de vudeloin » Jeu 20 Oct 2011 00:28
Bon, je ne vais pas faire un cours de finances publiques astheure, comme dirait l’autre, mais tout de même…
La dette illimitée ?
Non, seulement elle est illimitée, par principe, mais en plus, elle est perpétuelle !
Parce que, vois tu, le juuu, au cas où tu ne le saurais pas ( non apparemment, tu ne le sais pas ), même en période d’excédent budgétaire, l’Etat français a toujours été endetté…
Ainsi, pour ne donner qu’un exemple, le II de l’article 22 de la loi de finances pour 1966 datée du 29 novembre 1965 stipule (je cite)
« Le Ministre des finances et des affaires économiques est autorisé à procéder, en 1966, dans des conditions fixées par décret :
- à des émissions de rentes et de titres à long ou court terme pour couvrir l’ensemble des charges de la trésorerie, et notamment les charges résultant de l’amortissement de la dette publique :
- à des opérations facultatives de conversion d’emprunts et de consolidation de la dette à court terme «
( fin de citation )
Il n’y a que les naïfs, pour ne pas dire autre chose, à croire que la dette publique actuelle va être cédée à nos enfants, et transmise aux générations suivantes, comme un fardeau dont ils devront se charger, ingrats que nous sommes d’avoir été cigales et de les contraindre à être fourmis…
Je sais, cette conception dépasse sans doute l’entendement commun et la manière dont la dette est « ressentie « par l’opinion publique mais, que veux tu, quand l’Etat fait face à ses charges de trésorerie, il émet des bons du Trésor et quand il tend à convertir ses emprunts et à consolider sa dette de court terme, c’est qu’il réalise des émissions destinées à amortir les émissions précédentes…
Et encore heureux que la dette publique existe, parce que, mine de rien, c’est un excellent produit financier pour l’épargnant, bien plus sûr que ne peut l’être, par exemple, le fait d’avoir, dans son portefeuille de placements, des titres indexés sur un CAC 40 qui a perdu plus de 20 % de sa valeur depuis le début de l’année…
Je ne vais pas épiloguer sur les processus de formation des prix, que tu sembles juste esquisser dans ta première remarque.
Tu devrais creuser la question, puisque certains te disent, puisque les apparences sont évidemment trompeuses, que c’est parce que les salaires ailleurs sont plus bas ou que les « charges sociales « sont trop hautes que nous ne sommes pas compétitifs vis-à -vis des autres pays.
Pourtant, l’Espagne nous concurrence sur les prix en bien des domaines avec un niveau de chômage que nous ne connaissons pas ( fort heureusement ) et des prélèvements obligatoires sensiblement moins élevés qu’en France.
Je constate d’ailleurs que les premiers pays qui ont été frappés par la crise obligataire ( Grèce, Irlande, Espagne, Portugal ) sont aussi ceux où les impôts, taxes et prélèvements sociaux sont les plus modestes.
Mais alors, moins d’impôts ne permettrait pas d’éviter les ennuis ?
Sur l’emploi en France, comment dire ?
Je ne sais pas si tu le sais mais nous sommes juste passés d’une société où nous avons les données suivantes.
De 1970 à 2008, nous sommes restés globalement stables avec un ensemble d’hommes en activité passé de 13,9 à 13,6 millions d’hommes.
Sachant qu’entre temps, nous avons mis en place à la fois l’allongement de la scolarité et la retraite à soixante ans.
La seule différence, c’est qu’il y a un million de non salariés en moins et un million de salariés en plus.
Pour les femmes, changement de décor.
En 1970, elles ne sont encore que 7,6 millions environ à travailler dont un peu moins de 6 millions de salariées.
En 2008, elles sont près de 12,4 millions ( le tendanciel, c’est que notre population active soit bientôt équitablement partagée ), dont 11,6 millions de salariées.
C'est-à -dire que notre pays a, de manière globale, créé des emplois sur la longue durée, malgré une contraction ces dernières années et que cette hausse est imputable, de manière exclusive, à la progression du taux d’activité féminine, comme à la raréfaction de l’emploi non salarié.
Sur l’allongement de la scolarité, ce n’est pas histoire d’offre et de demande, non…
C’est juste une réalité qui progresse et qui constitue le meilleur moyen de lutter contre l’exclusion sociale et professionnelle.
Parce que, vois tu, le juuu, mais plus tu es diplômé, moins tu risques, de manière générale, de te retrouver au chômage.
Le taux de chômage ( encore trop élevé, j’en conviens aisément ) qui frappe les jeunes diplômés titulaires du bac et au dessus est juste deux fois moins élevé que celui qui frappe ceux qui n’ont qu’un diplôme niveau CAP ou BEP et quatre fois moins que celui qui frappe ceux sortis de l’école sans qualification particulière.
Alors, tu vois, quand le Front National inscrit dans son programme un développement de l’apprentissage à quatorze ans, je m’interroge sur l’idée que se font les responsables de ce mouvement de l’avenir de la jeunesse…
Il faut être naïf, ou pire encore, pour penser que plus tôt on quitte l’école pour travailler, plus vite on se retrouve engagé dans un processus positif dans sa vie personnelle en termes d’emploi comme d’insertion sociale.
Enfin, sur les inégalités sociales de l’ancien temps et les fameuses Trente glorieuses, je crois me souvenir (j’étais minot alors, mais…) que, au terme du fameux mouvement revendicatif de mai 1968, le SMIC ( qui devait d’ailleurs être encore le SMIG à l’époque ) avait pris 30 % de mieux et que les autres salaires, notamment dans le secteur public, avaient été alignés sur cette progression…
J’ai tendance à penser que la revendication salariale était fondée, à l’époque, sur le profond sentiment d’injustice qui accompagnait le mouvement social…
Voilà , comme quoi, il faut toujours essayer de réfléchir par soi même et éviter de répéter ce qui se dit, s’écrit sans le soumettre au nécessaire tamis de l’esprit critique…