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La stratégie de Sarkozy pour être réélu

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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede Kerxizor » Sam 28 Jan 2012 20:59

MiniM a écrit:D'ailleurs, si l'Allemagne est un si grand succès, pourquoi la gauche allemande mène par autant dans les sondages et que le parti de Merkel perde les élections régionales dans des forteresses de droite.


La CDU de Merkel est loin devant dans les sondages, avec 36% des soutiens, contre 30% au SPD, selon une étude Forsa. La cote personnelle de la chancelière est à 49%, contre 31% pour le mieux placé de ses adversaires sociaux-démocrates, son ancien ministre des Finances Peer Steinbrück. Ses concurrents ont de quoi être découragés à la vue des taux d'approbation de sa gestion de la crise: 65% estiment qu'elle fait du bon travail, 91% des Allemands soutiennent sa volonté d'imposer une «règle d'or» aux pays de la zone euro, 85 % jugent qu'elle a raison de vouloir imposer des sanctions plus fermes aux pays qui ne respectent pas le pacte de stabilité."


http://www.lefigaro.fr/international/20 ... ndages.php

Vraiment ? Mais ce n'est pas réellement le sujet.

Remarque complémentaire : Heureusement que ce forum est censé être non-partisan, qu'est-ce que ce serait alors !!!! :D
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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede MiniM » Sam 28 Jan 2012 22:47

Cet article est de mauvaise foi.
Voyons les chiffres.
C'est un vote proportionnel, avec seuil à 5%.

En 2009, dernière élection
CDU+FDP (libéraux)= 34+15=49%
Socialistes+verts=23+11=34%
Communistes=12%

CDU+FDP 49% contre 46% pour l'opposition réunie, donc, elle a la majorité.

Maintenant.

CDU+FDP=36+3=36% (FDP passe pas le seuil)
Socialistes+verts=30+16=46%
Communistes=7%
Pirates=5%

Si les pirates sont sous 5%, la gauche a la majorité. S'ils sont au-dessus de 5%, c'est probablement une grande coalition ou une victoire de la gauche, étant donné la marge d'erreur. C'est donc nullement un excellent résultat pour Merkel, comme le laisse entendre cet article.

Et je rappelle que la droite a perdu la région Bade-Wurtenberg l'an dernier, détenue par la droite depuis la chute du régime nazi.
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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede Zimmer » Dim 29 Jan 2012 11:12

vudeloin a écrit:
jordan a écrit:
Kerxizor a écrit:on suivra avec intérêt l'impact sur l'ensemble des Français.

Nul, probablement.


je ne crois pas jordan.

Je pense que cela aura même un contre effet, c'est à dire plutôt négatif !


ploumploum a écrit:En effet, comme Vudeloin, je pense que le fait qu'il y ait une ingérence comme celle-ci, peut inciter les Français à exprimer leur colère, et que seule la souveraineté nationale décide (Il pourrait éventuellement y avoir un effet sur les sondages, en faveur du FN)


Je partage ces avis selon lesquels le soutien de madame Merkel risque d'avoir un effet plus négatif qu'autre chose sur les intentions de votes en faveur de Sarkozy.

Cette annonce faite hier signifie aussi que le président sortant a fait part à la chancelière allemande de sa nouvelle candidature avant d'en informer le peuple français. Il y avait sans doute mieux en terme de stratégie, puisque c'est effectivement le sujet.

Nous verrons ce que ça donnera mais j'ai l'impression qu'il s'agit d'une erreur politique, à la fois sur le fond et sur la forme. Une de plus, dirais-je...
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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede vudeloin » Dim 29 Jan 2012 13:50

J'apprécie toujours autant la manière dont le Figaro, sous la bienveillante férule de Serge Dassault, l'ami du Président (qui lui sert de VRP de temps à autre pour essayer de placer quelques Rafale) et la direction de rédaction de ce journaliste indépendant qu'est Etienne Mougeotte, rend compte de l'actualité dans la dernière période.

Riche d'un budget publicitaire particulièrement important (qui doit correspondre à 70 ou 80 % de ses recettes), le quotidien de la bonne bourgeoisie française n'a pas besoin de l'aide publique aux quotidiens d'information générale porteurs d'opinion comme peuvent l'être l'Humanité , seul journal ou à peu près de l'information sociale, et la Croix, qui surprend souvent son lecteur, au delà de sa racine assomptionniste.

Et je dois dire que présenter les aventures politiques de Madame Merkel comme la perspective d'un succès, à partir du résultat d'un sondage lui donnant un pourcentage certes flatteur mais bien insuffisant pour gouverner, vu que son principal allié disparaitrait purement et simplement du Bundestag, comme il a du disparaître de quasiment tous les Landtage qui ont été renouvelés en 2010 et 2011, c'est juste tordre la réalité dans le sens qui vous intéresse.

Dans le sondage cité par le Figaro, la gauche allemande, au sens large du terme, est à 53 % et la droite à 39 %.

Transposé à la réalité française, je ne donnerais pas cher de l'UMP et de ses alliés, puisque cela doit être le rapport de forces qui a conduit, en 2010, à la victoire de la gauche dans toutes les régions françaises sauf l'Alsace, la Réunion (où la gauche s'est divisée) et la Guyane (où le maire de Cayenne a été débauché par l'UMP contre on ne sait quoi...).

Appliqué au mode de scrutin proportionnel allemand, c'est une victoire relative des Unions chrétiennes pour ce que l'on appelle les Direktmandate et c'est un large succès des forces d'opposition pour ce qui concerne les listes nationales, dont les élus sont désignés par référence à la seconde voix (Zweisstimme) qui risque fort de manquer au FDP pour habiller de jaune quelques bancs du Parlement...

Maintenant, revenons en à la manière dont les Allemands appréhendent le bilan d'activité de leur chancelière qui fut formée, rappelons le, par les bonnes écoles d'Allemagne de l'Est.

Comme quoi, l'enfer n'était pas si terrible que cela, et n'empêchait les gens d'y être formés correctement !

En fait, les Allemands ont une vision de l'Europe très … allemande.

Ne pas oublier, avant de parler de quoique ce soit à leur sujet, qu'ils ont, historiquement, l'expérience de moments de crise majeure, avec hyperinflation, chômage de masse et dérives autoritaires.

La crise des années 20, à l'époque où le Traité de Versailles imposait à l'Allemagne de payer des réparations de guerre, celle des années 30 ont conduit à ce que l'on sait et comme les années de l'après Seconde Guerre Mondiale ont fait de l'Allemagne le lieu privilégié de la confrontation entre deux systèmes politiques, le pays n'a sans doute guère envie de perdre le bénéfice d'une émancipation relative, qu'il avait matérialisé dans la solidité de sa monnaie et un certain modèle social, l'Etat social rhénan, qui expliquent l'attachement des Allemands à ce qu'ils sont devenus ou ce qu'ils souhaitent encore être.

Depuis 1990, l'Allemagne est évidemment revenue en grand dans le concert des nations.

L'annexion de la RDA, les poussées centrifuges dans nombre de pays de l'Est (division de la Tchécoslovaquie, explosion de la Yougoslavie) ont constitué quelques unes des marques de ce retour en force, au moins diplomatique dans un premier temps, d'un pays qui était devenu l'un des champions de l'économie moderne, en grande partie grâce au Plan Marshall (ne l'oublions jamais) et à la grande mansuétude des tribunaux alliés qui avaient fini par se dire que les « planches pourries «  de l'industrie allemande d'avant guerre pouvaient encore servir après.

L'Allemagne d'Helmut Kohl a voulu la partition de la Tchécoslovaquie, parce que la Bohême Moravie l'intéressait au plus haut point par ses équipements industriels et la qualification élevée de ses salariés et techniciens comme elle a voulu la dissolution de la Fédération Yougoslave, cet impossible rêve titiste, parce qu'évidemment, si la Slovénie et la Croatie l'intéressaient au premier chef, elle n'avait pas envie de traîner le boulet des Kosovars ou de la Macédoine.

Pour Sofia ou Bucarest, il a bien fallu qu'elle fasse avec, même si la contrepartie de Budapest et de Varsovie a largement résolu le décalage éventuel.

Problème suivant : la mise en place de la monnaie unique.

Une fois transférée à l'ensemble de l'Union (au travers du calcul de la contribution annuelle par exemple) la charge de l'annexion de la RDA, l'Allemagne s'est trouvée au premier rang des partisans d'une monnaie unique disons sélective.

C'est à dire qu'il n'a jamais été question pour les Allemands, que le Ministre des Finances soit CDU, CSU ou SPD, que les pays d'Europe centrale et orientale adhèrent de suite à l'Euroland.

Un concept, soit dit en passant, qui fleure bon son germanisme.

Il ne fallait, au départ de la monnaie unique, que des économies fortes, solides et, bien entendu, volontaires...

Et comme le modèle de la Banque centrale européenne était celui de la Bundesbank, ma foi...

Alors, bien entendu, on a trouvé dans la monnaie unique le Bénélux, la France, l'Allemagne, l'Italie (ce dernier pays étant bien plus riche que l'image qu'on a tendance à véhiculer), l'Irlande, petit pays en plein essor économique (du moins le croyait on en 2001) et comme il fallait bien aller ailleurs, les pays méditerranéens comme le Portugal, l'Espagne ou la Grèce.

Passons sur la Finlande, portée par les ventes de téléphones mobiles et l'Autriche, paradis bancaire accueillant...

Sur le plan psychologique, si nous avons du commencer à compter en divisant tout par 6,55957, les Allemands étaient confrontés à une opération plus simple, la parité de la monnaie unique ayant été fixée, grosso modo, à 2 DM anciens.

Loin des Italiens divisant tous leurs prix et salaires par 2 000 ou peu s'en faut, les Grecs et les Portugais par 300 et les Espagnols par 200...

Mais, ayant tant fait pour avoir un DM solide, les Allemands ne peuvent évidemment pas comprendre que l'euro ne soit pas aussi fiable.

Quand je pense qu'on a inventé exprès pour eux le billet de 500 euros, parce qu'ils avaient l'habitude de payer en espèces des sommes équivalentes.

Alors, aujourd'hui, ils demandent aux autres de faire les mêmes efforts.

Alors que l'Europe n'a finalement pas été mauvaise fille pour la Germanie.
Notamment parce que c'est à partir et dans la zone euro que le commerce extérieur allemand se porte si bien.

Pas uniquement parce que les Allemands auraient accepté les «  courageuses et nécessaires réformes », vocable techno pour masquer la renaissance d'un lumpen proletariat largement rempli de travailleurs d'origine turque, ou polonaise, par exemple, et, de manière générale, la mise en cause des droits sociaux, mais aussi parce que les grands groupes allemands ont pris l'habitude, de longue date, de faire réaliser une bonne part de leur production hors d'Allemagne et de la réimporter pour mieux l'assembler et la diffuser ensuite.

Notre commerce extérieur se dégrade au fur et à mesure de l'amélioration de celui de l'Allemagne, tout simplement parce que le mythe de la coopération franco allemande cache, fort mal, la réalité plus sauvage de la concurrence entre les économies.

Et que, dans cette affaire, avec notre patronat rivé sur la ligne bleue des Vosges de la rentabilité financière et obnubilé par le «  coût du travail », nous avons déjà quelques coups de retard.

Que les Allemands aient fait le choix de la charité là où nous avons fait celui de la socialisation est finalement affaire de doctrine.

Sur la durée, je suis convaincu que la France a raison d'avoir une école maternelle et de socialiser (insuffisamment de mon point de vue) les activités sanitaires et sociales.

Je ne suis pas certain que la croissance allemande trouve son compte dans la généralisation des bas salaires et de la précarité du travail, qui pèsent de toute manière, à un moment donné, sur l'ensemble du corps social.

Comme en plus, il y aurait moins de chômage en Allemagne mais qu'il y a, aussi, moins de femmes en activité et une population active globalement moins nombreuse en valeur relative, je ne suis pas sûr que nous n'ayons, de ce point de vue, un peu d'avance...

Ce qui est sûr par contre, c'est que l'Allemagne entend bien disposer en Europe de la politique budgétaire et monétaire équivalant à celle qui avait cours à l'époque du DM.

N'oublions pas, ceci dit, que cela passait aussi par un impôt sur les sociétés et un impôt sur le revenu autrement plus élevés en termes de rendement, qu'en France...

Je ne suis pas sûr que les grands groupes français soient partisans d'un doublement ou d'un triplement de leur facture fiscale ?
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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede vudeloin » Dim 29 Jan 2012 23:33

Je ne sais pas si c'était une bonne idée de squatter huit chaînes de télé en même temps, mais soit...
Par contre, les annonces sont, à mon avis, un ensemble de mesures qui risque de conduire Sarkozy à quelques difficultés.
Parce que, la TVA à 21,2 % en octobre, rapportant a priori 13 milliards en année pleine, en échange d'une baisse des cotisations salariales qui ne permettra pas, de toutes manières, une hausse des salaires nets (a noter qu'aucun des dirigeants de l'UMP invités ce soir n'a évoqué l'espace d'un instant la possibilité que les employeurs profitent de la baisse des cotisations pour augmenter les salaires) mais qui va conduire à une hausse des prix, dans tous les cas de figure.
On notera tout de même que les produits français seront aussi taxés à 21,2 %, notamment pour les services qui ne sont pas délocalisables, rappelons le...

On rappelera tout de même, pour mémoire, que la TVA au taux maximal autorisé par l'Europe (25 %), c'est 42 milliards d'euros.
Et que les cotisations sociales abusivement qualifiées de patronales, c'est 300 milliards d'euros...
Donc, de toute manière, ce n'est pas parce cette voie là qu'on résout le problème.
A moins que le problème ce ne soit pas le trop fameux " coût du travail ".
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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede Draume » Lun 30 Jan 2012 07:06

La mesure sur le dépassement de 30 % sur le droit à construire est inapplicable.
Il ne suffit pas de légiférer.
Il faut modifier tous les documents d'urbanisme : SCOT, schémas divers et multiples, documents de sécurité...
Trouver des constructeurs, et des acquéreurs qu'une banque financera
Renvoyer sur les communes prouve sa méconnaissance : ce ne sont qu'à la marge qu'elles sont constructeurs. Cela ne fait pas partie de leurs prérogatives.

Oserions nous employer les mots : démagogie et tromperie

Quant au reste, dire qu'il n'a jamais utilisé le mot TVA social.... Super menteur
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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede Kerxizor » Lun 30 Jan 2012 07:20

L'intervention télévisée et les annonces qui on't été faites par le Président appellent quelques remarques, sans pour le moment s'intérroger sur la pertinence et la portée de leurs intentions.

Le Président, ce soir, annonce une série de décisions dont certaines engagent des budgets du prochain quinquennat et personne n'a osé poser la question du vote des lois correspondantes par le parlement.

La session parlementaire s'arrête le 10 mars, la majorité actuelle à l'assemblée, avec un sénat à gauche, est dans l'impossibilité de garantir le vote de ces lois sous quatre ou cinq semaines. Et encore faudrait-il que leur rédaction ne soit pas hâtée, faute de temps ,car certaines d'entre elles nécessitent une réflexion et une analyse poussée des services de l'Etat.

Je pense que ces annonces sont un pari mais elles ne me semblent pas empreintes d'un certain réalisme concernant notre rythme législatif actuel, et nécessitent des clarifications. Car comme il l'a si bien dit "On ne peut pas tout faire en 5 ans !"
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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede vudeloin » Lun 30 Jan 2012 14:33

Il y a encore moins d'urgence à légiférer quand les dispositifs existent déjà...
Je rappelle (mais c'est tout de même là une certaine habitude depuis 2007, le discours du "surgelé réchauffé") que le dépassement du coefficient d'occupation des sols est autorisé par le code de l'urbanisme en vertu des articles L 123 - 1 - 11, L 127 - 1 et L 128 - 1 du code de l'urbanisme.
Même si les champs couverts sont légèrement différents, la proposition présidentielle n'a donc rien d'original.
A la différence que les articles précités font état d'une faculté laissée aux assemblées délibérantes des collectivités locales, dans le cadre de leurs prérogatives d'urbanisme et que l'intention du Président est peut être de remettre en question cette faculté...
(Ca m'étonnerait quand même).

Quelques observations de plus sur les propositions de Sarkozy, même si d’aucuns ont pu, à la lecture de la presse, en apprécier certaines caractéristiques.

Outre donc notre affaire de densité des constructions (la réalité est souvent truelle, comme dit Martin Bouygues) qui ne fera de toute manière pas baisser les prix ni les loyers, nous en avons d’autres.

Pour cette affaire de prix de l’immobilier, une idée assez simple d’ailleurs.
La ville où l’habitat est le plus dense, en France, c’est Paris.
Je n’ai pas l’impression, à la vue des sans abri et des mal logés de la capitale, que ce soit celle où le marché du logement soit le moins tendu…

Dernier détail : cette géniale proposition de densification du bâti (qui pourrait se comprendre dans certains cas) est une revendication de la Fédération nationale de la promotion immobilière et d’elle seule.

Parce que, c’est bien connu, plus de logements sur moins de terrains consommés, c’est un retour sur investissement plus rapide, surtout si les logements ne sont pas sociaux…

Un mot maintenant sur la proposition de l’accord d’entreprise relatif aux salaires et au temps de travail, une sorte de flexibilité partagée, à la nuance près que ceux qui feront l’effort, ce ne seront que les salariés.

C’est là, faut il le dire, une très ancienne revendication du Medef.

C'est-à-dire s’attaquer aux conventions collectives de branche et aux accords interprofessionnels de portée nationale pour définir une sorte de « droit du travail » d’entreprise, balkanisant les garanties collectives des salariés.

Et mettre notamment un terme à la norme existante dans le code du travail qui veut qu’aucun accord d’entreprise ne puisse, pour l’heure, comporter de clause moins favorable au (à la) salarié(e) que ce que contient un accord de branche ou un accord interprofessionnel.

Cette mesure n’est rien d’autre qu’un retour de 100 ans en arrière ou peu s’en faut (les premiers accords collectifs ayant été arrachés par le mouvement syndical en 1919, au terme des fortes grèves marquant la fin de la Première Guerre Mondiale) que rien ne justifie, et certainement pas la situation économique.

Le choix proposé aux salariés sera simple : ce sera « ou gagner moins, ou se retrouver chômeur ».
Avec cette logique, je pense que Sarkozy devrait finir par nous proposer le retour au travail forcé ou à l’esclavage, là, au moins le « coût du travail « aura disparu !

Blague à part, ce moins disant social généralisé et particularisé au niveau de chaque entreprise est aussi, sous certains aspects, une atteinte à une concurrence économique saine et organisée.

Une entreprise pourra en effet gagner des parts de marché (en tout cas dans l’absolu) si elle parvient à réduire, par la voie de ces accords, le poids global des salaires dans son chiffre d’affaires, y compris en utilisant les pires méthodes.

Le coût du travail, parlons en, puisque la TVA dite sociale ou anti importations, va s’appliquer à compter du 1er octobre, pour des motifs de mise en place et notamment d’informatique…

Je dois dire que la formule peut prêter à sourire, compte tenu du fait qu’à partir d’un certain montant, les entreprises sont tenues à la télé – déclaration mensuelle de la TVA qu’elles collectent, et je dois dire que le bogue informatique craint par l’actuel hôte de l’Elysée est plutôt à prévoir entre le 22 avril et le 6 mai prochains.

Nicolas Sarkozy n’est peut être pas encore candidat mais le fait est que le collectif de février prochain (celui dont Valérie Pécresse a nié l’existence en novembre dernier devant les Assemblées et qui sera tout de même discuté) comprendra cette mesure, ainsi que la date éventuelle de sa mise en œuvre.

Supposons que Sarkozy soit réélu (même si je crains que le taux de 21,2 % soit assez près du pourcentage de votes qu’il obtiendra au premier tour de la présidentielle) et que la chose s’applique.

Les entreprises vont avoir 11,5 à 12 milliards de TVA en plus à collecter auprès des heureux salariés (je rappelle pour mémoire que la défiscalisation des heures sup’ ne rapporte que moins de 3 milliards d’euros aux salariés concernés aujourd’hui) consommateurs et assimilés.

En échange de quoi, elles vont tirer parti du bonheur de consacrer 13 milliards de moins à payer des salaires sous forme de cotisations sociales.

Parce que, pour peu que l’on n’ait pas oublié de quoi sont faites les cotisations sociales, l’exonération desdites cotisations sociales n’est rien d’autre, du point de vue du salarié assuré social, qu’une perte de salaire sans compensation.

Cela fait des années qu’on n’allège pas le coût du travail, mais qu’on réduit la rémunération directe comme socialisée de l’ensemble des salariés, d’abord faiblement rémunérés et désormais de plus en plus, puisque 2,1 SMIC, cela nous fait entrer dans la maîtrise et l’ouvrier hautement qualifié dans bien des cas.

Donc, avec la proposition de Sarkozy, les salariés sont perdants deux fois.

Une fois, parce que leur salaire « socialisé « se contracte.

Une deuxième fois, parce que leur capacité de consommation va être touchée par la hausse de la TVA qui, soulignons le, touchera l’ensemble des biens et services taxés aujourd’hui à 19,6 %, qu’il s’agisse du litre de super sans plomb (qui augmentera d’un euro pour un plein de 50 litres environ), de la paire de chaussures importée d’Italie ou encore de la mise en plis chez le coiffeur.

Qu’il semble à des « années lumière », le candidat du pouvoir d’achat !

Sur la banque pour l’industrie, quelques remarques.

Là encore, le machin existe déjà puisque cela fait déjà quelque temps que le droit comporte les dispositions relatives à une telle organisation ou structure.

Notamment depuis la promulgation de l’ordonnance 2005 – 722 du 29 juin 2005 relative à la création de l’établissement public OSEO, disposant lui-même, en vertu de l’article 2 du même texte, d’une filiale bancaire sous forme de société anonyme tout à fait banale.

Cela fait donc près de sept ans qu’un outil de financement de l’industrie existe, ayant été modifié et réorienté en 2010 dans le cadre de la loi de régulation bancaire et financière du 22 octobre 2010.

Soyons clairs : nous aurait on annoncé, hier, l’existence d’un outil de financement qui existe déjà ?

Alors même que la presse économique de ces derniers jours titre sur la contraction du crédit aux entreprises, qui est la véritable question et qui appelle d’autres solutions que la roue de secours déjà dégonflée de la proposition élyséenne ?

La seule vraie proposition innovante en matière industrielle qu’aurait pu faire le Président de la République aurait été d’annoncer le renforcement du droit de regard des salariés, de leurs représentants, des comités d’entreprise, sur la gestion prévisionnelle de l’emploi, des compétences et qualifications, comme de la stratégie de leur entreprise.

Mais une telle démarche est inconcevable pour un homme politique qui reste attaché à l’image monarchique du chef d’entreprise que nous connaissons encore…

Un dernier mot sur la taxation des revenus financiers au travers de la CSG sur les revenus financiers et du patrimoine et la mise en place de la taxe sur les transactions financières, à compter d’août prochain.

Outre le fait que de telles propositions ont été portées par l’opposition parlementaire ces derniers mois et rejetés sans appel par le Gouvernement (vérité de décembre n’étant plus celle de janvier, apparemment), je ne peux manquer de m’interroger sur le processus qui veut que le gouvernement Sarkozy Fillon soit plus implacable avec l’épargne, souvent limitée à un compte en actions, quelques SICAV ou une assurance vie, de salariés moyens ou de retraités économes qu’avec la fortune de ceux qui cumulent dans leur patrimoine l’ensemble des outils d’épargne existants, en sus de propriétés immobilières et d’un patrimoine en actions plus ou moins conséquent.

Le même pouvoir qui veut récupérer 2 euros sur les 100 euros d’intérêt perçus par la mémé qui a mis 3 000 euros sur un compte en banque rémunéré est aussi celui qui a réduit à 0,25 et 0,50 % les taux d’imposition à l’ISF qui étaient, jusqu’en juillet dernier, fixés encore à 1,8 % au maximum…

Le problème, c’est qu’il y a six millions de Français qui ont quelques revenus de capitaux (et souvent peu) et qu’il n’y a que six cent mille contribuables potentiels de l’ISF.

Qui sont les plus nombreux le jour du vote ?
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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede Kerxizor » Mer 1 Fév 2012 23:35

vudeloin a écrit:Cette mesure n’est rien d’autre qu’un retour de 100 ans en arrière ou peu s’en faut (les premiers accords collectifs ayant été arrachés par le mouvement syndical en 1919, au terme des fortes grèves marquant la fin de la Première Guerre Mondiale) que rien ne justifie, et certainement pas la situation économique.


Ce qui doit être à peu près l'année de référence de votre vision de l'entreprise...

Je ne suis pas certain que puiser son inspiration dans les vieux rapports du groupe communiste au Sénat soit le meilleur moyen d'analyser le cadre dans lequel ces mesures sont annoncées.
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Re: La stratégie de Sarkozy pour être réélu

Messagede vudeloin » Jeu 2 Fév 2012 11:15

Il ne s'agit de rien d'autre que du simple rappel des faits, Kerxizor.

La vision dépassée de l'entreprise, voyez vous, je pense depuis fort longtemps qu'elle est plutôt du côté de ceux qui s'affichent ses défenseurs...
Si j'indique dans un message que les premiers accords collectifs, étendus à une branche professionnelle, datent de 1919, c'est que c'est un fait historique, avéré et d'ailleurs rappelé dans une émission documentaire récente diffusée sur Public Sénat, une chaîne dont on ne peut pas dire qu'elle soit à la solde de Moscou !
Tout simplement parce que l'existence de conventions collectives étendues à l'ensemble des entreprises d'une branche d'activité découle de la loi du 25 mars 1919.
Et que ces conventions, résultant d'accords signés entre organisations syndicales et organisations patronales (comme vous semble avoir quelques difficultés avec l'histoire sociale de notre pays, je vous indique de suite que 1919 est aussi l'année de l'adoption de la journée de huit heures dans la métallurgie et celle de la création de la CFTC), outre de protéger les salariés et de garantir une certaine organisation de la production, sont aussi le meilleur moyen d'éviter que se mène, entre les entreprises d'une même branche d'activité, une concurrence déloyale, fondée sur le moins disant social.
Si Nicolas Sarkozy veut balkaniser le droit du travail par entreprise, il posera aussi un problème du point de vue de la distorsion de concurrence !
Mes informations laissent par ailleurs entendre que l'intention présidentielle de dimanche dernier n'est pour l'heure pas suivie d'effets, puisqu'aucun texte de loi relatif à la négociation collective ne semble programmé avant la suspension des activités parlementaires...
Je crains donc pour le locataire actuel de l'Elysée que l'annonce faite de "casser" ainsi les garanties collectives des salarié(e)s n'offre une raison de plus à quelques électeurs de se défier de voter pour lui.
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