Eco92 a écrit:Je ne suis pas d'accord sur le "n'a jamais", par contre il s'en éloigne sur certains sujets. Et est assez insaisissable.
On parle de quelqu'un qui est élu dans une alliance claire avec l'extrême droite, mais qui navigue de manière très étonnante jusqu'à la Macronie (
https://www.lemonde.fr/politique/articl ... 23448.html).
Après universitairement Ménard correspond encore parfaitement à la définition de l'extrpeme droite et j'ai du mal à comprendre ce qui vous fait dire le contraire. On s'éloigne un peu, et la définition est plus flottante que l'ED, mais le principe de base est, par exemple, en se fondant sur cet article universitaire d'un centre spécialisé de socio-politique(
https://www.cairn.info/revue-courrier-h ... page-5.htm) qui distingue différentes extrême droites : "Mais, quel que soit le type d’extrême droite rencontré, toutes les formations politiques concernées partagent un corpus idéologique et doctrinal commun. Celui-ci repose sur trois caractéristiques : (1) le rejet de l’immigration, voire la xénophobie ; (2) un projet autoritaire en matière de sécurité intérieure ; (3) une rhétorique antisystème et hostile aux partis politiques traditionnels. "
Sur le rejet de l'immigration la com de Ménard a été plus que claire, jusqu'à son mea culpa public - rare - à l'occasion de la Guerre en Ukraine, pour le discours antisystème et antiparti il est constitutif de son lancement en politique, il rejetait même le FN trop institutionnel (et on peut se dire qu'il se réaligne désormais) et sur la vision autoritaire et sécuritaire là aussi, Ménard c'est les affiches sur les pistolets "nouveaux amis" de la police municipal, les couvre feu, etc. Donc bon.
Après vous me direz que LR rentre assez facilement dans cette description, particulièrement ces dernières années où ils ont osé embrasser le discours antisystème ce qui est croquignol vu ce qu'est LR. Je vous rejoins mais c'est lié à une extrême-droitisation d'LR plutôt que l'inverse.
D'après ses déclarations et son passé idéologique, Ménard est un occidentaliste, un pro-européen atlantiste et si l'on ajoute à cela ses prises de positions pendant la période "Covid" il était clairement dans le camp autoritaire. Donc il est effectivement "d'extrême-droite" sur beaucoup de points, selon la véritable acception de ce terme et non ce qui est devenu depuis les années 1980 un fourre-tout destiné avant tout à dénigrer toute pensée ou projet politique alternatif.
Les universitaires qui s'intéressent au sujet (il y en a peu) sont quasi-systématiquement des gens orientés idéologiquement qui cherchent avant tout à donner une validation scientifique à leurs opinions (qu'ils ont bien le droit d'avoir), aux partis ou réseaux auxquels ils appartiennent afin que le débat public, notamment médiatique, s'appuie sur des références qui n'en sont pas, en général. Je note que dans l'article que vous mentionnez les auteurs écrivent s'agissant de la définition qu'ils reconnaissent vaseuse
"Néanmoins, le qualificatif d’extrême droite demeurant le plus utilisé, c’est celui-ci qui est employé ici" cette seule phrase suffisant à mon sens à décrédibiliser toute l'analyse... On voit assez peu d'universitaires libéraux ou conservateurs étudier et servir de caution intellectuelle s'agissant des mouvements trotskystes, lambertistes ou encore de la sociale-démocratie, pour prendre un spectre très large. L'inverse est pourtant vrai sans que cela ne choque personne.
L'extrême-droite est un concept récent et quasiment personne n'utilisait ce terme avant les années 1970-80 (pas plus que droite et gauche d'ailleurs), ce qui devrait interroger sur sa validité. Encore une des nombreuses dérives à l'américaine de la vie politique française.
Mais si l'on essaie de jouer le jeu de la définition, et qu'on veut trouver des caractéristiques idéologiques de l'extrême-droite que l'on ne retrouverait pas dans d'autres idéologies, voici ce qui me paraîtrait le plus sérieux pour ce qui concerne la France contemporaine (sachant que tous les critères ne se cumulent pas forcément) :
- Défense d'une conception holiste et non-individuelle de la société (rejet des droits de l'homme) privilégiant les groupes (ethniques, régionaux, professionnels, religieux) conduisant à préférer une organisation de la société par corps ;
- Rejet des systèmes démocratiques fondés sur un individu = une voix et du système électoral/représentatif/parlementaire en général, préférant une organisation reposant sur les solidarités qu'ils appellent naturelles (métiers, famille, clergé...), les Cortes de l'Espagne franquiste étant sûrement l'exemple le plus récent et le plus représentatif de cette conception politique ;
- Défense d'une société dans laquelle les élites légitimes sont issues des traditions, de la noblesse, du clergé, ce qui conduit en général à privilégier le système monarchique, voire de droit divin ;
Pas besoin de faire un long développement pour prouver que ces opinions ne concernent quasiment personne en France, les rares étant absolument marginaux. Aucune force politique significative sur le plan électoral, pas plus qu'aucune personnalité politique en France n'est d'extrême-droite, et ce depuis longtemps. Peut-être y en a t il qui se cachent (très bien visiblement) dans des formations politiques par ci ou par là , mais cela reste anecdotique.
Et pour ce qui est des évolutions plus récentes :
- Conception non-civique mais raciale de la Nation
- Défense de l'Occident ou de l'Europe comme catégories politiques à promouvoir, parfois contre l'Etat-Nation, au motif d'une unité culturelle, civilisationnelle, et ethnique contre le reste du monde
- Ce qui conduit en général à un tropisme atlantiste et otanien
Selon ces trois derniers, on va peut être trouver un peu plus de monde, mais là encore si l'on peut trouver ces idées dans des partis qualifiés d'extrême-droite, bien souvent on se rend compte qu'elles figurent chez les centristes, libéraux, pro-européens, et même à gauche ou dans la gauche radicale.
S'agissant de la question de l'immigration, du "projet autoritaire en matière de sécurité intérieure", l'expérience a quand même largement prouvé que ce ne sont pas des critères de droite ou de gauche tant sur le fond que sur leur utilisation politique : de nombreux partis ou personnalités de gauche ayant par le passé analysé l'immigration comme un système patronal hostile aux nationaux, tout comme l'autoritarisme intérieur et les atteintes aux libertés individuelles ou publiques sont traditionnellement très utilisés par les idéologies collectivistes (et de nos jours écologistes), autant que par les libéraux dès qu'il s'agit de préserver les intérêts des puissants. Je ne parle même pas des atteintes à la liberté d'expression qui, ces 20 dernières années, n'ont jamais été promues ni faites par les partis ou personnalités qualifiés à tort d'extrême-droite mais par tout ce que compte notre élite de sociaux-démocrates, de libéraux, de centristes et d'européistes biens sous tous rapports...