La vie politique au Canada

[Eco92]

Du coup, nous parlons moins de la Colombie-britannique. Si j'ai bien suivi, cela se termine avec 47 NPD, 2 Verts et 44 Conservateurs. Deux recomptages judiciaires en raison de très faibles écarts de voix dans une circonscription emportée par le NPD et une par les Conservateurs.
Merci à Eco92 de nous dire s'il est toujours question d'une coalition avec les Verts ou si le NPD assume seul sa courte majorité ?

Sur ce sujet, malgré le fait que le NPD ait une courte majorité, un accord a été signé pour 4 ans entre les verts et le NPD, leur apportant le renfort de leurs deux députés, précieux dans cet écart.

Voici les points d'accords fondant l'alliance :
- Développer les centres de santé communautaires, intégrant les soins de santé mentale ;
- Développement du logement social ;
- Un engagement dans lutte contre le sans-abrisme ("itinérance" dans les termes canadiens) ;
- Mise à jour du plan Climat Clean CB ;
- Protection de Fairy Creek (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Mobilisat ... airy_Creek)
- "repenser et revitaliser les forêts" (le repenser est sans doute lié aux types d'essences, notamment faces aux mégafeux)
- Poursuivre le projet de réforme électorale.

Les experts notent que ce sont certes des sujets défendus par les verts, mais aussi souvent par le NPD et qu'il y a peu de gains très forts sur leurs enjeux (pas d'engagement sur le Gaz naturel liquéfié, par de retour de la taxe carbone, etc.) ce qui correspond aussi à leur poids.

https://ici.radio-canada.ca/info/videos ... parti-vert

[Eco92]

Il y a demain une partielle dans la circonscription fédérale de Cloverdale-Langley City (Colombie Britannique), dont le siège est vacant depuis le 31 mai. Le député libéral John Aldag a démissionné pour tenter de faire le saut au provincial avec le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui était alors haut dans les sondages, mais a été défait par le candidat conservateur dans la circonscription de Langley-Abbotsford.

Trudeau a mis du temps à déclencher l'élection, espérant sans doute une embellie...

Créée en 2015, cette circonscription suburbaine est assez tangente : le vote de 2011 redistribué dans les nouvelles frontières aurait donné un député conservateur, c'est Aldag qui a gagné pour les libéraux en 2015, avant d'être battu par la conservatrice Tamara Jansen en 2019, puis d'être réélu pour les libéraux en 2021. On est donc sur une circo très balancée, observée fortement par les partis et commentateurs.

Tamara Jansen est à nouveau candidate pour les conservateurs, les libéraux ont investis une jeune candidate entrepreneuse qui a connu une polémique sur son identité métisse (terme qui ne désigne pas une personne métissée, mais une des nations du Canada), le NPD une jeune syndicaliste. Il y a aussi un candidat vert, un membre du Parti du peuple du Canada et un libertarien. Pas 50 candidats sur un long bulletin pour réclamer une réforme électorale comme ça s'est vu dans d'autres partielles.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/21 ... cb-federal

[manudu83]

Il n'y a pas eu photo :
Très large victoire conservatrice.
(Con) Jansen 9331 voix (66%)
(Lib) Fleischer 2401 voix (16%)
(NPD) Sharma 1875 voix (12.5%)

[Eco92]

C'est en effet plus que large, même pour une partielle.

Le moins qu'on puisse dire est que pour Trudeau les signes ne sont pas bons (ni pour le NPD, qui ne capitalise pas sur sa rupture).

[Eco92]

D'ailleurs dans les signes pas bons du tout...

Chrystia Freeland, ministre des finances et n°2 du pays (vice-première ministre depuis 2019), souvent vue comme le recours à Trudeau, a démissionné avec bruit il y a 4 jours, quelques heures avant que ne soit présenté le projet de loi économique de l'année qu'elle devait porter. Elle a accompagné la démission d'une lettre ouverte, publiée en ligne, ou elle explique son désaccord avec le PM. Elle parle notamment de l'annulation de taxe durant la période des fêtes, une « coûteuses astuces politiques que nous ne pouvons pas nous permettre » qu'elle a pourtant fortement défendue il y a quelques semaines.

Elle ajoute aussi avec transparence que le PM avait prévu de la changer de poste dans un remaniement, et qu'elle devait devenir ministre sans portefeuille en charge de la relation canado-américaines, elle écrit « Pour être efficace, un ministre doit parler au nom du premier ministre et avec toute sa confiance. En prenant votre décision, vous avez clairement indiqué que je ne possède plus cette confiance de façon crédible. »

En plus de cette charge virulente, la succession n'a pas été menée facilement, des rumeurs parlant d'un haut fonctionnaire bancaire pour finalement aller vers Dominic LeBlanc, ministre d'expérience, mais avec aucune expérience en finances.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/21 ... -demission
https://www.cbc.ca/news/politics/chryst ... -1.7411607

Dans la foulée il y a eu un remaniement plus large ce jour, l'effet n'est pas radical, si ce n'est que le NPD, qui a rejeté toutes les motions de censure jusqu'ici, a indiqué être près à en déposer une, si c'est le cas le gouvernement tomberait probablement.

Les nouveaux entrants au gouvernement sont pourtant assez nombreux mais il y a peu de "wahou", aussi parce que beaucoup de remplacement de ministre ayant annoncé leur départ aux prochaines élections ou autre (sinon c'est principalement de la rotation de membres) :
- Steven MacKinnon (Île du Prince Edouard), Ministre du Travail et des Aînés ;
- Rachel Bendayan (Québec), Ministre des Langues officielles du Canada et ministre associée de la Sécurité publique ;
- Élisabeth Brière (Québec), Ministre du Revenu national ;
- Terry Duguid (Manitoba), Ministre des Sports et ministre responsable de Développement économique pour les Prairies ;
- Darren Fisher (Nouvelle-Écosse), Ministre des Anciens Combattants et ministre associé de la Défense du Canada .
- Ruby Sahota (Ontario), occupera le poste de ministre responsable de l'Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l'Ontario
- Joanne Thompson (Terre-Neuve-et-Labrador), Ministre des Aînés ;
- Nathaniel Erskine-Smith (Ontario), Ministre du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités, en remplacement de Sean Fraser ;
- David McGuinty (Ontario), Ministre de la Sécurité publique.

https://ici.radio-canada.ca/info/en-dir ... eau-ottawa

[ploumploum]

D'ailleurs dans les signes pas bons du tout...

On notera que les derniers sondages donnent les Conservateurs autour de 43 à 48 %, les Libéraux à 19-20 %, le NPD à 15-20 %

En sièges (la prochaine Chambre aura 343 députés), le PC en aurait à 203 à 237, les Libéraux sont crédités de 37 à 68 élus, le NPD : 18 à 44 et le Bloc Québécois : 37 à 43

https://newsinteractives.cbc.ca/electio ... er/canada/

[Eco92]

Oui, la victoire des conservateurs fait peu de doute si l'élection était déclenchée.

Il semble le NPD ne se voyant pas augmenter par sa rupture, décide a priori d'en finir, surtout que les résultats sont plutôt stagnants pour lui (même si dans les faits ça questionne toujours, un gouvernement conservateur irait à rebours de leurs politiques).

Pour le Bloc il y a une forte marge aussi, dépendant des bastions libéraux du Québec, mais la chute (en partielle certes) d'un pur fief du PLC vers le BQ le rend possible.

[Eco92]

Dans cet esprit la dernière projection de 338Canada (QC125 sinon) est éloquente. Un score massif des conservateurs et une chute des libéraux, notamment au Québec où les conservateurs sont moins forts, à une conséquence : un score très haut du Bloc et une qualification comme opposition officielle très basse. Dans sa dernière projection (non accessible gratuitement) l'agrégateur arrive à ce résultat surprenant vu de France mais qui était envisagé depuis plusieurs mois (par ex https://www.journaldemontreal.com/2024/ ... s-probable).

Avoir comme leader de l'opposition canadienne le chef d'un parti indépendantiste représenté dans une seule province a quelque chose d'assez saugrenu, mais ce n'est pas impossible, et c'est même déjà arrivé : en 1993 les libéraux de Jean Chrétien avaient obtenus 41,24 % et 177 sièges aux communes, le Bloc avait quasiment raflé tous les sièges québécois (54 sièges) et, magré un 13% au national, avait dépassés les 52 sièges (et 18,69 %) des "réformistes" (scission conservatrice). C'est resté une anomalie, mais disant que c'était possible, ici le scénario du parti en tête est inverse, mais cela peut arriver. C'est plus étonnant car le NPD a une vraie place nationale, mais bon, le parti n'a que 25 sièges...