de vudeloin » Ven 28 Oct 2011 03:38
Tous ces messages m'amusent un brin, je dois dire...
Qu'ubil ait quelque peine à assimiler le Front de Gauche à la gauche est assez intéressant et symptomatique de l'abus de langage qui consiste à faire du PS le seul parti de gauche, travers assez largement usité dans l'univers médiatique.
Parce que tu vois, ami contributeur, j'ai quelques doutes sur l'idée que l'écologie soit forcément une pensée progressiste ( je la suppose même pour tout dire assez réactionnaire sous certains aspects et de par ses fondements et racines historiques mais soit ) et qu'il ne me viendra à l'esprit de penser que la social démocratie n'est pas de gauche, quand bien même on peut lui trouver quelques défauts.
J'ai presque envie de poser une question : si Mélenchon fait un score à deux chiffres et que les candidats du Front de Gauche réitèrent, voire amplifient la performance lors des législatives, on les met où, à l'extrême gauche ( far left comme diraient les anglophones ) ou à gauche ( left wing pour reprendre le même schéma ).
Quant au PRG, on les met en « center left « ? ;)
Sur les susceptibles de devenir secrétaires du PS, j'avoue que l'idée que Cambadélis qui, jadis, traversa une vitre et en garde encore les traces soit Premier secrétaire du PS, devienne Premier Secrétaire est assez amusante.
Ce ne serait pas le premier lambertiste exerçant ces fonctions, c'est vrai !
Ensuite, sur Hollande, pas d'attaques gratuites, je laisse cela à l'UMP qui semble bien confrontée au problème de ne pas avoir grand chose à proposer, vu que les numéros de claquettes de l'actuel locataire de l'Elysée qui vient d'éviter que le Monde ne s'effondre avec son sommet de Bruxelles ne risquent pas de convaincre grand monde...
Mais un simple constat : tout le programme du PS est à revoir, au seul motif que le cadrage macro économique dans lequel il a été défini n'est pas réuni pour 2012.
Sarkozy ayant annoncé qu'il va faire refaire la loi de finances 2012 par voie d'amendements de dernière minute pour réduire de 8 milliards d'euros les dépenses et les recettes ( bonjour la seconde délibération en matière de coupes claires, une fois imputées les dépenses nouvelles issues des affectations de la réserve parlementaire ! ), on se situe dans une croissance à 1 %.
Un niveau faiblard, carrément tout mou qui s'avère notamment insuffisant pour éviter une nouvelle progression du chômage, notre économie étant ainsi faite que la croissance et les gains de productivité dont elle découle sont utilisés contre l'emploi, à ce niveau là .
Il faut une croissance de deux points au moins pour que l'on puisse envisager une stabilisation du nombre de sans emploi dans notre pays et une croissance de trois points et plus pour qu'on puisse enregistrer une décrue, comme cela fut le cas au tournant du siècle avec les 35 heures...
Bref, même si l'on ne peut que souhaiter pour la France que Sarkozy puisse profiter à partir du 6 mai d'un long congé parental d'éducation, tout gouvernement va se retrouver confronté à une situation économique dégradée qui va sans nul doute impacter sur ses choix.
Les politiques d'austérité, largement répandues en Europe depuis un certain temps et amplifiées depuis 2008, ce ne sont pas forcément des gouvernements de droite qui les ont mis en oeuvre.
C'est Schroder en Allemagne, c'est Zapatero en Espagne, c'est Papandreou en Grèce, à peine élu par un peuple plein d'espoir qui avait décidé de se débarrasser de la droite, là bas baptisée Nouvelle Démocratie.
Qu'est ce qui peut m'empêcher de penser qu'un gouvernement issu des élections du printemps 2012 ne soit également amené à pratiquer de même.
Après tout, le PS est favorable au mode de construction européenne, partisan, sous bien des aspects, d'une « coordination « des politiques économiques qui s'apparente de plus en plus à un fédéralisme larvé, et il partage notamment les objectifs et les vecteurs du fonctionnement de l'Union, singulièrement sur la maîtrise des déficits, celle de la dette publique et de l'inflation, entre autres.
Un déficit public à 3 % de PIB en 2013, c'est, faut il le rappeler, un déficit de l'Etat qui passe de 95 milliards d'euros en 2011 à 60, en escomptant que les 14 milliards de déficit de la Sécurité Sociale soient réduits à 0.
C'est à dire que le PS nous propose tout de même un programme qui, en deux ans, réduit les déficits publics de près de 50 milliards d'euros...
La croissance ne faisant pas le compte ( surtout si elle est portée par l'exportation, par exemple ), c'est au travers d'une double politique, au demeurant quasi intenable, de hausse de la pression fiscale et de quasi gel de la dépense publique qu'on pense y arriver.
Je ne suis pas certain qu'ils vont y arriver, d'autant que les parlementaires socialistes n'ont pas forcément brillé, ces temps derniers, par leur capacité à exprimer des choix différents, dans les vrais moments de vérité politique.
Ils ont ainsi voté le Traité de Lisbonne, qui a prolongé le TCE rejeté par les Français eux mêmes, et qui constitue le cadre dans lequel se débat une Europe dont le dernier sommet vient de montrer les limites, par la mise en exergue des concurrences et le délitement des solidarités.
Les parlementaires PS ont voté pour le plan de sauvetage des banques en 2008 ( 360 milliards d'euros, ne l'oublions pas) sans même demander ou exiger que l'Etat jouât le moindre rôle dans la gestion des banques ainsi aidées.
Ils ont voté en faveur du Fonds de soutien européen dont la particularité est d'être bancal puisqu'en fait, il intervient non pas pour soutenir les Etats, leurs politiques d'équipement et de développement, ce n'est qu'une chambre de compensation dans laquelle les banques et compagnies d'assurance aux prises avec quelques créances illiquides viennent les solder ou en trouver la contrepartie.
Ils ont voté le « plan de soutien à la Grèce « dont nous avons clairement vu qu'il était insuffisant et qu'il était composé de remèdes pires que le mal, contraignant l'Europe à remettre le couvert jusqu'à devoir, sous la pression du peuple grec qui doit voir cela comme une première victoire, obtenir des banques qu'elles renoncent à la moitié de leurs créances envers ce pauvre pays.
Pour la France, cela fait neuf milliards d'euros à trouver paraît il...
No problemo, les banques françaises ont dégagé 11 milliards de profits nets au premier semestre...
Ce qui n'empêche qu'elles seront quand même peut être recapitalisées, parce qu'il faut bien que l'argent public serve à constituer la provision sur pertes irrécouvrables que ne va pas manquer de créer le syndrome grec.
Certains responsables socialistes ont beau jeu de dire, ces jours, que les mesures prises au niveau européen ont trop tardé et que, pour la Grèce, il aurait bien fallu faire autre chose avant...
Question à cent sous : mais pourquoi ne l'ont ils pas dit avant, pourquoi n'ont ils pas porté dans l'opinion publique l'idée qu'on pouvait faire autrement pour régler la question hellénique ?
Je crois bien que les élus socialistes au Parlement, ne se sont même pas déclarés en faveur d'un allégement des taux d'intérêt appliquées aux aides à la Grèce par les autres Etats de l'UE lorsque la question s'est posée, pour le premier plan de sauvetage.
Bref, on se doit, à mon avis, d'être exigeants et regardants par rapport au contenu de la politique alternative censée remplacer celle de Sarkozy.
Et cela n'est pas qu'affaire de personnes !