En remonter les fils je n'ai pas trouvé de sujet sur la vie politique iranienne, si ce n'est pour les présidentielles de 2013 et 2017. Celle de 2021 a lieu aujourd'hui et de fait, elle semble avoir peu motivé les foules ici.
Il faut dire que l'élection est particulièrement verrouillée. S'il y a toujours eu un contrôle des candidatures à priori les dernière élections avaient vu la victoire de Hassan Rohani, candidat réformiste largement opposé aux padsaran, qui n'a pas le droit de se représenter pour un troisième mandat.
Près de 600 candidatures ont été déposées au Conseil des Gardiens de la Constitution, sept ont été validé.
Parmi eux des membres du camp conservateur comme Ali Larijani, président du Majlis (Parlement iranien) de 2008 à 2020 (qui a cependant soutenu l'accord nucléaire), ou Mahmoud Ahmadinejad, président de 2005 à 2011, qui voulait repartir pour un tour, ont été éliminé, ce qui a surpris. Dans le camp progressiste Eshagh Jahangiri, premier vice-président de la République islamique, qui aurait pu être la dernière menace pour le candidat conservateur officiel, est également disqualifié.
Le candidat du Guide est Ebrahim Raïssi, rien de moins que le chef du système judiciaire iranien. Il se revendique "ousoulgarayan" (principaliste, donc radicalement sur les principes de la révolution islamique), comme quatre autres candidats. Le seul candidat réformiste est peu connu, un candidat s'est désisté (le sixième, un des conservateurs ? Ce n'est pas clair dans l'article de médiapart).
Parmi les candidats retenus on trouve Saïd Jalili, ancien négociateur en chef de Téhéran sur le dossier du nucléaire iranien, et Mohsen Rezaï, ancien chef des Gardiens de la révolution.
Derrière l'élection présidentielle, beaucoup voient aussi l'occasion pour Khamenei, 82 ans et malade, de désigner son futur successeur, alors que la guerre de succession débute (avec notamment les 4 enfants de Khamenei). Raïssi étant dignitaire religieux (Il a présidé pendant vingt ans le tribunal spécial des religieux et dirige la fondation religieuse Astan Quds Razavi, la plus riche du monde musulman), il pourrait prétendre au poste et devenir une figure publique comme un président est un bon chemin. Il est connu pour sa très forte répression (plus de 3500 moudjahidine exécutés en 1988), qui l'ont vu être sanctionné par le Trésor américain, ce qui lui vaut un certain soutien des conservateurs. Il a aussi été reconnu pour sa lutte féroce contre des dignitaires corrompus.
Déjà candidat en 2017 Raïssi avait été battu par Rohani ce qui avait été vécu comme une grande humiliation. Cette fois-ci sa victoire ne fait aucun doute, la question est celle de la participation, qui pourrait ne pas atteindre les 40% alors que les très nombreux employés du secteur public peuvent se faire renvoyer s'ils ne votent pas.
https://www.mediapart.fr/journal/international/160621/en-iran-l-election-presidentielle-est-totalement-verrouilleehttps://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/candidatures-presidentielle-en-iran-un-boulevard-pour-lultraconservateur-ebrahim