Référendum en Grèce

[vudeloin]

Pour éviter que le lecteur ne se perde un peu trop dans la lecture du fil consacré à la crise de l'euro, j'ai préféré ouvrir un fil sur le referendum que Georges Papandreou a décidé d'organiser en Grèce, sur le plan européen destiné à intervenir dans le règlement de la crise financière frappant ce pays, tout autant que l'Europe.

Le but de ce fil est évidemment de permettre le suivi de la campagne électorale de ce referendum comme les réactions qu'il a pu provoquer ou qu'il ne manquera pas de susciter dans les prochaines semaines.

Pour l'heure, il provoque une nouvelle poussée de fièvre sur les marchés financiers avec une chute sensible des valeurs bancaires sur la place de Paris, les quatre ou cinq plus grosses baisses affectant la Société générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, Axa et Accor.
A noter que Dexia, sorti récemment du CAC 40, est tombé à 48 centimes d'euro, après avoir fait l'objet du vote d'un plan de redressement dans le cadre du dernier collectif budgétaire en France.

[Maximus]

Il transparaissait dans la déclaration de Georges Papandréou du 24 octobre rapportée par moi-même, dans le sujet « vers la fin de l’euro ? » un profond ras-le-bol de la situation, ce n’était pas un ultimatum, mais pas loin.

Avec l’annonce de ce référendum, le coup de poker de Georges Papandréou prend tout le monde à contre-pied.

Toutefois, il n’est pas du tout certain qu’il parvienne à le mettre en place :
_ Papandréou ne dispose plus que d’une majorité de 152 députés sur 300.
_ 6 responsables du Pasok exigent sa démission.
_ Le référendum est prévu pour 2012, les finances grecques tiendront-elles jusque là ?

[vudeloin]

Coup de poker, je ne sais pas...
Ce que je sais par contre, c'est que le mot referendum étant latin d'origine ( même si c'est peut être du bas latin ), il ne saurait prendre d'accent...

Bon, ensuite, la réaction de Sarkozy me fait penser au théorème de Crozier " Il y a des limites nécessaires à la démocratie '...

[Emeric]

La durée de vie des décisions de l'UE sur l'Euro étant désormais réduits à quelques jours je donne bien du courage aux analystes pour émettre un point de vue sur la tenue (ou non) d'un référendum en Grèce sur ce sujet.
Qui de nos jours est capable de dire sur ce sujet avec une certitude, même légère, ce qui va se passer dans 15 jours ?

[Jean-Philippe]

La remarque d'Emeric est juste. D'autant plus qu'on parlait ce soir d'une possible démission de Papandréou qui mettrait fin à l'hypothèse référendum.

[Nico]

La remarque d'Emeric est juste. D'autant plus qu'on parlait ce soir d'une possible démission de Papandréou qui mettrait fin à l'hypothèse référendum.

Mettre fin au référendum? Ca ne ferait que jeter de l'huile sur le feu et sur une population déjà très remontée. Si son successeur ne conserve pas cette idée de référendum, il pourra être éjecté aussi vite qu'il est arrivé. Maintenant qu'il a été annoncé, il faudrait beaucoup de souplesse pour l'annuler.

[Relique]

Il est vrai que le problème principal de ce referendum est qu'il a lieu en janvier... En même temps, je ne voyais pas Papandréou annoncer il y a un mois qu'il allait organiser un referendum après chaque décision de "plan de sauvetage"; il est certain que les dirigeants européens auraient alors été plus réfractaire à l'idée même d'un plan de sauvetage...

Janvier c'est loin, et les agences de notation auront d'ici là 5 ou 6 possibilités de faire couler la partie sud de la zone euro et la France...

[ploumploum]

On évoque un référendum avant Janvier. Le Gvt grec annonce qu'il soutient officiellement l'initiative du Premier Ministre.
Je trouve que les réactions sont quand même
Enfin, le changement d'état major me dit qu'il y a quelques craintes... même s'il se dit que ce changement était prévu.

Il se passera quoi après vendredi si le vote de confiance ne passe pas. Un Gvt de transition en attendant de possibles élections ?

[vudeloin]

Le plus cocasse, dans cette histoire, c'est que Yorgos Papandreou avait déjà annoncé en juin dernier son intention d'organiser un referendum sur le plan européen en direction de la Grèce, pour des motifs qui me semblent d'ailleurs assez compréhensibles.
C'est qu'on ne peut pas demander à une population donnée d'accepter ( ce qui n'est pas le cas, de surcroît ) des mesures d'austérité quasiment pour vingt ans (bien plus longtemps que la durée d'une mandature à la Vouli, soit dit en passant) sans lui demander, à un moment donné, si elle est d'accord ou non avec le remède proposé...
Que Papandreou ait pris en compte le caractère historique de la situation mérite bien pour le moins cette consultation qui ne peut hérisser que ceux là mêmes qui acceptent sans moufter que les marchés financiers et les agences de notation dictent les politiques économiques des Etats.
Que le politique reprenne le pas sur le strictement économique et surtout le financier, est finalement assez positif.
Autrement, je trouve tout de même osé de la part de l'opposition de droite grecque, le parti Nea Demokratia, de se parer aujourd'hui de toutes les vertus et d'annoncer qu'il va renégocier l'aide européenne.
C'est bel et bien sous le gouvernement de ce parti, allié au Parlement Européen de l'UMP et de la CDU au sein du PPE, que les comptes grecs ont été " maquillés " et la situation actuelle créée en grande partie...
Notons aussi que Mario Draghi, le nouveau patron de la BCE, fut responsable de la banque Goldman Sachs pour la Grèce à la même époque et que l'implication de cette banque ( même antérieure à son arrivée dans ces fonctions ) est établie dans la crise monétaire et financière grecque.

[pierrot]

Que le politique reprenne le pas sur le strictement économique et surtout le financier, est finalement assez positif.

Si elle est probablement sous tendue par des préoccupations politiciennes intérieures, la décision inattendue de Papandréou n'en ouvre pas moins une vraie réflexion de philosophie politique.
Je suis d'accord sur le fond avec les propos de vudeloin repris au dessus. Je dirai même que le plus catastrophique est que le financier domine aujourd'hui le politique ET le strictement économique. Après tout, les problématiques macro-économiques pures (la production de bien et de services, l'offre et la demande, le marché du travail...) sont totalement déconnectées de l'évolution de la crise.
Le temps financier et médiatique (celui de l'instant) semble s'imposer au temps politique, aux perspectives historiques et aux cycles économiques. Pour autant, l'Histoire ne va pas plus vite. Aux politiques de garder en tête le bon horizon.

Le problème c'est que le referendum de Papandreou, s'il symbolise bien une reprise en main démocratique de la décision par le peuple grec, ne changera rien à cette problématique sur le fond.
Le peuple grec aura l'occasion de dire "Non" et donc de provoquer la sortie du pays de la zone Euro (car les allemands ne paieront pas plus) ce qui est précisément ce que les spéculateurs souhaitent depuis le début ou de dire "Oui" et d'approuver un plan qui tente de se plier aux exigences des marchés financiers. Dans les deux cas, le gagnant est le même.
Ce referendum apparaît presque comme un baroud d'honneur d'un pays qui prend conscience qu'il a perdu, que les efforts demandés seront socialement inacceptables et qu'il ne pourra s'en "sortir" qu'en capitulant, c’est à dire en reprenant une monnaie nationale extrêmement dévaluée (ce qui ne fera qu'appauvrir le peuple grec, soit dit en passant). Le gouvernement grec ne peut ou ne veut pas le dire et demande à son peuple de le faire directement.
Pour que le politique reprenne le pas sur le financier, ce qui lui permettra à nouveau d'accompagner - soutenir - réguler - diriger - laisser faire l'économique (choisir la mention adaptée selon le courant de pensée économique auquel on se rattache), il faudrait bien autre chose qu'un referendum à Athènes, fût elle le berceau de la démocratie. Il faudrait reprendre la finance mondiale en main, la réformer avant de réformer la dette souveraine de tel ou tel pays. Qui a le pouvoir, la légitimité, les outils et la volonté politique de le faire ? Voilà la bonne question. Elle ne serait alors plus de savoir si ce plan est acceptable ou non, mais s’il est nécessaire ou non.