de vudeloin » Mer 1 Fév 2012 19:02
Avec le 12e arrondissement, nous allons solder les comptes pour les 7e et 8e circonscriptions, puisque le premier de ces deux sièges comporte environ la moitié du 11e (ce que nous avons déjà vu, nous ferons les totaux à la fin) et que le second recoupe l’essentiel de l’arrondissement, légèrement augmenté par la partie du quartier de Charonne issue du 20e, que nous avons déjà regardée.
Le 12e comprend, comme chacun des arrondissements parisiens, quatre quartiers (même si le découpage de la démocratie participative est différent, puisqu’il distingue notamment un Bel Air Sud d’un Bel Air Nord), ainsi définis.
Le premier, en partant de l’Ouest, donc du centre de la capitale, est le quartier des Quinze Vingts, qui doit évidemment son nom au célèbre hospice fondé par Saint Louis, devenu depuis la référence française en matière d’ophtalmologie, puisque l’hospice était dédié aux aveugles devenus indigents et recueillis par charité et ordre de Louis IX.
Un Louis IX, fils de Blanche de Castille, qu’on a sanctifié, ne serait ce que pour ses croisades assez peu réussies (fait prisonnier à Mansourah lors de la septième après une première victoire à Damiette puis victime d’une forme de peste lors de la huitième croisade à Tunis en 1270), et pour sa charité proverbiale, même si quelques ombres viennent tout de même obscurcir le tableau, notamment le caractère profondément intolérant de sa politique envers les Juifs du royaume, qu’il contraindra en particulier à porter la rouelle, signe de couleur distinctif de leur appartenance à la religion hébraïque.
Quant au nom de Quinze Vingts, il vient tout simplement du fait que l’hospice d’origine comptait trois cents lits (15 x 20).
Le quartier, qui compte environ 26 à 28 000 habitants, se définit comme une sorte de pentagone dont les angles seraient la place de la Bastille au Nord Ouest, la Seine au Sud Ouest, la rue Villiot au Sud Est, les voies du réseau Paris Lyon au centre Est et le bout de la rue de Chaligny, finissant au coin de l’hôpital Saint Antoine et de la rue du Faubourg du même nom, au Nord Est.
C’est là le seul des quatre quartiers du 12e qui existait à l’intérieur du Paris d’avant 1860, accueillant une partie des ouvriers et boutiquiers qui prirent la Bastille avec leurs collègues du Faubourg Saint Antoine.
C’est un quartier orienté à gauche, puisque, lors des régionales 2010, votant pour la liste PS à 29,6 %, pour les Verts à 25,3 % et le Front de Gauche à 7 % lors du premier tour.
Les Quinze Vingts, outre l’ancien hospice et Saint Antoine, ont aussi comme bâtiments remarquables l’Opéra Bastille, mais aussi la Gare de Lyon et la fameuse promenade des Arts, promenade plantée au dessus de l’avenue Daumesnil, qui accueille nombre de magasins de mobilier moderne.
Sur le plan électoral, ce sont les bureaux 51 à 60.
Le second quartier, correspondant à un ancien village dont la vie fut longtemps associée à la vigne et au vin, est celui de Bercy.
C’est, de fait, le plus récent et le moins peuplé des quartiers de l’arrondissement.
Dominé par le paquebot planté en bord de Seine du Ministère de l’Economie et des Finances, agrémenté par le parc de Bercy et le Palais Omnisports, le quartier est en fait calé entre la rue de Charenton qui le borde sur toute sa longueur dans le sens Nord Ouest Sud Est, et la Seine, le quartier se terminant au Sud Est par le Bois de Vincennes et la limite de Charenton le Pont.
Sur le plan électoral, il correspond aux bureaux 46 à 50, auxquels s’est ajouté le bureau 61, nouvellement créé.
Le troisième quartier, comportant une part importante de l’arrondissement, c’est celui de Picpus.
Il se définit entre la rue de Charenton, qui le sépare de Bercy, la rue de Chaligny, qui le distingue des Quinze Vingts, la rue du Faubourg Saint Antoine qui longe la limite avec le 11e arrondissement et l’ensemble Boulevard de Picpus et rue de Picpus qui marquent les limites du quartier Bel Air.
Picpus, comme Bel Air, c’était un bout de Saint Mandé, avant l’annexion par Paris, mais c’était surtout à la fois une sorte de campagne à proximité de Paris (La Fayette, né en Auvergne au château de Chavaniac comme la plupart de ses ancêtres, est en effet enterré dans le cimetière privé de Picpus qui est surtout connu pour avoir recueilli les corps décapités de quelques uns des guillotinés de l’époque de la Terreur) et, de fait, un lieu de villégiature pour les Parisiens enserrés dans l’enceinte des Fermiers Généraux.
L’urbanisation du quartier est donc marquée par l’annexion haussmannienne et les constructions du XXe siècle, orientant le quartier vers un caractère bourgeois tranquille assez marqué.
Au plan électoral, Picpus, qui abrite la plus large proportion des habitants du 12e arrondissement, regroupe les bureaux 1 à 29, ce qui est somme toute logique vu que la mairie de l’arrondissement, située près de l’avenue Daumesnil, se situe dans le quartier.
La population du quartier est assez nettement parisienne comme on peut l’imaginer (notamment avec les Auvergnats patrons de bars et de brasseries), mais comprend quelques particularités, notamment rue Montgallet, où se trouvent plusieurs magasins dédiés à la micro informatique et sa maintenance, gérés par des représentants de la communauté chinoise de Paris.
Ce n’est pas forcément une extension du 13e, puisque l’immigration chinoise est déjà relativement ancienne dans le 12e, datant pour les premiers arrivants des années ayant suivi la Première Guerre Mondiale.
Sur les points intéressants du quartier, relevons tout de même la Place de la Nation, débouché de quelques manifestations populaires, les hôpitaux Rothschild et Diaconesses, le lycée Arago ou encore l’école Boulle (on est tout de même dans le 12e où les arts du bois sont assez pratiqués).
Et je ne parle pas de la Caserne de Reuilly, vu que Zazie vient de repasser devant…
Notons enfin que Picpus partage avec Bercy un lieu dit nommé La Grande Pinte, aujourd’hui partagé entre voies ferrées et ruelles urbaines.
Le dernier quartier, le plus à l’Est de l’arrondissement, est celui de Bel Air.
La proximité du périphérique, entre Porte de Vincennes et Porte de Charenton, entre Boulevard Soult et Boulevard Poniatowski, ne justifie évidemment pas ce sympathique substantif.
Bel Air, au moment de l’annexion, est un quartier de Saint Mandé, comptant environ 2 500 habitants un peu perdus dans les bois qui feront plus tard le Bois de Vincennes, une fois remodelée tout à fait la géographie d’un secteur déjà largement investi par l’Armée qui en avait fait un lieu de manœuvres.
Autant dire que le quartier est évidemment urbanisé de manière récente, entre immeubles fin XIXe et constructions XXe et qu’il a, comme Picpus, le caractère d’un quartier bourgeois tranquille.
Le Bois de Vincennes et ses aménagements proches (Lycée Paul Valéry, Hôpital Trousseau ) est évidemment le point le plus intéressant du quartier.
Mention spéciale ceci dit pour la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, installée dans le Palais de la Porte Dorée, construit à l’occasion de l’Exposition Coloniale de 1931.
Le bâtiment, centre d’intérêt principal de cette manifestation marquée par l’exposition, parfois voyeuriste, d’êtres humains venus des différentes parties de l’Empire colonial français de l’époque (notamment, comme le raconte l’écrivain Didier Daeninckx dans l’une de ses nouvelles, l’un des aïeux du footballeur Christian Karembeu) et l’ouverture du fameux Zoo de Vincennes, a hébergé alors ce que l’on a d’abord appelé le Musée des Colonies.
Le nom étant connoté, le lieu fut rebaptisé en 1935 Musée de la France d’Outre Mer, avant de devenir en 1960, Musée des Arts Africains et Océaniens.
Fermé, le musée vit ses collections regroupées au quai Branly, dans le nouveau musée voulu par Jacques Chirac, celui dit des Arts Premiers (nom aussi connoté, me semble t il) et rouvert pour devenir la Cité nationale.
Bel Air est donc moins orienté à gauche que les autres quartiers de l’arrondissement.
Il couvre les bureaux 30 Ã 45.
Lors du premier tour des élections régionales de 2010, dernière consultation référence, si l’on peut dire, nous avions observé les résultats suivants :
Quartier Quinze Vingts (comme précisé plus haut) : PS 29,6 %, Verts 25,3 %, Front de Gauche 7 % ; UMP 21,1 %, FN 5,4 %, Modem 4,3 %.
Soit, sur les trois principales listes de chaque côté un rapport 61,9/28,8.
Quartier Bercy : PS 31,5 %, Verts 21,8 %, Front de Gauche 7,2 % ; UMP 20,4 %, FN 6 %, Modem 4,7 %, soit un rapport 60,5/31,1
Quartier Picpus : PS 29 %, Verts 20,4 %, Front de Gauche 6,5 % ; UMP 25,2 %, FN 6,2 %, Modem 4,2 %, soit un rapport 55,9/35,6
Quartier Bel Air : PS 27,4 %, Verts 19,5 %, Front de Gauche 6,1 % ; UMP 26,8 %, FN 7,2 %, Modem 4,4 %, soit un rapport 53/38,4.
La marge en faveur des trois premières listes de gauche était donc de 33 points aux Quinze Vingts et de moins de 15 dans Bel Air.
Avec les chiffres du second tour, la situation est la suivante :
Pour la huitième circonscription où Sandrine Mazetier se retrouvera face à Charles Beigbeder, nous avons mis de côté les votes du 20e, avec 3 763 voix contre 1 733, soit déjà un bonus de deux mille suffrages à gauche.
Pour le solde, une fois déduits les Quinze Vingts, qu’avons nous à vue d’œil ?
Tout simplement 13 527 voix de droite pour la liste Pécresse et 21 505 voix pour la liste Huchon.
Pour la huitième circonscription, le rapport de forces est donc de 25 268 voix de gauche contre 15 260 voix de droite, soit un bon 62/38 environ qui ne laisse qu’assez peu de chances à Charles Beigbeder de reprendre le siège de Sandrine Mazetier.
Pour la septième circonscription, comprenant aussi la partie du 11e que nous avons examinée, nous en sommes à la situation suivante :
Gauche : 12 390 voix issues de la partie 11e (la face Ouest des quatre quartiers de l’arrondissement, pour mémoire) et 5 107 voix venues des Quinze Vingts, soit un total de 17 497 suffrages.
Droite : 4 837 voix issues de la partie 11e et 2 477 voix venues des Quinze Vingts, soit un total de 7 314 suffrages.
Nous restons pour l’heure sur un rapport 70/30.
Pour le 12e arrondissement dans son ensemble, notons que la droite est arrivée en tête dans le bureau 17, situé 56 rue de Picpus (quartier de Picpus), et qui regroupe des électeurs domiciliés entre place de la Nation, Avenue de Saint Mandé et cours de Vincennes ; s’est positionnée à égalité avec la gauche dans le bureau 35, situé dans le collège Courteline, avenue du Docteur Netter (quartier Bel Air), regroupant des électeurs domiciliés à proximité de l’hôpital Trousseau ; et s’est donc retrouvée devancée dans les 59 autres bureaux de vote.
A noter parmi ceux-ci le bureau 57, situé 40 boulevard Diderot (quartier Quinze Vingts), où la liste Huchon a obtenu 524 voix sur 700 exprimés, soit 74,9 % des votes.
Dans un quartier proche de l’hôpital Saint Antoine.
Pour boucler l’affaire de la septième circonscription, il nous faut regarder ce qu’il en est pour le 4e arrondissement.
Relativement peu peuplé, ce dernier arrondissement central de Paris, dernier découpage de l’ancienne première circonscription qui regroupait les quatre premiers arrondissements parisiens, compte un peu moins de 30 000 habitants, répartis entre ses quatre quartiers habituels.
Le recensement fait état de 28 192 habitants au 1er janvier 2009 et la population de l’arrondissement a tendance à se tasser.
Le plus peuplé des quatre quartiers est le quartier Saint Gervais, circonscrit entre la rue de Lobau et la rue des Archives à l’Ouest, la rue Rambuteau et la rue des Francs Bourgeois qui le distinguent du 3e arrondissement, la rue de Turenne et la rue Saint Paul qui le séparent du quartier de l’Arsenal, et la Seine au Sud, le long des quais (Hôtel de Ville et Célestins).
Riche de nombreux immeubles remarquables, comme l’Hôtel de Sens, l’Hôtel d’Angoulême (abritant la Bibliothèque historique de la Ville de Paris), l’Hôtel de Chalon Luxembourg, l’Hôtel d’Aumont (Tribunal administratif de Paris), l’Hôtel de Beauvais (Cour administrative d’appel de Paris), ce quartier est la partie du Marais située dans l’arrondissement.
Il présente aussi une particularité : celui de réunir à la fois une partie importante de la communauté juive de Paris, notamment autour de la rue des Rosiers, le quartier abritant notamment le Mémorial de la Shoah rue Geoffroy l’Asnier et, depuis quelques années, une non négligeable communauté homosexuelle, dans la partie occidentale du quartier, singulièrement autour des rues Sainte Croix de la Bretonnerie ou des Blancs Manteaux.
Le second quartier de l’arrondissement, pour la population, est celui de l’Arsenal.
Situé à l’Est de l’arrondissement, il est surtout connu pour abriter l’ensemble urbain exceptionnel de la Place des Vosges, la partie de la place de la Bastille dépendant du 4e (avec la Colonne de Juillet), la Préfecture de Paris, boulevard Morland et le fameux Port de l’Arsenal, port fluvial où se rejoignent, en fait les cours de la Seine et du canal Saint Martin, descendant depuis le Boulevard Richard Lenoir (11e arrondissement) qui recouvre la voie d’eau.
Le troisième quartier qui nous intéresse est celui de Saint Merri, qui comporte deux bâtiments bien connus : d’une part, l’Hôtel de Ville de Paris et d’autre part, le Centre Georges Pompidou, encadré par la rue Rambuteau et la rue du Renard, et au bout de la rue Brisemiche, entre autres.
Le quartier Saint Merri, proche des Halles, en était un peu l’extension populaire, à l’époque de la pleine activité des Halles centrales, et demeure marqué par la présence du poète Robert Desnos qui y a vécu.
Par ailleurs, le quartier comporte aussi le siège de l’Assistance publique de Paris, le Théâtre de la Ville et la Tour Saint Jacques, dernier reste de l’église Saint Jacques de la Boucherie.
Reste le quatrième quartier du 4e arrondissement, le quartier Notre Dame, le plus bourgeois de tous, et qui correspond, en fait, à l’Ile Saint Louis et à la partie de l’Ile de la Cité comprise dans l’arrondissement.
Outre les Hôtels de l’Ile Saint Louis, trois bâtiments retiennent évidemment l’attention : la Cathédrale Notre Dame, la Préfecture de Police sur le quai du Marché Neuf et l’Hôtel Dieu qui se trouve de côté face à la cathédrale.
Sur le plan électoral, Saint Gervais couvre les bureaux 1 à 4 et 14 , l’Arsenal les bureaux 5 à 8, Saint Merri 11 à 13 et Notre Dame 9 et 10.
Les trois premiers quartiers votent à gauche, le dernier à droite.
Aux régionales 2010, le 4e arrondissement a en effet voté à gauche par 5 120 voix contre 3 465.
Mais avec les résultats suivants par quartier
Saint Gervais : Huchon 1 860 voix, Pécresse 1 074 voix, soit 63,4 % pour la gauche.
Arsenal : Huchon 1 634 voix, Pécresse 1 211 voix, soit 57,4 % à gauche.
Saint Merri : Huchon 1 188 voix, Pécresse 621 voix, soit 65,7 % à gauche
Notre Dame : Pécresse 559 voix, Huchon 438 voix, soit 56,1 % à droite.
Regroupé avec le reste de la septième circonscription, le 4e arrondissement offre donc la tendance suivante
Gauche 22 617 voix
Droite 10 779 voix.
Cette septième circonscription, autour de la Bastille et de Notre Dame, ne semble donc pas devoir échapper à la gauche, malgré son caractère pour le moins disparate.