La stratégie de Sarkozy pour être réélu

[pierrot]

Plusieurs journaux évoquent depuis hier les confidences actuelles de Nicolas Sarkozy à ses visiteurs : en cas d'échec, il abandonnerait la politique. Source Le Monde
Preuve qu'au-delà de ces positions publiques du moment, il est bien candidat et qu'il admet que la défaite est possible.
Autant je pense que dans cette hypothèse il s'éloignera effectivement de la vie politique, d'ailleurs il a toujours cette envie plusieurs fois exprimée d'aller "faire de l'argent" dans le privé, autant le "vous n'entendrez plus parler de moi !" me laisse circonspect. Il est évident qu'il n'irai pas prendre la tête de l'opposition dès juin 2012, mais je l'imagine mal en pas se mêler de ce qui se passe dans le 92 en vu des municipales ou des territoriales 2014 (même si en cas de défaite, l'organisation de ces dernières élections peut être remise en cause).

[pba]

Peut on exclure qu'après une défaite, si elle est "honorable "(dans le sens d'étroite), N.Sarkozy se teinne , en réserve, pour 2017 ? (le "recours "ou le "retour " ?) ?

[Jean-Philippe]

Perso, j'exclus cette hypothèse. Il y a suffisamment de monde à droite qui veut la place en 2017 que Sarkozy ne devrait pas pouvoir, même s'il le voulait, se présenter comme le sauveur, seul à même de pouvoir faire gagner la droite. Déjà qu'en ce moment, c'est pour certains à droite le chef par défaut (Juppé et Fillon étant loyaux)...

[Zimmer]

Peut on exclure qu'après une défaite, si elle est "honorable "(dans le sens d'étroite), N.Sarkozy se teinne , en réserve, pour 2017 ? (le "recours "ou le "retour " ?) ?

Si Sarkozy n'est pas réélu, tout dépendra en effet de l'ampleur de sa défaite. S'il se trouvait éliminé à l'issue du premier tour ou s'il était battu au second tour avec un score du type 45 % contre 55 % à son adversaire, et si, dans la foulée, la droite subissait une débâcle aux législatives, du même genre que celle qu'avait connue la gauche en 1993, il est très probable que la "carrière" politique de Sarkozy serait définitivement terminée. S'il était battu avec un score de 49,5 % ou même de 49 % au second tour et si la droite perdait de justesse les législatives, il pourrait être fortement tenté, malgré ses confidences de ces derniers jours, de revenir dans le "jeu" politique, d'autant plus qu'il a, en 2012, à peu près le même âge que Giscard d'Estaing en 1981.

Après et comme le même Giscard d'Estaing, ce n'est pas parce qu'il aurait envie de revenir que ce retour serait forcément couronné de succès. Si l'on en croit les sondages qui s'enchaînent depuis des mois et des mois, Sarkozy fait quand même l'objet d'un rejet assez large dans l'opinion et sa défaite, même si elle était moins importante que celle que prévoient ces sondages, devrait contribuer à renforcer ce rejet y compris au sein de son propre camp, surtout qu'effectivement, les ambitions ne manquent pas, à droite, pour 2017 (Copé, Fillon...).

[ligerien]

Je constate que l'on ne débat plus du titre du sujet.
Je ne fais pas cette constatation pour dire qu'on dérive et qu'on s'écarte de la charte du forum, mais je trouve que c'est assez symptomatique du moment présent, où malgré les discours officiels et les précautions d'usage, tout le monde est en train d'entériner la future alternance.

Y compris des phrases au passé comme celle prononcée par Nicolas Sarkozy :

"Je ne pouvais pas avoir de meilleur premier ministre" que Fillon

http://www.lemonde.fr/election-presiden ... 71069.html
Tout cela fait un peu dernière discussion avant l'assaut final de la cavalerie...

Y compris sur le fait que les acteurs politiques passent beaucoup de temps à commenter François Hollande, et assez peu Nicolas Sarkozy par rapport à situation de Président en exercice et très probable candidat à sa succession.

[vudeloin]

La stratégie de Sarkozy qui aura passé janvier à présenter ses voeux à à peu près tous les corps sociaux envisageables dans le pays (artistes, patrons, syndicalistes, parlementaires, paysans, fonctionnaires et j'en passe, avec l'outre mer, tout en constatant qu'il n'a pas été dans une fac' présenter ses voeux aux étudiants pourtant intéressés par l'une de ses emblématiques réformes, la LRU) c'est peut être aussi de laisser croire qu'on puisse perdre pour mieux serrer les rangs et mobiliser les troupes.

Et laisser planer le risque du retrait de la politique, c'est tenter le "retenez moi ou je fais un malheur"...

[flo78]

La strategie de sarkozy apres la phase presentation de hollande me semble difficile a mettre au point

il peut faire un electrochoc mais il peut se faire retourner son bilan (celui ci n'est pas vierge)

il peut esperer un exces de confiance du camp hollande (mais la il est mal barre)

il peut maintenant tenter de se rapprocher de bayrou tout en le contenant. il risque de se faire laminer par son propre electorat ( voir l'episode chaban giscard en 1974: un volant d'electeur de 5% s'etait deplace en un jour de chaban vers giscard). a l'epoque c'est l'argument "qui peut battre miterrand" qui l'avait emporte)

il peut se retirer pour laisser le champ libre a un autre de son camp ( mais il est trop orgueilleux pour cela)

ou il peut tenter un coup fourré, mais attention, il doit bien etre cache

c'est la derniere eventualite qui peut se produire a ce stade

[pierrot]

Nicolas Sarkozy est effectivement dans une position très difficile, sans trop savoir s'il doit attaquer de front Bayrou et/ou Le Pen (tous deux dangereux pour lui au premier tour,) les ménager (leurs électeurs lui sont indispensables au second tour) ou les utiliser en espérant qu'ils se neutralisent derrière lui (subtil dosage). Car ce n'est pas en annihilant les candidatures Morin ou Boutin qu'il va obtenir grand-chose.
Mais finalement, il est dans une situation où il n'a plus rien à perdre. Il risque donc de tenter un tout pour le tout, et à mon avis sa campagne risque de nous surprendre dans la fuite en avant. A l'image de la fameuse phrase de Foch souvent citée ces jours ci " Ma droite est enfoncée, ma gauche cède ; tout va bien : j'attaque ! ". La TVA sociale n'est peut être qu'un avant-goût.
C'est aléatoire, ça va faire très peur aux députés de la majorité qui risquent de freiner des quatre fers, il peut s'effondrer et disparaitre dès le 22 avril ou alors réaliser un coup de poker qui resterait dans les annales. Et là, je l'entends déjà plastronner en cas de victoire le 6 mai. J'aime autant vous dire, que dans cette hypothèse, on va longtemps "entendre parler de lui".
Donc, moi je ne l'enterre pas trop vite, même si je pense que son destin lui échappe un peu désormais : son salut ne peut venir que d'erreurs de ses adversaires (les deux termes sont au pluriel).
Et aussi un peu de la bonne volonté de ses soutiens qui pourraient faire attention à ce qu'ils disent. On a eu droit à l'automne dernier à "le favori de novembre n'est jamais le vainqueur de mai", puis le mois suivant "le favori de décembre n'est jamais le vainqueur de mai" et hier Juppé, sur sa lancée, a précisé à Hollande que "Le favori de janvier n'a jamais été élu au mois de mai". Sauf qu'à fin janvier 2007 Nicolas Sarkozy était déjà en tête dans les sondages et l'est resté ensuite.

[ligerien]

Je trouve la stratégie ahurissante.
La seule cause que je trouve à cela, c'est une grosse sous-estimation des capacités de François Hollande.
Hier, le débat face au Ministre des Affaires Etrangères et ancien Premier Ministre Juppé, a surtout servi à donner de la stature à François Hollande. Peut être que l'UMP pensait que Juppé allait écraser Hollande dans le débat, aujourd'hui la gauche se félicite qu'Hollande ait au moins fait jeu égal avec Juppé. A mon sens, il aurait mieux valu envoyer Morano, Lefebvre, Rosso-Debord ou je ne sais quel 2ème couteau, histoire de ne pas lui donner trop de légitimité et d'avoir le pire débat possible et parler la médiocrité d'Hollande...

Sur Juppé qui parle au futur d'Hollande comme Président et Sarkozy qui envisage de quitter la politique en cas de défaite, mais bon sang, quelle mouche les a piqué ?

Pour Juppé, si on était mauvaise langue, on dirait que c'est un mauvais coup porté à Sarkozy par un chiraquien. Mais j'ai du mal à penser que ce soit ça. Est-ce que la logique de l'UMP serait de projeter Hollande comme Président, pour que les français se disent "ah ben non, ça ne va pas" ? Ce serait une très curieuse stratégie, puisque ça donne à Hollande la stature présidentielle qu'il n'a pas au départ. De plus, un Président, on s'en lasse, mais moins rapidement que ça, en tout cas, jamais moins que les fameux 100 jours !

Enfin, sur Sarkozy qui envisage la défaite, et un changement d'activité, je pense que c'est le pire (pour l'UMP) dans toute la séquence qui vient de s'écouler. Retenez moi ou je m'en vais, ça marche bien pour se remettre en selle sur des postes que personne ne veut occuper, mais quand tout le monde veut la place, je suis perplexe.
Si Sarkozy est toujours à la traine pour les sondages de second tour et continue de stagner, voire pire, au 1er, quel message cela donne aux personnes qui peuvent voter pour lui : bon, la gauche va gagner, il s'agit donc de légitimer ou orienter la future opposition. A quoi bon voter pour un gars qui s'en va, une incitation à aller voter Bayrou, Morin, Boutin, Villepin, Lepage, NDA, Le Pen, qui seront là demain. Ce serait une incroyable débâcle pour l'UMP aux législatives.

[Draume]

On a eu droit à l'automne dernier à "le favori de novembre n'est jamais le vainqueur de mai", puis le mois suivant "le favori de décembre n'est jamais le vainqueur de mai" et hier Juppé, sur sa lancée, a précisé à Hollande que "Le favori de janvier n'a jamais été élu au mois de mai". Sauf qu'à fin janvier 2007 Nicolas Sarkozy était déjà en tête dans les sondages et l'est resté ensuite


En 1995,2002 et 2007 la personne en tête dans les sondages en Janvier a été le vainqueur