de vudeloin » Sam 28 Jan 2012 00:45
A force de vouloir tourner la réalité dans le sens qui correspond à l'image qu'on s'en fait, on finit par écrire des bêtises...
Ainsi, donc, cher Kerxizor, alors même que plusieurs contributeurs (et pas seulement moi, pour peu que je sache lire) vous ont déjà dit à plusieurs reprises que les impôts et cotisations sociales des entreprises n'ont pas cessé de baisser depuis trente ans, vous continuez de nous faire croire qu'il faut encore les réduire, parce que cela nuirait à la compétitivité de nos entreprises.
Il est vrai que l'impôt sur les sociétés représente 50 milliards d'euros en France (cela doit faire 2,5 % de PIB) et constitue une somme proche de celle des remboursements de TVA effectués en direction des entreprises...
Je crois me souvenir (et c'est avéré) que la part du PIB représentée par l'impôt sur les sociétés s'avère la plus faible de toute la zone euro, pour la seule raison que nous avons, au fil du temps, et des multiples dispositifs proposés et défendus par quelques parlementaires libéraux, farci notre droit fiscal de mesures dérogatoires, de procès d'évasion fiscale, de niches diverses, de crédit d'impôt...
Prenez le seul exemple du régime des groupes, chers lecteurs et contributeurs.
Entre ses diverses modalités, il permet tout simplement à nos leaders de la cote de la Bourse de Paris d'avoir le bénéfice de 50 milliards d'exemptions fiscales.
D'ailleurs, si cela vous a échappé, 500 000 entreprises constituées sous forme de société par action paient 50 milliards d'euros d'IS (environ), touchent 48 ou 49 milliards de remboursement de TVA pendant que les 40 groupes de l'indice CAC 40 auront distribué, au titre de l'exercice 2011, 45 milliards d'euros dont je rappelle qu'ils ouvrent droit à un crédit d'impôt de 18 milliards d'euros, en tout cas sur le papier...
Et je ne souhaite pas forcément aux entreprises françaises de voir s'appliquer en France la règle fiscale allemande, parce que, toutes proportions gardées, l'assiette de l'impôt allemand étant plus large, la facture risquerait fort de s'élever !
Je ne citerai pas ici le mot de Michel Pébereau, ancien PDG de la BNP qui disait que la taxe professionnelle était un impôt intelligent, parce que son existence contraignait en fait les entreprises à optimiser l'utilisation de leurs équipements, mais je me permets juste de marquer que la nouvelle contribution économique territoriale frappe plus lourdement les petites et très petites entreprises que ne le faisait l'ancienne TP...
Faut il voir là une des raisons du désamour dont souffrirait Sarkozy auprès des commerçants et artisans dans les plus récentes enquêtes d'opinion ?
Maintenant, un peu sur l'expatriation, puisqu'il s'agit du sujet principal de ce fil de discussion...
Connait on seulement ici le nombre de Français expatriés ?
Si l'on s'arrête au nombre des Français inscrits pour voter dans les postes consulaires à l'étranger, on dirait quelque chose comme un million de personnes.
J'en connais assez pour me dire qu'ils n'ont pas tout fui, loin de là , nos impôts trop lourds ou la confiscation de leur patrimoine par l'ISF...
Parce qu'entre nous soit dit, le système belge d'imposition des revenus ou celui du Royaume Uni, ce n'est pas forcément moins lourd...
Non, il y a deux motifs qui amènent quelques uns de nos compatriotes partent à l'étranger, c'est juste pour travailler ou vivre leur vie, dans un pays où ils ont soit quelques attaches familiales soit quelque centre d'intérêt personnel (façon de parler).
Travailler notamment parce que voyez vous, notre système éducatif est peut être critiqué par quelques libéraux aveuglés qui croient qu'il coûte trop cher, mais il produit suffisamment de matheux, d'ingénieurs, de cadres et j'en passe, pour que les entreprises étrangères les recrutent.
Jusqu'à aller les chercher à la sortie même des écoles.
Nous avons en France un patronat suffisamment stupide, de temps à autre, pour ne pas embaucher nos jeunes diplômés, notamment quand ils ont le mauvais goût de ne pas être Français de souche, de n'avoir ni quartiers de noblesse ni domicile dans les beaux quartiers, et les laisser faire la fortune des entreprises britanniques, suisses, allemandes ou même qataries...
Le jour où, dans ce pays, l'on saura payer le travail humain à son juste prix, nous aurons sans doute les moyens de nous sortir du marasme économique dans lequel des décennies de moins disant fiscal et d'exonérations sociales nous ont plongé.
Quant à l'expatriation des contribuables de l'ISF (dont aucun rapport parlementaire que j'ai pu consulter n'a établi le caractère véritablement confiscatoire), elle est toujours restée parfaitement marginale et n'est évoquée que dès lors qu'il s'agit de personnes quelque peu connues.
Sur le fond, d'ailleurs, si cela ne tenait qu'à moi, je priverais ces individus de la nationalité française, alors même qu'ils ne doivent le plus souvent leur fortune et leur situation qu'aux qualités de notre système social, éducatif et j'en passe...
Sans l'enseignement tel qu'il existe en France, ce brave Paul Dubrulle, ancien PDG d'Accor et Sénateur RPR de Seine et Marne, n'aurait sans doute jamais eu à sa disposition les salariés, souvent polyglottes, dont ses hôtels avaient besoin pour tourner...
Maintenant exilé fiscal en Suisse, l'intéressé nous montre tout le bien qu'il faut penser de ceux que l'on nous montre en exemple si souvent pour une « réussite « qui doit surtout au travail des autres...
Après, hein, on peut penser autre chose et croire effectivement qu'il y a trop d'impôts en France et que les cotisations sociales (qui constituent un élément essentiel du revenu des ménages, d'ailleurs) alourdissent par trop « le coût du travail « .
C'est vrai que si l'on pouvait seulement rétablir le travail forcé, on aurait sûrement réalisé une belle avancée dans cet allégement du coût du travail qui n'est juste que la version moderne du sempiternel combat entre le capital et le travail pour savoir quelle part de la richesse revient à l'un ou à l'autre...
La suite au prochain numéro, éventuellement...
PS ne pas oublier que si l'on veut que les entreprises créent, innovent, embauchent, investissent, il faudra peut être un jour que les banques jouent le jeu, plutôt que de s'assurer par tous les moyens la croissance de leur produit net...