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Projet de réforme constitutionnelle de Macron

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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede Perciflette » Jeu 7 Mar 2024 11:35



L'argument en question ne vise absolument pas à remettre en cause le principe de débat. La preuve :).
C'est juste une réalité que j'ai personnellement toutes les peines du monde à évacuer : le droit au mariage pour tous (garanti par une loi) et le droit à l'avortement (désormais garanti par la constitution) sont des droits dont l'usage relève exclusivement de la vie privée des personnes qui en font usage, et dont la pratique n'enlève absolument aucun droit ni aucun privilège aux personnes qui n'en font pas usage. C'est un fait, je n'y peux rien.
Jolie formulation : "le caractère sectaire des progressistes qui voient le progrès comme une accumulation de droits pour les minorités". Là aussi j'ai beau creuser, je ne vois pas ce qu'il y aurait de sectaire dans le fait que des homosexuels puissent avoir le droit de se marier (au même titre que les hétérosexuels, en l'occurrence ce qui serait sectaire ce serait de réserver la chose à une seule de ces catégories de personnes ?) ou qu'une femme puisse avoir accès à l'avortement (là aussi ce qui était sectaire avant la légalisation de l'avortement c'était que seules les femmes riches avaient les moyens d'aller se faire avorter en sécurité à l'étranger).
Enfin, je rappelle quand même au passage que les femmes ne sont pas une minorité : elles sont majoritaires au sein de la population française (et mondiale aussi d'ailleurs) :). 51.5% en 2019 selon l'INSEE...

Bien sûr, mais il y a un glissement sémantique entre minorités/majorité et oppressés/oppresseurs : la lutte pour l'égalité inclut la défense des droits de toutes les "communautés" (c'est le combat intersectionnel que je qualifie de sectaire). Par oppresseur, je pense au juge américain blanc patriarche quinqua (ou plus), que les féministes ont peut-être reconnu dans les sénateurs français.
Les femmes ne devraient pas être une communauté, mais elles le deviennent politiquement, et si je n'avais pas assisté à cette instrumentation de l'IVG je pense que je n'écrirais pas ici.


Sérieusement ? Avant d'annoncer ce genre de phrases à l'emporte pièces ("en constante augmentation"), le minimum ce serait de présenter des sources et des comparatifs pour appuyer votre propos. Et c'est pas comme si dans mon post précédent j'avais fait l'effort d'apporter une source et un éclairage chiffré sur la question; que je vous remets donc ici de nouveau.
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr ... ntaires-de
Cela vous aurait permis de constater que non, les avortements ne sont pas en constante évolution depuis les années 1980, mais globalement plutôt stable. On observe bien une légère augmentation sur l'année 2022, mais rien de colossal, et sur la période longue on est sur un taux très stable. Je rappelle également que la moitié des avortements en France se fait avant 8 semaines, et que 78% des avortements sont sont réalisés par voie médicamenteuse et non chirurgicale.https://drees.solidarites-sante.gouv.fr ... ntaires-de

Stable dans l'augmentation, ce que mes recherches préalables - quand même - confirment via le même institut que vous citez en 2019, avant le Covid https://drees.solidarites-sante.gouv.fr ... ecours-qui. (je note la notion de "reprise" dans les stats.)
Ou https://www.ined.fr/fr/actualites/press ... 0en%202021).

Et non, l'avortement n'a pas à être un "problème" de santé "publique" qu'il faudrait "questionner" en allant exiger des femmes qui y ont recours les raisons de leurs choix personnels qui ne regardent qu'elles. Si réellement c'est ainsi que vous voulez percevoir l'avortement libre à vous, mais cela me conforte plutôt dans l'idée qu'il est donc peut-être pas totalement indispensable de l'inscrire dans la constitution : c'est un droit dont l'exercice relève du droit à la vie privée. Je ne vois pas pourquoi quiconque devrait se questionner sur les raisons des femmes qui le pratiquent. Et c'est cadeau : environ 240 000 femmes qui y ont recours chaque année, je peux vous assurer que ça fait au minimum 240 000 raisons différentes d'y avoir recours. Vouloir mettre dans une case une procédure aussi intime et personnelle c'est une gageure je pense. Et encore une fois, les raisons de ce choix ne regardent personne d'autres que la personne qui fait ce choix.


Je vais être plus direct : pourquoi n'a-t-on pas d'informations sur l'IVG de confort ? Je sais que cette expression permet une réduction ad marinum disqualifiante, mais après qu'elle se soit fait tomber dessus là-dessus en 2012 (MLP, donc), on en a plus entendu parler. Il y aurait pourtant à cette époque le double de femmes qui avortent deux fois et plus, par rapport aux années précédentes. https://sante.lefigaro.fr/actualite/200 ... ts-confort
Un indice possible d'une IVG de confort me semble, d'après les maigres infos qu'on a, de recourir par ex à plus de 3 avortements en dix ans (ça me semble commencer à faire beaucoup), ce qui interroge sur la contraception et au fait que si, l'avortement est une question de santé publique puisqu'elle a un coût humain et matériel. J'essaie d'en parler avec des sages-femmes, je ne suis pas dans le milieu médical.
Or, et le lien que je cite (drees 2019) le dit, le statut social joue évidemment sur l'IVG. Sensibilise-t-on suffisamment sur la contraception, et au fait que si l'IVG est une liberté garantie (ce qui me semble plus ou moins synonyme de droit, selon certains, mais n'éteint pas la clause de conscience), la gauche se lance bien sûr dans la lutte contre la clause de conscience qui éteindrait toute résistance personnelle (dont vous reconnaissez la légitimité, je crois) à ce droit. Après je ne fréquente pas les plannings familiaux, mais je n'ai pas entendu dire pendant cette constitutionnalisation rapide, en effet Eco92, que l'IVG est un droit qui "se pèse" quand même, ça semble juste être open bar. Et là encore, plus que le fond, je pense que c'est l'instrumentalisation politique qui gêne.

Car les constitutionnalistes (j'en cite un qui me semble faire consensus) pensent eux aussi que cette réforme est symbolique (il y a un ? à la fin du titre). https://constitutiondecodee.fr/actualit ... mais-utile
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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede Corondar » Jeu 7 Mar 2024 12:03

IVG de confort ? Je ne sais pas bien ce que ça veut dire. Je doute qu'une procédure de ce genre soit perçue comme un "confort" par quiconque la pratique ? Encore une fois, on parle d'une procédure intime qui relève du choix en conscience fait par une personne dans sa vie privée. Le fait que la procédure en question soit remboursée par la sécurité sociale ne lève pas le secret médical et le respect de la vie privée. Je ne vois pas pourquoi les femmes ayant recours à l'IVG devrait être les seules patientes dont le secret médical devrait être levé ou à géométrie variable. Des actes remboursés par la sécurité sociale il y en a beaucoup, je ne vois pas pourquoi l'IVG devrait être plus motivée ou justifiée que d'autres actes médicaux.
Bien sur que dans les centaines de milliers d'avortements pratiqués au cours des années il doit forcément y avoir quelques rares femmes qui abusent peut-être de la procédure (soit par manque d'accès à la contraception, soit par manque de formation à la contraception, soit par ignorance). Cela ne me fait pas percevoir l'avortement de manière différente pour autant.

Quant à l'argument qui pointe que l'avortement ne devrait pas être dans la constitution parce qu'il ne serait pas menacé ou qu'il serait consensuel, j'avoue je ne le comprends absolument pas. Au contraire même.
A mon sens, une constitution est supposée être justement un texte fondateur de base qui se doit de rechercher le consensus maximum pour établir des règles du jeu admises par tous. Le fait qu'une majorité écrasante de la représentation parlementaire de mon pays se soit déclarée favorable à l'intégration du droit à l'avortement m'indique que ce droit fait consensus au sein de cette représentation, et qu'il est donc parfaitement qualifié pour être constitutionnalisé. A mon sens c'est plutôt si vous devez faire passer une réforme constitutionnelle au forceps face à beaucoup d'opposition qu'il faudrait se questionner sur le sens de cette réforme.
Quant à l'argument "l'avortement n'est pas menacé [affirmation dont il est impossible de mesurer empiriquement la véracité] donc ne le mettons pas dans la constitution", c'est à mon sens encore moins compréhensible : encore une fois, si il faut uniquement attendre qu'un droit soit menacé et remis en cause pour le garantir constitutionnellement, alors c'est qu'il est déjà trop tard pour protéger ce droit, et qu'il aurait fallu le mettre dans la constitution avant.
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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede VIC57 » Jeu 7 Mar 2024 13:41

Corondar a écrit:
VIC57 a écrit:L'argument selon lequel une décision politique de modification législative ou constitutionnelle (sur les questions sociétales en particulier, type avortement ou ouverture du mariage aux personnes de même sexe, mais sur d'autres aussi) ne devrait être jugé qu'au regard de "droits apportés" à l'individu, et jamais au regard de l'intérêt global de la société, me parait totalement fallacieux.

C'est une manière assez fourbe et mesquine de verrouiller tout débat, de lui dénier son caractère politique afin de dire à toute personne un minimum sceptique "circulez, il n'y a rien à voir". Ces méthodes rhétoriques cachent en général, soit des argumentations bancales qui se savent bancales et qui par peut d'être démasquées usent de subterfuges autoritaires, soit une volonté de dissimuler d'autres enjeux. Il est amusant que ces méthodes sont tant utilisées par la gauche progressiste sur ses sujets fétiches que par les néo-libéraux adeptes des "réformes économiques structurelles" censées s'imposer par l'évidence sans débat.


Je crois qu'il y a méprise de votre part. Mon propos ne visait pas le débat sur le mariage homosexuel ou l'avortement en tant que tel, ni même les personnes qui seraient contre ces 2 sujets. Bien sur que les positions hostiles à ces éléments sont respectables et défendables, et ont leur place dans le débat public.
C'est uniquement sur la démarche d'aller manifester dans les rues pour spécifiquement empêcher qu'un groupe de personnes obtienne une égalité de droits avec d'autres personnes que je m'interroge personnellement. En effet, je vous confirme que la démarche consistant à manifester dans la rue contre une réforme n'enlevant aucun droit à personne et visant spécifiquement à assurer une égalité de traitement entre tous les citoyens, c'est une démarche dont je saisis moins le sens, je l'avoue.
Que des personnes aillent manifester pour obtenir un droit ou empêcher qu'on en perde un je comprends tout à fait, le faire pour empêcher spécifiquement un groupe de personnes d'obtenir un droit que d'autres personnes ont déjà, je le concède, j'ai du mal avec ce concept.
Et pour rester dans le cadre de l'avortement et du mariage pour tous, en effet, je saisis mal l'éventuel jusqu'au boutisme de certaines personnes parfois hostiles à ces droits. Encore une fois, l'existence de ces droits n'oblige absolument pas les personnes hostiles à leur existence à les cautionner, à les défendre et à les pratiquer. Si des personnes sont contre l'avortement ou contre le mariage pour tous, libres à elles de ne pas pratiquer l'avortement et ne pas se marier si elles sont homosexuelles (et de renier leurs proches qui le seraient et le feraient le cas échéant). Je respecte totalement la liberté de penser, de parole et de débat de ces personnes. Je leur demande juste de rendre la pareille aux personnes qui font usage de ces droits, en ne les stigmatisant pas, et en intervenant en aucune façon dans des moments intimes (le mariage et l'avortement) qui ne devraient relever que de la sphère privée.
Et je pense qu'il n'est pas nécessaire de remettre ici certains dérapages de la manif pour tous (où les homosexuels étaient parfois présentés comme des malades mentaux pédophiles bons à enfermer) ou de certains mouvements hostiles à l'avortement (où les femmes y ayant recours sont parfois présentées comme des tueuses d'enfants incapables de contrôler leur pulsion sexuelle), rien que le dernier dérapage en date de CNews présentant l'avortement comme la première cause de mortalité dans le monde, c'était quand même quelque chose.


Je n'avais alors pas bien lu ni compris que vous évoquiez spécifiquement les manifestations. En l'espèce, même si elles ne rassemblent en général que les personnes les plus motivées et ne permettent pas de se faire une idée de l'avis de la population, elles sont quand même un bon indicateur. En l'occurrence beaucoup de monde s'est opposé dans la rue à l'ouverture du mariage aux homosexuels, tandis que je peine à trouver un exemple de manifestation franchement opposée à l'avortement qui rassemble plus que quelques centaines de personnes... Je note d'ailleurs que selon BVA la proportion de Français opposés au mariage des homosexuels n'a pas évolué depuis 2012 (environ 40%) ce qui prouve que cette question n'a jamais été réellement massivement consensuelle, contrairement à l'avortement dont 90% des français approuvent le principe.

Mais de toute manière, considérer qu'il n'est pas compréhensible de s'opposer, même dans la rue, à des avancées de droits individuels au motif, comme vous dites, qu'ils n'enlèvent rien à personne, relève tout de même d'une sorte de sophisme.

D'abord une avancée de droits, qu'elle qu'elle soit, a des conséquences sur la société dont nous sommes tous membres. Ainsi mon droit de propriété de ma maison n'enlève rien à personne, objectivement. Par contre l'Etat est fondé à m'exproprier avec dédommagement pour faire passer une ligne de train indispensable au désenclavement d'une région ce qui, au regard de ma maison isolée toute seule dans son coin, est préférable pour toute la société. On peut multiplier les exemples à l'infini. Même en matière de droits "intimes", puisque je pense que c'est ceux que vous visez, la société est fondée parfois à s'immiscer dans les choix individuels. La Chine a pratiqué la politique de l'enfant unique pendant 40 ans ce qui va évidemment contre les droits, car il y avait un impératif de limiter la progression de la population, progression exponentielle qui comprenait un grand nombre de dangers. Sans aller jusqu'à cet exemple extrême, on peut considérer que le mariage ne doit être réservé qu'aux hommes et femmes entre eux car l'union reconnue par l'Etat doit se fonder sur la biologie et non sur l'amour, l'intérêt de la société étant sa propre perpétuation (ce qui jusqu'à preuve du contraire, n'est pas possible entre deux personnes de même sexe). Ensuite au débat public de trancher (si il est loyal).

Surtout, parce que si l'on place la démarche du point de vue des droits, on peut tout à fait vous rétorquer que le droit à l'adoption des couples homosexuels ou l'avortement enlève bien sûr des droits, le premier car il empêche un enfant d'avoir droit à son père et sa mère, ainsi qu'à connaître sa filiation (et je prends le risque d'être réactionnaire en écrivant qu'un enfant naît forcément d'un père et d'une mère...), le deuxième car, que ça nous plaise ou non, il met fin à une vie en développement, parfois de manière très avancée. Encore une fois, on peut justifier logiquement que l'enfant n'a pas autant de droits que les adultes, soit, mais on ne peut pas faire du critère "ça n'enlève rien à personne" celui du droit à s'opposer car l'argument est mille fois réversible.
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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede manudu83 » Jeu 7 Mar 2024 20:55

VIC57 a écrit:Surtout, parce que si l'on place la démarche du point de vue des droits, on peut tout à fait vous rétorquer que le droit à l'adoption des couples homosexuels ou l'avortement enlève bien sûr des droits, le premier car il empêche un enfant d'avoir droit à son père et sa mère, ainsi qu'à connaître sa filiation (et je prends le risque d'être réactionnaire en écrivant qu'un enfant naît forcément d'un père et d'une mère...), le deuxième car, que ça nous plaise ou non, il met fin à une vie en développement, parfois de manière très avancée. Encore une fois, on peut justifier logiquement que l'enfant n'a pas autant de droits que les adultes, soit, mais on ne peut pas faire du critère "ça n'enlève rien à personne" celui du droit à s'opposer car l'argument est mille fois réversible.


Concernant l'adoption, la "connaissance de la filiation" concerne toutes les adoptions qu'elles soient le fait d'un couple hétérosexuel, homosexuel, ou d'un ou une célibataire.

Concernant le "droit" à avoir un père et une mère, malheureusement la vie fait que de nombreux enfants n'ont qu'un seul parent.

L'adoption concerne deux cas de figure : l'accueil d'un orphelin ou l'adoption par conjoint. Dans les deux cas l'enfant gagne un parent ou deux parents, sans rien perdre.
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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede Eco92 » Jeu 7 Mar 2024 21:27

Tout à fait, on n'adopte pas un enfant qui a des (ou un seul d'ailleurs) parent reconnu et vivant, sauf si c'est une adoption d'enfants du conjoint.
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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede Corondar » Jeu 7 Mar 2024 22:27

Je ne peux qu'appuyer les remarques des 2 contributeurs précédents : un enfant confié à l'adoption a par définition déjà perdu ses parents biologiques. Et on n'a pas attendu le mariage pour tous pour que des enfants soient élevés en dehors du schéma un papa et une maman (avant même cette loi, des dizaines de milliers d'enfants, voire des centaines de milliers étaient déjà élevés dans des familles monoparentales ou homoparentales).
Je dirais que la seule différence concrète que l'adoption par un couple homosexuel (ou une personne célibataire) entraine par rapport à une adoption par un couple hétérosexuel, c'est qu'il devient impossible pour le premier couple de choisir de cacher à son enfant son adoption, là où un couple hétérosexuel qui adopte un enfant aux origines ethniques compatibles avec les adoptants peut si il le souhaite ne pas le révéler à l'enfant adopté.
Etant donné que je considère déjà que le respect du droit à la vie privée de chacun n'autorise pas une personne à s'intéresser à ce qu'il se passe dans la chambre à coucher d'une autre personne (car oui, de mon point de vue c'est bien à cela que se résument les débats sur l'avortement et le mariage pour tous : ceux qui manifestent leur opposition à ces droits là estiment avoir un droit de regard sur ce qu'il se passe dans l'intimité des personnes concernées), je n'ai de même aucun avis à formuler sur les couples qui choisiraient de ne pas révéler à leur enfant son adoption.

VIC57 a écrit:Je note que dans la France post-moderne et post-démocratique dans laquelle nous vivons, la tendance des gouvernements et des élites de plus en plus autoritaires consiste à masquer les remises en cause continues des libertés publiques dont ils sont à l'origine en faisant de la mousse sur les "droits individuels". Car personne ne peut dire que les libertés publiques, qui ont autrefois fait la fierté de notre pays, progressent. Le terrorisme, "l'urgence sanitaire", la construction européenne, la dette publique, l'environnement ou la politique étrangère (et bientôt la guerre ?) sont autant d'arguments bien commodes pour rogner une à une, subrepticement ou spectaculairement, nos libertés fondamentales chèrement acquises : expression, information et opinion, droit de se déplacer et de respirer, droit d'user de son argent et de son patrimoine, droit de propriété, droit de manifester... La France, bien aidée par un système politique de plus en plus concentré et autoritaire, est un pays d'avant-garde en matière d'atteinte aux libertés. Mais à quoi bon les exercer, puisqu'on a le mariage homosexuel et le droit à l'IVG ?


D'ailleurs, pour en revenir là dessus, je serais curieux de vous voir développer en quoi le mariage homosexuel et le droit à l'IVG remettraient en cause les libertés publiques ?

VIC57 a écrit:[Je note d'ailleurs que selon BVA la proportion de Français opposés au mariage des homosexuels n'a pas évolué depuis 2012 (environ 40%) ce qui prouve que cette question n'a jamais été réellement massivement consensuelle, contrairement à l'avortement dont 90% des français approuvent le principe.


On ne doit pas avoir les mêmes sondages vous et moi sur le sujet.
https://fr.statista.com/statistiques/13 ... us-france/
Si j'en crois cette étude, entre 2021 et 2023, l'approbation du droit au mariage pour les couples homosexuels serait passée de 59% à 66% en France. Surtout, si on regarde les gens ne penchant pas pour l'approbation du mariage pour les homosexuels, on se rend compte que leur position est loin d'être réductible à une opposition au mariage. En effet, 15% des personnes déclarent que les couples homosexuels devraient pouvoir bénéficier d'une reconnaissance légale, mais hors du cadre du mariage (inchangé entre 2021 et 2023). Les personnes ne se prononçant pas sur le sujet passant dans le même temps de 19% à 9% Les personnes totalement opposées à ce que les couples homosexuels aient accès au mariage ou même à une reconnaissance légale passant elles de 7% à 10% (on reste à un niveau très bas).
Pour résumer, on aurait donc les 2/3 des Français favorables au mariage homosexuel, 10% totalement opposés à toute forme de reconnaissance légale pour les couples homosexuels, et environ 25% des Français qui se situeraient dans une zone grise entre ces 2 options. Du coup, je ne saurais dire si la question du mariage homosexuel est non consensuelle (à quel niveau d'approbation on établit la consensualité d'un sujet ?), mais elle me semble être très majoritairement approuvée en tout cas.
Je n'ai pas trouvé de sondages de BVA récents sur la question, je serai curieux de le lire si vous aviez la source. Parce que le seul sondage de BVA que j'ai trouvé avec un chiffre de ce genre date de 2012.
https://www.bva-xsight.com/sondages/les ... mosexuels/
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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede Eco92 » Mar 12 Mar 2024 14:14

Le ministre de l'intérieur a annoncé avoir un « consensus large » sur un « projet d’écriture constitutionnelle » pour la Corse.

Visiblement ce projet de réforme comprendre « la reconnaissance d’un statut d’autonomie pour la Corse au sein de la République, qui tient compte de ses intérêts propres liés à son insularité méditerranéenne, à sa communauté historique, linguistique, culturelle ayant développé un lien singulier à sa terre » et permettra que « les lois et règlements peuvent faire l’objet d’adaptation » sur l’île. Une loi organique un précisant dans quels domaines la Corse pourra fixer les règles normatives, qu’elles soient législatives ou réglementaires, viendra compléter l’écriture constitutionnelle.

C'est assez étonnant, je suis très favorable à tout ça mais je ne comprends pas comment on peut envisager d'ouvrir cette brèche sur la Corsé sans réfléchir à un statut plus global de reconnaissance des spécificités et histoires régionales, nombre de territoires ont une spécificité historique ou linguistique, et pas que des territoires insulaires mais en soit déjà tous les dom-tom insulaires pourraient rebondir...

Il est prévu que le texte soit débattu en Assemblée de Corse, puis que le processus classique soit lancé, avec adoption par les deux chambres et Congrès. Une consultation des électeurs inscrits sur les listes électorales Corses est également prévue.

https://www.lemonde.fr/societe/article/ ... _3224.html
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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede VIC57 » Mer 13 Mar 2024 16:31

Corondar a écrit:Je ne peux qu'appuyer les remarques des 2 contributeurs précédents : un enfant confié à l'adoption a par définition déjà perdu ses parents biologiques. Et on n'a pas attendu le mariage pour tous pour que des enfants soient élevés en dehors du schéma un papa et une maman (avant même cette loi, des dizaines de milliers d'enfants, voire des centaines de milliers étaient déjà élevés dans des familles monoparentales ou homoparentales).
Je dirais que la seule différence concrète que l'adoption par un couple homosexuel (ou une personne célibataire) entraine par rapport à une adoption par un couple hétérosexuel, c'est qu'il devient impossible pour le premier couple de choisir de cacher à son enfant son adoption, là où un couple hétérosexuel qui adopte un enfant aux origines ethniques compatibles avec les adoptants peut si il le souhaite ne pas le révéler à l'enfant adopté.
Etant donné que je considère déjà que le respect du droit à la vie privée de chacun n'autorise pas une personne à s'intéresser à ce qu'il se passe dans la chambre à coucher d'une autre personne (car oui, de mon point de vue c'est bien à cela que se résument les débats sur l'avortement et le mariage pour tous : ceux qui manifestent leur opposition à ces droits là estiment avoir un droit de regard sur ce qu'il se passe dans l'intimité des personnes concernées), je n'ai de même aucun avis à formuler sur les couples qui choisiraient de ne pas révéler à leur enfant son adoption.

VIC57 a écrit:Je note que dans la France post-moderne et post-démocratique dans laquelle nous vivons, la tendance des gouvernements et des élites de plus en plus autoritaires consiste à masquer les remises en cause continues des libertés publiques dont ils sont à l'origine en faisant de la mousse sur les "droits individuels". Car personne ne peut dire que les libertés publiques, qui ont autrefois fait la fierté de notre pays, progressent. Le terrorisme, "l'urgence sanitaire", la construction européenne, la dette publique, l'environnement ou la politique étrangère (et bientôt la guerre ?) sont autant d'arguments bien commodes pour rogner une à une, subrepticement ou spectaculairement, nos libertés fondamentales chèrement acquises : expression, information et opinion, droit de se déplacer et de respirer, droit d'user de son argent et de son patrimoine, droit de propriété, droit de manifester... La France, bien aidée par un système politique de plus en plus concentré et autoritaire, est un pays d'avant-garde en matière d'atteinte aux libertés. Mais à quoi bon les exercer, puisqu'on a le mariage homosexuel et le droit à l'IVG ?


D'ailleurs, pour en revenir là dessus, je serais curieux de vous voir développer en quoi le mariage homosexuel et le droit à l'IVG remettraient en cause les libertés publiques ?

VIC57 a écrit:[Je note d'ailleurs que selon BVA la proportion de Français opposés au mariage des homosexuels n'a pas évolué depuis 2012 (environ 40%) ce qui prouve que cette question n'a jamais été réellement massivement consensuelle, contrairement à l'avortement dont 90% des français approuvent le principe.


On ne doit pas avoir les mêmes sondages vous et moi sur le sujet.
https://fr.statista.com/statistiques/13 ... us-france/
Si j'en crois cette étude, entre 2021 et 2023, l'approbation du droit au mariage pour les couples homosexuels serait passée de 59% à 66% en France. Surtout, si on regarde les gens ne penchant pas pour l'approbation du mariage pour les homosexuels, on se rend compte que leur position est loin d'être réductible à une opposition au mariage. En effet, 15% des personnes déclarent que les couples homosexuels devraient pouvoir bénéficier d'une reconnaissance légale, mais hors du cadre du mariage (inchangé entre 2021 et 2023). Les personnes ne se prononçant pas sur le sujet passant dans le même temps de 19% à 9% Les personnes totalement opposées à ce que les couples homosexuels aient accès au mariage ou même à une reconnaissance légale passant elles de 7% à 10% (on reste à un niveau très bas).
Pour résumer, on aurait donc les 2/3 des Français favorables au mariage homosexuel, 10% totalement opposés à toute forme de reconnaissance légale pour les couples homosexuels, et environ 25% des Français qui se situeraient dans une zone grise entre ces 2 options. Du coup, je ne saurais dire si la question du mariage homosexuel est non consensuelle (à quel niveau d'approbation on établit la consensualité d'un sujet ?), mais elle me semble être très majoritairement approuvée en tout cas.
Je n'ai pas trouvé de sondages de BVA récents sur la question, je serai curieux de le lire si vous aviez la source. Parce que le seul sondage de BVA que j'ai trouvé avec un chiffre de ce genre date de 2012.
https://www.bva-xsight.com/sondages/les ... mosexuels/


Sauf qu'un enfant adopté par un couple hétérosexuel a de fait, un père et une mère légaux. Donc il a bien un droit à avoir un père et une mère pour son éducation. Mais la question n'est même pas là, mon sujet est que l'ouverture d'un droit enlève toujours aussi le droit à quelqu'un d'autre. Par conséquent il est logiquement impossible d'affirmer qu'on aurait pas le droit de s'opposer à une ouverture de droit (IVG, mariage homosexuel...) au motif que "ça n'enlève rien à personne", alors que si, ça enlève forcément un autre droit. Donc le débat doit porter sur d'autres arguments, ou sur une balance bénéfique envers tel ou tel droit.

Sur les libertés publiques là encore, aucune de mes phrases n'a transcrit cela... Elle remarque l'évolution continue des droits "minoritaires" ou sociétaux en parallèle d'une régression continue et visible des libertés publiques basiques (information, expression, manifestation, propriété, déplacement...), la stratégie et des gouvernements successifs (consciente ou inconsciente, mais finalement assez logique) consistant à faire avaler à la population la régression sur un plan ou motif de libertés sociétales très voyantes et faisant l'objet d'une large promotion médiatique. C'est une communication politique assez réussie qui détourne provisoirement l'attention d'une majorité de la population.
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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede Républicain67 » Mer 13 Mar 2024 17:21

Eco92 a écrit:Le ministre de l'intérieur a annoncé avoir un « consensus large » sur un « projet d’écriture constitutionnelle » pour la Corse.

Visiblement ce projet de réforme comprendre « la reconnaissance d’un statut d’autonomie pour la Corse au sein de la République, qui tient compte de ses intérêts propres liés à son insularité méditerranéenne, à sa communauté historique, linguistique, culturelle ayant développé un lien singulier à sa terre » et permettra que « les lois et règlements peuvent faire l’objet d’adaptation » sur l’île. Une loi organique un précisant dans quels domaines la Corse pourra fixer les règles normatives, qu’elles soient législatives ou réglementaires, viendra compléter l’écriture constitutionnelle.

C'est assez étonnant, je suis très favorable à tout ça mais je ne comprends pas comment on peut envisager d'ouvrir cette brèche sur la Corsé sans réfléchir à un statut plus global de reconnaissance des spécificités et histoires régionales, nombre de territoires ont une spécificité historique ou linguistique, et pas que des territoires insulaires mais en soit déjà tous les dom-tom insulaires pourraient rebondir...

Il est prévu que le texte soit débattu en Assemblée de Corse, puis que le processus classique soit lancé, avec adoption par les deux chambres et Congrès. Une consultation des électeurs inscrits sur les listes électorales Corses est également prévue.

https://www.lemonde.fr/societe/article/ ... _3224.html


Alors pourquoi dans ce cas pas un statut d'autonomie pour l'Alsace ou l'Alsace-Moselle?

Je précise que je ne suis pas autonomiste. Le cas alsacien-mosellan et le seul avec la Corse et la Bretagne où un statut d'autonomie serait légitime.

L'Alsace-Moselle a déjà connu un statut d'autonomie, de 1911 à 1918 sous l'Empire allemand. Contrairement à la Bretagne, il existe des lois et des institutions propres aux trois départements: droit local, Concordat, régime local de sécurité sociale, Livre foncier... L'alsacien est d'ailleurs avec le Corse et l'Occitan, la seule langue régionale encore vraiment parlée, même si elle est en recul. Bien plus que le breton. Une langue qui en plus du clivage ville/campagne et générationnel prend en milieu urbain un caractère de classe. L'alsacien est bien plus répandu dans les milieux populaires qu'aisés. Idem pour le francique en Moselle germanophone. Le sentiment autonomiste est certe minoritaire, mais présent.

L'argument autonomiste alsacien = pro-nazi est assez fallacieux. Les autonomistes alsaciens-lorrains ont fortement collaborés avec l'Occupant pendant la Seconde Guerre mondiale, mais il en va de même avec les nationalistes bretons (PNB) et corses (corsistes pro-fascistes).

En Bretagne, il n'y a pas de lois régionales, contrairement à l'Alsace-Moselle. Il s'agit toutefois d'un ancien Etat souverain, puis d'une province très autonome sous l'Ancien Régime. Il existe une vraie culture bretonne, distincte de la culture française et deux langues régionales, le breton et le gallo. Les deux sont toutefois en fort recul et désormais pratiqués par une petite minorité de la population (on parle ainsi plus corse et alsacien que breton). Le mouvement régionaliste est fort et il y a une vraie volonté d'enseigner et de promouvoir le breton.

Dans les autres territoires (à part peut être au Pays basque), l'argument autonomiste est moins légitime. Faible soutien populaire, langues régionales en déclin (mis à par en Catalogne française): Occitanie, Flandre française, Savoie... Après je précise que je suis un ardent républicain croyant à l'invisibilité de la République, même si je suis fortement attaché au particularisme alsacien.
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Re: Projet de réforme constitutionnelle de Macron

Messagede Corondar » Mer 13 Mar 2024 18:00

VIC57 a écrit:Sauf qu'un enfant adopté par un couple hétérosexuel a de fait, un père et une mère légaux. Donc il a bien un droit à avoir un père et une mère pour son éducation. Mais la question n'est même pas là, mon sujet est que l'ouverture d'un droit enlève toujours aussi le droit à quelqu'un d'autre. Par conséquent il est logiquement impossible d'affirmer qu'on aurait pas le droit de s'opposer à une ouverture de droit (IVG, mariage homosexuel...) au motif que "ça n'enlève rien à personne", alors que si, ça enlève forcément un autre droit. Donc le débat doit porter sur d'autres arguments, ou sur une balance bénéfique envers tel ou tel droit.


Sauf qu'aucun enfant ne dispose par nature ou par essence au droit d'avoir un père et une mère. Des familles monoparentales ça existait déjà bien avant le mariage pour tous. Et je ne parle même pas des familles recomposées, où parfois des enfants considèrent avoir plus de 2 parents. Encore une fois, le fait que des couples homosexuels (ou des célibataires) puissent adopter n'enlève absolument aucun droit à l'enfant adopté. La seule conséquence pour les enfants adoptés, c'est que le pool d'adoptants est nettement plus grand qu'avant.

VIC57 a écrit:Sur les libertés publiques là encore, aucune de mes phrases n'a transcrit cela... Elle remarque l'évolution continue des droits "minoritaires" ou sociétaux en parallèle d'une régression continue et visible des libertés publiques basiques (information, expression, manifestation, propriété, déplacement...), la stratégie et des gouvernements successifs (consciente ou inconsciente, mais finalement assez logique) consistant à faire avaler à la population la régression sur un plan ou motif de libertés sociétales très voyantes et faisant l'objet d'une large promotion médiatique. C'est une communication politique assez réussie qui détourne provisoirement l'attention d'une majorité de la population.


Donc, que ce soit le mariage pour tous ou l'avortement, aucune de ces avancées sociétales là ne rentre dans votre définition, puisque l'établissement de ces droits "minoritaires" (encore une fois, les femmes étant majoritaires dans la population, je vois pas comment on peut qualifier ainsi le droit à l'avortement) ne fait rien avaler à la population concernant la régression d'autres droits.
Quant au sondage indiquant que 40% des Français seraient à l'heure actuelle opposés au mariage pour tous, je cherche toujours...
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