de Zimmer » Lun 10 Oct 2011 23:22
Excellente analyse de Pierrot, comme très souvent…
J’y apporterais toutefois une petite nuance sur le fait que si bon nombre d’électeurs, lors de ce premier tour, ont en effet effectué un vote de convictions et d’affinités (on peut dire que ça a été le cas pour ceux de Montebourg, de Valls et, même, dans une certaine mesure, de Royal), certains ont pu procéder à un vote de désignation dès ce même premier tour (sans doute une partie non négligeable des électeurs de Hollande et d’Aubry).
Je suis très perplexe sur le fait, comme c’est dit parfois, qu’Aubry puisse être "plus à gauche" que Hollande. Il n’y a quasiment aucune différence idéologique entre ces deux candidats. Ils sont tous les deux dans la filiation très "rose pâle" de Jacques Delors et le choix du second tour va être bien davantage un choix de casting ("qui est le mieux placé pour battre Sarkozy ?") qu’un choix politique.
Les surprises de ce premier tour sont bien-sûr la percée (prévisible cependant) de Montebourg, la bonne tenue d’Aubry et la dégringolade plus importante que prévue de Royal.
Tout comme jusqu’à un certain 14 mai 2011 où Hollande apparaissait comme le principal challenger de la star des sondages qu’était alors Strauss-Kahn, Aubry a très vraisemblablement profité de cette position lors de ce premier tour.
La poussée de Montebourg est sans doute due à une aspiration, de la part de bon nombre d’électeurs, à une vraie alternative politique face à la crise sans fin du système économique ultra-libéral plutôt qu’à une énième alternance incarnée par une social-démocratie "molle" qui a souvent déçu et qui est, par ailleurs, malade un peu partout en Europe, mais aussi à un renouvellement du "personnel" politique (rappelons que Hollande était candidat contre Chirac aux élections législatives en Corrèze il y a déjà 30 ans et qu’Aubry était ministre de Mitterrand il y a maintenant 20 ans).
A l’opposé de Montebourg, Valls incarne lui aussi un vrai courant de pensée qu’on peut qualifier de "social-libéral" et qui fut longtemps représenté, au sein du PS, par Jean-Marie Bockel, avant que celui-ci ne rejoigne l’actuelle majorité présidentielle en 2007… courant qui, contrairement à ce qu’on peut rencontrer dans les pays anglo-saxons, n’a jamais réussi à percer dans la gauche française.
Royal avait, à mon avis, perdu ces primaires de 2011 après que le poste de première secrétaire du PS lui soit passé sous le nez lors du Congrès de Reims de l’automne 2008. Lors des primaires de 2006, elle avait largement profité des sondages qui la donnaient alors gagnante possible face à Sarkozy. Tout juste un an après le référendum sur le TCE qui avait profondément divisé le PS, ses deux adversaires de l’époque, Strauss-Kahn et Fabius, n’apparaissaient pas non plus comme les candidats les plus à même de rassembler toute la gauche socialiste et au-delà . A l'opposé, en 2011, les sondages qui la donnaient quasiment systématiquement éliminée à l’issue du premier tour, laissant le champ libre à un second tour Sarkozy-Le Pen, ont pu décourager certains de ses derniers partisans qui ont reporté leur suffrage sur Hollande et peut-être aussi, de manière assez conséquente, sur Montebourg. Si le système des primaires devait se généraliser également à droite, on peut aussi penser que le "zapping" politique pourrait se banaliser et que les Mitterrand ou les Chirac qui ont dû être trois fois candidats avant d’accéder à l’Elysée deviendraient extrêmement rares.
S’agissant enfin de Baylet, on peut dire qu’il est un peu devenu, ce dimanche 9 octobre, le "Schivardi" des "primaires citoyennes". ;)