de vudeloin » Jeu 29 Déc 2011 03:22
Le Gard, marqué par la présence du protestantisme qui a, de longue date, orienté une bonne part des choix politiques du département (et notamment une forte inclination aux sentiments républicains et ce, de manière assez précoce), est aujourd'hui un département dont les évolutions sont assez nettes.
L'activité industrielle et minière du pays alésien s'étant fortement réduite, c'est de plus en plus vers la vallée du Rhône et l'agglomération nîmoise que les mouvements de population les plus importants se sont manifestés ces dernières décennies.
Le Gard est en quelque sorte descendu des Cévennes et s'est rapproché de la côte, avec un centre de gravité de plus en plus proche de la Méditerranée.
Le nouveau découpage électoral du département en atteste : deux sièges de député sont définis sur Nîmes, ville créée au départ pour les légionnaires retraités de la Xe Légion, un sur la Camargue gardoise, un sur la Vallée du Rhône et deux se partagent, en quelque sorte, le pays alésien et le pays camisard, autour du Vigan.
Si l'on appréhende d'ailleurs l'espace couvert (même si le découpage Marleix n'est pas sans réserver quelques surprises à qui connaît un peu la région), le nombre de communes concernées, tout semble différent d'un siège à l'autre.
Prenons les deux sièges découpés autour de Nîmes, ceux des première et sixième circonscriptions.
Première circonscription : le siège comporte les villes de Beaucaire (PRV), Bellegarde (PS), Jonquières Saint Vincent (DVD), Fourques (DVG) et Vallabrègues, Bouillargues (DVD, perdue par le PS en 2008), Caissargues (DVD), Garons (DVD, ville de l'aérodrome de Nîmes), Milhaud (UMP), Rodilhan (PS) et une partie non négligeable de Nîmes, à savoir les quartiers du centre ville (Jardins de la Fontaine, Tour Magne), ceux du Chemin d'Avignon, du Mas de Possac et de la route de Beaucaire (canton 3 tenu par le PCF depuis 1998), ou encore ceux de la Gare et des grandes cités populaires de Pissevin et Valdegour.
Le siège couvre donc un espace somme toute assez réduit, ne comportant in fine que 10 communes et la moitié de la ville Préfecture.
Quant au partage cantonal, il donne 3 sièges à gauche et 2 pour l'UMP.
Sixième circonscription : le siège regroupe les communes de Marguerittes (DVD mais avec des alliances disons variables), Manduel (PS), Poulx (DVD), Redessan (PRG), Bezouce, Saint Gervasy (DVG), Lédenon, Cabrières, Aigaliers, Arpaillargues et Aureillac (DVD), Blauzac (PS), Flaux, La Capelle et Masmolène, Montaren et Saint Médiers (PS), Saint Hippolyte de Montaigu (UMP), Saint Maximin, Saint Quentin la Poterie (PS), Saint Siffret (UMP), Saint Victor des Oules, Sanilhac Sagriès (DVG), Serviers et Labaume, Uzès (PRV), Vallabrix (PCF), soit un total de 23 communes et une partie de Nîmes couvrant notamment le Camp militaire des Garrigues, une partie du centre ville, les Arènes romaines ou encore le secteur dit du Colisée et le Stade des Costières.
Dans les deux cas, les communes extérieures à Nîmes ont connu une forte croissance démographique (ce qui n'est pas le cas de la Préfecture qui n'a gagné que 17 000 habitants environ en quarante ans), allant du simple au double ou du simple au triple en peu de temps.
Le partage des cantons donne 1 canton PS, 1 DVD (parfois DVG, c'est selon) et 3 UMP.
Prenons la circonscription camarguaise maintenant.
Il s'agit de la deuxième.
Elle regroupe les communes d'Aigues Mortes (PS depuis 2008, après avoir été longtemps PCF de 1953 à 1965 et de 1977 à 1989), Saint Laurent d'Aigouze (DVD), Le Grau du Roi (UMP, après avoir été PS de la Libération à 1983), Aimargues (DVG), Le Cailar (DVG), Codognan (DVD), Gallargues le Montueux (DVD, commune où l'on fabrique notamment les fameux carrés Hermès), Mus (UMP), Uchaud (DVD), Vergèze (DVD, la commune abrite la fameuse source Perrier), Vestric et Candiac, Générac (DVG), Saint Gilles du Gard (PS, la ville a eu, pendant un mandat, l'expérience d'une gestion FN), Aigues Vives (DVD, la commune a eu, un temps, comme maire Huguette Bouchardeau, ancienne Ministre et secrétaire nationale du PSU), Aspères, Aubais (DVG, la Maire Pilar Chaleyssin préside l'Association des Maires du Gard), Aujargues, Boissières (DVD), Calvisson (DVG), Congénies (PS), Fontanès (DVG), Junas, Langlade (DVD), Lecques, Nages et Solorgues, Saint Dionisy, Saint Clément (DVD), Salinelles, Sommières (DVG), Souvignargues, Villevieille (DVG), Aubord (DVD), Bernis (DVD), Beauvoisin (DVG, ex PS) et Vauvert (UMP), soit un ensemble de 35 communes.
Le partage cantonal donne 1 PCF (Rhôny Vidourle), 2 PS ( Sommières, Vauvert), 2 droite (Saint Gilles, Aigues Mortes)
Si nous prenons la troisième circonscription, celle orientée sur la vallée du Rhône, qu'avons nous ?
Elle comprend les communes de Villeneuve les Avignon (UMP, avec le député Jean Marie Roubaud), Rochefort du Gard (UMP), Les Angles (UMP), Pujaut (DVD), Saze, Argiliers (DVG), Castillon du Gard, Collias, Fournès (DVG), Pouzilhac (DVD), Remoulins (PS), Saint Hilaire d'Ozilhan, Valliguières, Vers Pont du Gard (centriste), Bagnols sur Cèze (DVG, ex PS), Tresques (PS), Cavillargues (DVD), Chusclan (DVD), Codolet (DVG), Connaux, Gaujac, Orsan, Le Pin (DVG), La Roque sur Cèze, Sabran (DVD), Saint Etienne des Sorts, Saint Gervais (DVG), Saint Michel d'Euzet, Saint Nazaire, Saint Paul les Fonts (PRG), Saint Pons La Calm, Vénéjan, Aramon (PCF), Meynes (UMP), Comps (PCF), Domazan (DVD), Estézargues, Montfrin, Saint Bonnet du Gard, Sernhac, Théziers (PCF), Roquemaure (Régionaliste), Laudun l'Ardoise (PS), Saint Laurent des Arbres (UMP), Saint Victor la Coste, Sauveterre (PCF), Tavel, Saint Geniès de Comolas, Montfaucon (DVD) et Lirac, soit un ensemble de 50 communes.
Le partage cantonal donne 2 PS et 3 UMP, dont celui de Villeneuve les Avignon qui pèse particulièrement dans le paysage (près de 34 000 habitants).
On rappellera aussi pour mémoire que la région, outre ses productions viticoles connues (vins d'Aramon, de Tavel, par exemple) est aussi le lieu d'implantation du site nucléaire de Marcoule, qui a modifié une partie de la sociologie locale.
Les deux sièges constitués autour d'Alès et du Vigan regroupent au total 234 des 353 communes gardoises.
On peut notamment penser que la cinquième (Alès, La Grand Combe, Le Vigan) a été conçue par Marleix comme une sorte de « réserve indienne ».
Elle regroupe en effet la totalité des cantons de l'arrondissement cévenol du Vigan, soit 75 communes aujourd'hui et environ 35 000 habitants, une population à peine supérieure à celle du canton de Beaucaire ou celui de Villeneuve les Avignon.
Ces dix cantons cévenols sont ceux d'Alzon (PS), Lasalle (PS), Quissac (DVG), Saint André de Valborgne (DVG), Saint Hippolyte du Fort (PS, il s'agit du canton du Président du CG, Damien Alary), Sauve (PS), Sumène (DVG), Trèves (PS), Valleraugue (DVD) et Le Vigan (EELV).
S'y ajoutent sept cantons de l'arrondissement d'Alès et un issu de celui de Nîmes, en l'espèce le canton de Saint Mamert du Gard.
Les sept cantons alésiens sont ceux d'Alès Ouest (PCF depuis 1967), Anduze (EELV, avec une élue qui s'était d'abord présentée comme antilibérale), Bessèges (DVG, le siège étant socialiste depuis la Libération), Génolhac (PCF depuis la Libération au moins, avec une partie des anciens villages miniers), La Grand Combe (PCF depuis 1964), Lédignan (PS depuis 1949, notamment avec la famille Perrigot, dont la fille Françoise est sénatrice du Gard depuis 2008) et Saint Jean du Gard (PS, avec un élu, Lucien Affortit qui a commencé comme apparenté PCF).
Ces cantons regroupent au total 50 communes et le canton de Saint Mamert du Gard, celui du député PS William Dumas, qui clôt la circonscription, en compte 14 de mieux, établissant à 139 le nombre de communes gardoises comprises dans le périmètre de cette cinquième circonscription.
Avec un canton de droite ( et pas le plus peuplé, loin de là ), 8 cantons PS, 4 DVG, 3 PCF et 2 EELV, produit de la tradition politique cévenole, il est évident que Marleix a calculé son affaire pour grouper le plus possible de forces de la gauche dans un seul endroit...
La norme, dans ce secteur, vu l'influence loin d'être secondaire du PCF ( les cantons d'Alès Ouest, de La Grand Combe et de Génolhac, cela fait tout de même plus de 41 000 habitants et le Front de gauche obtient souvent de bons scores sur le canton de Lédignan ), c'est un match qui peut être ouvert entre un PS qui « vieillit » quelque peu, un PCF encore actif et un courant écologiste qui peut peser.
Reste l'autre circonscription alésienne, qui descend des Cévennes et va vers le Rhône avec une absence évidente de cohérence géographique ( Alès et Pont Saint Esprit n'ont jamais élu le même député ), qui est, me semble t il, plus ouverte même si...
Elle comprend les cantons d'Alès Nord Est (PCF depuis sa création sous sa forme actuelle), Alès Sud Est (à droite depuis 1994, avec le maire de Saint Hilaire de Brethmas, la droite disposant aussi de la mairie de Saint Privat des Vieux, le PCF de celles de Salindres, Méjannes les Alès, Les Plans), Barjac (PCF avec le même élu, maire de Barjac, de 1979 à 1998 puis depuis 2004), Saint Ambroix (PCF depuis 1970), Vézénobres (PS depuis 1998), dans l'arrondissement d'Alès.
Elle recoupe enfin les trois derniers cantons de l'arrondissement de Nîmes restés « orphelins « , à savoir ceux de Lussan (PS depuis 1994 après avoir été un fief radical), Pont Saint Esprit (redevenu PS cette année, tandis que le chef lieu passait à gauche après la démission d'office de l'ancien Ministre et Président du CG Gilbert Baumet, affaire que nous avions suivie sur ce forum) et Saint Chaptes (EELV, avec un conseiller général qui fut d'abord élu PCF avant de quitter ce Parti lors de la campagne présidentielle de 2007, puis de se rapprocher du courant écologiste).
Un seul canton à droite, donc, sur ce siège, même s'il s'agit du canton le plus peuplé avec près de 28 000 habitants.
Plus de 37 000 habitants dans les trois cantons issus de l'arrondissement de Nîmes, avec des secteurs en fort développement démographique (Pont Saint Esprit avait 6 700 habitants en 1975, plus de 10 000 aujourd'hui ; Saint Geniès de Malgoirès, dans le canton de Saint Chaptes, est passé de 1 155 habitants en 1975 à près de 2 550 aujourd'hui ).
Et un match à gauche à suivre, dans un contexte où l'on ne sait pas encore ce qu'il en sera des candidatures EELV et PS.
Sur le poids du FN, assez réel dans le département lors de certaines consultations, on peut toutefois craindre qu'il ne cause quelques soucis à l'UMP dans les deux sièges cévenols, mais surtout qu'il affecte, si cela vient à se reproduire comme en 2011, la performance des candidatures UMP.
On va maintenant regarder les données chiffrées les plus récentes...