de vudeloin » Mer 11 Jan 2012 02:13
Je ne sais pas si l'extrapolation des éléments fournis par le rapport de la CNCCFP est susceptible de nous permettre de connaître le nombre exact des adhérents des différents partis politiques français, mais le document nous donne quand même d'intéressants éléments sur la situation réelle des partis politiques, en tout cas en 2010...
Ainsi, prenons le cas de l'Union pour un Mouvement Populaire.
Je ne sais pas si vous êtes versé en manière comptable, chers lecteurs et contributeurs, mais tout de même...
Prenons le bilan du parti majoritaire.
Il présente, dans un premier temps, un report à nouveau négatif à hauteur de 8 335 737 euros, ce qui constitue, par exemple, dix huit mois de cotisations au niveau encaissé en 2010...
On pourrait sans doute s'interroger sur les processus qui ont conduit le grand parti de droite à une telle situation, mais le fait est que la gestion des affaires publiques par un gouvernement UMP a déjà montré que la dégradation des comptabilités semble être une sorte d'habitude maison...
Pour 2010, deux trois remarques.
Un, le montant des cotisations perçues (5 519 672 euros) pose une question récurrente.
Adhérer à l'UMP, c'est 25 euros pour une adhésion simple.
A supposer que les adhérents du parti gouvernemental acquittent exclusivement ce montant, on se retrouve avec un nombre d'adhérents de 220 000 environ qui ne me semble pas tout à fait le bon.
A dire vrai, comme le site même du parti encourage au versement de cotisations plus élevées (dites cotisations de soutien ), la moyenne de versement par adhérent doit se situer plus près de 40 à 50 euros, et le nombre des adhérents, par conséquent, de 110 à 150 000...
Seconde observation : la faible part de l'apport des élus au financement du Parti.
1 751 632 euros pour l'année alors que l'UMP comptait, en 2010, plus de 400 parlementaires (sénateurs et députés), ce qui signifie que chacun de ces élus ( à supposer qu'il ne s'agisse que des parlementaires), verserait quelque chose comme un peu moins de 4 400 euros par an au mouvement, soit bien moins que l'ensemble des indemnités perçues par eux mêmes.
Troisième observation : les comptes de l'UMP attestent de la part déterminante du financement public (plus de 33,3 millions d'euros) qui, à lui seul, constitue 66,7 % des ressources d'un parti qui n'évite cependant pas, dans ce contexte, de se retrouver avec une perte comptable proche de 9 % du montant des recettes annuelles...
Enfin, notons la part des dons des personnes physiques, supérieure, comme en bien d'autres partis, au montant des cotisations perçues.
Vu le montant (7 050 357 euros ) et si l'on applique à ce montant le plafond autorisé (7 500 euros ), on se retrouverait avec moins d'un millier de très gros donateurs.
Mais je pense que leur nombre est cependant plus élevé et me semble devoir être envisagé aux alentours de 15 à 20 000...
Prenons le cas du Nouveau centre, pour le moins étonnant dans son mode de fonctionnement.
Le parti d'Hervé Morin présente un « chiffre d'affaires « particulièrement faible (moins de 2,15 millions d'euros de recettes, un peu plus de 2,35 millions de dépenses), qui interroge immédiatement sur la réalité organique du Parti.
Les adhérents contribuent pour 178 130 euros au financement du parti.
La cotisation de base du Nouveau centre étant de 20 euros pour une adhésion individuelle, 30 euros pour un couple ou 10 euros pour un lycéen, nous prendrons la base de 20 euros.
Ce qui nous donne un parti riche de moins de 9 000 adhérents en 2010, que l'on pourrait considérer comme à jour de leur cotisation annuelle (même observation que pour l'UMP de ce point de vue).
Le nombre réel doit être plus faible, avec le jeu habituel des cotisations auto majorées par les adhérents eux mêmes.
Le parti consolide d'ailleurs les comptes de 64 fédérations départementales, ce qui signifierait, a priori, que l'effectif moyen d'une fédération NC se situerait aux alentours de 140 adhérents au plus.
A noter que le Nouveau centre ne dispose pas de fonds propres, le passif étant constitué exclusivement de dettes de court ou long terme...
Et que, comme pour l'UMP, on se retrouve avec une aide publique (passant ici par la Polynésie) qui dépasse les deux tiers des ressources déclarées.
Prenons le cas du Mouvement Démocrate, maintenant...
Encore un parti dont l'état des comptes traduit une absence de fonds propres, les campagnes 2010 ayant saigné le Modem aux quatre veines (plus d'un million d'euros en perte comptable sur un peu plus de cinq millions d'euros de ressources ), et un passif détérioré qui, pour une entreprise privée, se terminerait par un dépôt de bilan.
Le Modem doit pratiquement 80 % de son budget (79,3 % exactement) au financement public, notamment celui consécutif au résultat du candidat du Parti lors de l'élection présidentielle.
Comme je ne suis pas certain que la situation du Modem se soit beaucoup arrangée en 2011 où les cantonales n'ont pas été un grand succès (ni d'ailleurs l'occasion d'une participation très importante du Mouvement au scrutin), on peut presque dire que Bayrou joue un peu à quitte ou double lors de la présidentielle de 2012 et qu'il attend d'un bon score de quoi apurer les comptes de son mouvement...
Sur les dépenses du Parti, notons aussi les 447 000 euros occasionnés par l'organisation de congrès et autres Universités d'été.
Un nombre qu'on pourrait, éventuellement, rapprocher du prix de gros de la location des sites d'accueil de ces Universités d'été, notamment les villages du groupe Belambra (ex VVF) qui sont utilisés par le Modem pour cela.
Prenons la question des adhérents du Mouvement démocrate.
Le Modem offre un premier tarif d'adhésion, en quelque sorte auto modulable, de 20 euros.
Comme le produit des cotisations est annoncé à 351 993 euros, on peut donc considérer que le Modem dispose, au plus, de 17 600 adhérents.
Je dis bien « au plus » parce que le montant de la cotisation effectivement acquittée peut être plus élevé et, par voie de conséquence, celui du nombre des adhérents proportionnellement plus faible.
Un Modem comptant entre 10 et 15 000 adhérents, fort loin de la force de frappe politique susceptible de « porter » la bonne parole bayrouiste partout en France, voilà qui me semble plus cohérent et conforme à la réalité.
Comme le Modem est organisé partout en France, en tout cas dans tous les départements, on peut envisager que ses fédérations ont des effectifs proches des normes d'influence relative du Mouvement dans chaque département ou, à tout le moins, en regard de la population respective de ces départements.
Dans un département dont la population équivaut au centième de la population du pays, on doit pouvoir trouver 80 à 150 adhérents du Modem, par exemple.
A noter que le Mouvement est endetté à hauteur d'un million d'euros à rembourser en juin 2012 et que ce remboursement sera, évidemment, facilité par un bon résultat lors de la présidentielle.
Dans le cas contraire, je ne sais pas si le Modem survivra fort longtemps à tout cela...
Prenons le cas du Front National, maintenant.
Voilà de nouveau un parti quasiment en cessation de paiement fin 2010, du fait d'une opération exceptionnelle conduite pour compenser le fameux litige entre le Parti et Fernand Le Rachinel, ancien député européen du FN, imprimeur et ancien conseiller général de la Manche, visant à placer en saisie conservatoire l'une des SCI du Front, en l'occurrence la SCI Clergerie Hugo qui, en 2010, était encore la propriétaire du siège social du Front National à Saint Cloud, dans ce que l'on appelait alors « Le Paquebot ».
Comme il s'agit d'une perte constatée et non d'une dotation aux amortissements et provisions, cela signifie, dans le cas du FN, qu'une partie du produit de la vente du Paquebot a effectivement permis d'apurer une part du contentieux entre le Parti et Le Rachinel, mais que la cession du bien concerné a été marquée par une moins value relativement conséquente (plus de 3 millions d'euros, dans une banlieue, Saint Cloud, où le mètre carré est quand même loin d'être donné).
On sait que le FN attendait un rendement de 15 millions d'euros de la cession du Paquebot et que la perte de 3 millions est donc une sérieuse moins value sur cette somme, puisque la valeur comptable du site clodoaldien devait être inférieure à sa valeur vénale et que sa cession a donc du se faire sous la valeur comptable.
Il faudrait sans doute comparer la situation 2010 avec la situation 2009 pour mesurer l'évolution des choses.
Pour le reste, le FN, c'est aussi la COTELEC, la structure de financement constituée autour de Le Pen lui même et qui tond, elle même, un peu plus la laine sur le dos du Parti « mouton ».
Le Pen a tout de même réussi (il est tout de même juriste de formation, ne l'oublions pas) à constituer une entité comptable ( la COTELEC) qui est devenue créancière de son propre parti, et dont il est probable qu'elle capitalise aussi ses interventions moyennant rémunération (achats de prestations extérieures).
Le fait que l'entrée des meetings du FN soit payante (je crois que c'était cinq euros à Metz récemment) n'est pas étranger à cela...
A noter que le FN déclare 386 095 euros de recettes au titre de ses manifestations publiques, ce qui laisse penser qu'au mieux, 75 000 personnes ont participé à une initiative du Parti.
Constatons aussi qu'il y a plus de 248 000 euros de provisions imputées sur les créances des fédérations du Parti, montant équivalent au niveau des créances d'exploitation (actif circulant) restant à recouvrer.
En clair, la moitié des sommes imputables aux fédérations n'est jamais recouvrée.
Sur les adhérents, que penser ?
L'adhésion classique au Front est à 50 euros et se fixe à 30 euros pour les personnes à revenus dits modestes.
Supposons donc que nous ayons un FN avec moitié d'adhérents « classiques » et moitié d'adhérents « modestes » et que notre moyenne de cotisation annuelle se fixe donc à 40 euros.
Dans ce cas, on prend le montant de cotisations perçues (1 004 990 euros) et on divise par 40 pour arriver, environ, à 25 000 adhérents.
Un nombre qu'il faut sans doute majorer du nombre des jeunes adhérents du Front, bénéficiant d'un taux de cotisation plus faible mais qu'il faut aussi penser à réduire de ceux qui versent, au titre de la cotisation, une somme plus élevée.
L'apport des élus atteint 542 717 euros, et ne représente donc (en tout cas on peut le supposer) que les versements effectués par les députés européens et les conseillers régionaux FN.
Les 118 élus du FN au niveau régional semblent donc en situation de s'acquitter de 3 à 4 000 euros par an au bénéfice du Parti, sous les réserves habituelles, c'est à dire que ce don est fiscalement déductible.
A noter le niveau relativement faible de la souscription de dons (119 936 euros) qui, sur la base du plafond de 7 500 euros par an, donne un total de 16 très gros donateurs.
A mon avis, les souscripteurs du FN sont moins d'un millier, en dehors des adhérents, s'entend.
Voilà pour une partie de notre échiquier politique.
On regardera aussi la gauche... :)