La campagne présidentielle de Marine Le Pen

[Jean-Philippe]

Du 1e au 5 novembre, la candidate FN fait une visite aux Etats-Unis (Washington, New-York puis la Floride). Elle avait prévu de rencontrer Ron Paul, figure du Tea Party, mais la rencontre a été annulée (problème d'agenda du conservateur).
Outre des rencontres, souvent à huis clos, avec différents acteurs (on parle de démocrates et de républicains, des ambassadeurs et diplomates francophones, des Français expatriés...), elle "doit se rendre devant le siège du FMI pour s'exprimer sur la situation économique mondiale, avant de donner une conférence de presse à Washington".
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/10/29/97001-20111029FILWWW00341-ron-paul-ne-verra-pas-marine-le-pen.php

Je ne sais pas si son père a déjà quitté la France pour une campagne électorale.
En tout cas, l'écho médiatique de son voyage sera intéressant à observer.

[orional]

Boujour à tous,

Dans le cadre de la campagne électorale de 1988, notamment durant l'été 1987, l'ancien président du Front national avait déjà mené de pareilles visites à l'étranger auprès de personnalités de premier plan afin d'asseoir sa stature sur le plan diplomatique. Il en fera d'ailleurs un important étalage tant dans les médias que dans la propagande frontiste, exhibant sans retenue des photographies le représentant auprès du pape Jean-Paul II, le président américain Reagan, la nouvelle présidente des Philippines Cory Aquino, le roi du Maroc Hassan II ou encore - tiens, tiens ...- le Gabonais Omar Bongo. Il n'oubliera évidemment pas de saluer au passage les dignitaires de la secte Moon, appuyé par le député FN Pierre Ceyrac, venant en Corée du Nord leur quémander quelques subsides pour le financement de la campagne électorale.

Cette tournée internationale devait atteindre son point d'orgue par la visite de Jean-Marie Le Pen en Israël au général Sharon organisée par le député européen frontiste, naguère CNI, Olivier d'Ormesson, destinée à le laver de toute accusation d'antisémitisme. La tenue de cet événement sera naturellement abandonnée par les propos sur les chambres à gaz au Grand Jury RTL le 13 septembre 1987.

Comme quoi, chassez le naturel, il revient au galop ...

[vudeloin]

Un rappel toujours utile, mais, ceci dit, la rencontre avec Ron Paul est assez intéressante du point de vue de la signification...

Marine Le Pen n'aime pas beaucoup les marchés financiers internationaux ni le FMI, mais elle goûte assez la guerre économique où chacun utilise les armes les plus inégales pour gagner...

[pierrot]

Au delà des problèmes d'agenda de Ron Paul, le risque qui pèse sur la campagne présidentielle de Marine Le Pen ce sont les dérapages de son père. Ses propos de comptoir misogynes sur le "ménage" Sarkozy-Merkel (et autres) ne sont peut être qu'un début. Vous me direz, sur la convergence franco-allemande, il aurait pu faire bien pire.
Marine Le Pen, un peu tendue, a pris cette sortie en riant. Mais le travail de modernisation de l'image du FN est déjà assez compliqué, sans avoir besoin de ramer pour contre-balancer ces discours d'un autre âge.
Je me demande si à un moment, consciemment ou non, le père ne va pas saboter la campagne par une de ces petites phrases dont il a le secret. Supportera t'il de voir quelqu'un d'autre, une femme, fût-ce sa propre fille, réussir mieux que lui dans ce qui fût l'entreprise de sa vie ?

[vudeloin]

Une des ces phrases taillées à la SERP ?

[Jean-Philippe]

Finalement Marine Le Pen a vu Ron Paul, mais pendant une dizaine de minutes, évoquant notamment avec lui un retour au système financier de l'étalon-or.
Ce membre de l'aile "libertaire" du parti conservateur qui s'oppose à l'intervention de l'Etat dans la vie du pays rappelle l'aspect libéral du programme du FN aux élections passées (moins d'impôts, moins de fonctionnaires, moins de réglementations dans de nombreux domaines, notamment dans la vie économique).
Elle a également rencontré le représentant républicain ultra-conservateur Joe Walsh, membre de Tea Party.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/11/02/97001-20111102FILWWW00632-m-le-pen-a-rencontre-ron-paul-aux-usa.php

Pendant la campagne, ces rencontres pourraient lui être rappelées et lui nuire auprès d'électeurs populaires (si ceux-ci entendent parler de ces rencontres et y comprennent les applications politiques possibles en France).

[vudeloin]

Pendant la campagne, ces rencontres pourraient lui être rappelées et lui nuire auprès d'électeurs populaires (si ceux-ci entendent parler de ces rencontres et y comprennent les applications politiques possibles en France).

Peut être aussi qu'une lecture commentée du programme du Front National pourrait suffire à expliquer un certain nombre de choses, Jean Philippe, sans avoir besoin de souligner les entrevues de Miss Marion Le Pen avec je ne sais trop qui...
Mais, bon, on verra cela le moment venu ;)

[Jean-Philippe]

Mais, bon, on verra cela le moment venu

Oui, parce que pour l'instant, on n'a pas encore les programmes des candidats (ceux des partis parfois, mais ils sont à revoir).

[vudeloin]

On va dépasser la problématique de la campagne de Le Pen fille, mais sur les programmes des partis, on a déjà des éléments, ne serait ce que, par exemple, le " Programme populaire partagé " de Jean Luc Mélenchon ( qui doit se vendre à 2 euros ), mais aussi les propositions du Projet du PS, qui avaient juste le défaut de se fonder sur une hypothèse de croissance " obsolète " selon l'heureux mot de Jérôme Cahuzac...
Ce qui me fait doucement sourire, Jean Philippe, puisque je crois que nos échanges avaient déjà pointé cette contradiction...

[pierrot]

Ce membre de l'aile "libertaire" du parti conservateur qui s'oppose à l'intervention de l'Etat dans la vie du pays rappelle l'aspect libéral du programme du PS aux élections passées (moins d'impôts, moins de fonctionnaires, moins de réglementations dans de nombreux domaines, notamment dans la vie économique).

:? C'est un lapsus ???

Il est vrai que la rencontre avec un éminent représentant du courant libertarien peut apparaître surprenante au moment où Marine Le Pen a choisi un discours social, à l'opposé du libéralisme affiché par son père qui relevait plus d'une lignée poujadiste et s'adressait pour caricaturer aux "petits commerçants", fond de commerce historique du FN : "On paie trop d'impôts ma bonne dame, les fonctionnaires sont des fainéants, tout ça pour payer des allocations aux immigrés et ressert moi en un, Marcel !".

Mais n'oublions pas que Ron Paul est plutôt classé comme un paléo-libertarien aux Etats Unis : libertarien en politique étrangère, sur le plan économique, fiscal, institutionnel (surnommé "Dr No" car il vote contre presque toutes les lois qui à son sens renforcent la main-mise de l'état fédéral) mais conservateur sur le plan social et celui de la morale religieuse.