de vudeloin » Mer 21 Sep 2011 15:46
Les élections sénatoriales de 2011 ne sont pas encore passées que j’ouvre ici même un fil de discussion sur le renouvellement 2014 qui pourrait constituer une nouvelle étape dans la vie de la Haute Assemblée.
Deux éléments me semblent toutefois essentiels avant même de procéder à une revue de détail des situations locales.
Le premier est que, d’ici septembre 2014, nous aurons eu les temps forts de 2012 et un important rendez vous d’élections locales en 2014 – municipales et territoriales ou municipales et cantonales – qui pourrait bouleverser quelques uns des équilibres politiques en place pour le moment.
Un succès de la gauche en 2012 suivi d’une certaine insatisfaction pourrait par exemple conduire à observer une forme de retour de balancier en 2014 qui n’est pas sans laisser penser au risque de succès de la droite aux élections locales.
Un large succès de la gauche en 2012 pourrait, a contrario, conduire la droite dans une situation d’aggiornamento compliqué ne lui permettant pas, même en cas d’insatisfaction des électeurs, d’en tirer profit en 2014…
Le second est qu’il nous faut partir de l’existant, c'est-à-dire des rapports de forces observés en 2004 dans les départements de la série C non concernés par le renouvellement 2011 et des départements de la série A renouvelés en 2008.
Le tout passé au tamis des élections locales 2008.
Enfin, dernier élément de contexte, le renouvellement 2014 se profile avec un caractère très différent de celui de cette année, puisque le nombre des sénateurs élus au scrutin majoritaire sera exactement celui des sénateurs élus cette année au mode proportionnel, hors AFE.
Sur 178 sièges à pourvoir, nous aurons 6 élus AFE, 58 élus au scrutin proportionnel et 114 au scrutin majoritaire.
Le tout nécessaire pour arriver au partage prévu : 168 élus au scrutin proportionnel, 168 au scrutin majoritaire et 12 élus AFE.
Département par département, qu’est ce que cela donne ?
Dans l’Ain, la gauche, quoique minoritaire en voix, avait passé un accord discret avec la droite radicale pour faciliter la co élection du Président PS du CG, d’un sénateur DVG et de Sylvie Goy Chavent à droite.
Le même schéma, si les collectivités ne connaissent pas de bouleversements sensibles en 2014, peut encore avoir place.
Dans l’Aisne, où la forteresse de centre droit a été entamée avec l’élection d’Yves Daudigny, les élections de 2014 seront décisives.
Si la gauche confirme ses principales villes, sa prééminence sur le département et ajoute à cela la conquête de villes comme Laon, Saint Quentin ou Chauny, tout est possible.
Dans l’Allier, la gauche peut passer les deux sièges, et la conquête d’une mairie comme celle de Moulins, Montluçon, voire même Vichy, serait un plus utile.
Rien à attendre de différent dans les Alpes de Haute Provence.
Dans les Hautes Alpes, si la gauche confirme Briançon et s’empare de Gap, tout est possible pour le siège de Sénateur.
Dans les Alpes Maritimes, je ne crois pas qu’il puisse se passer grand-chose, de même que dans l’Ardèche, l’Ariège, l’Aube ou l’Aude.
Dans les Ardennes, la gauche tient certaines des villes importantes mais souffre de la prédominance de la droite dans les cantons ruraux.
Dans l’Aveyron, la gauche a sans doute gagné en 2008 en partie sur le rejet des deux candidats de droite.
Il faudra confirmer le phénomène aux municipales ( ce n’est pas gagné ) et l’amplifier quelque peu pour assurer le coup.
Dans les Bouches du Rhône, la bataille de Marseille sera essentielle.
Que la cité phocéenne passe à gauche et les affaires de la droite seront mal parties.
Pour mémoire, Marseille compte aujourd’hui 101 élus municipaux ( 51 de droite et du centre, 1 FN et 49 de gauche ) et désigne plus de 770 délégués supplémentaires.
Et si, par hasard, Aix soit dans le même cas, alors là…
Dans le Calvados, le nombre très élevé de petites communes rurales constitue une réserve de votes pour la droite que la présence de la gauche en ville ne permet pas encore d’annuler.
La reprise d’Hérouville Saint Clair et de Lisieux serait un plus toujours utile.
Dans le Cantal, le gentleman agreement entre radicaux valoisiens et radicaux de gauche se reproduira t il ?
En Charente, la gauche, si ses positions ne sont pas entamées aux municipales, sera reconduite tandis qu’en Charente Maritime, la gauche devra sans doute reprendre pied dans le secteur de Saint Jean d’Angély pour escompter gagner un à trois sièges de sénateur.
Dans le Cher, sans l’hôtel de ville de Bourges, la gauche ne peut pas faire grand-chose.
En Corrèze, toute confirmation des résultats de 2008 au plan des municipales aura sa traduction sénatoriale.
La Corse, c’est la Corse…
En Côte d’Or, la gauche devra gagner quelques positions de plus ( en reprenant Auxonne ou Semur en Auxois, par exemple ) pour passer de 2 élus sur 3 au grand chelem.
Côtes d’Armor, Creuse et Dordogne ne devraient pas connaître de bouleversements sénatoriaux si les municipales ne changent rien de fondamental.
Toute conquête de villes de droite comme Saint Brieuc, Thiviers ou Sarlat constituera une assurance de plus.
Dans le Doubs, quelques voix manquent encore à la gauche pour faire le grand chelem.
On verra ce que cela donne en 2014 du côté des villes moyennes et des campagnes.
Dans la Drôme, pas de changement à attendre si ce n’est que toute évolution aux municipales ( la position de la gauche à Valence ou à Romans sur Isère n’est pas forcément acquise ) peut soit amplifier soit minorer la majorité socialiste.
Dans l’Eure, le nombre élevé de communes ( 675 ) constitue un handicap presque insurmontable pour la gauche aux sénatoriales qui devra puissamment investir les petites communes pour parvenir à créer les conditions du changement.
Dans l’Eure et Loir, les positions de la droite semblent solides.
Si la gauche parvient par contre à s’emparer de villes comme Chartres ou Dreux, on pourrait assister à un rééquilibrage des forces.
Dans le Finistère, la liste de gauche avait obtenu trois élus sur quatre, de manière assez surprenante.
Le résultat peut être confirmé si la gauche maintient ses positions ( notamment Brest et Quimper ) mais aussi si elle parvient à reprendre une ou plusieurs des villes moyennes perdues en 2008 ( Morlaix, Châteaulin, Quimperlé ou Landerneau pour citer quelques exemples ) et que se prolonge le phénomène de transformation du personnel politique local déjà remarqué en 2008.
La même observation vaut pour l’Ille et Vilaine où l’extension de la « tâche d’huile « rennaise vaut bien des malheurs à une droite de plus en plus confinée sur ses fiefs indécrottables.
Dans le Gard, la conquête par la gauche de la mairie de Nîmes pourrait suffire, en 2014, à assurer le grand chelem.
Mais encore faudra t il y arriver !
Dans la Haute Garonne, le mode de scrutin est ainsi fait que la droite disposait encore, en 2008, de suffisamment de voix pour avoir un élu au Sénat.
Ceci dit, si la ville de Toulouse confirme en 2014 sa mairie de gauche comme elle a voté ces temps derniers, les affaires de la droite seront beaucoup moins simples.
La cité occitane, rappelons le, c’est 69 conseillers municipaux et près de 400 électeurs complémentaires.
Dans le Gers, l’accord discret entre les deux courants radicaux ( PRG et PRV ) a privé le PS d’un siège en 2008.
Un arrangement, peut être, entre le PS et le PRG pourrait faire la différence.
Et la reprise de la mairie d’Eauze serait un plus.
En Gironde, si la droite conserve encore Bordeaux et Talence, la gauche ne parviendra que difficilement à sortir de la situation actuelle, c'est-à-dire le statu quo à égalité.
Mais le retrait prévisible de Gérard César, influent dans le milieu viticole, peut aussi aider la gauche.
Dans l’Hérault, il faudra scruter de près les municipales de 2014.
Si la tendance se confirme avec un renforcement de la droite dans les nouvelles agglomérations, sur Sète et Béziers, la parité actuelle peut être maintenue.
Si, par contre, la droite subit un certain nombre d’échecs, notamment dans les deux villes précitées, tout devient possible.
Dans l’Indre, il faudra à la gauche bien des succès municipaux pour inverser la tendance.
Et il faudra aussi au moins garder Belfort pour que le siège du Territoire reste fixé à gauche.
Outre Mer, c’est un peu la bouteille à l’encre.
La Guyane peut confirmer son ancrage à gauche comme suivre la dérive du maire de Cayenne tandis que Saint Martin et Saint Barthélemy, sans problème, risquent fort de se confirmer à droite.
Tout en posant la question récurrente du bien fondé de leur représentation…
Par contre, incertitude sur Wallis et Futuna, où le dialogue intertribal peut se finir par l’élection d’un sénateur DVG et probabilité sérieuse de l’élection de deux sénateurs indépendantistes en Polynésie.
En Alsace, la gauche devrait pouvoir confirmer chacun des sièges actuels et, sous certaines conditions ( municipales victorieuses à Strasbourg ou à Mulhouse par exemple, ajoutées aux divisions éventuelles de la droite ), envisager un second élu.
Dans le Rhône, si la forteresse beaujolaise de la droite et du centre se fragilise et si la situation actuelle se confirme sur Lyon, le partage des sièges peut évoluer.
Nul doute que si la gauche emporte Oullins et Meyzieu, elle sera plus en situation d’y parvenir.
En Haute Saône, les rapports de forces semblent équilibrés mais la prime conseil général joue en faveur de la gauche.
En Saône et Loire, les reculs de la droite en 2008 laissent entrevoir ce qui est apparu longtemps impensable , à savoir l’élection de trois sénateurs de gauche.
Dans la Sarthe, la gauche avance peu à peu à partir du Mans.
Jusqu’où cela ira-t-il ?
En Savoie, si quelques positions sont reprises, la gauche peut obtenir la possibilité d’un doublé.
Mais les Savoyards ont souvent choisi, au Sénat, de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier…
En Haute Savoie, rien à attendre.
En Seine Maritime, la gauche serait aujourd’hui légèrement majoritaire avec 51 % des votes, bien que ne gérant qu’entre 170 et 220 communes, mais parmi les plus importantes.
La conquête du Havre et la confirmation de Rouen et de Dieppe pourraient compliquer les affaires de la droite locale.
Dans les Deux Sèvres, la gauche s’est renforcée dans la foulée de l’activité de Ségolène Royal et elle peut finir par venir taquiner la droite dans ce qui est tout de même l’un de ses fiefs de longue date.
Dans la Somme, le nombre élevé de communes ne garantit pas, pour le moment, que la prééminence de la gauche dans les grandes villes assure à tout coup son succès au Sénat.
Tarn, Tarn et Garonne, Haute Vienne à gauche, Vendée, Vosges et Yonne à droite ne me semblent pas devoir connaître de grands bouleversements.
Reste donc le Var où la droite est si haut pour l’heure que l’état des choses ne semble pas devoir être bousculé, sauf à constater quelques succès marquants de la gauche au printemps 2014.
Le Vaucluse penche plutôt à droite quant au nombre des grands électeurs mais l’élection d’Avignon sera cruciale quant au partage des votes.
En 2004, le département comptait 1 177 grands électeurs dont les 53 élus de la Cité des Papes, majorés par 60 délégués complémentaires.
Enfin, la Vienne sera l’un des départements intéressants à suivre, les positions de la gauche s’étant renforcées depuis quelques années, notamment à partir de l’agglomération poitevine.
La reprise de Châtellerault pourrait notamment réduire de 20 voix le potentiel de droite sur le département.
Voilà, nous compléterons peut être au fur et à mesure à partir d’un examen de l’état des lieux issu des municipales de 2008.
Mais il fallait lancer le sujet, non :)