de vudeloin » Lun 9 Jan 2012 16:59
Pour prolonger l’analyse sur ce département, quelques éléments démographiques, histoire de tenter de mesurer les choses.
Première circonscription : elle groupe les cantons de Pontoise (UMP, 29 817 habitants, correspondant à la ville), Magny en Vexin (DVG ex PS, 16 752 habitants, vingt six communes), Marines (DVD, 12 164 habitants, dix neuf communes), Vigny (DVD, 10 947 habitants, dix huit communes), Vallée du Sausseron (PS, 17 414 habitants, douze communes) et Beaumont sur Oise (DVD, canton du Président du Conseil général depuis mars 2011, 32 915 habitants, huit communes).
De manière historique, depuis que le département existe, le canton de Vigny est de droite, avec notamment le mandat, long de trente quatre ans, d’Yves Le Coat de Kerveguen, suppléant de Michel Poniatowski et maire de Vigny, entre 1967 et 2001 ; le canton de Marines présente la même caractéristique, même s’il comprenait le précédent avant la création du département, avec deux titulaires du poste depuis 1967, à savoir l’ancien maire giscardien de Nucourt Jean Marie Gernigon et l’actuel maire DVD de Cormeilles en Vexin Jean Pichery depuis 1992.
Le troisième canton vexinois, celui de Magny, fut longtemps de droite, avec le très long mandat (trente et un ans) de Gilbert Picard, ancien maire du chef lieu, élu d’obédience centriste, de 1967 à 1998.
Depuis, le siège échoit à Jean Pierre Muller, maire de Magny, DVG ex PS (en fait parfois considéré comme membre à part entière du PS, parfois non), encore réélu au printemps dernier.
On rappellera qu’outre le fait que le canton compte vingt six communes au total, Magny en Vexin est une commune « sectionnée » puisque son conseil municipal est composé d’élus de trois communes « regroupées », à savoir Magny en tant que tel, Blamécourt et Arthieul.
Le canton de la Vallée du Sausseron n’existe que depuis 1976, pur produit du découpage Poniatowski, et n’a connu qu’un seul élu, d’obédience centriste, de sa création à cette année, à savoir l’ancien Maire d’Ennery Gilbert Claudel, un temps Sénateur du Val d’Oise, qui s’est retiré cette année, laissant la place à son adversaire jusqu’ici régulièrement battu, le maire PS d’Auvers sur Oise, Jean Pierre Bequet.
Le canton de Pontoise, sous sa forme actuelle, est tendanciellement de droite, ou plus précisément centriste, puisque le maire de la ville fut, assez longtemps (pendant vingt quatre ans de 1953 à 1977) l’ancien Sénateur UCDP Adolphe Chauvin, par ailleurs Président du conseil général de 1967 à 1976.
Par surprise, et parce que la période s’y prêtait, le siège passa à gauche en 1976, avec l’élection de Marie Françoise Lecuir, future députée de la Vallée de Montmorency, mais ce fut là le seul mandat assuré par un(e) élu(e) de gauche sur le canton, la position ayant été reconquise par la droite en 1982.
Enfin, le canton de Beaumont sur Oise fut, longtemps, l’apanage du PCF.
Le premier élu, dans la configuration Val d’Oise, fut le maire socialiste de Beaumont avant que le PCF ne l’emporte, avec Robert Lebastard, en 1973 pour un mandat reconduit jusqu’en 1992.
Entre temps, Robert Lebastard était d’ailleurs devenu maire de Persan, cité cheminote où il succéda en 1979 à Fernand Châtelain, Sénateur PCF du Val d’Oise.
De 1992 à 2004, le siège échoit à l’actuel maire de Beaumont, Fabrice Millereau, sous des étiquettes variables (Génération Ecologie notamment) avant de tomber, en 2004, dans l’escarcelle d’Arnaud Bazin, le maire DVD de Persan, aujourd’hui Président du conseil général.
Le canton reste toutefois orienté à gauche lors des scrutins nationaux.
Deuxième circonscription : elle groupe les cantons de Cergy Sud (PS, 32 267 habitants, avec une part de Cergy et la commune d’Eragny sur Oise), Saint Ouen l’Aumône (PS, 32 855 habitants, groupant la ville chef lieu et Méry sur Oise), la commune de Neuville sur Oise, tirée du canton de l’Hautil (1 588 habitants), le canton de L’Isle Adam (UMP, 26 821 habitants, six communes) et le canton de Viarmes (UMP, 21 235 habitants, dix communes).
Le canton de Cergy Sud est une création récente (1985), motivée par l’extension et le développement de la Ville Nouvelle, et a toujours été représentée par un(e) élu(e) socialiste.
Ce fut d’abord Dominique Gillot, ancienne Ministre et désormais Sénatrice du Val d’Oise.
Il comporte une part de Cergy (village ancien et première partie de la Ville Nouvelle, pour peu que je me souvienne) et une mairie plutôt orientée à gauche depuis quarante ans, avec un long mandat PCF avec Louis Don Marino (1971 – 1995 ), un mandat de droite et une reprise par la gauche, avec Dominique Gillot depuis 2001.
Le canton de Saint Ouen l’Aumône est une recomposition, puisqu’il comprenait avant le redécoupage de Cergy la commune d’Eragny et qu’il a fini par intégrer la commune de Méry sur Oise qui avait été « promenée «, pendant plusieurs années, entre les cantons de l’Isle Adam, de Taverny et de Saint Ouen l’Aumône (et même de Beauchamp, me dit on).
Méry, de la Libération à 1989, si je ne me trompe (voir 1995), a eu un maire communiste, Marcel Perrin (un élu dans le style « mairie libérée les armes à la main en 1944 et continuité du mandat ensuite ») et le vote massif des habitants pour le PCF pouvait causer, à chaque renouvellement cantonal, le basculement du canton auquel la commune aurait été rattachée.
Le siège de Saint Ouen, dans sa configuration initiale (Saint Ouen plus Eragny) est passé à gauche en 1979, avec Dominique Gillot (Alain Richard venait d’être élu maire de Saint Ouen en 1977 et député de la première circonscription du Val d’Oise en battant Michel Poniatowski en 1978), avant de revenir dans le giron de la droite entre 1985 et 1992, avec Jean Bardet, actuel député, et de retourner à gauche en 1992, où il est resté depuis.
Le canton de l’Isle Adam, pour sa part, dans le découpage actuel, date de 1976, également.
Il a été plus étendu dans le passé (le canton de la Vallée du Sausseron en fut notamment détaché en 1976), et eût même, au détour des années 50, un conseiller général communiste, Eugène Alliot, député de Seine et Oise en 1956 et qui, à la toute fin de sa carrière politique, sera maire de Mériel de 1977 à 1980.
Depuis 1976, dans sa configuration actuelle, le canton est à droite, ayant eu comme élus des conseillers d’obédience giscardienne, à savoir, pendant vingt cinq ans, Jean Paul Nomblot, adjoint de Michel Poniatowski en mairie de l’Isle Adam, puis Axel Poniatowski, député du Val d’Oise et fils de l’ancien Ministre de l’Intérieur de Valéry Giscard d’Estaing.
Cela avant que la fonction ne soit reprise, en 2008, pour cause de cumul de mandats, par Roland Guichard, maire de Parmain.
Le canton de Viarmes, enfin, est un canton toujours resté à droite, mais en fait, plutôt au centre, depuis fort longtemps.
Le siège fut en effet détenu pendant vingt deux ans par Pierre Salvi, maire du chef lieu, candidat malchanceux aux législatives de 1973 dans la 5e circonscription du Val d’Oise, Président du Conseil général de 1976 à 1989, année de sa disparition.
Pierre Salvi fut aussi maire de Viarmes de 1959 à 1989, et Sénateur du Val d’Oise de 1977 à 1989, années pendant lesquelles il sera aussi, un temps, président de l’Association des Présidents de Conseils généraux, association devenue aujourd’hui l’Assemblée des Départements de France.
Le siège échoit ensuite à Emelyne Georges Picot, issue d’une célèbre famille de diplomates et de banquiers , maire de Noisy sur Oise avant de revenir en 2004 au nouveau maire de Viarmes, Daniel Desse.
Composé de communes « rurbaines », le canton peut, par épisodes, être tenté de voter à gauche en certaines occasions, d’autant qu’il compte, par exemple, une municipalité communiste ou apparentée communiste depuis la Libération avec le petit village de Saint Martin du Tertre, situé aux portes de la forêt de Carnelle, sur l’un des points culminants du département (pas plus haut que 210 mètres tout de même !)
Troisième circonscription : elle se compose des cantons de Beauchamp (DVD, 24 393 habitants, composé de la commune chef lieu, et des communes du Plessis Bouchard et de Pierrelaye, sans continuité géographique), Cormeilles en Parisis (PS, 41 241 habitants, constitué des communes de Cormeilles en Parisis et de Montigny les Cormeilles), Herblay (PS, 30 327 habitants, composé des communes d’Herblay et de La Frette sur Seine) et de Taverny (PS, 36 797 habitants, composé des communes de Taverny, Bessancourt, Frépillon, Chauvry et Bêthemont la Forêt).
Le canton de Beauchamp, créé en 1976 par la grâce des ciseaux de Poniatowski, est toujours resté à droite, le poste étant occupé un temps par Yves Carric, maire du Plessis Bouchard, avant de devenir en 1992 l’apanage de Raymond Lavaud, maire de Beauchamp, et de revenir cette année à Gérard Lambert – Motte, maire du Plessis.
Le canton de Cormeilles en Parisis, pour sa part, a une histoire assez nettement marquée à gauche avec, dans un découpage différent, un long mandat de l’ancien député PCF Claude Weber de 1964 à 1982, suivi d’un mandat de droite, puis de deux mandats assurés par Robert Hue, ancien secrétaire national du PCF, ancien maire de Montigny et député d’Argenteuil, et actuel Sénateur du Val d’Oise.
Le siège repasse à droite en 2001 pour revenir de nouveau à la gauche en 2008.
Le canton d’Herblay, créé en 1976, est resté à droite jusqu’en 1998, bien que la ville de La Frette ait été gérée par le PCF en 1977/83.
En 1998, le siège passe à gauche notamment parce que la mairie d’Herblay a basculé à gauche en 1995 et c’est le maire PS du chef lieu, Jean Pierre Léchalard, qui devient conseiller général.
La perte de la mairie par la gauche en 2001 précède la reprise du canton par la droite avant l’élection de 2011 où Nelly Léon a battu le maire UMP d’Herblay, Patrick Barbe.
Enfin, le canton de Taverny a connu aussi une relative instabilité, mais s’est globalement ancré à gauche depuis 1976 et la victoire de l’enseignant communiste Francis Arzalier dans ce qui fut longtemps le fief du sénateur centriste André Messager.
Battu aux municipales de 1977 par le candidat PS Jean Pierre Le Coadic (futur député de la 2e circonscription du Val d’Oise en 1981, aujourd’hui décédé), Francis Arzalier verra gagner le candidat RPR Raymond Demanet en 1982.
Avant qu’en 1988, la reconquête du canton par le candidat PS Maurice Boscavert n’anticipe sur le basculement de la mairie du chef lieu, restée à gauche depuis.
Comme le canton.
Quatrième circonscription : elle se compose des cantons d’Eaubonne (PS, 23 878 habitants, correspondant à la seule commune éponyme), d’Ermont (UMP, 27 625 habitants, comme pour Eaubonne), de Franconville (UMP, 33 276 habitants) et Saint Leu la Forêt (DLR, 24 723 habitants, composé de la commune chef lieu, de Saint Prix et Montlignon)
Nous sommes un peu en vallée de Montmorency, dans un secteur plutôt acquis à la droite.
Mais les choses ont évolué.
Eaubonne fut longtemps le fief de la droite centriste, avec André Petit, député de la 4e circonscription du Val d’Oise entre 1978 et 1981, avant que la ville, à la surprise générale, n’élise un maire socialiste en 2001, devenu depuis le conseiller général en 2004, à savoir François Balageas.
Ermont, pour sa part, est une de ces bizarreries valdoisiennes : ville votant à gauche qui aux législatives ou aux présidentielles, mais élisant régulièrement un maire de droite modérée et un conseiller général de même obédience.
A part un début de mandat d’un écologiste élu en 1994, Pierre François Siméoni, le siège de conseiller général est resté à droite depuis au moins 1967…
Franconville a une histoire politique assez complexe aussi : en 1973, le PCF emporte le siège de conseiller général avec Annie Brunet, avant de gagner la mairie en 1977.
En 1979, Francis Delattre, alors giscardien, est élu conseiller général de la ville, dont il deviendra maire en 1983 (il l’est toujours), avant d’accéder d’abord à la députation, et désormais au siège de Sénateur.
Si la ville de Franconville est restée à droite, la cantonale de 2004 fut marquée par le succès du candidat PS Gérard Sebaoun, qui sera battu cette année, mais de manière relativement étroite.
Et les habitants peuvent fort bien voter à gauche lors de certaines élections de niveau national.
Enfin, le canton de Saint Leu a été marqué par le très long mandat (1967 – 1994) du radical de gauche, ex socialiste et futur écologiste, François Gayet, par ailleurs maire de Saint Leu entre 1977 et 2001.
A noter que la gauche n’a perdu la mairie de Saint Leu qu’en 2008, à la faveur d’un problème de transmission de témoin et d’une candidature UMP « masquée « habilement sous les traits de l’apolitisme.
Saint Prix, pour sa part, est orienté à droite, avec l’actuel maire Jean Pierre Enjalbert, proche de Nicolas Dupont Aignan, et participe, avec Montlignon, à son élection.
Cinquième circonscription : elle comporte les cantons d’Argenteuil Est, Nord et Ouest (tous les trois UMP, respectivement 37 249, 28 032 et 37 563 habitants) et du canton de Bezons (PCF, 28 012 habitants, représentant la ville).
Dans les années 70/80, ce secteur était un fief du PCF.
Le siège de député d’Argenteuil Bezons a notamment été occupé par Gabriel Péri en 1936, puis par Léon Feix ou encore Robert Montdargent.
Quant aux deux municipalités, l’une est communiste depuis 1920 (Bezons) l’autre l’a été dès 1935, avec une municipalité de Front Populaire dirigée par Victor Dupouy, qui sera relevé de ses fonctions en 1939 avant de redevenir maire de la ville de la Libération à 1977.
Argenteuil, ville communiste, cela va durer jusqu’en 2001 et l’échec de la municipalité menée par Roger Ouvrard pour tenter de redresser une situation financière détériorée par certains investissements hasardeux accomplis dans les dernières années du mandat de Robert Montdargent, député de 1974 à 1993 et maire de 1977 à 1995.
La droite, avec Georges Mothron, conquit la municipalité en 2001 avant de la reperdre en 2008, face une gauche groupée autour de Philippe Doucet, élu PS.
Les trois cantons d’Argenteuil ont été PCF, sans interruption, au moins jusqu’en 1998, année où le PS a gagné le canton Ouest, avant que la droite n’emporte le canton Est en 2001 et que le canton Nord ne passe au PS en 2004.
Je ne reviendrais pas sur les conditions qui ont marqué les élections cantonales de 2011 dans la capitale de l’asperge, cité dévolue à la peinture impressionniste, puisque nous en avons assez largement parlé sur ce forum.
Le siège de Bezons est resté PCF, même si les performances ne sont plus celles d’antan.
En 1976, les conseillers généraux d’Argenteuil ou de Bezons étaient réélus au premier tour…
Voici donc, rappelées à grands traits, quelques unes des données relatives aux cinq premières circonscriptions du Val d’Oise.