de vudeloin » Ven 21 Oct 2011 17:22
Nul doute, comme l’a indiqué ligerien, que monnaie et politique économique sont deux choses différentes.
Les Etats-Unis ont depuis longtemps oublié de limiter leur dette publique ( elle est bien plus élevée que celle des autres pays développés dans le monde ) comme leur déficit budgétaire ( même observation ) mais ils l’ont toujours fait dans un seul objectif : porter la croissance de l’ensemble du pays et se refinancer, au besoin, en inondant le monde entier de devises nationales, c'est-à -dire de dollars et de Federal Bonds.
Pour mémoire, le premier créancier du gouvernement fédéral s’appelle tout simplement la Banque Fédérale qui n’a jamais vraiment mis la pédale douce sur la création monétaire et qui se contrefiche des risques d’inflation monétaire que Milton Friedman et sa bande d’allumés de Chicago avaient pu dénoncer il y a quarante ans…
C’est aujourd’hui, en grande partie, l’épargne des autres pays qui finance la croissance et l’activité aux Etats-Unis, tout simplement parce que la contrepartie de l’épargne, qu’on appelle la dette ( il y en a qui placent leurs disponibilités et il y en a qui empruntent ), est le moteur de l’équipement du pays, comme des ménages.
Bon, évidemment, le problème des States, c’est que cette dépense publique sert en grande partie à financer leur présence militaire un peu partout dans le monde et que cette utilisation de l’argent est moins productrice d’emplois que les utilisations civiles…
Après, il y a aussi quelques pays, où se situent ces bases US, qui se dispensent d’un certain montant de dépenses militaires au seul motif que les troupes états uniennes suffisent à assurer leur sécurité extérieure.
Quant à la dette française, « celle que nous risquons de transmettre aux générations futures « ( quelle horreur, n’est ce pas ? ), elle a une durée de vie moyenne de 7 ans et 50 jours, ce qui finalement à la fois assez proche et assez éloigné.
Tout simplement, parce cela veut dire que nous pourrions, dans l’absolu, diviser son montant par 2 605 puis multiplier le montant par obtenu par 365 pour avoir une idée de ce qu’il nous faut trouver pour la solder.
On le fait ?
No problemo, cela donne quelque chose comme 1 307 753 450 917 euros divisé par 2 605, soit un montant quotidien, si l’on peut dire, de 502 016 680 euros.
Pour une année, cela donne 183 236 088 132 euros, soit, à peu de choses près, les émissions prévues cette année en loi de finances telle que rectifiée par le plus récent collectif et qui s’élèvent à 184 milliards d’euros.
Nous n’en avons cependant pas fini avec l’effet boule de neige de la dette, largement imputable aux moins values fiscales qui affectent les recettes de l’Etat depuis quelques années, mais il importe tout de même de se rappeler que ces émissions sont partagées entre financement du déficit budgétaire pour un peu plus de 95 milliards d’euros et amortissement des titres de dette antérieurs pour le solde.
C'est-à -dire que, quand il s’agit d’amortir le capital emprunté, la France fait comme tous les pays développés, elle émet de nouveaux titres de dette de moyen et long terme dont seul le service ( c'est-à -dire les intérêts ) peut avoir un quelconque impact sur les comptes publics.
Pour 2012, le Gouvernement a toutefois prévu de consacrer 48,9 milliards d’euros au service de la dette.
C'est-à -dire qu’une politique budgétaire saine consiste, désormais, à faire en sorte que le service de la dette plus les dépenses d’équipement, productrices de richesses futures ou à venir constitue un ensemble plus important que le déficit budgétaire constaté.
Nous ne pouvons réduire relativement la dette qu’à partir du moment où se dégage un excédent budgétaire primaire, traduisant un plus en termes de recettes de fonctionnement au regard des dépenses de fonctionnement.
Les libéraux pensent que, pour parvenir à ce résultat, il faut réduire la dépense publique.
Problème : celle-ci est stable en points de PIB depuis au moins vingt ans et la situation budgétaire s’est pourtant dégradée.
Les autres pensent, notamment, que c’est l’insuffisance de ressources fiscales qui est à la base de la dégradation de la situation, puisque le processus de moins disant fiscalo – social qui est à l’œuvre en Europe depuis le milieu des années 70 et qui s’est amplifié depuis 1985 a, de fait, transféré ce qui était en des temps anciens, l’endettement des entreprises vers l’Etat.
Le problème vient du fait que les liquidités et ressources financières laissées à disposition des entreprises n’ont pas été utilisées à bon escient et avec parcimonie.
Il y a même une sérieuse tendance au gaspillage en la matière.
Faisons un parallèle : sur la durée du quinquennat, la politique dogmatique de suppression d’un poste de fonctionnaire sur deux partant en retraite aura rapporté 4 milliards d’euros bruts au budget général.
Cette somme équivaut à ce que le Groupe Total utilise, chaque année, à racheter ses propres actions pour mieux les détruire ensuite, en vue d’en majorer la valeur et la qualité du PER, c'est-à -dire le pourcentage de rentabilité du dividende au regard du prix de l’action.
Dans un cas, une économie improbable ( surtout que le poste « dépenses de personnel « ne faiblit pas vraiment dans les crédits ouverts pour chaque mission budgétaire ) et dans l’autre un superbe gaspillage puisque l’Etat reconnaît, dans le droit fiscal français, la déductibilité de ces dépenses « boursières « .
C'est-à -dire que les quatre milliards pompés sur les automobilistes ( entre autres ) par Total sont majorés du tiers de leur montant en réduction d’impôt sur les sociétés correspondante.
C’est un peu à cause de cela que l’Etat s’est endetté et s’endette encore aujourd’hui…
On pourrait peut être arrêter les frais, non ?
Parce que, pour être précis, entre baisse du taux de l’impôt sur les sociétés, réforme de la taxe professionnelle et exonérations plus ou moins générales de cotisations sociales normalement dues par les entreprises, l’Etat français a « claqué « plus de 700 milliards d’euros de 1985 à 2008, en abandon de recettes.
Et encore, là dedans, je ne mets pas les niches fiscales de l’impôt sur le revenu, les x réformes de la fiscalité du patrimoine, les dispositions particulières au calcul de l’impôt sur les sociétés ( notamment le report en arrière des déficits ), l’alignement de la TVA sur la norme européenne en 1991, toutes mesures diverses et variées qui ont ajouté à la facture…
Comme, en plus, près de 200 milliards d’euros de titres de dette publique sont des bons du Trésor à un an maximum de maturité et 240 des Bons à cinq ans maximum, c'est-à -dire des outils de trésorerie courante, on peut effectivement imputer l’essentiel de la dette publique, c'est-à -dire les 870 milliards d’euros d’emprunts obligataires de long terme, au seul service de la politique de réduction des recettes fiscales menée depuis trop longtemps.
Ajoutons à cela que l’Etat, de plus en plus mal d’ailleurs, s’embourbe les dépenses d’aide sociale destinées à éviter que la marmite n’explose ( aides au logement, RSA, allocations adulte handicapé par exemple) et vous voyez pourquoi cette politique de moins values fiscales acceptées est de plus en plus difficile à tenir.
Inverser le cours de la dette et des déficits passe donc clairement par la hausse des impôts.
Mais encore faut il savoir lesquels ( foin de la pseudo équité qui commande de demander un peu à tout le monde sans résoudre les inégalités actuelles ) et pourquoi faire.
Parce que réduire les niches fiscales c’est bien mais cela ne peut pas être qu’une simple opération comptable, surtout que les chiffres ont toujours leur dynamique.
La suite au prochain numéro.