Berlusconi a encore rallié quelques députés ex partisans de ses adversaires (comme Sarkozy avec Mercier ou les villepinistes) afin d'obtenir ce succès étriqué. Il ne fait je pense que retarder l'échéance de sa chute de quelques mois.
Rude journée pour Silvio Berlusconi. Après avoir obtenu comme prévu, mardi 14 décembre, la confiance au Sénat par 162 voix favorables sur 308, grâce à l'appui de son allié de la Ligue du Nord, la motion de censure à la Chambre des députés a été rejetée par 314 voix contre 311 et deux abstentions.
VOTE HOULEUX
"Heureusement que Berlusconi existe. S'il n'existait pas il faudrait l'inventer. Je veux vous dire que la saison de Berlusconi n'est pas finie", a déclaré sur un ton lyrique Fabrizio Cicchitto, chef des députés du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, lors du débat à la chambre basse. "Je veux dire aussi à Gianfranco Fini que celui qui brise l'unité de la droite aujourd'hui commet une erreur politique et se met en contradiction avec le vote populaire", a-t-il ajouté.
A la Chambre basse, 35 députés dissidents du PDL, la formation de Berlusconi, emmenés par son ex-allié Gianfranco Fini, s'étaient engagés à mettre en minorité le Cavaliere en votant la motion de censure présentée par les centristes. Une autre motion similaire a été déposée par l'opposition de gauche. Pour le Cavaliere, le risque de voir son gouvernement chuter après seulement deux ans et demi de mandat était réel.
La réunion à la Chambre des députés a été extrêmement houleuse. Elle a même été brièvement suspendue après un début de rixe entre plusieurs élus de droite en raison de la défection de deux élues pro-Fini qui ont apporté leurs voix à Berlusconi. Avant le vote, Italo Bocchino, chef de file des députés finiens a tenu un discours très dur envers Silvio Berlusconi, l'accusant "d'avoir trahi la volonté populaire" des électeurs "en expulsant pour crime de lèse-majesté" Gianfranco Fini l'été dernier. Pier Ferdinando Casini, chef des démocrates-chrétiens de l'UDC, actuellement dans l'opposition, a déploré pour sa part "la marche vers le précipice" estimant que "le pays a besoin de changement".
Le vote du Parlement s'est déroulé dans une capitale quadrillée par la police qui a répliqué avec des gaz lacrymogènes aux lancers de pierres et d'oeufs des étudiants.
SÉNAT ACQUIS AU CAVALIERE
Le résultat au Sénat [162 voix favorables sur 308] était sans surprise, le Cavaliere y disposant d'une confortable majorité avec l'appui de la Ligue du nord, parti populiste et anti-immigrés dont le fief se trouve dans le nord du pays. Avant le vote à la Chambre des députés, Silvio Berlusconi s'est dit "confiant" d'obtenir l'aval également de cette assemblée où l'issue du scrutin pouvait se jouer sur une poignée de voix.
Malgré cette victoire, l'avenir de la coalition de centre-droit au pouvoir demeure incertain en raison de sa très courte majorité qui compliquera l'adoption de réformes par le Parlement. Ces dernières semaines, le gouvernement a été mis en minorité à de nombreuses reprises sur des projets de loi, dont la réforme de l'université ou le fédéralisme fiscal. Et Berlusconi a d'autres projets en cours d'élaboration dont une réforme de la justice, controversée, à laquelle il est très attaché.