle, pas très loin du Moulin Rouge et de la Cigale.
En cumulant en effet les votes, on aboutit aux tendances suivantes :
Gauche 19 902 voix
Droite 8 369 voix
Et en rajoutant les quelques bureaux du 9e arrondissement, issus du quartier Rochechouart que le découpage Marleix a ajouté à cette 18e circonscription, nous avons le résultat suivant
Gauche 21 868 voix
Droite 9 405 voix, soit un bon 69,9 % à gauche qui, là encore, ne laisse pas de doutes sur l'issue du match.
On notera d'ailleurs que les résultats examinés ici permettent de trouver, par voie de conséquence, les rapports de forces politiques dans le 18e arrondissement et, de fait, dans la 3e circonscription aussi.
La gauche ayant obtenu 31 330 voix aux régionales dans le 18e arrondissement et la droite 12 486 voix, nous pouvons faire un petit calcul
Chapelle et Goutte d'Or (partie 16e circonscription) : 7 484 voix de gauche, 2 122 voix de droite
Clignancourt (partie 18e circonscription ) : 12 047 voix de gauche, 4 428 voix de droite
Grandes Carrières (partie 18e circonscription) : 7 855 voix de gauche, 3 941 voix de droite
Grandes Carrières (partie 3e circonscription) : 3 944 voix de gauche, 1 995 voix de droite.
En ajoutant les voix de ce secteur Grandes Carrières Nord aux Epinettes et aux Batignolles, on se retrouve avec une gauche pourvue de 15 969 suffrages en 2010 et une droite avec 11 215 voix, soit un rapport 59/41 sans trop de doutes pour la suite des opérations...